
MISE À JOUR :
3. ARTICLE – En Allemagne, feu vert historique au « bazooka » budgétaire de Friedrich Merz
Les députés allemands ont adopté le plan d’investissements géant de Friedrich Merz. Pour le futur chancelier conservateur, il s’agit du « premier grand pas vers une nouvelle communauté européenne de défense ».
Par Emmanuel Grasland. 18 mars 2025
Journée historique au Bundestag. Devant un large public de visiteurs et de journalistes, les députés allemands ont adopté, ce mardi, le plan d’investissements géant, proposé par les conservateurs, les sociaux-démocrates et les Verts. Le texte a recueilli 513 voix pour et 207 contre, validant une majorité des deux tiers, nécessaire à toute modification de la Constitution.
Cette réforme va faire entrer l’Allemagne dans une nouvelle ère et mettre fin à des décennies d’orthodoxie budgétaire. Elle va ouvrir les vannes des dépenses publiques et nettement accélérer le réarmement de l’Allemagne. « La décision que nous prenons aujourd’hui pour la défense de notre pays n’est rien de moins que le premier grand pas vers une nouvelle communauté européenne de défense », a expliqué, à la tribune, le futur chancelier Friedrich Merz.
Un fonds spécial de 500 milliards
Ce texte de loi sera également la pierre angulaire de la coalition que Friedrich Merz entend mettre en place avec les sociaux-démocrates à l’issue des élections du 23 février. « C’est peut-être le plus grand paquet d’investissements de l’histoire de notre pays », a déclaré le coprésident des sociaux-démocrates Lars Klingbeil.
Concrètement, le texte de loi prévoit la création d’un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur douze ans pour les infrastructures du pays. Le champ est large. Il s’agit d’investir pour moderniser les routes, les ponts, les chemins de fer, les réseaux de transport d’énergie comme les hôpitaux ou les crèches.
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La règle du « frein à la dette » va ensuite être assouplie. Inscrite dans la Constitution depuis 2009, celle-ci limite aujourd’hui les possibilités d’emprunts annuels à 0,35 % du produit intérieur brut. La réforme va exonérer du mécanisme toutes les dépenses liées à la défense, aux services secrets, à la cybersécurité, à la protection civile et à l’aide à l’Ukraine, dès lors qu’elles excèdent 1 % du produit intérieur brut. Soit un seuil situé à environ 44 milliards d’euros.
1. ARTICLE – Allemagne: le «bazooka» d’investissements de Friedrich Merz soumis au vote des députés
Berlin – Pour faire entrer la rigoureuse Allemagne dans cette nouvelle ère de la dépense, il lui faut amender la Loi fondamentale. Les débats au Bundestag, la chambre basse du Parlement, doivent débuter à 10h (9h GMT), avec un vote dans la foulée
Publié le 18 mars 2025 l’Opinion (avec AFP)
« La situation s’est encore aggravée de façon dramatique ces dernières semaines », a plaidé avant le vote le probable futur chancelier qui s’apprête à enterrer le dogme de l’orthodoxie budgétaire dont il a toujours été un fervent défenseur. Et d’évoquer le revirement stratégique des Etats-Unis de Donald Trump, qui se rapprochent de la Russie au détriment de l’Ukraine, et l’urgence pour l’Europe d’accroître son indépendance vis-à-vis de Washington en matière de défense.
Le « bazooka » d’investissements proposé par le chef des conservateurs quelques jours seulement après sa victoire aux législatives du 23 février, est la pierre angulaire du futur gouvernement qu’il a entrepris de former avec le Parti social-démocrate (SPD). Pour faire entrer la rigoureuse Allemagne dans cette nouvelle ère de la dépense, il lui faut amender la Loi fondamentale. Les débats au Bundestag, la chambre basse du Parlement, doivent débuter à 10h (9h GMT), avec un vote dans la foulée.
« Signal fort ». Le texte prévoit un assouplissement des règles d’endettement inscrites dans la constitution pour les dépenses militaires et pour les régions. S’ajoute un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur 12 ans pour moderniser les infrastructures et relancer la première économie européenne en récession depuis deux ans, dont, sous la pression des écologistes, 100 milliards affectés à la protection du climat.
