
ARTICLE – « Le secteur associatif est très inquiet » : à Paris, les personnes à la rue sont toujours aussi nombreuses
Publié le jeudi 13 février 2025 RADIO FRANCE
D’après le dernier bilan de la Nuit de la solidarité, 3 507 personnes étaient sans solution d’hébergement à Paris fin janvier. L’an dernier, c’était 3 492. Reportage dans les rues de la capitale.
Malgré les promesses politiques et les déclarations d’intention, les personnes à la rue sont toujours aussi nombreuses, selon le bilan de la huitième Nuit de la solidarité organisée à Paris fin janvier. Des bénévoles ont sillonné les rues de la capitale pour recenser les sans-abri. Leur décompte vient tout juste de tomber : 3 507 personnes recensées, contre 3 492 l’an dernier.
« Il me semble que M. Macron, quand il est arrivé au pouvoir, avait dit 0 SDF dans les rues. C’était en 2017, on est en 2025. Où va-t-on ? », s’agace Bruno, bénévole. « En hiver, tout est déjà plein. Quand on appelle le 115, c’est compliqué parce qu’on n’a pas de place pour nous« , relève Mike, sans domicile fixe.
« De plus en plus de femmes »
Malgré les éditions des Nuits de la solidarité qui se succèdent et permettent de renseigner certains sans-abri sur leurs droits, « le secteur associatif est très inquiet », souligne Aurélie El Hassak-Marzorati, du Centre d’action social et protestant. Elle estime que la situation dans les rues se dégrade : « Au-delà des hommes, de plus en plus de femmes peuplent aujourd’hui les rues de Paris, des femmes victimes de violences intraconjugales, des femmes de plus en plus jeunes et c’est très préoccupant. »
Elle appelle notamment à la création d’hébergements d’urgence. Un vœu partagé par Léa Filoche, adjointe à la mairie de Paris, à l’origine de la Nuit de la solidarité. « On compte là 3 507 personnes dans les rues parisiennes, mais en vérité, on en a mis 900 dans des dispositifs municipaux, qui sont à l’abri, donc qui ne sont pas comptés« , souligne-t-elle. « On attend aujourd’hui de la part de l’État qu’il prenne conscience de la réalité de terrain. On aimerait bien qu’il y ait des places d’hébergement qui soient créées, qui soient dignes, qui soient pérennes et qui se fassent de manière inconditionnelle. »
En 2023, 735 personnes sans domicile fixe sont mortes en France, selon le collectif Les Morts de la Rue.