
Cinq podcasts sur la Shoah à écouter et à conserver pour les générations futures
Matilde Meslin – Édité par Louis Pillot – 2 février 2025 SLATE
Quatre-vingts ans après la libération du camp d’Auschwitz, le devoir de mémoire est plus important que jamais.
Le 27 janvier 2025 marque le 80eanniversaire de l’entrée de l’Armée rouge dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, où plus d’1,1 million de déportés, majoritairement juifs, furent tués. Une cérémonie de commémoration était organisée sur place, réunissant une cinquantaine de survivants de la Shoah ainsi qu’un parterre de dirigeants, parmi lesquels le roi Charles III, Emmanuel Macron, et le chancelier et le président allemands, Olaf Scholz et Frank-Walter Steinmeier. Devant la porte d’entrée du mémorial d’Auschwitz, plusieurs survivants ont pris la parole pour rappeler ce qu’ils avaient vécu. Nombre d’entre eux se sont aussi inquiétés de la montée des extrémismes partout sur le globe.
Le Suédois Leon Weintraub, déporté à 18 ans, a été on ne peut plus clair sur le sujet. «Ceux qui se présentent comme des héros nationalistes reprennent exactement les mêmes idées haineuses de l’Allemagne nazie qui a exterminé des millions d’êtres considérés comme non humains […]. J’invite la nouvelle génération à rester vigilante face aux expressions d’intolérance, de ressentiment face à ceux qui sont différents, qu’il s’agisse de couleur de peau, d’origine ou d’orientation sexuelle. Dans le monde numérique d’aujourd’hui, il est particulièrement difficile de faire la distinction entre les intentions réelles et la simple recherche de popularité.» Une semaine à peine après que l’homme le plus riche de la planète a fait un salut nazi lors de l’investiture de Donald Trump, ces paroles résonnent douloureusement.
Tous les historiens de la Shoah le disent: cette cérémonie marque un point de bascule. Pour la dernière fois sûrement, des rescapés de l’Holocauste ont pu témoigner en personne des conséquences de l’idéologie nazie. Dans cinq ou dix ans, il est fort probable qu’aucun ne soit encore en vie. Alors la mémoire vive, portée par des êtres humains en chair et en os, ne sera plus qu’un chapitre historique désincarné… Pour éviter que les récits individuels ne tombent dans l’oubli, de nombreux journalistes et documentaristes ont entrepris de les récolter, d’en faire des archives pour l’histoire.
Les podcasts sont peut-être les plus puissantes de ces œuvres. Parce qu’on y entend le courage d’hommes et de femmes qui acceptent, à l’hiver de leur vie, de se replonger dans les souvenirs les plus sombres de leur existence. Parce que les épisodes, souvent assez longs, laissent leurs histoires individuelles se déployer. Mais surtout parce que, grâce à la puissance de la voix, l’horreur des faits prend chair avec intensité. Voici donc cinq podcasts à écouter, à partager, et à sauvegarder précieusement pour les générations futures.