
ARTICLE – Dette : l’aveuglement de Macron
Si le président de la République défend son bilan en matière de finances publiques, la France n’a jamais autant dansé sur un volcan.
Par Philippine Robert. 22/05/2024 LE POINT
Circulez… il n’y a rien à voir ! Interrogé sur le sujet de la dette et des finances publiques par nos confrères de l’ Express , dans une interview publiée ce mercredi 22 mai, Emmanuel Macron a botté en touche en se félicitant des résultats de sa politique économique.
Pêle-mêle, le président de la République se vante d’avoir « changé la structure de ces dépenses pour privilégier les dépenses d’investissement plutôt que les dépenses courantes, les dépenses préventives plutôt que curatives, et beaucoup baissé les impôts », d’avoir fait le choix de protéger « les Français au moment du Covid et de la guerre en Ukraine » et d’avoir « baissé les impôts, investi dans nos services publics et su faire face aux crises ». Et le locataire de l’Élysée affirme que les baisses d’impôts se poursuivront en 2025 pour les classes moyennes…
Une rétrogradation loin d’être exclue
Le président a bien évidemment raison d’appuyer sur les points positifs de son bilan économique. Mais pour tout observateur de la vie économique, ces phrases sonnent presque comme un déni au moment où la question de la dette publique devient de plus en plus brûlante… Hasard du calendrier, la commission d’enquête parlementaire sur la forte croissance de la dette depuis 2017 , lancé par le groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, donne également ce mercredi 22 mai le coup d’envoi de ses auditions en recevant Jean-Louis Rey, le président de la Cades (Caisse d’amortissement de la dette sociale).
À lire aussi : La dette, de l’argent facile de Hollande à l’argent magique de Macron«
Sur le sujet de la dette, notre pays est toxicomane », nous confiait mardi 21 mai Philippe Juvin, député LR et président de cette commission . L’Assemblée nationale n’est pas la seule à scruter nos comptes. Dans un peu plus d’une semaine, l’agence de notation S & P va mettre à jour de la note de la France… et la rétrogradation du pays est loin d’être exclue. Enfin, une autre menace pourrait se concrétiser dans les prochaines semaines : le placement de notre pays en procédure de déficit excessif par Bruxelles …
Plus de 3 000 milliards de dette
Car, il y a les déclarations politiques, et à côté de cela, les chiffres qui sont dans le rouge vif. En un quinquennat, la dette est passée de 2 000 à plus de 3 000 milliards d’euros. Le déficit était encore de 5,5 points de produit intérieur brut l’an dernier, soit 0,6 point de plus que prévu, et il devrait péniblement atteindre les 5,1 points de PIB cette année. Le retour sous les 3 % annoncé pour la fin du quinquennat paraît quant à lui bien utopique : dans son dernier avis, le Haut Conseil des finances publiques, l’organisme indépendant chargé de rendre un avis sur la trajectoire budgétaire du gouvernement, estime que celle-ci manque de « cohérence » et de « crédibilité ». La charge de la dette devrait quant à elle s’élever à plus de 72 milliards d’euros en 2027, plus que le budget de l’Éducation nationale. Bref, nous n’avons jamais autant dansé sur un volcan…
À lire aussi : Macron, l’homme aux 1 000 milliards de dette
Il serait injuste de faire d’Emmanuel Macron l’unique fossoyeur de nos finances publiques. Depuis cinquante ans, l’Hexagone accumule les déficits. Et ces dernières années, tous nos dirigeants ont appelé au redressement des comptes publics, et fait parfois des économies, tout en signant des chèques à tout-va… Emmanuel Macron n’a pas fait exception à la règle. Si le début de son premier quinquennat a été marqué par une volonté de redresser la barque, il s’est en effet rapidement heurté de plein fouet au mur des Gilets jaunes, de la crise du Covid, de la crise énergétique, et de celle du pouvoir d’achat.

