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LES FRÈRES MUSULMANS, UN DANGER POUR LA DÉMOCRATIE – ENTRISME ET INFLUENCE – NOTRE DOSSIER

Aurore Bergé aborde le rapport sur les Frères musulmans qui portent une « idéologie islamiste »

Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de la Lutte contre les discriminations, a abordé sur BFM le rapport qui devrait être publié concernant les Frères musulmans.

« La résurgence de l’antisémitisme est liée à la question de l’idéologie islamiste »

la ministre lundi 28 avril.

«OFFICIELLEMENT, LES FRÈRES MUSULMANS N’EXISTENT PAS EN FRANCE, ILS AGISSENT PAR DES ORGANISATIONS DE COUVERTURE»,

DÉCRYPTE CLAUDE MONIQUET sur  CNEWS le 28/04/2025

«Officiellement, les Frères musulmans n’existent pas en France, ils agissent par des organisations de couverture»

a décrypté Claude Moniquet, spécialiste en terrorisme et renseignements, ce lundi dans La Matinale de CNEWS alors que leur dénomination en tant que potentielle organisation terroriste est au coeur de vifs débats. 

NOTRE DOSSIER :

1. ARTICLE – Frères musulmans : un rapport dresse une cartographie de la confrérie et alerte sur les dangers de son entrisme

2. ARTICLE – Les Frères musulmans, une « menace pour la cohésion nationale »

3. ARTICLE – Frères musulmans : Gérald Darmanin « espère que Bruno Retailleau rendra public » un rapport « secret défense »

4. ARTICLE – «En 2026, les Frères musulmans risquent d’entrer dans les listes municipales», craint Bruno Retailleau sur Le Figaro TV

5. ARTICLE – SONDAGE – Les Français favorables à l’interdiction des Frères musulmans, 81 % à gauche

6. ARTICLE – En Jordanie, l’interdiction des Frères musulmans, accusés de menées subversives

7. ARTICLE – Jordanie. L’interdiction des Frères musulmans et le roi du silence

8. ARTICLE – Peines Lourdes Contre Une Cellule Frère Musulman En Jordanie : Jusqu’à 20 Ans De Prison

1. ARTICLE – Frères musulmans : un rapport dresse une cartographie de la confrérie et alerte sur les dangers de son entrisme

Antoine Bienvault le 9 avril 2025 .  EUROPE 1

Un rapport sur l’influence grandissante des Frères musulmans en France sera bientôt dévoilé, selon le ministère de l’Intérieur. Un texte, écrit et dirigé par le diplomate Pascal Gouyette et le préfet François Courtade, qui met en lumière le danger imminent de cette mouvance islamiste. 

Le rapport est pour l’heure encore secret, mais le journal L’Opinion a pu s’en procurer quelques extraits. Un rapport sur l’influence grandissante des Frères musulmans en France sera bientôt dévoilé, selon le ministère de l’Intérieur. Un texte, écrit et dirigé par le diplomate Pascal Gouyette et le préfet François Courtade, qui met en lumière le danger imminent de cette mouvance islamiste.

Un risque pour la cohésion nationale

Selon le journal L’Opinion, ce rapport décrit les Frères musulmans comme « une menace qui s’étend de manière pernicieuse et progressive ». Les deux auteurs du texte pointent notamment un risque pour la cohésion nationale encore plus puissant que le séparatisme salafiste.

130 à 140 lieux de culte musulmans seraient affiliés aux Frères musulmans, selon le rapport. On y trouve par exemple le lycée Averroès de Lille ou celui d’Al-Kindi près de Lyon, dont les contrats d’association avec l’État ont été résiliés.

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Ils veulent « imposer la charia à toute notre société », selon Retailleau

Invité du Grand Rendez-vous Europe 1-CNews il y a deux semaines, Bruno Retailleaumentionnait d’ailleurs déjà ce rapport, pointant du doigt un vrai danger pour la société. « Croyez-moi, les Frères musulmans sont en train de s’infiltrer partout où ils le peuvent, parce que les Frères musulmans veulent demain imposer la charia à toute notre société », avait-il déclaré.

Selon l’entourage de Bruno Retailleau, cité par L’Opinion, les Frères musulmans seraient même la matrice de l’islam politique en France. Le ministre de l’Intérieur appelle d’ailleurs les préfets à être très vigilants face à tout soupçon de clientélisme sur les listes électorales en vue des prochaines élections municipales de 2026. 

2. ARTICLE – Les Frères musulmans, une « menace pour la cohésion nationale »

Par Sandra Buisson. 10/04/2025 LE POINT

Dans un rapport rendu il y a 6 mois et en cours de déclassification, les auteurs décrivent une mouvance dont le but est de faire « basculer le territoire dans la charia ».

Il s’étend « de manière pernicieuse, c’est un entrisme à bas bruit ». À Beauvau, le développement du frérisme inquiète au plus haut niveau car il « menace la cohésion nationale », y indique-t-on, selon les informations du Point. En effet, la mouvance des Frères musulmans en France a été passée à la loupe dans un rapport rendu il y a quelques mois, et en cours de déclassification.