Les sommes en jeu sont colossales et auront des répercussions bien au-delà de l’Allemagne, représentant 1 000 à 1 500 milliards d’euros, selon les calculs, injectés dans l’économie au cours de la prochaine décennie. Il s’agit d’« un signal fort montrant que l’Allemagne prend au sérieux sa propre sécurité, la sécurité de l’Ukraine et la sécurité de l’Europe », a loué lundi la cheffe de la diplomatie sortante Annalena Baerbock (Verts).
Pour cette journée historique, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron sera à Berlin et rencontrera dans la soirée le chancelier sortant Olaf Scholz, ainsi que Friedrich Merz. Le plan permettra aussi le déblocage d’un soutien militaire en suspens de 3 milliards d’euros pour l’Ukraine. Selon le porte-parole du gouvernement allemande, des munitions d’artillerie pourraient alors être livrées « dans les prochaines semaines ».
« Confiant ». Lundi, Friedrich Merz s’est déclaré « confiant » d’obtenir la majorité des deux-tiers des voix nécessaires, grâce au soutien du SPD et des Verts, qui se sont in extremis ralliés au projet. Le chef des conservateurs de 69 ans veut faire voter les lois par le Bundestag sortant, car les partis des extrêmes, de droite et de gauche, détiendront une minorité de blocage dans le nouvel hémicycle qui se constituera le 25 mars.
« Mais avec 31 voix, l’avance n’est pas si grande », souligne Der Spiegel. D’autant que le spectaculaire virage budgétaire de Friedrich Merz n’est pas sans créer des remous au sein même de son camp politique. « Il existe une incertitude notable », a abondé lundi la politologue Ursula Münch de l’académie de formation politique de Tützing (sud).
En cas d’échec, ce serait « une débâcle pour la coalition en train de se former » et pour Friedrich Merz, a-t-elle jugé. S’il franchit l’obstacle, le conservateur devra encore passer vendredi le test du Bundesrat, la chambre haute qui représente les régions. Or l’aval de quelques Länder n’est pas encore assuré.
« Gestion économe ». Puis il devra boucler les négociations avec les sociaux-démocrates pour former la coalition qu’il veut mettre sur pied d’ici Pâques, le 21 avril. Ces discussions n’ont rien d’évident car les dépenses d’investissement massives vont s’accompagner d’économies à tous les niveaux et de réformes majeures mettant à l’épreuve la future grande coalition.
« Les temps paradisiaques, où chaque souhait était possible, sont révolus », a prévenu Friedrich Merz, qui promet une « une gestion budgétaire extrêmement économe ». Evoquant des pourparlers jusqu’ici « très constructifs », le secrétaire général du SPD Matthias Miersch a lui assuré que les différents groupes de travail pourront comme prévu rendre leur copie lundi 24 mars.
2. ARTICLE – En Allemagne, les députés adoptent un plan d’investissements historique pour réarmer le pays
Porté par le futur chancelier Friedrich Merz, le projet de loi prévoit une réforme du « frein à la dette » afin de permettre une augmentation massive des emprunts en vue de soutenir les dépenses militaires et de stimuler la croissance du pays.
Ce paquet de plusieurs centaines de milliards d’euros affectés à la défense et l’économie, qui nécessite un assouplissement des règles d’endettement inscrites dans la Constitution allemande, a été approuvé par 513 députés, soit la majorité des deux tiers des parlementaires présents, tandis que 207 l’ont rejeté. Les députés ont également validé la création d’un fonds d’infrastructure doté de 500 milliards d’euros. Pour entrer en vigueur, le texte doit encore être approuvé vendredi par le Bundesrat, la chambre représentant les régions.
Comme le reste de l’Union européenne, la première économie européenne est confrontée à des tensions commerciales et géopolitiques depuis le retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.
« Premier grand pas » vers une défense européenne
Le vote est historique dans une Allemagne championne depuis des décennies de l’orthodoxie budgétaire et qui a longtemps négligé les dépenses militaires, au profit du parapluie américain qui la protégeait depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Mais les temps ont changé. Après le choc de l’invasion russe de l’Ukraine depuis février 2022, Berlin voit Washington se détourner de l’Europe et se rapprocher de la Russie, sous l’impulsion de M. Trump.
