


PRÉCÉDEMMENT SUR METAHODOS :
« INFAMIE » : BOUALEM SANSAL OTAGE ? UN DEAL E.MACRON / A.TEBBOUNE ?
https://metahodos.fr/2025/03/30/infamie-boualem-sansal-otage-un-deal-e-macron-a-tebboune/
MISE À JOUR :
3. ARTICLE : « Il y a 250 détenus d’opinion en Algérie » : la visite de Jean-Noël Barrot scrutée de près par la diaspora
Publié le 05/04/2025 MARIANNE
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, se rend à Alger ce dimanche 6 avril afin d’y acter une reprise du dialogue entre la France et l’Algérie. Une visite qui mobilise des associations algériennes soucieuses que « les droits humains restent au cœur des relations bilatérales ».
Les relations franco-algériennes semblent s’apaiser si l’on en croit l’entourage présidentiel, qui avait évoqué un « réengagement » du dialogue entre les deux pays, marqué par un appel entre Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune.
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L’autre signe d’apaisement réside dans la visite de Jean-Noël Barrot à Alger ce dimanche 6 avril. Le ministre des Affaires étrangères a en effet prévu de faire un crochet par la capitale algérienne avant de se rendre en visite officielle en Égypte avec le Président de la République, Emmanuel Macron. Cette visite sur le territoire algérien survient après des mois de tensions entre la France et l’Algérie, marqués par la question des OQTFde ressortissants algériens, mais surtout par l’arrestation et la condamnation à cinq ans de prison de l’écrivain Boualem Sansal.
UN « SILENCE PERSISTANT » AUTOUR DES AUTRES DÉTENTIONS
À la veille de cette visite, plusieurs associations (Riposte Internationale, Pour une Alternative Démocratique en Algérie, Révolution du Sourire) ont cosigné une lettre ouverte adressée au Ministre des Affaires étrangères. Le document met en garde contre l’essentialisation au seul cas de Boualem Sansal, l’oubli des nombreux autres détenus d’opinions en Algérie, et elle rappelle les mesures liberticides prises en Algérie depuis 2019.
« L’arrestation récente de l’écrivain Boualem Sansal a suscité une émotion légitime en France, indique le document. Elle a confirmé à l’opinion générale la dérive autoritaire effective du régime algérien. Pourtant, cette mobilisation contraste cruellement avec le silence persistant entourant la détention de nombreux autres citoyens algériens, dont plusieurs binationaux Franco-Algériens, eux aussi victimes d’une répression arbitraire, mais relégués dans l’oubli. »
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Et la lettre de mentionner les cas du jeune poète Mohamed Tadjadit, de l’universitaire Mira Moknache, de la militante du Sud Abla Ghomari, ou encore du journaliste Abdelwakil Blam, parmi les deux cent cinquante autres détenus d’opinion actuellement emprisonnés en Algérie, aux côtés de Boualem Sansal.
« Nombre d’entre eux sont illégalement maintenus en détention provisoire prolongée, en violation même de la procédure du Code pénal algérien, poursuit le document. Rappelons que des dizaines de milliers d’arrestations ont eu lieu depuis la répression du mouvement populaire du Hirak. Près de deux mille citoyennes et citoyens ont été détenus pour leurs opinions et ont subi l’arbitraire d’une justice aux ordres, à travers des procès non équitables, sans respect des droits de la défense. Des brutalités et des cas de tortures avérés ont également été signalés. »
POLITIQUE RÉPRESSIVE DEPUIS 2019
L’auteur de la lettre rappelle que ces atteintes aux libertés fondamentales ne sont pas des évènements isolés, mais « s’inscrivent dans une stratégie délibérée de politique répressive de toute contestation, amorcée dès 2019, marquée en 2021 par l’adoption d’un arsenal de lois liberticides : extension abusive de la qualification de terrorisme, criminalisation de la liberté d’expression tous azimuts, créant un climat de terreur contre des étudiants, des journalistes, des universitaires, des militants politiques, avec des effets destructeurs sur le tissu social et politique ».
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Nul doute que la visite de Jean-Noël Barrot sera scrutée par les démocrates algériens, qui avaient déjà adressé une lettre du même acabit à Emmanuel Macron en 2022. Malheureusement, les relations entre les deux pays n’ont fait que se ternir depuis. « L’avenir des relations franco-algériennes exige un rééquilibrage profond : un dialogue d’État à État fondé sur le respect mutuel, la transparence et la réciprocité, loin de toute surenchère mémorielle ou politicienne », conclut la lettre des associations. « Nous appelons à une diplomatie responsable, fondée sur l’intérêt des deux peuples, la clarté des engagements, l’absence de privilèges indus et sur le respect de la Déclaration des droits de l’Homme ainsi que des textes internationaux relatifs aux droits humains. »
1. ARTICLE – Tensions France-Algérie : OQTF, migrants, Sahara occidental… » Les deux pays sont condamnés à s’entendre «
le 05/04/2025 Pierre Challier LA DÉPÊCHE
Question migratoire, Sahara occidental, OQTF, arrestation de l’écrivain Boualem Sansal… Après huit mois de tension, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune veulent relancer « la relation bilatérale dans un souci d’efficacité et de résultats ».
L’interview de Brahim Oumansour directeur de l’Observatoire du Maghreb, chercheur associé à l’Iris.
La Dépêche du Midi : Ce dimanche, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot est à Alger. Qu’est ce qui a permis la reprise du dialogue ?
