Aller au contenu principal

LES SONDAGES ETSATZ DU DÉBAT ET DE L’ANALYSE ?

LES SONDAGES ET LEUR MÉDIATISATION A OUTRANCE,

REMPLACENT ILS LE DÉBAT ?

CRÉENT ILS LES OPINIONS ?

FORGENT ILS LES VOTES ?

JUSQU’AU VOTE OPPORTUNISTE ?

Nos questions sur les effets des sondages – sans sous estimer d’autres facteurs confluants :

ersatz de l’analyse et l’information par les médias ?

Les sondeurs sont très présents dans les émissions et les articles de presse, ils se confondent – en les influençant, voire les dominant – avec les politistes et les journalistes. Ils sont devenus le principal matériau du traitement médiatique de l’élection. N’oublions pas que les sondages sont un business important et que cela devrait poser des problèmes éthiques pour les rédactions et journalistes ;

substituts au débat sur les programmes entres candidats ?

Les sondeurs expliquent les orientations recueillies sur les votes, les journalistes interrogent les candidats sur les prévisions relatives à la « course des petits chevaux«. La presse TV accepte, voire justifie, l’absence de débat entre candidats imposée par l’un d’entre eux, et met d’une part les résultats des sondages au centre du commentaire, et procède d’autre part à une succession de grand oraux ou l’on bombarde les candidats de questions portant essentiellement sur les détails des programmes. On tue ainsi dans l’œuf le débat vivant entre des personnes, sur leurs convictions, sur les grands enjeux, le projet de société, sur la vie des institutions et la démocratie.

supplétifs, pour les candidats et leur mouvement, à l’écoute et l’échange avec les parties prenantes et les forces vives ?

Les sondages explorant les attentes des électeurs, le travail d’enquête et d’information par les médias n’est plus nécessaire, de même le débat des candidats avec les citoyens et l’ensemble des parties prenantes n’a pas la place centrale qu’elle devrait avoir.

endormissement de la réflexion individuelle de l’électeur mal informé .

L’élection devient un jeu de pronostic, où les acteurs divers – et les citoyens eux mêmes- commentent les derniers résultats des sondages et anticipent les prochains en fonction des dynamiques haussières ou baissières décelées. Jeu et opportunisme enveloppés dans le curieux concept de « vote utile » ( y aurait il un vote inutile ? )

amplification des stratégies de ralliements et de marchandage.

Les sondages inspirent assurément les ralliements, exemple ; le ralliement à Macron d’élus républicains devant la perte de substance des intentons de vote pour Ptectrsde, le raliement a Zemour lorsque celui ci progresse …Le résultat du 1 tour s’est forgé de manière accélérée sous l’éclairage des sondages qui « démontraient » que trois candidats seulement pouvaient accéder au 2 tour : le vote inutile désigne donc celui qui se porte sur les autres candidats. L’ « élimination », principe de vote du 2 tour est entré en force des le 1 tour, traditionnellement consacré au « choix ». N’oublions pas à quel point le pronostic majeur d’un second tour Macron Le Pen s’est imposé dans les esprits du fait des sondages, des médias, de ces deux candidats également. Dans le même temps les sondages nous indiquent que 70 % des français ne souhaite pas la réélection du sortant, et que les trois candidats Le Pen, Zemour et Melenchon rassemblent 54 % des suffrages au 1 tour.

– Incitation à des orientations de vote opportunistes

1. ARTICLE – « Jamais il n’y a eu autant de sondages alors qu’il y a de véritables faiblesses dans leur fabrication, et que l’opacité règne »

Le politologue Alexandre Dézé publie un réquisitoire contre les enquêtes d’opinion politique. Dans un entretien au « Monde », il estime qu’elles sont peu fiables et orientent le débat public. 

Propos recueillis par Abel Mestre le 13 février 2022 LE MONDE

Alexandre Dézé est maître de conférences en science politique à l’université de Montpellier, chercheur au Centre d’études politiques et sociales du même établissement et enseignant à Sciences Po Paris. Dans son ouvrage, 10 Leçons sur les sondages politiques(De Boeck supérieur, 144 pages, 12,90 euros), il plaide pour une diminution drastique des enquêtes d’opinion politiques.

Quels reproches faites-vous aux sondages politiques ?

Le principal est l’importance inédite qu’on leur accorde. A-t-on besoin de près 600 enquêtes pour couvrir un scrutin présidentiel, comme ce fut le cas en 2017 ? Cette surabondance est un problème. On peut aussi se poser la question de leur rôle dans la sélection des candidats, d’autant plus dans une situation où les partis politiques sont affaiblis. Jamais il n’y a eu autant de sondages alors qu’il y a de véritables faiblesses dans leur fabrication, et que l’opacité règne.

Ces enquêtes peuvent-elles, tout de même, se révéler utiles comme outils d’analyse d’une situation politique ?

Je n’en suis pas certain. A tous les étages du processus, on peut repérer des problèmes qui laissent planer le plus grand doute sur leur fiabilité. Les sondages réalisés à six mois d’une présidentielle, par exemple, sont corrects dans un cas sur huit. A quoi servent-ils ? Ils alimentent un débat politique à propos de rapports de force virtuels. On teste des candidats non déclarés, on oblige les répondants à des exercices intellectuels complexes où ils doivent imaginer plusieurs scénarios différents. Cela présuppose aussi une connaissance minimale des candidats et de la politique, ce que n’ont pas tous les répondants. Par ailleurs, il y a un problème avec les échantillons en ligne de volontaires autorecrutés.

