L’ « EFFORT » QUE PROPOSE LE GOUVERNEMENT NE SE CONCRÉTISE PAS PAR DE MOINDRES DÉPENSES, MAIS PAR DES MESURES FISCALES …
- Augmentation d’impôts pour les retraités par la suppression de l’abattement de 10 % ( qui s’ajoute à la sous indexation)
- Augmentation des impôts des personnes à haut revenu
- Hausse des impôts par suppression d’avantages fiscaux ( niches *** ) ex : personnes à domicile pour 7 Mds (la ministre : 8,5 Mds si on supprimait 10 % des niches fiscales qui s’élèvent au total à 40 Mds : à noter la part importante personnes à domicile ) ***
- Une TVA sociale n’est « pas exclue »
- Contribution des collectivités territoriales réglées par des impôts locaux ( 8 Mds )
…ET DES MESURES BUDGÉTAIRES AMPUTANT LE POUVOIR D’ACHAT
– Baisse des retraite par la sous indexation par rapport à l’inflation
– Moins de remboursements médicaux ( pour les plus aisés et pour les médicaments moins efficaces, selon la C des Comptes) **
– Transfert vers les mutuelles des remboursements SS ( 2,5 Mds selon la cour des comptes )
– Réflexion sur une nouvelle réforme du chômage ( celle des prestations sociales est par ailleurs proposée par le MEDEF )
– Révision des arrêts de travail
Un nouveau concours Lépine des « efforts «
Ce dont là les mesures jetées en pâture par les ministres et les conseillers en tous genres ….
Et pendant ce concours Lépine des « efforts « , le ministre de l’économie en appelle régulièrement au patriotisme des entreprises en martelant qu’il n’y aura pas de fiscalité nouvelle sur elles … ni sur les Français.
La suppression de l’abattement augmenterait la contribution fiscale de 8,4 millions de retraités
Amélie de Montchalin a indiqué que, « dans le cadre du conclave » sur les retraites, les « partenaires sociaux regardent l’ensemble des sujets », y compris « les avantages pour les retraités ».
Supprimer l’abattement sur les revenus des retraités entraînerait pour certains l’augmentation de leur impôt sur le revenu et ferait que d’autres, qui sont non-imposables aujourd’hui, le deviennent.
Le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, s’est dit en janvier favorable à la suppression de cet abattement fiscal, rejoint ensuite par le président du Medef Patrick Martin, qui le juge « aberrant ». « Qu’un retraité bénéficie d’une exonération fiscale pour des frais professionnels », « pour 4 milliards et demi d’euros par an », c’est « contre-nature » et « aberrant », selon le dirigeant de la première organisation patronale.
Mais pour l’UNSA-Retraités, « l’abattement de 10 % appliqué à la fiscalité des retraités n’a rien à voir avec la déduction fiscale pour frais professionnels » des actifs, écrivait-elle dans un communiqué en mars. Sa suppression « augmenterait la contribution fiscale de 8,4 millions de retraités, soit la moitié de l’ensemble des retraités, et dans cette moitié, tous ne sont pas riches », avait ajouté l’UNSA-Retraités.
NOTRE PRÉCÉDENTE PUBLICATION :
LA MANIPULATION DES FINANCES PUBLIQUES POUR 2026 : LA DISSIMULATION ET LA CONFUSION EN BONNE ROUTE https://metahodos.fr/2025/04/16/mise-a-jour-3-la-manipulation-des-finances-publiques-pour-2026-la-dissimulation-et-la-confusion-en-bonne-route-dossier/
MISES À JOUR 1, 2 ET 3
4. ARTICLE – Abattement fiscal pour les retraités : les fourberies de Montchalin
Par Sophie Coignard. 21/04/2025
La ministre des Comptes publics fait une annonce sans vraiment la faire. Et assure ne pas vouloir augmenter les impôts contre toute évidence.
