
Le 11 mars 2025, l’Assemblée nationale a adopté, à l’unanimité, une résolution demandant la diffusion et la restitution de ces cahiers.
Les cahiers de doléances de 2018-2019 sont difficilement accessibles au public – certaines voix évoquent même leur « confiscation ». Le 11 mars 2025, l’Assemblée nationale a adopté, à l’unanimité, une résolution demandant la diffusion et la restitution de ces cahiers. Que contiennent-ils ?
Cette résolution attend 7 actions de l’exécutif qui n’a pas tenu ses engagements :
1. rendre accessiblel’ensemble du contenu des cahiers de doléancessur un site web
2. organiser un événement permettant de conclure le « Grand Débat National »
3. convier l’ensemble des maires de France à ce temps fort national
4. initier une étude de l’ensemble des doléances afin d’en dégager les grandes tendances.
5. transmettre sous forme d’un rapport au Parlement
6. En concertation avec le Parlement, à définir un projet d’avenir national structuré en axes contenant plusieurs actions concrètes pour mettre en œuvre les doléances des Français.
7. réitérer ce grand exercice démocratique de manière régulière afin de rebâtir la confiance des gouvernés vis-à-vis du pouvoir politique et d’instaurer davantage de transparence au sein de notre nation. VOIR LA RÉSOLUTION COMPLÈTE CI CONTRE
Un collectif de chercheurs a pu accéder aux 162 cahiers (et quelque 1 000 doléances)
rédigés dans le département de la Somme et les étudier. Cette grande enquête, publiée dans la revue Annales, histoire, sciences sociales, révèle une profonde envie de participation citoyenne et de justice sociale. VOIR L’ARTICLE CI CONTRE
LA PROMESSE PUBLIQUE A REMPLACÉ L’ACTION PUBLIQUE ?
LA PROMESSE « RÉVOLUTIONNAIRE » DE MACRON NON TENUE
Il convient de rappeler les engagements publics et non tenus du Président de la République, qui s’était engagé à restituer le 15avril 2019 ce qui se dégagerait des cahiers de doléances.
Contribution de CLOTHILDE DE PICARDIE
NOS PUBLICATIONS PRÉCÉDENTES
INEXPLOITÉS ET INACCESSIBLES DEPUIS 2019, M.BARNIER VA S’INSPIRER DES CAHIERS DE DOLÉANCES. https://metahodos.fr/2024/10/28/inexploites-et-innaccessibles-depuis-2019-m-barnier-va-sinspirer-des-cahiers-de-doleances/
LA PROMESSE (168) DE PUBLICATION DES CAHIERS DE DOLÉANCE : ENTRE ABANDON ET EMPÊCHEMENT. https://metahodos.fr/2024/10/23/la-promesse-de-publication-des-cahiers-de-doleance-entre-absence-de-volonte-et-tracas-techno/
5 ANS APRÈS LES GILETS JAUNES : CONTRAINDRE L’EXÉCUTIF À PUBLIER LES EXPRESSIONS DES FRANÇAIS – PROMESSES (74)https://metahodos.fr/2024/01/23/5-ans-apres-les-gilets-jaunes-contraindre-lexecutif-a-publier-les-expressions-des-francais-promesses-74/
Cahier de doléances, le bruit sourd de la France
TITRE RADIO FRANCE QUI POURSUIT (17 novembre 2024 ) :
Il y a six ans, le 17 novembre 2018, les Gilets Jaunes lançaient leur première mobilisation nationale. Le début d’une crise de plusieurs mois, qui a débouché sur la rédaction de cahiers de doléances. Que sont-ils devenus ? Pourquoi ne sont-ils pas publiés ?
Face à l’ampleur de cette crise sociale, des maires ruraux ont décidé de mettre à disposition de leurs administrés des cahiers de doléances. Plus de 200 000 contributions ont été écrites, dans près de 20.000 cahiers de doléances, répartis dans 17 000 mairies.
Dépassé par cette colère sociale, le président Emmanuel Macron annonçait le 12 décembre 2018, la tenue d’un Grand débat national, sur la base de ces doléances.
Il avait promis de revenir devant les Français mais son intervention, attendue le 15 avril 2019, a finalement été annulée car Notre Dame de Paris brûlait.