Lire notre enquête :  Dans la fabrique opaque des sondages

C’est-à-dire ?

On est loin des prérequis d’un échantillonnage classique. Un sondage représentatif, c’est-à-dire sans biais, est un sondage aléatoire où l’on tire les gens au sort. Mais, plus largement, tout est problématique dans la production de ces enquêtes : de la constitution des échantillons, jusqu’à la formulation des questions, en passant par le redressement des résultats bruts. L’idéal serait de réduire le nombre de sondages politiques et d’augmenter leur qualité. Car, quand un sondage est bien fait, cela génère des connaissances précieuses.

Si l’on ne se focalise pas uniquement sur les intentions de vote, les sondages peuvent aussi servir à déconstruire des éléments de langage de certains partis. Par exemple, on voit que les principales préoccupations des Français sont le pouvoir d’achat, l’épidémie de Covid ou la santé, devant la sécurité et l’immigration…

2. ARTICLE – La dynamique spectaculaire du vote utile

10 avril 2022, Isabelle Lebon, Université de Caen Normandie THE Conversation

Le premier tour de l’élection présidentielle s’est conclu avec un taux d’abstention qui atteint 25,14 %. En dehors de 2002 (28,4 %), les abstentions les plus élevées jusqu’alors avaient été, pour un premier tour, 1969 (22,4 %) et 2017 (22,23 %).

Si cette baisse de la participation n’est pas catastrophique, elle illustre néanmoins le désamour des électeurs français pour l’offre politique et pour la campagne, mais pas forcément pour la politique.

De nombreuses raisons

Beaucoup de raisons expliquent ces taux d’abstention élevés : le début des départs en vacances dans certaines régions, la non-inscription ou mal inscription sur les listes électorales mais aussi le contexte de la guerre en Ukraine et une campagne peu audible. Autant d’éléments qui ont joué sur les facteurs de l’attention.

Mais il existe aussi des raisons plus structurelles comme le sentiment exprimé dans les reportages ou enquêtes que « le vote ne va rien changer ».

On observe par ailleurs une indécision toujours aussi importante chez les électeurs : un « réservoir de voix » qui se chiffrait à près de 30 % en 2017 et qui est à 20 % pour le premier tour de 2022. Cette indécision s’explique principalement par la recomposition radicale du paysage politiquefrançais.

Implosion des partis traditionnels

En réalité, les électeurs ne se reconnaissent plus dans les grands partis traditionnels de la gauche et de la droite de gouvernement. Pour la deuxième fois consécutive, ni le parti socialiste ni Les Républicains ne seront présents au second tour de l’élection présidentielle alors qu’il s’agit des deux partis qui ont structuré l’histoire de la Vᵉ République et dont les électeurs étaient les plus familiers.

Or cette implosion s’est faite sur le temps long et a été parfois difficile à déceler car les partis traditionnels ont continué d’être présents lors d’élections intermédiaires comme les régionales ou les municipales.


À lire aussi : La « gauche » et la « droite » font-elles encore sens en France ?


Un vote utile qui s’est accéléré

On observe par ailleurs une dynamique de vote utile qui s’est accéléré de façon spectaculaire. Le vote utile vient en effet ponctionner les voix des candidats les moins bien placés dans les estimations. Ainsi Eric Zemmour (Reconquête !) ou Valérie Pécresse (LR) ont été les victimes de cette dynamique qui se comprend aussi par la polarisation de la campagne.

Ainsi, on estime qu’un candidat donné à moins de 10 % d’intentions de vote (seuil symbolique) peut rapidement perdre ses voix au profit d’un candidat mieux placé. Cette tendance peut s’exprimer en quelques jours. Le phénomène avait déjà été observé avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2017. En 2022, le candidat LFI a de nouveau bénéficié de ces voix au détriment de Yannick Jadot (4,30 %) et Fabien Roussel (2,60 %).

Si « voter utile » n’est pas nouveau, on observe l’accélération de cette tendance de façon très marquée depuis 2002 quand les électeurs avaient été pris au dépourvu lors de la qualification de Jean-Marie Le Pen contre Jacques Chirac.

Par ailleurs, l’éclatement du paysage politique est aussi l’une des raisons expliquant ce vote : pour les électeurs, c’est une façon de garder une forme de contrôle sur le second tour, même si pour cela ils doivent donner leur voix à un candidat qu’ils n’apprécient pas ou dont ils ne sont pas entièrement convaincus.

Ce phénomène montre par ailleurs les limites du scrutin uninominal à deux tours et complique les choix et la campagne de l’entre-deux tours.

En effet, le mode de scrutin actuel – que nous interrogeons dans nos recherches – encourage la polarisation des candidats : pour se « qualifier » au second tour à 22 ou 23 % des voix, ces derniers doivent montrer une vive opposition et lourdement critiquer leurs adversaires, ce qui rend difficilement légitime un ralliement par la suite au second tour.

En revanche, en raison de la forte désaffiliation partisane en France, il est moins évident de savoir si un « vote utile » au second tour se concrétisera par un vote de ralliement ou bien s’il sera remplacé par un vote blanc ou une abstention.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.