Attention, la phrase est alambiquée : « Je pense à titre personnel qu’on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement. Ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution, mais aussi les moyens dont vous disposez. » Elle est tirée d’une interview que la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a donnée ce dimanche au Parisien …/…
3. ARTICLE – Niches fiscales : la nouvelle entourloupe du gouvernement
Publié le 16 avril 2025 L’OPINION Rémi Godeau
Rien ne sonne juste dans l’argumentaire de la ministre des Comptes publics
Mardi, François Bayrou dit écarter la « solution de facilité » d’une hausse d’impôts. Mercredi, sa ministre des Comptes publics évoque, telle Candide, une suppression de niches fiscales. Amélie de Montchalin l’assure pourtant, sans ciller : elle n’alourdira pas la fiscalité des classes populaires et moyennes, « ni des entreprises d’ailleurs ». Comprenez : les plus aisés ne sont pas des Français comme les autres. Et dans le pays déjà le plus taxé au monde, ces heureux contribuables pourraient payer 8 milliards d’euros supplémentaires (le chiffre évoqué) sans que, abracadabra, les prélèvements n’augmentent…
Rien ne sonne juste dans l’argumentaire de la ministre. Elle signale des niches inutiles ou ciblées sur une trop petite population. Balivernes ! Pour récupérer des milliards d’euros de manque-à-gagner, ce sont des mesures ultra-sensibles comme la fin de l’abattement de 10 % des retraités ou de l’avantage lié à l’assurance-vie qu’il faudra acter.
Elle soutient préférer un allègement général de la pression fiscale au maintien de privilèges catégoriels. C’est une bonne voie… théorique, mais comment l’emprunter en pratique au moment où l’état calamiteux de nos finances – le pire en zone euro – nous expose à la ruine ?
Un ministre de Bercy devrait savoir que pour être efficace, une politique publique ne doit suivre qu’un seul objectif. Or, dans sa démonstration de gribouille, Amélie de Montchalin prétend à la fois réduire les impôts, accroître les recettes, lutter contre l’inefficience et améliorer la « justice sociale ». Aucun de ces buts ne sera atteint.
L’habillage ne trompera personne : le gouvernement est tenté de faire « payer les riches ». Et Matignon expose ainsi son dénuement stratégique pour affronter l’Himalaya du redressement promis. Dire la vérité sur le diagnostic ne suffit pas. Il faut aussi la dire sur les mesures à prendre.
2. ARTICLE – Les retraites, les Français et les mille et un mensonges qui leur ont fait perdre de vue la réalité
Dernière polémique en date : le patronat, la CFDT et la Cour des comptes suggèrent de modifier le mécanisme de l’abattement fiscal de 10% sur les pensions, en vigueur depuis 1977. Concrètement, il s’agit d’un abattement automatique de 10% qui réduit la somme soumise à l’impôt sur le revenu, jusqu’à un plafond de 4123 euros.
Bertrand Martinot est économiste et expert du marché du travail à l’institut Montaigne, ancien délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle. Auteur du rapport de l’institut Montaigne : « Les Français au travail : aller au-delà des idées reçues » publié en 2023.
Atlantico : L’abattement fiscal pour les retraités pourrait être supprimé. La solution, semble-t-il, intéresse le gouvernement, mais fait aussi l’objet d’une vive critique. Pourquoi ? Quel est l’attrait d’une telle mesure, au juste ?
Bertrand Martinot : Ce dont on parle ici, c’est d’un très vieux sujet. Il traîne, en vérité, dans les cartons de Bercy depuis de nombreuses années. S’il fallait être très concret, on rappellerait ainsi que les retraités bénéficient aujourd’hui d’un abattement fiscal de 10 %, calqué sur celui des actifs. N’oublions pas que, dans le cas de ces derniers, il s’agit d’un abattement pour frais professionnels (déplacements, matériel, etc.). C’est par mimétisme que l’on a également mis en place celui concernant les retraités qui, par définition, ne travaillent pourtant plus. Elle coûte, après tout, 4 milliards et demi par an et il n’est donc pas aberrant, dès lors que l’on s’inscrit dans une logique de recherche de recettes, de l’envisager dans un contexte où le déficit des administrations publiques s’élevait à 170 milliards d’euros en 2024.
Sans surprise, cette mesure fait polémique. Pourquoi ? Parce que, c’est systématique, la réduction (et plus encore, la suppression) d’une niche fiscale fait polémique. Les retraités considèrent qu’ils ont toujours bénéficié de ce traitement et ils ne voient, pour l’essentiel, aucune raison de revenir dessus. Je ne connais aucune population qui serait heureuse de perdre un avantage fiscal. Dans ce cas de figure, il n’est pas rare de rappeler que d’autres – à tout hasard, les « riches » – pourraient payer davantage. Bien sûr, tous les retraités ne bénéficient pas de cet abattement, puisque près de la moitié d’entre eux sont exonérés d’impôt sur le revenu. Mais cela laisse tout de même des millions de personnes bénéficiant de cette niche fiscale. C’est donc un sujet très sensible.
