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« QU’EST CE QU’ÊTRE FRANÇAIS ? » : UNE PROMESSE DE L’EXÉCUTIF ( 210) MAL ENGAGÉE – LE CESE EN GRANDE GÈNE SUR LE SUJET

LE CESE N’A PAS DE LÉGITIMITÉ SUR UN TEL SUJET, PIRE IL REFUSE !

Rien n’a été lancé par le Cese. Son président temporise. Thierry Beaudet – soutenu par les « ultras » craint que le débat ne soit

« récupéré par les obsessions identitaires »et ne serve de « paravent aux idées xénophobes »

« …apprendre à débattre, à échanger des convictions ou des arguments, sans s’insulter ». « Qu’est-ce qu’être français, c’est une question qui taraude notre temps. »

Bayrou cité par LE MONDE 27 02 25 QUI POURSUIT :

Ces échanges seront aussi l’occasion, avait-il précisé, d’« apprendre à débattre, à échanger des convictions ou des arguments, sans s’insulter »« Qu’est-ce qu’être français, c’est une question qui taraude notre temps. Et permettez-moi de vous le dire, c’est une question pour ceux qui naissent français autant que pour ceux qui nous rejoignent », affirme le premier ministre dans un entretien au Figaro, mis en ligne jeudi soir.

Aux « trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité », qui fondent la « nation », le chef du gouvernement suggère, dans Le Figaro, d’« ajouter la laïcité et le contrat social » lors de ce débat. « La laïcité philosophique et religieuse est une immense conquête, terriblement contestée sur la planète. Elle est notre force. Je crois qu’elle doit être complétée par une laïcité politique : ce n’est pas parce que quelqu’un n’est pas d’accord avec moi que je veux l’écraser », détaille le premier ministre. « Quant au contrat social, il fait que le principe de notre vie en commun n’est pas le “chacun pour soi”, mais le “tous pour un. Ces questions sont des composantes de ce que nous sommes comme peuple », ajoute-t-il.

François Bayrou a récemment fait polémique en évoquant un « sentiment de submersion » migratoire à Mayotte et dans plusieurs autres départements français. …


Vous voyez bien ce qui fermente depuis des années. Ce qui fermente, c’est “qu’est-ce que c’est qu’être Français” ?
Qu’est-ce que ça donne comme droits ? Qu’est-ce que ça impose comme devoirs ?
Qu’est-ce que ça procure comme avantages ?
Et en quoi ça vous engage à être membre d’une communauté nationale ?
Comment accède-t-on à cette dignité d’être Français ?


François Bayrou début février.

Les Amis de la Terre France, membres du CESE, dénoncent une manœuvre politique dangereuse

, qui recycle les cadres idéologiques de l’extrême droite et légitime une vision excluante de la citoyenneté. Ils en appellent à la responsabilité du CESE et, pour leur part,annoncent d’ores et déjà leur refus de participer à de tels travaux.

1. ARTICLE – « Qu’est ce qu’être Français ? » : le Conseil économique et social freine le débat voulu par François Bayrou

Le Premier ministre avait annoncé vouloir lancer le début début février, en plein échange autour du droit du sol. Depuis, rien ne s’est passé ou presque.lire plus tard

 Audrey Tison. 18/04/2025

Le Premier ministre a tenté de confier l’organisation de ce débat autour du thème de la nationalité au Conseil économique et social, il y a deux semaines. Il a demandé aux membres du Cese d’organiser un débat, décliné dans les régions, sur ce thème lancé deux mois plus tôt : « Qu’est-ce qu’être Français ? »

« Ceux qui nos rejoignent et ceux qui naissent parmi nous, à quel projet adhèrent-ils et qu’est-ce que nous partageons avec eux de ce projet ? », a interrogé François Bayrou, qui imaginait décliner le débat autour du triptyque Liberté, égalité, fraternité, auquel il a ajouté la laïcité.

Mais depuis, rien n’a été lancé par le Cese. Son président temporise. Thierry Beaudet craint que le débat ne soit « récupéré par les obsessions identitaires »et ne serve de « paravent aux idées xénophobes ». Son entourage garde un mauvais souvenir du débat sur l’identité nationale de Nicolas Sarkozy en 2009. Être Français ça peut aussi être aussi la protection sociale, l’accès aux services publics, la liberté d’expression, dit-on du côté du Cese. L’institution attend du Premier ministre un document pour cadrer les sujets à traiter. Or, pas de nouvelles de Matignon depuis deux semaines. Interrogé, l’entourage du Premier ministre répond que « la démarche avance ». 

Et puis il y a la question du « débouché ». Un débat pour faire quoi ? Faut-il synthétiser les réflexions des Français ? Proposer des mesures, voire un texte de lois ? « On veut savoir ce qu’en fera le gouvernement, ça ne doit pas être de l’occupationnel », insistent des membres du Cese. 