Depuis, plus rien ou presque.
Des organismes privés ont fait une synthèse du Grand Débat pour le gouvernement, mais les cahiers de doléances ont été mis de côté, archivés, comme oubliés. Au grand dam des citoyens qui ont participé à leur rédaction, des élus qui les ont initiés ou des chercheurs qui se battent pour qu’ils soient publiés. Même le premier ministre, Michel Barnier, a indiqué vouloir se replonger dans la plus grande consultation d’expression libre organisée en France. »
1. ARTICLE – Une grande enquête révèle le contenu des cahiers de doléances
Publié: 18 mars 2025, 16:31 CET
Romain Benoit-Lévy, Université Rennes 2, Emilia Schijman, Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Pierre-Louis Sanchez, Université Paris Cité, Simona Cerutti, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), Simon Castanié, Université Rennes 2, Stéphane Baciocchi, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)
Les cahiers de doléances de 2018-2019 sont difficilement accessibles au public – certaines voix évoquent même leur « confiscation ». Le 11 mars 2025, l’Assemblée nationale a adopté, à l’unanimité, une résolution demandant la diffusion et la restitution de ces cahiers. Que contiennent-ils ? Un collectif de chercheurs a pu accéder aux 162 cahiers (et quelque 1 000 doléances) rédigés dans le département de la Somme et les étudier.
Cette grande enquête, publiée dans la revue Annales, histoire, sciences sociales, révèle une profonde envie de participation citoyenne et de justice sociale.
Notre enquête porte sur les cahiers ouverts dans le département de la Somme entre décembre 2018 et février 2019. Dans ce département de 772 communes, 234 cahiers ont été ouverts mais certains sont restés vides : un peu moins de 200 ont été complétés, pour un total de 978 doléances. Nous avons analysé les 162 cahiers déposés aux archives départementales, ainsi que des numérisations, conservées aux Archives nationales.
Il faut distinguer plusieurs types de cahiers et plusieurs phases d’ouverture et de rédaction. En effet, toutes les doléances n’ont pas été écrites en même temps ni dans le même contexte.
- Il y a les cahiers de gilets jaunes, ouverts et remplis directement sur les ronds-points, dès la mi-novembre 2018, (par exemple à Mende). Nous n’en avons guère retrouvé dans la Somme.
- À partir du 8 décembre 2018, les maires ouvrent des cahiers de « doléances et propositions » et promettent de les transmettre aux préfets et aux parlementaires.
- À partir du 15 janvier 2019, l’initiative est reprise par le président de la République dans le cadre de ce qu’il nomme le « Grand débat national ». À cette occasion, les cahiers des mairies sont intégrés à cette nouvelle séquence politique et de nouveaux cahiers sont ouverts.
Dans la Somme, la seconde séquence n’est pas négligeable : 40 % des doléances sont écrites avant le 15 janvier. Malgré la reprise par le grand débat national de ces cahiers, la forme de ceux-ci reste la même, avant et après cette date : très majoritairement libre, l’expression citoyenne ne se cantonne pas aux thématiques imposées par le gouvernement. S’il est très difficile, voire impossible, de dire qui est venu écrire dans ces cahiers, ce ne sont pas forcément des gilets jaunes qui s’y expriment. Ces cahiers sont de formes très variables : cahiers d’écoliers plus ou moins grands ou épais, registres, feuilles volantes, etc.
À lire aussi : Les « cahiers de doléances » ont-ils été confisqués ?
Les cahiers sont donc au croisement de trois espaces de mobilisation autour des mêmes thèmes : les ronds-points, les manifestations, les débats locaux (en mairie ou ailleurs) et de différentes formes d’expression citoyenne. Ils constituent également, en eux-mêmes, un espace de dialogue entre contributeurs : les doléances se répondant parfois les unes les autres.
Appartenance citoyenne, redistribution et réciprocité
Les propositions sont extrêmement variées, parfois contradictoires, et d’une grande richesse, à la fois dans le fond et la forme : on retrouve des listes de propositions à l’infinitif, des lettres plutôt personnelles, des contributions rédigées, etc.
Plusieurs grandes conclusions peuvent néanmoins être dégagées de ce matériau très hétérogène.