Dans le champ politique, plusieurs acteurs s’opposent également à la réduction ou à la suppression de cette niche fiscale. LFI et le RN, dont on dit pourtant qu’ils ne sont d’accord sur rien, désapprouvent avec une très grande fermeté l’idée même de toucher au pouvoir d’achat des retraités, de quelque manière que ce soit. On a pu l’observer lors des débats concernant le PLFSS de l’année passée comme à l’occasion des contestations contre la réforme des retraites. L’idée même de jouer sur ce levier constitue un tabou absolu. Le consensus est clair : on ne peut pas envisager de baisser les retraites en stock (alors même qu’il s’agit objectivement de l’un des leviers les plus puissants si l’objectif est de mener une politique d’économie sur les retraites). Nous sommes pourtant, rappelons-le, dans une situation de finances publiques particulièrement inquiétante et il y a donc une contradiction évidente à s’interdire de toucher à une niche fiscale aussi importante. Quiconque la défendra tout en prétendant vouloir redresser les finances publiques aura du mal à rester crédible.
On ne peut tout simplement pas demander un effort aux Français tout en sanctuarisant les quelque 16 millions de ménages retraités sur les 40 millions que l’Hexagone compte au total. D’une manière ou d’une autre, les retraités doivent participer à l’effort collectif de redressement des comptes publics.
Pour que celui-ci soit accepté, il vaut sans doute mieux lui donner un sens politique. Les 10 % d’abattement supprimés devraient être intégralement recyclés dans la consolidation de notre régime de retraite. C’est une proposition que j’ai détaillée dans mon étude pour la FONDAPOL La capitalisation : un moyen de sortir par le haut de la crise des retraites ? La suppression de cet abattement pourrait faire partie d’un cocktail de solutions pour mettre en place un pilier par capitalisation à l’intérieur de notre système de retraite.
Peut-on sérieusement réformer les retraites sans affronter la réalité du déficit structurel et du vieillissement démographique ?
Évidemment, non. Un système comme le nôtre, c’est-à-dire par répartition, est condamné soit à générer des déficits année après année, soit à faire porter une charge de plus en plus importante sur les générations présentes comme à venir quand, comme c’est le cas ici, il s’inscrit dans une période de vieillissement démographique. Cette charge se caractérise inévitablement par un mix entre des prélèvements obligatoires (des cotisations sociales ou des impôts supplémentaires) ou alors par un durcissement des conditions futures des retraites. On parle, dans ce deuxième cas de figure, du renoncement à un certain nombre d’avantages (par ex bonifications ou validations de trimestres), ou bien du report de l’âge légal de départ à la retraite ou encore de l’accroissement de la drée de cotisation né nécessaire pour une retraite à taux plein.
Ce que l’on constate aujourd’hui, en témoigne un récent sondage de l’IFOP commandé par la CGT, c’est que les Français ne veulent globalement pas de ces réformes. Je pense, à cet égard, qu’il faut distinguer plusieurs points importants. Tout d’abord, il faut en finir avec les explications psychologisantes selon lesquelles les Français seraient paresseux. Celles-ci ne me semblent pas satisfaisantes et sont, par ailleurs, démenties par la plupart des sondages d’opinion qui montrent régulièrement l’attachement des Français au travail. Le travail est en effet considéré comme le seul réel vecteur d’ascension sociale et l’on observe d’ailleurs que la valeur travail reste très ancrée dans l’opinion. Les gens veulent que leurs enfants réussissent, ce qui passe par un bon métier. En d’autres termes, il n’y a pas de fuite massive devant le travail. Bien sûr, la société française est individualiste, mais elle ne l’est pas davantage que les autres. Dès lors, comment expliquer un tel raidissement sur la question du travail ?
Pour y parvenir, il faut, je crois, se tourner du côté de nos spécificités… J’en identifie trois :
- En premier lieu figure un manque criant de culture économique. Il est probablement plus marqué que dans les autres pays. Ainsi, les Français sont régulièrement persuadés qu’ils ont cotisé pour leur propre retraite, à titre personnel. D’une façon globale, on peut donc parler d’un déficit de culture économique, qui permet le développement de l’idée que les taxes sont inoffensives ; qu’elles n’affectent pas l’investissement ou l’emploi.
