
« Le décrochage de la France « est une réalité »
Dénonçant le projet de hausse de la taxation des dividendes comme de l’impôt sur les sociétés alors que les Etats unis, le Portugal vont le baisser, le président du Medef a estimé que le décrochage de la France « est une réalité », prenant en exemple la Pologne, l’Espagne mais aussi l’Italie de Giorgia Meloni. Et il a alerté sur le renforcement de l’attractivité des Etats unis avec l’arrivée de Donald Trump à la présidence.
« La situation a au moins cela de bon qu’on ne peut plus se dérober », a-t-il affirmé, ajoutant que le risque de voir la France sortir « du jeu mondial » existe « réellement ».
« Les périls qui s’accumulent et la dangereuse déshérence du débat public »
« Exercer partout (notre) influence est impératif au regard des périls qui s’accumulent et d’une forme de dangereuse déshérence du débat public », a ajouté le chef de la première organisation patronale de France, invitant les membres du Medef à être « plus militants encore en 2025 et au-delà ». A déclaré le président du MEDEF.
Des finances publiques à la dérive, des investissements qui reculent à cause d’une situation politique plus qu’incertaine… Patrick Martin a fait part de son inquiétude sur l’état de l’économie française. « C’est désolant, parce qu’on est dans une période où il y a encore beaucoup d’énergie, d’intentions de faire », a déploré le président du Medef, assurant que la France est « en train de rétropédaler et de décrocher par rapport à d’autres pays, y compris européens ».
Pour redresser les finances publiques, Patrick Martin a appelé à un sursaut et à s’inspirer de nos voisins: « L’Italie a une croissance assez modeste, inférieure à celle de la France en 2024. Il n’en demeure pas moins que l’Italie aura réduit son déficit de 7,2 à 3,8% du PIB entre 2023 et 2024 », a-t-il rappelé. Avant de poursuivre: « Comment ont-ils fait? Par des réductions de dépenses publiques. C’est l’éléphant au milieu de la pièce: nous sommes drogués à la dépense publique, notamment à travers nos régimes sociaux ».
ARTICLE – Retraites : la mise en garde du Medef sur les « interférences politiques »
Le président du Medef, Patrick Martin, a expliqué sur France Inter être « plutôt rassuré » par le « discours pro-business » du Premier ministre. A la veille de la réunion sur les retraites, il critique le « mode opératoire ».
Par Leïla de Comarmond Publié le 16 janv. 2025
« J’ai entendu un discours pro-business. » Le Medef avait réagi positivement à la déclaration de politique générale de François Bayrou dès mardi soir. Jeudi matin, son président, Patrick Martin, a appuyé le trait sur France inter. Le discours du Premier ministre « nous a plutôt rassuré », a-t-il insisté, se félicitant que ce dernier ait « beaucoup parlé d’économie », en soulignant que la puissance économique « est le préalable à l’influence de la France en toute chose ».
Le dirigeant patronal se montre cependant perplexe sur la méthode choisie par François Bayrou pour rouvrir le dossier des retraites. Il a déploré un « mode opératoire qui évolue d’heure en heure », ce qui est « assez déstabilisant », sans pour autant évoquer explicitement le pataquès auquel a donné lieu l’organisation du rendez-vous de vendredi matin à Matignon.
Perplexe sur la méthode
Il s’est plus précisément inquiété d’ « interférences politiques » et du fait qu’« on veut nous faire parler de tous les régimes de retraite ». « Je ne suis pas expert en droit canon mais un conclave est à huis clos », a-t-il souligné. « Les retraites publiques, cela nous intéresse évidemment puisque nous sommes des contribuables mais nous n’avons pas à avoir dans nos négociations intéressant le secteur privé des organisations qui ne sont pas représentatives dans le secteur privé », a-t-il insisté.
Saisissant à nouveau l’occasion pour demander à reposer « fondamentalement le sujet du financement de la protection sociale», il s’est déclaré « très attentif à ce qu’on ne crée pas de tuyauterie entre les régimes privés [les régimes complémentaires] que les partenaires sociaux gèrent remarquablement bien et des régimes chroniquement, structurellement déficitaires ».
Les 64 ans, un « socle »
Alors que tous les syndicats veulent les remettre en cause, Patrick Martin a par ailleurs estimé que les 64 ans sont « un socle du rétablissement des régimes de retraite », soulignant que « la dernière réforme ne suffit pas [à garantir l’équilibre financier] ». Mais il a pris soin de ne pas se montrer totalement fermé : « Je n’ai pas de doute sur la sincérité et l’expertise de nos interlocuteurs, encore faut-il qu’on nous propose une alternative qui ne pèse pas sur le coût du travail » et n’altère pas la compétitivité française, a-t-il déclaré, manifestement attentif à ne pas braquer ses interlocuteurs syndicaux.
Le président du Medef s’est montré incisif sur le budget 2025. « J’ai accepté le principe d’un effort des entreprises sous réserve qu’il y ait un effort beaucoup plus important sur ce qui est le vrai sujet : baisser les dépenses publiques [et] on ne voit pas grand-chose de ce point de vue », a-t-il regretté.
Décrochage de la France
Dénonçant le projet de hausse de la taxation des dividendes comme de l’impôt sur les sociétés alors que les Etats unis, le Portugal vont le baisser, le président du Medef a estimé que le décrochage de la France « est une réalité », prenant en exemple la Pologne, l’Espagne mais aussi l’Italie de Giorgia Meloni.Et il a alerté sur le renforcement de l’attractivité des Etats unis avec l’arrivée de Donald Trump à la présidence.
En revanche, s’il plaide pour une plus forte implication de son organisation dans le débat politique, Patrick Martin a condamné les intrusions d’Elon Musk, qu’il juge « choquantes », critiquant un « mélange des genres ». « Chacun doit rester à sa place », a-t-il insisté, se défendant de tout « dogmatisme ».