…/…

2. ARTICLE – … les Amis de la Terre France dénoncent une instrumentalisation politique du CESE

1 avril 2025

Derrière l’apparente volonté de concertation, les Amis de la Terre France, membres du CESE, dénoncent une manœuvre politique dangereuse, qui recycle les cadres idéologiques de l’extrême droite et légitime une vision excluante de la citoyenneté. Ils en appellent à la responsabilité du CESE et, pour leur part,annoncent d’ores et déjà leur refus de participer à de tels travaux.

UN FAUX DÉBAT À VISÉE IDÉOLOGIQUE

Ce débat est imposé par le gouvernement. Lorsque François Bayrou fait croire que les travaux sur ce sujet « ser[ont] une décision » du CESE, il sait bien qu’en réalité, une saisine du Premier Ministre s’impose au CESE.

Pour les Amis de la Terre France, cette démarche participe d’un processus de déplacement de la conflictualité sociale vers un terrain identitaire, en posant une question intrinsèquement biaisée. Interroger l’« identité nationale », c’est construire une frontière entre celles et ceux qui seraient pleinement Français et celles et ceux qui devraient sans cesse le prouver.

« On ne peut pas demander au CESE d’organiser un débat sur l’identité nationale sans y voir une stratégie pour légitimer une vision identitaire et excluante de la citoyenneté. Ce qui se joue ici, c’est une tentative d’impliquer le CESE dans un projet qui n’est ni neutre, ni démocratique. Il ne s’agit pas de consulter, mais d’imposer une grille de lecture réactionnaire »,

FLORENT COMPAIN

REPRÉSENTANT DES AMIS DE LA TERRE FRANCE AU CESE

LE CESE SOMMÉ DE TRAHIR SA MISSION

En acceptant de porter ce débat, le CESE serait contraint d’endosser une question qui fragilise les fondements même de la République – Liberté, Égalité, Fraternité – en excluant symboliquement des millions de citoyen·nes. Une telle entreprise détourne également l’attention des véritables enjeux : les inégalités sociales et de genre, le racisme systémique ou la crise écologique.

Derrière une question faussement neutre se cache une volonté de hiérarchiser les appartenances et d’exclure. Les premières cibles de cette exclusion ? les personnes racisées, les musulman·es, les femmes et les minorités de manière générale.

« Poser la question de l’identité nationale est fondamentalement raciste. Ce cadrage naturalise l’appartenance nationale. Elle ne questionne pas une appartenance politique ou civique, mais identitaire et culturelle. »

MARIE COHUET

CO-PRÉSIDENTE DES AMIS DE LA TERRE FRANCE

Elle poursuit : « Plutôt que s’attaquer aux problèmes qui affectent réellement la vie des gens, ce débat impose comme priorité de déterminer une essence figée qui conditionnerait le fait d’être français·e. »

UN APPEL À LA RESPONSABILITÉ DÉMOCRATIQUE

Dans un contexte d’essor des populismes autoritaires, les Amis de la Terre appellent le CESE à ne pas se laisser instrumentaliser. En tant qu’institution garante du pluralisme démocratique, il doit refuser de prêter sa légitimité à une opération de mise en scène politique qui participe de la normalisation et de la légitimation des thèses identitaires, et plus généralement la banalisation et propagation des idées d’extrême droite.

Le boycott de ce débat par le CESE serait un acte fort de résistance démocratique. C’est un rappel que l’on ne débat pas de la dignité ou de l’égalité des droits : on les garantit. Collectivement. Fermement.

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3. ÉMISSION Être français, ça se mérite ?

16 février 2025

Qu’est-ce qu’être français ? Est-ce que cela se mérite ? Peut-on devenir français par hasard ? Débat ancien mais ravivé ces jours-ci par le Premier ministre François Bayrou, pour tenter d’englober la remise en cause par certains du droit du sol dans une problématique plus large.

Avec

  • Magali Lafourcade, magistrate, secrétaire générale de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme
  • Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII)
  • Thomas Gomart, historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
  • Omar Youssef Souleimane, poète, écrivain, journaliste syrien

Chassez les vieux débats, ils reviennent au petit trot. 16 ans après la tentative avortée de faire discuter les Français sur les valeurs de l’identité nationale (à l’époque, Nicolas Sarkozy en avait confié la mission à son ministre Éric Besson), 16 ans après donc, voici que l’idée refait surface. Et c’est François Bayrou qui s’en fait cette fois le porte-drapeau.

Le chef du gouvernement s’est justifié sur RMC il y a une huitaine de jours, évoquant un sujet « qui fermente depuis des années ». « Ce qui fermente », a-t-il ajouté, « c’est : Qu’est-ce que c’est qu’être français ? Qu’est-ce que ça donne comme droits ? Qu’est-ce que ça impose comme devoirs ? En quoi ça vous engage à être membre d’une communauté nationale ? Comment accède-t-on à cette dignité d’être français ? » Vaste programme.

