
ARTICLE – Retraites, immigration, Constitution… Les idées de référendums des principaux responsables politiques
Serpent de mer
Par Marianne 09/02/2025
Retraites, immigration, Constitution… Les idées de référendums des principaux responsables politiques
Retraites, immigration, Constitution… Alors que le chef de l’État s’apprêterait à convoquer un référendum comme le révèle « La Tribune du dimanche » de ce 9 février, l’hebdomadaire a demandé aux sept principaux responsables politiques la question qu’il faudrait poser aux Français selon eux. 88 % d’entre eux se disent par ailleurs favorable à l’idée d’un référendum, selon un sondage.
Emmanuel Macron convoquera-t-il (enfin) un référendum ? Selon La Tribune dimanche de ce 9 février, le président de la République serait en pleine réflexion sur la question qu’il pourrait poser aux Français. « En 2025, nous continuerons de décider et je vous demanderai de trancher certains de ces sujets déterminants », avait-il d’ailleurs déclaré le 31 décembre dernier à l’occasion de ses vœux présidentiels. Sur quel thème le chef de l’État décidera-t-il de consulter ses compatriotes ? Il devrait avoir tranché d’ici le printemps avant de déclencher l’article 11.
En attendant, plusieurs chefs de partis sollicités par l’hebdomadaire dominical ont confié la question qu’ils souhaiteraient poser aux Français, alors que ces derniers n’ont pas été consultés par voie référendaire depuis vingt ans. Et pour cause, le dernier date… du 29 mai 2005, à l’occasion du vote sur le traité constitutionnel européen (TCE) qui avait été rejeté à 54,7 %. Une expression de la souveraineté populaire qui sera contournée par l’adoption par le Parlement du traité de Lisbonne trois ans plus tard…
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Qu’en est-il vingt plus tard ? Du côté de la majorité présidentielle, Gabriel Attal voudrait « un référendum pour une société du travail » qui pourrait englober plusieurs questions. « Nous nous sommes donnés trois mois avec mon parti, pour consulter, réfléchir et proposer un projet complet à soumettre au référendum », précise le secrétaire général de Renaissance. Et l’ex-Premier ministre d’appeler à un « changement radical du système pour remettre le travail et les travailleurs à leur place : au-dessus de tout ».
UN CONSENSUS AUTOUR DU RÉFÉRENDUM
Sans surprise, la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen plaide pour un référendum sur la politique migratoire de la France… comme elle le promettait déjà lors de sa campagne pour l’élection présidentielle 2022. Avec une question toute trouvée : « Approuvez-vous l’adoption des dispositions contenues dans la proposition de loi constitutionnelle sur la citoyenneté, l’identité et l’immigration déposée au Parlement par le Rassemblement national ? »
Et de préciser que le texte que l’ex-candidate à la présidentielle propose pour « donner à l’État les moyens juridiques pour maîtriser l’immigration » est « déjà rédigé». Une réforme constitutionnelle que Marine Le Pen s’engage à soumettre au suffrage des Français « dans les premiers mois » de son mandat si elle est élue à l’occasion de la prochaine course à l’Élysée…
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Pas très loin sur l’échiquier politique, le président de l’Union des droites pour la République (UDR) Éric Ciotti propose de demander aux Français « d’approuver une réforme pour abroger le droit du sol ou solliciter leur vote pour revenir sur « le privilège algérien » qui dure depuis trop longtemps ». Celui qui a rejoint le parti de Marine Le Pen à l’occasion des dernières élections législatives anticipées assure qu’il a toujours « défendu l’idée d’une démocratie directe, inspirée du modèle suisse » et annonce qu’au sein de l’UDR il est favorable à « l’instauration de référendums réguliers au niveau veau tant national que local, à l’initiative du peuple ».
Son ancien allié des Républicains, Laurent Wauquiez, souhaiterait quant à lui que les Français se prononcent sur « l’accès des étrangers aux aides sociales », sujet qu’il juge « prioritaire ». Lui aussi convoque de Gaulle, en assurant qu’il propose depuis plusieurs années « de faire du référendum un usage annuel pour trancher les grandes orientations du pays ». Le patron des députés de droite à l’Assemblée suggère aussi de réviser la Constitution pour élargir le champ du référendum. Mais selon lui, il y a un sujet « urgent » : la « solidarité nationale ne saurait demeurer ouverte au monde entier ».
HUIT FRANÇAIS SUR 10 PLÉBISCITENT L’IDÉE
Prenons les partis composants l’alliance du Nouveau front populaire. « Si Emmanuel Macron était réellement sincère, il pourrait faire voter les Français sur l’abrogation de la réforme des retraites à 64 ans, le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune ou la hausse du SMIC, mais il a d’ores et déjà exclu ces possibilités », balaie de son côté le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard. Le député des Bouches-du-Rhône voit dans l’annonce d’Emmanuel Macron « un énième coup politique pour tenter de retrouver un semblant de légitimité ». Et de résumer : « Seuls le départ du président de la République et l’organisation d’une élection présidentielle pourront trancher pour de bon entre différents projets politiques. »
De son côté, le patron du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, voudrait que les Français aient leur mot à dire sur le financement des retraites. « Souhaitons-nous que l’avenir du financement de notre système de retraite continue de reposer sur le recul de l’âge légal à 64 ans ou sommes-nous prêts à nous engager sur les voies alternatives proposées par le monde syndical ? », suggère-t-il de demander aux citoyens. Il voit dans ce référendum un « débouché logique » dans le cas où la conférence sur les retraites ne se conclurait pas « par un accord entre les syndicats et le patronat ». Une question qui « touche le chœur du contrat social », selon Olivier Faure.
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Enfin, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, veut s’attaquer à la réforme de la Constitution et au passage à la VIe République : « Souhaitez-vous la mise en place d’une assemblée constituante chargée de proposer une nouvelle Constitution pour notre pays ?» Car pour la députée écologiste, les blocages institutionnels que nous vivons ont été rendus possible « par la manière dont nos institutions organisent le pouvoir ». Un sujet qu’elle estime porteur auprès des Français dans le cadre d’un référendum. « Ce n’est pas un hasard si l’un des principaux sujets de discussions des Gilets jaunes sur les ronds-points était le RIC (le Référendum d’initiative citoyenne, NDLR) », rappelle l’élue.
De leur côté, les Français (88 %) sont très largement favorables à l’idée d’un référendum selon un sondage Ipsos-Cesi (école d’ingénieurs) pour La Tribune Dimanche publié ce 9 février : 84 % d’entre eux voudraient notamment être consultés sur la fin de vie… Un sujet qui arrive très largement en tête, mais qui n’a été proposé par aucun des sept dirigeants politiques consultés par l’hebdomadaire.