- En deuxième lieu, et ce point vient sans doute dédouaner en partie les Français, c’est la question du paradoxe entre les discours et les actions politiques. Je m’explique : on a d’un côté la question des retraites qui est très régulièrement abordée avec insistance… dans le même temps, l’État ainsi que l’ensemble des administrations publiques affichent des finances à la dérive. Le discours du “quoi qu’il en coûte” a fini par accréditer, dans l’opinion, l’idée qu’il existe une forme d’argent “magique”. Dès lors, si celui-ci existe, pourquoi ne pas continuer à l’utiliser ? Il est très difficile de faire de la pédagogie économique quand on est confronté, d’une part, à un déficit criant de culture économique et, d’autre part, à une absence évidente de maîtrise des dépenses publiques. On peut tout à fait comprendre que les Français ne s’y retrouvent pas.
- Le troisième point continue sur cette lancée en cela qu’il vient lui aussi dédouaner les Français. Il faut en effet parler des conditions de travail en France, la façon dont elles sont exercées, le type de management – et notamment ce qu’il implique pour le traitement spécifique des salariés seniors – qui est appliqué. Quels que soient les indicateurs que l’on regarde sur ces sujets, on observe que la France est très mal placée. Ainsi, en termes d’intensité du travail, force est de constater que les modes de management français favorisent une structure hiérarchique autoritaire qui décourage l’autonomie et qui tend à se débarrasser des travailleurs seniors. Disons les choses ainsi qu’elles sont : c’est un objectif à part entière, rendu possible par le système combiné de l’assurance chômage et de la retraite. Nos entreprises n’hésitent pas à se débarrasser de leurs seniors avant l’âge légal et, dès lors, il devient difficile d’entendre pour un certain nombre d’entre eux que l’on puisse reporter l’âge légal de départ.
Pour en revenir au sondage de la CGT, qui fait état du rejet des Françaises et des Français pour ce type de réforme, notons qu’il est tout à fait légitime de vouloir améliorer les conditions de travail des travailleurs. C’est même le rôle d’un syndicat, qui doit précisément se battre pour défendre les salariés, leur permettre de gagner davantage, etc. Mais ce n’est pas ce que fait aujourd’hui la CGT. En effet, quand un syndicat se met à considérer qu’il faut travailler le moins longtemps possible, qu’il faut tout mettre en place pour garantir un départ à la retraite le plus tôt qui soit, il tend alors à trahir la cause qui constitue, en réalité, sa raison d’être. La CGT d’autrefois n’a jamais dévalorisé le travail. Elle était traditionnellement travailliste, ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêchée d’ancrer son combat dans un contexte et une optique de lutte des classes. Le tout sans perdre de vue que le travail libère. La position syndicale se doit de tenir sur deux jambes : elle doit, d’une part, rappeler que le travail est un moteur d’ascension sociale – ce que le PCF d’hier comme la CGT d’autrefois comprenaient bien, surtout en tant que marxistes – tout en défendant d’autre part la dignité et les conditions de vie des salariés.
N’oublions jamais que c’est le travail qui produit la richesse, pas la création monétaire. La dépense publique ne produit pas de richesse, sans quoi la France serait le pays le plus riche du monde, ou presque. Laisser entendre que l’on pourra taxer sans compter, dépenser sans compter (soit par idéologie, soit par démagogie, parfois un peu des deux), c’est s’éloigner du réel dans lequel la puissance économique comme la richesse des citoyens reposent sur le travail (tant en termes de productivité que de quantité, d’ailleurs). C’est un mensonge que de dire l’inverse.
Le vrai tabou n’est-il pas notre incapacité collective à intégrer durablement les seniors dans le marché du travail ?