Venant de François Bayrou, de tels propos peuvent surprendre, lui qui s’était opposé en 2009 au principe du grand débat sur l’identité nationale, contribuant (avec d’autres) à faire échouer cette initiative sulfureuse. Mais les circonstances politiques ont changé. Soucieux de ne pas laisser à ses ministres de l’Intérieur et de la Justice le soin d’occuper seuls le terrain de la question migratoire, le chef du gouvernement a donc manifesté sa volonté d’élargir la réflexion.

Qu’est-ce qu’être Français ? « Être français, ça ne peut pas être le hasard de la naissance. Être français, c’est une volonté » lui répond Gérald Darmanin, tout à son idée de revoir les modalités du droit du sol, qui permet d’obtenir la nationalité française à tout enfant né sur le sol français dès l’âge de 18 ans, sous certaines conditions de résidence, et ce quelle que soit la nationalité de ses parents. Le hasard de la naissance.

N’est-il pas aussi à l’œuvre dans le fait de naitre de deux parents français ? En quoi la filiation relèverait-elle de l’expression d’une volonté ? Comme le dit la chanson (de Maxime Leforestier) : « être né quelque part, c’est toujours un hasard ».

Si bien qu’au fond, on pourrait considérer que seuls ceux qui font expressément la demande de devenir français relèvent de cette ‘’dignité’’. Ils étaient 40 000 en 2023 à obtenir leur naturalisation.

Ne sont-ils pas les mieux placés pour dire ce que c’est qu’être français ?

Magali Lafourcade : « L’identité de la France, elle est claire, c’est la République, un système de valeurs basé bien sûr sur la philosophie des Lumières et qui s’incarne dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Par contre, dès lors qu’on parle de l’identité française et plus d’identité de la France, viennent se mêler d’autres considérations. Le risque, c’est quand on passe à un débat qui est autour d’un référentiel ethno-racial. Et on est quand même instruit du débat de 2009-2010, où on a vu des contributions qui étaient très véhémentes, avec une libération de la parole xénophobe et une montée en puissance du Front National à ce moment-là. Aujourd’hui, on est dans un écosystème politique et médiatique où on a, face à nous aussi, depuis 2023, une augmentation extrêmement importante des actes racistes et antisémites. Or, la France s’est construite dans ses valeurs fondamentales en 1946 dans l’idée qu’il ne fallait pas être dans ce référentiel ethno-racial. Et là, on a une dérive potentielle d’avoir de nouveau un débat qui tourne autour de qu’est-ce que c’est que la qualité de français versus d’autres qui seraient soit des ingrats, pas des bons français, qui ne mériteraient pas ce statut. Et justement, notre idée de la France, c’est qu’on doit tous respecter la loi de la France et qu’on ne peut pas suspecter a priori qui que ce soit en raison de la couleur de sa peau, de sa religion, de ne pas être un bon français à cause de ce référentiel ethno-racial. C’est ça notre identité et c’est là la dérive. »

**Didier Leschi : « Il faut voir quel est l’impact des bouleversements économiques et sociaux qui a amené une société qui est quand même de plus en plus à nommer. Il y a le sentiment qu’une acculturation ne se fait plus dans une partie de la société à ce qui a fondé historiquement nos valeurs. Il y a un livre célèbre, L’étranger, dans le discours de la Révolution française, qui s’appelle L’impossible citoyen, qui, justement, essayait d’analyser ce qui se passe au moment où on va définir ce que c’est, entre guillemets, la francité, c’est-à-dire, au fond l’adhésion au projet révolutionnaire. Qu’est-ce que c’est qu’être français, ou qu’est-ce que c’est qu’être citoyen ? C’est adhérer à l’idée de l’émancipation donc mettre en place un sentiment de solidarité à partir de l’acceptation du projet révolutionnaire. C’était ça, fondamentalement, que d’être, français ou d’être citoyen, puisque après, il y a un décalage entre la citoyenneté et l’idée de l’identité nationale telle qu’on le connaît aujourd’hui. Le sentiment qu’il y a aujourd’hui, c’est qu’il y a une partie de la société qui n’adhère plus à ça. Il y a une partie de la population qui se dit, pour reprendre un peu les mots d’Edgar Quinet, qu’est-ce que c’est que l’exil intérieur ? Qu’est-ce qu’il y a comme exil vraiment douloureux d’être dans un pays et ne plus reconnaître ce qui fait qu’on aime ce pays ? Il peut y avoir des endroits en France où on n’arrive plus à reconnaître ce qu’est le pays, au sens où il est censé structurer autour de valeurs, autour de comportements sociaux, autour d’une manière de vivre ensemble. Et dès lors que cette manière est remise en cause, ou apparaît comme remise en cause, ou dès lors qu’on a le sentiment que, justement, une partie de ceux qu’on accueille n’arrivent pas à s’acculturer à ce que nous sommes, ça crée des tensions. »

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