Devant la chambre basse du Parlement, M. Merz, chef de file du camp conservateur (CDU/CSU), a appelé les députés à approuver ce volume d’investissements inédit pour contrer la « guerre contre l’Europe » menée par la Russie. Il s’agit « d’une guerre contre l’Europe et pas seulement d’une guerre contre l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a lancé le futur chancelier de 69 ans, énumérant les cyberattaques et sabotages d’infrastructures attribués à Moscou.
Friedrich Merz a aussi qualifié ce plan de « premier grand pas vers une nouvelle communauté européenne de défense »devant inclure « des pays qui ne sont pas membres de l’Union européenne », comme le Royaume-Uni et la Norvège.
« C’est une excellente nouvelle parce que cela envoie également un message très clair à l’Europe sur la détermination de l’Allemagne à investir massivement dans la défense », a salué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui estime que l’Europe doit impérativement et rapidement se réarmer pour avoir une « dissuasion crédible » d’ici 2030. De son côté, le chancelier sortant, Olaf Scholz, a salué une décision « historique » du Bundestag, tout comme Emmanuel Macron, lors d’un point presse commun à Berlin. « C’est une bonne nouvelle pour l’Allemagne et pour l’Europe », a ajouté le président français, fervent partisan d’un renforcement de la défense européenne. « Cela envoie un puissant message de “leadership” et d’engagement en faveur de notre sécurité commune », s’est également félicité le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte.
Dans un changement de cap remarquable pour l’Allemagne, Friedrich Merz plaide désormais pour accroître l’indépendance européenne en matière de défense alors que la politique de Washington est devenue imprévisible.
Le « bazooka » d’investissements, selon l’expression popularisée par les médias allemands, du chef des conservateurs est la pierre angulaire du futur gouvernement qu’il a entrepris de former avec le Parti social-démocrate (SPD) après sa victoire aux législatives de février.
Il prévoit un assouplissement du « frein à l’endettement », qui limite la capacité d’emprunt, pour les dépenses militaires et pour les régions. S’ajoute un fonds spécial – hors budget — de 500 milliards d’euros sur douze ans pour moderniser les infrastructures et relancer la première économie européenne en récession depuis deux ans, dont, sous la pression des écologistes, 100 milliards affectés à la protection du climat.
Déblocage d’une aide de 3 milliards d’euros pour l’Ukraine
Il s’agit « de donner une nouvelle direction à l’histoire de notre pays, un renouveau positif pour l’Allemagne, un renouveau positif pour l’Europe », a estimé le chef du SPD, Lars Klingbeil, devant les députés. Friedrich Merz avait décidé de faire voter les lois par le Bundestag sortant, car les partis des extrêmes, de droite et de gauche, détiendront une minorité de blocage dans le nouvel hémicycle qui se constituera le 25 mars. Le comité budgétaire du Bundestag devrait donner officiellement son accord vendredi à l’octroi de ces fonds, après le vote du Bundesrat, ont déclaré des sources parlementaires à l’Agence France-Presse.
Le plan allemand doit permettre aussi le déblocage d’un soutien militaire en suspens de 3 milliards d’euros pour l’Ukraine. Kiev pourrait ainsi recevoir des munitions d’artillerie et des grenades « dans les prochaines semaines », avait déclaré lundi le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, tandis que la livraison d’autres équipements lourds tels que les systèmes de défense aérienne IRIS-T et Patriot prendra jusqu’à deux ans.
En cette journée historique pour l’Allemagne, le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, fervent partisan d’un renforcement de la défense européenne, est à Berlin pour rencontrer Olaf Scholz, puis dans la soirée Friedrich Merz.
Le futur dirigeant allemand a encore des semaines difficiles devant lui : il devra boucler les négociations avec les sociaux-démocrates pour former la coalition qu’il veut mettre sur pied d’ici le 21 avril. Ces discussions n’ont toutefois rien d’évident car les dépenses d’investissement massives vont s’accompagner d’économies à tous les niveaux et de réformes majeures mettant à l’épreuve la future grande coalition.