C’est une vraie question, en effet. Attention, toutefois, à ne pas tomber dans le piège du problème de la poule et de l’œuf ! N’oublions pas que la principale raison pour laquelle nos seniors sont aussi maltraités aujourd’hui, c’est parce que nous avons longtemps vécu sur un compromis social qui justifiait de tels traitements par la possibilité de partir très tôt à la retraite. L’idée étant que les questions de la préparation de la cessation d’activité, de la pénibilité au travail et autres n’avaient pas besoin d’être abordées si, en parallèle, le départ était garanti aussi tôt que faire se peut. “Serrez les dents”, disait-on, “vous partirez bientôt”. Longtemps, nous n’avons pas pensé la question en nous interrogeant sur la nécessité de travailler plus longtemps parce que cela serait bénéfique pour les finances publiques. Nous n’avons pas non plus envisagé l’idée que poursuivre le travail pourrait être bon en soi pour l’individu, ce que l’on observe dans la plupart des études. D’une façon globale, on constate que les gens qui travaillent sont généralement en meilleure santé que ceux qui ne travaillent pas. Pour des raisons individuelles, d’équilibre psychique notamment, mais pas seulement, il est souvent positif de travailler plus longtemps. Malheureusement, ce discours a été totalement laissé de côté, de même que la question des conditions de travail pour les seniors. Nous avons préféré les laisser travailler jusqu’à l’âge de 60 ans à un poste physiquement pénible, sans aménager leur fin de carrière et leur promettre une cessation d’activité rapide, la fameuse “quille” à 60 ans. Quand elle n’arrive pas un peu plus tôt après un licenciement pour inaptitude ou un chômage permettant d’accumuler des droits à la retraite jusqu’au taux plein. Ces points se renforcent mutuellement.
Que révèle la comparaison entre le rendement réel du système de retraite par répartition et celui d’une capitalisation individuelle sur plusieurs décennies, notamment pour les plus modestes ? Autrement dit, le système actuel est-il encore juste et soutenable lorsqu’on constate qu’un smicard cotisant 500 €/mois toute sa vie pourrait, en capitalisation, toucher 120 000 €/an pendant 30 ans et transmettre un patrimoine que le système par répartition ne permet absolument pas ?
Le rendement de la retraite par répartition sur le long terme est connu : c’est le taux de croissance de l’économie. En d’autres termes, cela va dépendre de la génération durant laquelle on est né. Pour ceux nés dans les années 1940, ainsi que l’explique le COR, le rendement réel de la retraite par répartition est d’environ 2,5 %. Si, toutefois, vous avez eu la malchance de naître dans les années 1980, il a chuté à 0,5 %. Il continuera probablement à descendre dans les années à venir. Le rendement de la retraite par capitalisation dépend, pour sa part, de l’hypothèse que l’on fait sur le rendement du capital. À long terme, c’est-à-dire corrigé de l’inflation, il est généralement situé entre 3 et 4. Par conséquent, l’intérêt de la capitalisation, c’est l’écart entre 3-4 et un rendement à moins de 0,5 % pour les générations actuelles.
Il va de soi que notre système est injuste au sens où il y a de moins en moins de rapport entre ce que l’on cotise et ce que l’on perçoit in fine, une fois en retraite. Au fur et à mesure que les réformes des retraites ont été décidées, les travailleurs ont été amenés à cotiser de plus en plus pour une retraite qui sera rabotée, ce dont témoigne la diminution du taux de remplacement (ratio pension / dernier salaire perçu) que prévoit le COR à partir des années 2030. En outre, il faut évidemment parler des inéquités à l’intérieur même du système ; selon la composition familiale par exemple, mais aussi selon le caractère haché ou non de la carrière, le niveau de revenu, le sexe, etc. Au final, entre les différents régimes, il y a aussi assez peu de rapport entre ce que l’on a cotisé et ce que l’on va recevoir.
Quant à savoir si le système est soutenable… Il l’est, si l’on accepte sa dégradation, laquelle peut durer encore des décennies. D’une façon plus réaliste, non, évidemment, il ne l’est pas. Il provoque un creusement conséquent des inégalités intergénérationnelles.
Le débat sur les retraites n’est-il pas faussé par une double illusion : d’un côté, des sondages qui entretiennent une peur sociale en occultant les vrais enjeux du marché de l’emploi senior ; de l’autre, des propositions de financement qui ignorent les ordres de grandeur du déficit structurel ? Comment réconcilier perception publique, viabilité économique et justice intergénérationnelle dans ce débat central ?
