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RETRAITE : DES REALITÉS SUI S’IMPOSENT, ET POURTANT …

ARTICLE – L’édito éco de Lucie Robequain. Retraites : ces vérités qui dérangent

Remettre en question la réforme des retraites met en péril l’équilibre financier du pays, alors que le système repose largement sur la dette et les générations futures. Un effort des retraités et un allongement de la durée de travail semblent inévitables pour assurer sa pérennité.

Lucie Robequain. 16/02/25

Découvrez l'édito éco de Lucie Robequain, Directrice des rédactions

Il y a une sorte de folie à rouvrir le dossier des retraites dans une France déjà incapable de rétablir ses finances publiques. En questionnant l’âge légal de départ à 64 ans, François Bayrouhypothèque la seule réforme qui génère des économies substantielles depuis 2017.

Il s’achète quelques mois de sursis politique auprès des élus de gauche, avec le risque de provoquer une crise financière et sociale. Financière, parce que les marchés ne toléreront guère plus longtemps que nous soyons le seul pays d’Europe à ne pas réduire nos dépenses. Sociale, parce qu’ils nous forceront, via des taux d’intérêt prohibitifs, à imposer des économies plus douloureuses et brutales que celles envisagées jusqu’alors.

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Les Français peuvent-ils se permettre de travailler moins ? Les retraités peuvent-ils profiter de leurs vieux jours sans contribuer à l’effort collectif ? En attendant la Cour des comptes, qui rendra son verdict à l’occasion d’une mission flash ce mercredi, il est important de déjouer quelques contre-vérités.

La première serait que les retraités touchent, grosso modo, l’équivalent de ce qu’ils ont cotisé en travaillant. Faux ! Ils touchent deux fois plus. Pour les Français nés en 1960, le rapport entre les pensions perçues et les contributions versées – ce qu’on appelle le taux de récupération – s’établit à 200 %, selon les données de France Stratégie.

Ce sont nos enfants et nos petits-enfants qui paieront une grande partie des pensions actuelles.

Cette idée – partagée à gauche comme à droite – selon laquelle les retraités ont déjà « bien donné » est donc erronée. À l’heure où l’on prétend améliorer les grands équilibres du système, un effort de leur part serait bienvenu, pourquoi pas avec la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les retraites, une mesure juste qui aurait l’avantage d’exempter les plus modestes – ils ne paient pas d’impôt – et d’économiser 4 milliards par an.

Deuxième contre-vérité : les actifs d’aujourd’hui paient les pensions de leurs aînés, selon le principe de solidarité intergénérationnelle qui constitue la base du système français. Faux là aussi ! Les cotisations ne représentent que deux tiers des pensions versées. Le reste est financé par nos impôts et plus encore par l’emprunt.

Ce sont donc nos enfants et petits-enfants qui paieront une grande partie des pensions actuelles, via le remboursement de la dette. Les chiffres donnent le vertige : en six ans (2018-2023), la dette publiques’est creusée de 839 milliards d’euros, dont plus de la moitié (52 %) au titre des retraites. C’est deux fois plus que ce que le Covid et l’Ukraine réunis nous ont coûté sur cette période-là.

Alors bien sûr, on peut autoriser les Français à quitter le monde du travail à 60 ans, comme en rêve encore Jean-Luc Mélenchon. Si François Mitterrand l’a fait en 1982, pourquoi pas nous ? C’est ignorer que, depuis cette date, les Français ont gagné plus de huit ans d’espérance de vie. La logique, pour garantir le financement du système, voudrait donc que l’on travaille 8 ans de plus. On en est loin, très loin, et l’on risque de s’en écarter plus encore dans les prochains mois.

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