Si l’opposition au gouvernement et la dénonciation des élites politiques sont fréquentes, une majorité des doléances se présente comme une forme de collaboration entre les rédacteurs et les autorités à qui ces écrits s’adressent. Les personnes qui se sont senties autorisées à venir s’exprimer, à l’écrit et en mairie, font de véritables propositions d’économie politique et se placent sur un pied d’égalité avec les gouvernants. Le registre le plus fréquent est celui de l’avis, de la proposition.
À Amiens, on peut lire :
« En vue des échanges pour des propositions de transformation de notre vie collective, voici quelques propositions. »
Ou encore, à Gueschart :
« Je me permets de revenir sur quelques pistes souvent évoquées ou pas ces derniers mois […] pour trouver des compromis qui recueillent un maximum d’adhésion. »
Les gens viennent dénoncer un mépris, une situation honteuse ou scandaleuse, mais la colère est peu présente. De la même manière, il y a peu de propos violents ou racistes. La honte est en revanche convoquée, par exemple, lorsqu’il est question des écarts de revenus.
À propos des hauts fonctionnaires et des élus, un habitant d’Albert écrit :
« Il est normal que leurs rémunérations soient élevées, mais, arrivé à un certain seuil, cela devient indécent sans compter les avantages qui vont avec. »
Les contributeurs expriment ainsi une compétence et une légitimité à intervenir dans le débat public et à discuter des ressources communes, de l’impôt et des services publics. Ils sont aussi proches et au courant des réalités de l’État qu’ils sont ou se sentent éloignés de la classe politique.
Une demande d’équité et de prise en compte de la parole citoyenne
Les doléances proposent des solutions pour réaliser une correcte redistribution de ressources. Les contributeurs utilisent le langage de la réciprocité et de la proportion : il ne s’agit pas juste de supprimer ou de créer des impôts, mais de proposer des mesures en lien les unes avec les autres.
Un contributeur de Poulainville s’adresse à « Monsieur le président » en lui indiquant :
« Il serait préférable de diminuer les indemnités des ministres et des députés. De supprimer les retraites des anciens présidents au-delà de cinq ans. Rétablissement de l’ISF. Afin d’augmenter le pouvoir d’achat des retraités, des Handicapés, des Travailleurs payés au Smig (sic). Suppression de la CSG pour les retraités et également nous désirons une mise en place du RIC. »
Les citoyens mettent en avant la contribution de chacun à la production de richesse du pays en termes d’impôts (comme l’ISF), de travail ou d’activités : il est ainsi souvent rappelé que les retraités sont des actifs utiles à la société. Il y a une vraie revendication à un juste retour, proportionnel, en termes de reconnaissance et des ressources : je participe, je travaille, je paie mes impôts, donc je ne dois pas être méprisé, ignoré ou éloigné des services publics.
Les retraites, le travail et l’impôt occupent ainsi plus de la moitié des messages. Cette insistance sur l’apport effectué se conjugue avec le souci de distinction vis-à-vis de ceux qui sont dans une dépendance envers les aides sociales. On sent une vraie peur de basculer hors de ce cadre de la « réciprocité citoyenne ».
Les cahiers ne parlent pas tant d’égalité que d’équité. Cette notion d’équité suppose une interdépendance et des ressources limitées, elle correspond à un équilibre entre les parties d’un rapport, en évitant l’enrichissement de l’une au détriment de l’autre. À Aubigny, on peut lire :
_ « Salaires de 1 à 20 au lieu de 1 à 40. Plus on gagne, plus on a d’avantages ! Un peu plus d’équité dans ce monde. Un peu plus de justice sociale. Plus de solidarité. Que veut dire Égalité, Fraternité et Liberté ? Rétablir les 14 tranches de manière que l’impôt soit progressif, plus on gagne plus on doit payer. Ce sont les actionnaires du CAC40 qui gagnent le plus, ce sont les plus riches qui ont tous les avantages (une profonde injustice). Supprimer les niches fiscales […] Redistribution des richesses. »
Il n’est alors pas étonnant que la critique envers la fiscalité avantageuse des multinationales ou des plus riches (ISF) soit si massive, comme celle envers le train de vie – supposé ou réel – de la classe politique.
Pour une vie digne
Mais alors qu’il est largement question de pauvreté dans ces cahiers, de difficultés matérielles, les contributeurs ne se présentent pas comme pauvres : ils se présentent en tant que « travailleurs pauvres ».