En matière de justice intergénérationnelle et de situation financière des régimes de retraite, tout a déjà été dit. C’est vrai aussi quand on parle des polémiques relatives à l’ampleur réelle du déficit, sur laquelle il y a eu débat, puisqu’il y a plusieurs façons de compter. J’ai tendance à penser, en revanche, que les gouvernements n’ont jamais fait de pédagogie (pour des raisons, somme toute, assez électoralistes) sur la dimension intergénérationnelle. Nous ne parlons pas souvent de la baisse des taux de rendement, donnée pourtant publique, probablement pour ne pas fâcher les retraités actuels. Quels que soient les chiffres que l’on prenne, on réalise en effet que les retraités d’aujourd’hui sont beaucoup plus favorisés que ceux d’hier et qu’ils le seront davantage que ceux de demain. Ils sont dans une situation tout à fait exceptionnelle, mais ils sont aussi des électeurs essentiels. Aussi met-on tout cela sous silence, ou au moins de côté. D’autres inégalités, comme celles entre les sexes, sont bien davantage mises en avant quand il s’agit de parler des retraites, car leur critique est plus consensuelle.
Je dirais effectivement que le débat est faussé par une série d’illusions. Je ne crois pas pour autant que la CGT, par exemple, ignore réellement l’ampleur des déficits : elle propose de taxer très fortement la participation, l’intéressement, d’augmenter les cotisations sociales… Tout cela, à gauche, est présenté comme du “salaire différé”, qui justifierait qu’on puisse alourdir la taxation du travail. C’est entretenir le mythe que l’on cotise pour soi, ce qui est faux dans un système par répartition pure, et c’est donc extrêmement pervers comme raisonnement. Mais on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de proposition venant d’une partie de la gauche comme de la CGT et visant à récupérer des milliards d’euros. Les déficits ne sont pas niés, c’est sans doute le bon côté des choses… !
1. ARTICLE – Budget 2026 : le gouvernement ouvre la porte à la fin de l’abattement fiscal des retraités
À la recherche d’économies pour modérer le déficit du prochain budget, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a évoqué une éventuelle suppression d’une niche permettant aux retraités de profiter du même abattement que les actifs.
Par Les Echos Publié le 19 avr. 2025
C’est une idée qui va faire parler. Samedi, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin n’a pas écarté la possibilité de supprimer l’abattement fiscal dont bénéficient les retraités, estimant « que ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution », dans « Le Parisien ».
Les retraités peuvent, comme les actifs, diminuer de 10 % leurs revenus au moment de leur déclaration. Une possibilité jugée « aberrant(e) » par le Medef, qui a appelé à sa suppression.
Chasse aux niches fiscales
Interrogée par « Le Parisien » sur l’éventualité d’une suppression de cet abattement, Amélie de Montchalin a indiqué que, « dans le cadre du conclave » sur les retraites, les « partenaires sociaux regardent l’ensemble des sujets », y compris « les avantages pour les retraités ».
« Je pense, à titre personnel, qu’on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement », a-t-elle avancé. « Ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution, mais aussi les moyens dont vous disposez. »
Le gouvernement cherche à supprimer des niches fiscales dans le cadre du budget 2026pour tenter de réduire le déficit public , qui s’est creusé à 5,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024.
Un abattement « aberrant »
L’abattement fiscal pour les retraités a été introduit en 1978 dans l’objectif de les mettre à égalité avec les actifs, qui bénéficient eux aussi d’une déduction fiscale automatique de 10 % de leurs revenus au moment de leur déclaration, pour frais professionnels. Supprimer l’abattement sur les revenus des retraités entraînerait pour certains l’augmentation de leur impôt sur le revenu et ferait que d’autres, qui sont non-imposables aujourd’hui, le deviendraient.
Le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, s’est dit en janvier favorable à la suppression de cet abattement fiscal, rejoint ensuite par le président du Medef Patrick Martin, qui le juge « aberrant ». « Qu’un retraité bénéficie d’une exonération fiscale pour des frais professionnels », « pour 4 milliards et demi d’euros par an », c’est « contre-nature » et « aberrant », selon le dirigeant de la première organisation patronale.
En revanche, pour l’UNSA-Retraités, « l’abattement de 10 % appliqué à la fiscalité des retraités n’a rien à voir avec la déduction fiscale pour frais professionnels » des actifs, écrivait-elle dans un communiqué en mars. Sa suppression « augmenterait la contribution fiscale de 8,4 millions de retraités, soit la moitié de l’ensemble des retraités, et dans cette moitié, tous ne sont pas riches », avait ajouté l’UNSA-Retraités.