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UN PRÉSIDENT RÉINVENTÉ EN INFLUENCEUR ? (3) – SI À L’AISE SUR X, « MAIS POURQUOI DIABLE ? »
ARTICLE – « Huit ans après son élection, il y a quelque chose de fascinant à regarder Macron détruire Macron »
Par Jean-Marc Proust. Publié le 29/01/2025 MARIANNE
Et si le « en même temps » était un simple surplace ? Depuis 2017, Emmanuel Macron fait tout et son contraire. Au point d’annihiler sa propre politique et, peut-être, de faire de ses deux mandats des années à somme nulle.
Depuis quelques mois, Emmanuel Macron se débat dans une situation politique inextricable qu’il a lui-même créée. Dissolution malvenue, gouvernements instables, motion de censure et budget en suspens, le « maître des horloges » a perdu la main et sa parole est plus inaudible que jamais.
CHANGER D’AVIS OU SE RENIER ?
Et si au fond lassé de lui-même, il voulait tout arrêter ou plutôt tout effacer ? Il suffit de regarder sa politique pour mesurer à quel point elle est contradictoire. En naviguant au gré des circonstances, le président de la République a souvent changé d’avis jusqu’à se renier parfois. Aujourd’hui, c’est comme s’il cherchait à effacer son passage.
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Il ne s’agit pas ici de recenser les promesses non tenues du programme de 2017. Après tout, leur mise en œuvre est toujours tributaire des circonstances et Emmanuel Macron a dû gérer plusieurs événements exceptionnels (Gilets jaunes, Covid 19). Ainsi, la réduction de la dette a disparu des radars avec le « quoi qu’il en coûte » tout comme, faute de majorité, le projet de réduire « d’environ un tiers le nombre de députés et de sénateurs. » Après tout, du maire au Président, chaque élu a dans son CV des promesses non tenues. Non, ce qui est frappant ici est la récurrence de décisions ou de résultats contradictoires, qui tendent à annuler l’action présidentielle.
TOUT ET SON CONTRAIRE
Où qu’on regarde, les exemples abondent. Ce qu’Emmanuel Macron a fait hier est détruit peu à peu par le même Emmanuel Macron. Vantant la probité de son premier gouvernement (« un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu’il est mis en examen»), il accepte désormais n’importe qui. À tel point que la mise en examen paraît parfois être un atout dans un CV ministériel.
Sitôt élu, il promet de tout faire pour que les électeurs du RN « n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes ». À présent, il faut quémander la clémence de Marine le Pen pour éviter une censure.
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Son premier gouvernement promouvait le « en même temps » centriste, ouvert à des ministres de droite et de gauche. À présent, c’est la droite classique qui monopolise les maroquins. La promesse du « nouveau monde » est bel et bien enterrée, avec une Assemblée divisée, proie de calculs politiciens et de postures délétères.
Après avoir choyé l’Algérie en entreprenant un important travail mémoriel, voici qu’il reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ouvrant une grave crise diplomatique avec Alger. Ukraine ou Russie ? Israël ou Gaza ? Faut-il mentionner ses louvoiements incessants dans les conflits du moment ?
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Il accède au pouvoir en promettant de fermer 14 réacteurs nucléaires, dont ceux de Fessenheim, d’ici 2035. Quelques années plus tard, il décide d’en faire construire six nouveaux.
Écologie : en 2017, Nicolas Hulot était ministre d’État, troisième dans l’ordre protocolaire du gouvernement. Rapidement, ses successeurs ont dégringolé dans l’ordre protocolaire et l’énergie, élément clef de la transition écologique, est gérée par Bercy.
UN CORRECTEUR POUR TOUT EFFACER
De 7 à 77 ans ? L’homme de 2017 vantait la start-up nation ; depuis 2022, il chouchoute les retraités, son dernier carré d’électeurs. Même sa plus grande réussite, la fin du chômage de masse, semble précaire, avec des chiffres aujourd’hui en berne et une nette dégradation du front de l’emploi.
Près de huit ans après son accession au pouvoir, il y a quelque chose de fascinant à regarder Emmanuel Macron détruire Emmanuel Macron. Tout se passe comme si l’effacement des promesses et des ambitions devait finir par effacer la présidence Macron elle-même. Une politique Tipp-Ex.
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