
MISE À JOUR
DOSSIER : LES PUBLICATIONS DE METAHODOS RELATIVES AUX DIRES ET PROMESSES PRESIDENTIELLES
PRÉSENTATION DE L’OUVRAGE DU PHILOSOPHE JL AUSTIN
« Quand dire, c’est faire » est un ouvrage majeur de philosophie contemporaine et fait figure de « classique ». Dans ce texte vif et fondateur, Austin a montré comment le discours peut « faire ». À rebours d’une grande partie de la tradition, il a révolutionné l’approche du langage en introduisant les concepts d’« énoncé performatif » et « d’acte de discours ».
Le déplacement théorique qu’opère l’ouvrage en mettant au jour les différentes formes d’actions accomplies par le langage scelle en effet l’originalité et l’importance tant philosophiques qu’historiques de ce texte pour la pensée en général : découvrir ce que le langage accomplit et ainsi ce que nous accomplissons en tant qu’individu parlant, agissant du fait même de parler, au sein d’une société, c’est comprendre la responsabilité de nos paroles.
Cette traduction inédite du texte définitif d’Austin entend rendre en français la subtilité du texte original et tous ses enjeux conceptuels, mais aussi l’humour d’Austin et sa volonté de s’exprimer dans un langage clair et accessible à tous. Voici donc enfin disponible ce qui doit tenir lieu dorénavant d’édition de référence.
« Je promets de faire cela »
La contribution majeure d’Austin a été de souligner l’utilisation que nous faisons du langage dans la vie courante : le langage est utilisé pour faire, autant que pour affirmer. Des phrases telles que « Je promets de faire cela »ne doivent pas être comprises comme des phrases informatives (qui établissent un constat, qui informent), mais performatives(qui font). L’avancée d’Austin a donc été de suggérer que tout discours et toute parole est une action, avec des mots et des signes.
« Ce que parler veut dire »
Le sociologue Pierre Bourdieu y fait largement référence dans son ouvrage Ce que parler veut dire. Les idées que développe Austin remontent à 1939 et elles ont fait l’objet d’un article en 1946 puis de conférences à la BBC avant d’être prononcées sous la forme de conférences en 1955.
MISE À JOUR :
CERTAINES DES PUBLICATIONS DE METAHODOS RELATIVES AUX DIRES ET PROMESSES PRESIDENTIELLES
E.MACRON PROMET (207) DE NOUS PARLER DES FONDS MARINS ( MAIS NOYE SA PROMESSE SUR LES REFERENDUMS ) https://metahodos.fr/2025/03/29/e-macron-promet-207-de-nous-parler-des-fonds-marins-mais-noye-sa-promesse-sur-les-referendums/
MISE À JOUR 9 – APRÈS LA FABLE DES « EFFORTS » POUR LE BUDGET, LE FEUILLETON DES « EFFORTS » POUR LA GUERRE https://metahodos.fr/2025/03/26/mise-a-jour-9-apres-la-fable-des-efforts-pour-le-budget-le-feuilleton-des-efforts-pour-la-guerre/
LES REFERENDUMS, LES PROMETTRE (180) RÉGULIÈREMENT, N’EN FAIRE AUCUNEMENT https://metahodos.fr/2025/01/05/les-referendums-les-promettre-179-regulierement-nen-faire-aucunement/
LE « MENSONGE PUBLIC » N’EST PAS UNE FAUTE – L’ « INSINCÉRITÉ », JAMAIS CENSURÉE – LE VASTE MONDE DE L’IRRESPONSABILITÉ PUBLIQUE ? – MÀJ – DOSSIER https://metahodos.fr/2025/01/14/linsincerite-vice-juridique-majeur-en-matiere-budgetaire-jamais-encore-censuree-le-vaste-monde-de-lirresponsabilite-publique-maj/
RECHERCHE : LES PROMESSES (68) NON TENUES – PIRE, DES ACTIONS À L’OPPOSÉ https://metahodos.fr/2023/12/27/recherche-les-promesses-non-tenues-pire-des-actions-a-loppose/
UN PRÉSIDENT RÉINVENTÉ EN INFLUENCEUR ? (4) – TOUT ET SON CONTRAIRE JUSQU’À L’EFFACEMENT https://metahodos.fr/2025/01/30/86716/
DES RÉFÉRENDUMS, COMME ULTIMES PROMESSES PRÉSIDENTIELLES (185) ? https://metahodos.fr/2025/02/03/la-promesse-de-referendum-comme-ultime-promesse/
IA : E.MACRON RELANCE SA MYRIADE DE PROMESSES (188) – ET VEUT NOUS AMUSER AVEC DES DEEPFAKES SUR LES RÉSEAUX https://metahodos.fr/2025/02/11/ia-e-macron-relance-sa-myriade-de-promesses-188-et-veut-nous-amuser-avec-des-deepfakes-sur-les-reseaux-maj/
LA SI RÉGULIÈREMENT RÉPÉTÉE PROMESSE (198) DE SIMPLIFICATION ADMINISTRATIVE https://metahodos.fr/2025/03/09/la-si-regulierement-repetee-promesse-197-de-simplification-administrative/
LES PROMESSES PRÉSIDENTIELLES (204) QUI TIENNENT LIEU D’ACTION : UN MUSÉE POUR NOTRE DAME https://metahodos.fr/2025/03/29/les-promesses-presidentielles-204-qui-tiennent-lieu-daction-un-musee-pour-notre-dame-2/
ÉMISSION / Le Président, la dissolution, et le « performatif »
Publié le mardi 11 juin 2024 FRANCE CULTURE
La phrase prononcée dimanche soir par Emmanuel Macron constitue un exemple parfait d’énoncé « performatif » tel que l’a décrit le philosophe J.L. Austin dont – ça tombe bien – reparaît dans une nouvelle édition le grand ouvrage « Quand dire c’est faire ».