Brahim Oumansour : Le président français a téléphoné au président algérien suite à une interview donnée par ce dernier. Abdelmadjid Tebboune y appelait Emmanuel Macron à régler directement cette crise entre chefs d’État, dans un cadre purement diplomatique, en sortant du rapport de force et de la surenchère médiatique privilégiée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Les deux hommes ont en effet une relation forte et jusqu’à cette crise, leur politique de rapprochement était d’ailleurs le fruit d’un engagement personnel de leur part, l’un envers l’autre.
Ce dégel est-il donc aussi l’occasion pour Emmanuel Macron de rappeler au candidat Retailleau qui est le président ?
Oui, indispensable pour la désescalade. Mais l’urgence pour les deux pays reste de régler les anciennes et nouvelles frictions…
La question mémorielle, régulièrement instrumentalisée des deux côtés ?
Elle reste en effet centrale. Certes, Emmanuel Macron a été le premier président français à entamer un travail de mémoire avec l’Algérie, notamment avec la commission mixte franco-algérienne d’historiens… Mais sa déclaration de 2022sur la « rente mémorielle » du pouvoir algérien n’est toujours pas passée, en Algérie, et la non-restitution par la France des archives algériennes, des sabres de l’émir Abd-el-Kader minent toujours le dossier, aussi, sans oublier les conséquences des essais nucléaires français au Sahara. Le revirement de la position française décidé par Emmanuel Macron en faveur du Maroc sur le dossier du Sahara occidental, en juillet dernier, a alors fini de mettre le feu aux poudres.
Questions migratoires, coopération antiterroriste, échanges économiques… Aujourd’hui, quelles seront les priorités des diplomates, à Alger ?
Ils vont d’abord avancer sur ce qui peut se faire le plus rapidement possible pour des gestes réciproques d’apaisement : Boualem Sansal, les laissez-passer consulaires et les personnes sous OQTF, a fortiori les radicalisés, par exemple. Mais il y a aussi tous les enjeux sécuritaires, économiques et géostratégiques que les deux pays partagent, même s’ils ne se traiteront pas entre deux portes.
Russie, Turquie et Chine sont désormais les partenaires majeurs de l’Algérie, deuxième puissance militaire du continent africain…
L’Italie et l’Allemagne, aussi, car depuis 2013, les échanges avec la France ont beaucoup reculé. Mais l’Algérie et la France savent qu’elles sont condamnées à s’entendre. Avec plus de deux millions de binationaux, elles ont une relation intime qui exclut toute rupture.Mais également parce qu’elles perçoivent chacune une menace aux frontières.
La Russie, la Turquie et les Etats-Unis, d’un côté, le Maroc, l’instabilité au Sahel et la Libye, de l’autre, créent un sentiment d’encerclement dans les deux pays. Et Paris sait que la crise actuelle avec Alger sert les intérêts de ses adversaires. Après avoir perdu son « pré carré » au Sahel, elle doit donc redynamiser son influence et retrouver un équilibre entre le Maroc et l’Algérie.Et l’Algérie, quant à elle, veut construire des relations d’égal à égal, fondées sur le respect mutuel..Trouver une voie commune n’en restera pas moins semé d’embûches…
2. ARTICLE – Crise entre Alger et Paris : le ministre français des Affaires étrangères en Algérie pour acter la reprise d’une relation bilatérale
franceinfo. 06/04/2025
Jean-Noël Barrot est en visite officielle à Alger, dimanche 6 avril. Le ministre français des Affaires étrangères doit concrétiser auprès de son homologue « l’élan » donné en début de semaine dernière par les présidents français et algérien dans un communiqué, après un long échange téléphonique. Après huit mois de crise, les deux hommes ont affirmé vouloir renouer un dialogue fructueux et acter une relance de la relation bilatérale. Reste désormais à concrétiser cette relance.
L’objectif de cette visite de Jean-Noël Barrot à Alger est de profiter de cette « réouverture de l’espace diplomatique » par les deux présidents, en vue d’une résolution de la crise. La relation entre Paris et Alger s’est considérablement dégradée depuis l’année dernière, au mois de juillet, quand Emmanuel Macron a donné son soutien à un plan d’autonomie pour le Sahara occidental sous souveraineté marocaine. Colère de l’Algérie, qui a alors rappelé son ambassadeur.
Une feuille de route de sortie de crise
Depuis, les « irritants » se sont accumulés, notamment sur la question migratoire : refoulement par l’Algérie d’un influenceur algérien expulsé par la France, refus également d’Alger d’accueillir ses ressortissants sous obligation de quitter le territoire français. Une crise qui a atteint son paroxysme après l’attentat de Mulhouse qui a fait un mort en février dernier. Un attentat commis par un Algérien qui avait fait l’objet de plusieurs demandes de réadmission.
Lors de sa visite auprès des autorités algériennes, Jean-Noël Barrot doit donc tenter d’établir une feuille de route de sortie de crise. Il s’agit de relancer la coopération dans tous les domaines : judiciaire, sécuritaire, économique, mémoriel… Pas facile, tant les cassures sont fortes. Dernière en date : la condamnation à cinq ans de prison, le 27 mars dernier, de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
Réenclencher le dialogue entre les administrations
Emmanuel Macron appelle son homologue Abdelmadjid Tebbboune à un geste de clémence et d’humanité. Une grâce présidentielle a été évoquée. Dimanche, le ministre des Affaires étrangères a pour mission de réenclencher le dialogue entre les administrations, de se mettre d’accord sur un processus, des échéances.
D’autres visites ministérielles doivent d’ailleurs suivre, notamment celle du ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Évidemment, il faudra du temps pour résoudre tous les problèmes. Mais une crise qui s’enliserait entre Paris et Alger ne serait dans l’intérêt de personne, confie un diplomate. En France, un habitant sur dix est lié, d’une façon ou d’une autre, à l’Algérie.