« Tout le monde doit pouvoir vivre décemment de son travail dans un pays comme le nôtre » ; « Je suis une travailleuse pauvre. Vraiment, quotidiennement, j’ai la sensation de “travailler à perte” », lit-on à Amiens.
L’adjectif « pauvre » souligne la dégradation d’un statut plus qu’une condition économique. Et c’est là l’un des scandales les plus dénoncés avec les « privilèges » de la classe politique : le travail et la redistribution étatique ne protègent pas (ou plus) de la pauvreté et de la précarité. Ils ne permettent pas de vivre dignement.
Finalement, les logiques et les cohérences qui président à ces propositions d’économie politique dessinent une communauté d’ayants droit aux ressources communes. Il s’en dégage une certaine conception de la citoyenneté : les contributeurs demandent à participer à la vie démocratique parce qu’ils contribuent à la richesse du pays, parce qu’ils paient des impôts.
C’est ce qui explique l’association faite entre fiscalité et démocratie dans les doléances : pour eux, être citoyen, c’est participer. Mais c’est aussi être écouté, être entendu, avoir accès à des services publics. Et surtout, avoir droit à une vie digne.
2. RÉSOLUTION DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
visant à publier les cahiers de doléances du «Grand débat national » de l’ensemble des mairies,
présentée par M. Stéphane VIRY, Mme Estelle YOUSSOUFFA, M.Stéphane LENORMAND,M. Charles DE COURSON, M. Michel CASTELLANI,députés.
EXPOSÉ DESMOTIFS MESDAMES, MESSIEURS,
En 2019, au cœur de la crise des Gilets Jaunes, dans un souci de répondre à la profonde crise démocratique qui étreint notre nation, Emmanuel Macron a réactivé un dispositif historique, dormant depuis la Révolution Française. Il a lancé un exercice démocratique d’une envergure inédite dans la Vème République, en invitant les maires de l’ensemble des territoires à ouvrir des cahiers de doléances. Ce geste, inscrit dans le cadre du «Grand Débat National », a suscité une participation massive des Français, qui ont exprimé leurs doléances à travers ces cahiers. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 19 899 cahiers et plus de 200 000 contributions.
Ce vaste exercice de démocratie locale, largement alimenté par les citoyens eux-mêmes, a généré une ressource d’une valeur inestimable pour la vie politique française, tant sur le plan démocratique que scientifique et politique. Dans un contexte où la confiance envers la politique est en chute libre – 70 % des Français n’ayant plusconfiance en 2024 – et où une écrasante majorité estime que la France traverse l’une des plus grandes crises démocratiques de la Ve République, ces écrits représentent un formidable moyen de réaffirmer la voix du peuple et de renouer le lienentre gouvernants et gouvernés.
L’augmentation constante de l’abstentionélectorale en France souligne l’urgence de répondre à la crise de représentativité qui touchent notre pays. La publication des cahiers de doléances constituerait une réponse concrète à cette situation. Rendre accessible l’intégralité de ces contributions serait un acte fort en faveur de la transparence de notre démocratie. Alors que l’exécutif n’a pas mis en place les moyens nécessaires pour concrétiser ce projet citoyen d’envergure, il incombe à la représentation nationale d’inviter le gouvernement à finaliser ce qu’il a initié. La numérisation des cahiers de doléances est achevée ; il ne reste plus qu’à anonymiser les participations citoyennes pour les rendre accessibles à tous.
La mise à disposition numérique des cahiers de doléances ne devrait pas être un défi insurmontable pour notre pays, surtout à l’ère où les moyens technologiques sont considérables. Des initiatives existent déjà, comme la création d’un site internet permettant d’analyser et de rendre accessible toute la sociologie électorale depuis la Révolution française. Avec les ressources dont dispose la France, notamment celles dévolues à l’État, il est clair que la publication de ces données doit être une finalisée pour l’exécutif.
Ces contributions renferment une mine d’informations précieuses pour comprendre les préoccupations et les aspirations des Français, dans un contexte où la guerre est aux portes de l’Union européenne, où l’actualité internationale démontre une grande instabilité, où l’écologie et les enjeux socioéconomiques pèsent lourdementsur leur quotidien. Il est grand temps que ces voix citoyennes soient non seulement entendues, mais également mises en lumière pour orienter les politiques publiques de notre pays.
