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CONFIRMATION DU FINANCEMENT PAR LE CNRS DE « HelloQuitteX », MAIS DISSIMULATION DES DÉPENSES ET SALAIRES (4)
ARTICLE – Qui se cache derrière le collectif «HelloQuitteX», qui appelle à quitter le réseau social d’Elon Musk ?
Par Pauline Landais-Barrau 21 janvier LE FIGARO
Créée par une équipe de développeurs du CNRS, cette plateforme permet la migration rapide et gratuite de toutes les données d’un compte aujourd’hui hébergé sur X (ex-Twitter) vers un compte Buesky et/ou Mastodon.
Jour J : ce lundi 20 janvier, une partie des usagers du réseau social X – ex-Twitter – compte bien fermer leur compte, en signe de protestation contre les décisions prises par la plateforme et son propriétaire, Elon Musk. Dans l’Hexagone, ce mouvement est porté par «HelloQuitteX», un collectif français engagé contre la désinformation qui accuse le site internet d’être devenu «une fabrique de divisions».
À la tête de ce mouvement se trouve une équipe de développeurs coordonnée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ceux-ci considèrent que X est devenu, depuis son rachat par le milliardaire Elon Musk, «très dangereux pour les individus et les démocraties». Forts de cette conviction partagée par des médias, institutions et personnalités publiques ayant déjà quitté X, ils ont décidé de soutenir les alternatives au réseau social, et proposent à tous ceux qui le souhaitent de les aider à migrer vers des concurrents de la plateforme sans perdre leurs contacts. Et ce, afin de «combattre la désinformation», «promouvoir la sécurité en ligne» et «tenir des plateformes comme X responsables».
«Après le 20 Janvier, Elon Musk sera suspendu du droit américain, n’aura plus de compte à rendre à la justice, protégé en tant que ministre de Donald Trump (…) et X deviendra, de facto, un porte-voix du gouvernement américain dans le domaine des médias numériques», préviennent les porteurs du projet. Ceux-ci ont donc choisi de lancer la migration des comptes X vers ceux des réseaux sociaux Bluesky et/ou Mastodon le jour même du retour de l’ancien président américain à la Maison Blanche.
«Déplacer le centre de gravité ailleurs que sur X»
L’initiative rencontre pour l’heure un succès limité. À ce jour, «près de 17.000 utilisateurs» se sont déjà enregistrés sur leur plateforme, soit «23 millions de connections possibles» entre tous les contacts de ces derniers, explique Benjamin Sonntag, l’un des porte-paroles de «HelloQuitteX». «À partir de ce soir (lundi soir), on va proposer à ceux qui se sont inscrits de suivre automatiquement sur leurs nouveaux comptes Bluesky et/ou Mastodon toutes les personnes qu’ils suivaient sur X», poursuit l’ingénieur. Et ce, grâce à une sorte de bouton automatique qui permettrait de retrouver en un clic tous ses contacts et ses interactions d’un réseau social à l’autre. Si le collectif qu’il représente conseille vivement de quitter définitivement X, rien n’oblige à le faire : «Les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent, on dit juste qu’il est urgent de quitter cette plateforme biaisée du sol au plafond».
Le collectif souhaite ainsi «résister», «aller voir ailleurs» et, in fine, «déplacer le centre de gravité» que représente l’application d’Elon Musk vers d’autres réseaux sociaux, afin que «l’information ne soit plus avant tout sur X». Un réseau social «toxique» et «biaisé», qui transgresse les lois, fustigent-ils. «Il y a plein de problèmes de légalité avec Twitter», assure Benjamin Sonntag, citant notamment «le non-respect de la modération», «le non-respect de l’accès aux données» ou encore le fait que «la portabilité de compte» n’y soit «pas possible». Celui qui est connu pour avoir co-fondé la Quadrature du Net – une association de défense des droits et libertés sur Internet – estime en outre que X est «une plateforme moribonde où il ne se passe plus rien». «Il suffit de regarder le taux d’interactions de grands médias comme le New York Times, bien supérieur sur Bluesky que sur X», lance-t-il. Et de lâcher que sur X, «le nombre de followers ne vaut plus rien».
Bluesky et Mastodon
A l’inverse de X, Bluesky et Mastodon sont «deux plateformes anticapitalistes qui présentent des aspects techniques qui les rendent saines. Prévues pour être décentralisées, elles garantissent la portabilité et offrent un pluralisme algorithmique», se défend l’ingénieur, qui parle de «décentralisation» et de «système de modération» des données. «Avec un engagement en faveur de la transparence, de l’exactitude des faits et d’une meilleure modération du contenu, HelloQuitteX aspire à offrir un espace où les utilisateurs peuvent s’engager dans des informations et des conversations fondées sur la vérité, à l’abri de la toxicité de la désinformation et des discours haineux», peut-on lire dans le manifeste.
Ce mouvement ne s’arrête pas aux frontières de l’Hexagone, puisque «HelloQuitteX» entend se développer à l’international. Ainsi, grâce à des équipes de bénévoles présents dans différents pays, le site du collectif a déjà été traduit en anglais, allemand et espagnol, mais aussi en arabe et japonais. «Aujourd’hui, on a surtout des usagers français, mais ça ne fait que commencer. Notre appli va rester ouverte», se félicite Benjamin Sonntag. Le chercheur espère que par «effet domino», de nombreuses personnes pourront être touchées et suivre le mouvement. Le porte-parole ne fournit toutefois pas d’objectif chiffré, «car nous n’avons aucune idée du nombre d’usagers actifs que compte X».