Et maintenant ? La réforme des retraites et celle de l’assurance-chômage , ainsi que les revues vont, certes, nous aider à faire des économies. Mais elles ne suffiront pas à régler entièrement le problème : le gouvernement doit encore trouver 20 milliards d’économies pour 2025…
Plus que jamais, la France d’Emmanuel Macron vit au-dessus de ses moyens
Par Jean-marc Daniel LE FIGARO 14 décembre 2024
Le président promettait de baisser les dépenses publiques, de s’attaquer aux rentes et de remettre la France au travail, rappelle l’économiste, professeur à l’ESCP. Il dresse un bilan critique des promesses économiques non tenues et stigmatise un pays vivant plus que jamais au-dessus de ses moyens.
Faire un bilan d’Emmanuel Macron au moment où l’actualité semble de plus en plus le dessaisir du pouvoir suppose de commencer par s’interroger, sinon sur ses promesses, du moins sur le cadre intellectuel dans lequel il a inscrit son accession au pouvoir. Un des textes fondateurs du macronisme remonte à la fin août 2015. Il s’agit du discours d’Emmanuel Macron à l’université d’été du Medef. Il y déclarait: «Lorsqu’on a 57 % de dépense publique rapportée au PIB, ça n’est plus possible. Ça n’est plus possible… parce que c’est reporter le problème sur les générations à venir, c’est créer une iniquité intergénérationnelle nouvelle! C’est considérer que le traitement de nos difficultés d’aujourd’hui, les jeunes le paieront demain et que ça n’est pas notre problème. Et c’est avoir une forme de discours irresponsable lorsqu’on constate que la moyenne des pays de la zone euro est de 8 points inférieure à la nôtre. Donc notre ambition, notre perspective, c’est, d’ici à 2022, de revenir à 50 % de…
…/…
La grande révolte des patrons, cette lumière crue jetée sur la réalité du « libéralisme » de la présidence Macron
Entre la gauche et une partie du RN voire de la droite qui nous imaginent dans un enfer ultra libéral et des macronistes qui affirment avoir sauvé l’économie française grâce à une politique de l’offre, quel bilan tirer de 7 ans de macronisme ?
Don Diego De La Vega est universitaire, spécialiste de l’Union européenne et des questions économiques. Il écrit sous pseudonyme car il ne peut engager l’institution pour laquelle il travaille.
Christian Saint-Etienne ATLANTICO
Christian Saint-Etienne est professeur titulaire de la Chaire d’économie industrielle au Conservatoire National des Arts et Métiers.Il a été également membre du Conseil d’Analyse économique de 2004 à juin 2012. Il est également l’auteur de La fin de l’euro (François Bourin Editeur, mars 2011)
Atlantico : De plus en plus de grands patrons français, Bernard Arnault en première ligne, semblent aujourd’hui s’agacer de la politique menée par le président de la République. Alors que la gauche, l’extrême droite et même une partie de la droite dénoncent une politique « ultra-libérale », que le centre revendique une « politique de l’offre », quel bilan peut-on dresser des sept dernières années ?
Don Diego de la Vega : Le premier point qu’il convient de soulever consiste à rappeler que le bilan que l’on peut faire du macronisme aujourd’hui n’a pas de raison de remonter à seulement sept ans. Il remonte à dix ans, au moins. De la même façon que Joe Biden était empêché par manque de lucidité durant la fin de son mandat, François Hollande l’était également par manque de crédit politique. Les deux dernières années (peut-être même deux ans et demi, en vérité) de son mandat ont vu Emmanuel Macron passer à la manœuvre, appuyé par une bande de ministres assez compatibles (sinon convaincus) avec son action. Le macronisme préexiste à l’élection de 2016. Et puisqu’il n’y a pas la moindre feuille de papier à cigarette entre l’action menée en 2016 et celle de 2018, c’est bien qu’il faut faire l’analyse de celle-ci en un seul bloc.
…/…