Une telle ressource constitue une véritableopportunité pour éclairer les décisions politiques, particulièrement dans un contexte où aucune majorité claire ne se dégage à l’Assemblée nationale, et où la France se trouve déchirée par des logiques partisanes souvent déconnectées des réalités quotidiennes des Français.
De plus, cette publication permettrait de reconnaître le travail considérable accompli par les maires, en particulier ceux des zones rurales, dans la collecte et la compilation de ces doléances. Ils ont été et restent les relais indispensables de la voix du peuple, et il serait injuste de limiter la portée de leurs engagements en reléguant ces précieuses contributions aux seules archives départementales. Ces élus locaux, proches des réalitésquotidiennes des citoyens, ontjoué un rôle crucial dans la canalisation de la colère et des aspirations populaires.
Leur implication mérite d’être saluée et valorisée à sa juste mesure. Durant plus d’un mois, du 8 décembre au 14 janvier, les maires ont une fois de plus pleinement assumé leur rôle en s’impliquant dans ce projet.
Pourtant, nos élus locaux, particulièrement nosmaires, se sentent« abandonnés par l’État ».
Au 31 janvier 2024,plus de 4 % des maires élus lors du renouvellement général des conseils municipaux de 2020 avaient démissionné depuis le début de leur mandat. Ce chiffre sans précédent témoigne du malaise profond ressenti par les élus locaux, lié à une forte dégradation des conditions d’exercice du mandat local. Notre démocratie est en crise et un désengagement d’une ampleur inédite est à craindre lors des prochaines élections municipales.
Selon un sondage de l’Institut français d’opinion publique (Ifop), plus d’un maire sur deux (55 %) ne souhaite pas se représenter à la fin de son mandat en 2026. Pour enrayer cet avenir inquiétant pour nos territoires, plusieurs textes législatifs ont été adoptés par l’Assemblée nationale et le Sénat : la loi du 30 décembre 2023 visant à revaloriser le métier de secrétaire de mairie, et la loi du 21 mars 2024 renforçant la sécurité et la protection des maires et des élus locaux. Prochainement, l’Assemblée nationale vaexaminer une proposition sénatoriale visant àcréer « un statut d’élu local ». Ainsi, face à cette situation, lesparlementaires s’engagent pleinement en faveur de notre démocratie locale.
Finaliser le travail initié par les maires lors du« Grand débat national » serait un signal fort envoyé par l’exécutif aux maires, valorisant leur engagement. Inversement, poursuivre l’inaction gouvernementale sur ce projet renforcerait le sentiment de malaise démocratique qui croît sur l’ensemble du territoire.
De plus, il convient de rappeler les engagements publics du Président de la République, qui s’était engagé à restituer le 15avril 2019 ce qui se dégagerait des cahiers de doléances. Cependant, l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a modifié l’agenda politique et ce bilan n’a toujours pas été dressé. L’engagement présidentiel n’a pas été tenu, affaiblissant sa parole et contribuant à alimenter le sentiment de défiance vis-à-vis de nos institutions politiques.
La publication de ces cahiers de doléances serait une marque de transparence permettant un retour de la confiance des Français en la politique de notre nation. C’est une manière de reconnaître et de valoriser la parole citoyenne, tout en montrant un véritable engagement en faveur de la démocratie participative.
La numérisation et la diffusion de ces cahiers de doléances sont des actes de transparence politique essentiels dans une démocratie moderne. Elles permettraient non seulement de rendre compte de la diversité des opinions et des préoccupations des Français, mais aussi d’impliquer activement les citoyens dans le processus décisionnel. C’est un moyen concret de rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés, en montrant que les voix du peuple ne sont pas seulement entendues, mais également prises en compte dans les décisions politiques.
La publication numérique des cahiers de doléances est une étape indispensable pour une démocratie plus transparente, participative et inclusive. Elle permettrait de donner une réelle visibilité aux préoccupations des citoyens et de les placer au cœur du débat politique.