Je partirais de cette phrase, entendue comme nombre d’entre vous dimanche soir à 21 h : “Je dissous donc ce soir l’Assemblée nationale”, avec ce verbe au présent, et l’effectivité immédiate de l’énoncé. Fascinante cette puissance de la parole publique, la parole exécutive en l’occurrence, qui en un sujet-verbe-complément ôte en quelques secondes à des élus leurs mandats, à des collaborateurs leur travail, à des employés leurs missions, et engage pour d’autres un processus dont l’échelle et l’enjeu sont considérables.
Fascinante, car on a rarement l’occasion de la constater dans toute sa pureté, cette puissance du langage, qui pourtant nous occupe tant, nous journalistes, nous critiques, biberonnés souvent à des théories d’analyse largement portées sur le langage – cette immense puissance de la forme, qui agit sur nous en dehors même des intentions des créateurs, formes de cinéma, formes de théâtre, formes littéraires, formes plastiques, je vous en rebats les oreilles tous les matins depuis septembre, avec une profonde conviction, celle de la puissance performative du mot, celle que, et surtout en matière d’art : dire c’est faire.
Quand dire, c’est faire, c’est le titre d’un livre fort connu qui, hasard magnifique, vient d’être réédité aux Éditions du Seuil. Un texte signé John L. Austin, publié pour la première fois en Angleterre en 1975, il reparaît introduit par le chercheur au CNRS Bruno Ambroise qui en a aussi supervisé la traduction. John L. Austin y développe une grande idée, révolutionnant alors les théories du langage héritées du positivisme logique, celle d’une différence fondamentale entre deux types d’énoncés, l’énoncé « constatif », qui a à voir avec le rapport au réel (exemple, “Emmanuel Macron portait un costume noir”), et l’énoncé « performatif”, qui est en lui-même un acte, exemple, vous me voyez venir – “Je dissous donc ce soir l’Assemblée nationale”. Bruno Ambroise montre comment cette distinction modifie notre rapport au langage, et essaime ensuite, en linguistique, en sociologie, chez Bourdieu notamment quand il travaille sur le pouvoir symbolique du langage, mais aussi dans la critique littéraire, les travaux sur le genre de Judith Butler, qui utilise cette idée de “performer” pour introduire une critique du caractère biologique du genre, et jusque dans la culture et la langue populaire : le mot “performatif” est partout.
Quand dire c’est faire : le langage performatif
Retour critique
Ce livre, Quand dire, c’est faire n’a pas été écrit par John L. Austin à proprement parler, qui est mort très jeune sans avoir publié, c’est une compilation dans l’ordre chronologique de conférences données en Angleterre et aux États-Unis, et dont la succession montre un retournement assez passionnant au mitan de la lecture. Ce moment où le philosophe estime finalement sa première distinction fausse, que l’idée même d’un énoncé constatif est finalement douteuse, qu’il y a une continuité, en somme, entre “Emmanuel Macron portait un costume noir” et “Je dissous donc ce soir l’Assemblée nationale”. Il introduit donc trois nouvelles catégories pour décrire un énoncé, “locutoire”, “illocutoire”, et “perlocutoire” – à titre d’information toujours, je crois bien que l’énoncé présidentiel serait à rattacher à la deuxième, comme le baptême ou le “oui, je le veux” marital, à propos duquel Austin précise avec l’humour qui le caractérise : “quand je le dis je ne suis pas en train de décrire un mariage, je m’y abandonne”. Je ne creuserai pas plus loin l’analogie avec l’énoncé présidentiel…
Avec ces revirements, qui peuvent perturber ou même décevoir le lecteur – Bruno Ambroise nous prévient – ce livre d’Austin constitue en lui-même une sorte de performance, avec une dramaturgie particulière, et cette versatilité propre à la langue, qui fait que dans le présent de la représentation, elle peut faire, défaire, et refaire. Car tout discours est à remettre dans les conditions de son énonciation, et celui d’Emmanuel Macron sans doute le premier, avec ses quelques notes de Marseillaise en introduction, les ors de l’Élysée en décor et le noir du costume susdit, pour que soit effectif le retour critique.
LIEN VERS L’ÉMISSION