En l’absence de cette démarche de consultation citoyenne, nous risquons de voir se multiplier les soulèvements populaires, tels que ceux des Gilets Jaunes, les émeutes de l’été 2023, ou encore les récentes crises dans le secteur agricole. La publication des cahiers de doléances représente donc un outil concret de prévention des conflits sociaux qui menacent notrepays.
La stabilitésociale d’une nation repose sur une politiqued’écoute etde transparence, permettant de rétablir l’équilibre fondamental entre gouvernants et gouvernés. L’exercice démocratique est essentiel, et l’expression citoyenne ne doit pas se limiter aux urnes.
Rendre publics les cahiers de doléances serait un acte de responsabilité politique et un gage de respect envers la volonté populaire. En donnant accès à ces témoignages, l’État enverrait un signal fort : celui de la confiance dans la démocratie participative et dans le pouvoir des citoyens à façonner leur avenir.
En somme, la publication des cahiers de doléances est non seulement une exigence démocratique, mais aussi une nécessité pour construire une société plus juste et plus inclusive. C’est une étape essentielle vers une démocratie véritablement participative, où chaque voix compte et où chaque citoyen se sent représenté et écouté.
TEXTE DE LA RÉSOLUTION
L’Assemblée nationale,
Vu l’article 34-1 de la Constitution,
Vu l’article 136 du Règlement de l’Assembléenationale,
Considérant la participation inédite à l’opération « mairies ouvertes » et à la rédaction des cahiers de doléances illustrant la volonté d’être davantage concerté et écouté au-delà des élections qui rythment notre vie démocratique ;
Considérant la mobilisation exceptionnelle des maires de France, en particulier en ruralité, qui ont joué un rôle essentiel dans la crise démocratique qui a touché notre pays ;
Considérant la promesse non tenue du gouvernement d’une grande restitution nationale de l’ensemble des doléances des Français ;
Considérant que la France traverse une profonde crise démocratique entraînant uninquiétant désengagement de la population envers la politique de notre pays et une montée de la défiance des Français à l’égard des institutions politiques de notre nation ;
Considérant les différentes crises démocratiques qui frappent notre pays depuis le mouvement des « Gilets Jaunes » en 2019 ;
Considérant que les informations contenues dans les cahiers de doléances représentent une valeur inestimable pour notre nation sur le plan politique et scientifique ;
Considérant que la numérisation d’une grande majorité des cahiers de doléances est déjà achevée et que la France dispose des moyens technologiques nécessaires pour rendre publiques les cahiers de doléance sur une plateforme gouvernementale dédiée en « open source » ;
Considérant que la nation souhaite « unchangement de méthode dans l’expression de la volonté et de la participationcitoyenne ;
1. Invite le gouvernement à rendre accessiblel’ensemble du contenu des cahiers de doléancessur un site web permettant à chaque Françaisd’avoir accès au contenu des cahiers de doléances sans se rendre dans l’une des 101 archives départementales ;
2. Invite le gouvernement à organiser un événement permettant de conclure le « Grand Débat National » et mettant en valeur ce projet historique en lui donnant l’impact à la hauteur de la participation citoyenne qu’il en résulte ;
3. Invite le gouvernement à convier l’ensemble des maires de France à ce temps fort national pour les remercier de leur admirable participation à ce projet et reconnaître leur rôle essentiel dans notre démocratie locale ;
4. Invite le gouvernement à initier une étude de l’ensemble des doléances afin d’en dégager les grandes tendances. Les résultats seront également publiés sur le site web permettant à chaque Français d’avoir une vision globale des doléances ;
5. Invite le gouvernement à transmettre sous forme d’un rapport au Parlement l’ensemble desenseignements issus des cahiers de doléance pour fournir un outil complémentaire d’une grande valeur à la représentation nationale pour les guider dans leurs rôles de parlementaires tels que la constitution du 4 octobre 1958 le définit ;
6. Invite le gouvernement, en concertation avec le Parlement, à définir un projet d’avenir national structuré en axes contenant plusieurs actions concrètes pour mettre en œuvre les doléances des Français. Un bilan sera effectué chaque année pour évaluer l’avancée du projet ;
7. Invite le gouvernement à réitérer ce grand exercice démocratique de manière régulière afin de rebâtir la confiance des gouvernés vis-à-vis du pouvoir politique et d’instaurer davantage de transparence au sein de notre nation.