Il révèle que les moyens d’essayer de faire basculer la société dans l’islamisme, et même dans la charia, se font dans la dissimulation, via des associations sportives , cultuelles, l’éducation… Jusqu’aux élections municipales, où l’offensive peut se mener en noyautant des listes ou via des élus qui céderaient au clientélisme.

« Pour le scrutin de 2026 , nous mettrons en garde les têtes de liste, les préfets, les agents de l’État », assurait au Point une source sécuritaire le mois dernier.

130 à 140 mosquées fréristes

Selon nos informations, 130 à 140 mosquées en France sont affiliées au frérisme. « C’est la matrice de l’islamisme politique », souligne-t-on au ministère de l’Intérieur. Avec aux avant-postes du mouvement le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dissout en 2020 dans l’Hexagone et désormais « réfugié » en Belgique sous le nom de CCIE (Collectif contre l’islamophobie en Europe), mais aussi certaines écoles. C’est le cas, selon le rapport, du lycée Averroès de Lille , dont le contrat avec l’État a été résilié fin 2023 par la préfecture.

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Sur la liste des établissements fréristes figure également le lycée Al-Kindi , en banlieue de Lyon, dont le contrat est résilié pour la rentrée prochaine, notamment en raison de la présence d’ouvrages séparatistes. Dans le tiercé de tête, le rapport compte enfin l’IESH (Institut de formation des imams) dans la Nièvre – sous le coup d’une enquête pénale sur son financement – et celui de Seine-Saint-Denis.

Des « anticorps » républicains

Pour autant, la bataille n’est pas perdue, estime-t-on à Beauvau, où l’on souligne : « Le modèle républicain nous a donné des anticorps. Il faut dévoiler le mode opératoire du mouvement frériste, remobiliser toutes les structures de l’État pour un suivi très précis au niveau local et mettre en place des entraves administratives. 

 Le risque est que certains musulmans modérés adhèrent à ce discours victimaire, notamment les 100 000 fidèles qui fréquentent des mosquées fréristes. Bertrand Chamoulaud, chef de la DNRT, au « Monde »

« Le lien avec les Frères musulmans n’est pas en soi une infraction, mais leurs préconisations, les ouvrages qu’ils utilisent peuvent matérialiser un séparatisme. Il faut former les agents publics départementaux pour qu’ils détectent l’entrisme islamiste. »

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Une source sécuritaire confiait au Point il y a peu : « Ils sont sur un temps long, ils procèdent de manière sournoise, il n’y a pas de violence. » Dans une interview au Mondele 23 décembre dernier, le chef du renseignement territorial, Bertrand Chamoulaud, soulignait qu’ils « procèdent par de petites avancées, sur le voile, le refus de la mixité, les vêtements dits “islamiques”, etc. […] Et, quand l’État veut rappeler les règles de la République en expulsant des imams, en gelant des avoirs ou en fermant des mosquées, vous entendez des voix qui fustigent l’islamophobie. Un terme inventé par les Frères musulmans. […] Le risque est que certains musulmans modérés adhèrent à ce discours victimaire, en particulier parmi les 100 000 fidèles qui fréquentent des mosquées tenues par les Frères musulmans. »

3. ARTICLE – Frères musulmans : Gérald Darmanin « espère que Bruno Retailleau rendra public » un rapport « secret défense »

Le rapport, commandé par Gérald Darmanin il y a deux ans, « dit que les Frères musulmans s’organisent pour influencer les élus locaux », « les dirigeants administratifs », et les « hauts fonctionnaires », avance le garde des Sceaux.

Article rédigé par franceinfo. 30/04/2025

« J’espère que Bruno Retailleau rendra public le rapport que j’ai commandé il y a deux ans » concernant les Frères musulmans, assure ce mercredi sur France Inter le ministre de la Justice, Gérald Darmanin.

Un rapport « tenu au secret défense », précise-t-il, qui « dit que les Frères musulmans s’organisent pour influencer les élus locaux dans des décisions locales, y compris dans des conseils municipaux, essaient d’influencer nos dirigeants administratifs, des hauts fonctionnaires, pour prendre des décisions qui sont conformes à une volonté qui relève d’une forme de Charia, de loi musulmane qui l’emporterait sur la loi de la République. » « C’est une communauté de Frères musulmans qui vient attaquer la vraie communauté musulmane », selon lui.

« Des organes de presse peuvent être influencés »

Selon Gérald Darmanin, ce rapport révèle également « qu’il y a des financements extrêmement complexes qui permettent ce genre de choses, qu’il y a des organes de presse qui peuvent être influencés, que cette stratégie d’influence qui touche des associations caritatives, sportives, des association de communautés est extrêmement inquiétante. » Le ministre de la Justice parle d’une « menace première ».

« Ce rapport dénonce l’organisation en France et en Europe d’une organisation assez puissante. » Selon lui, « un certain nombre de personnes dans l’État, dans les collectivités locales, dans le monde économique, sont sous l’influence des Frères musulmans et il faut les combattre, il faut le savoir. »

4. ARTICLE – «En 2026, les Frères musulmans risquent d’entrer dans les listes municipales», craint Bruno Retailleau sur Le Figaro TV

Par  Emile Douysset

Le ministre de l’Intérieur était mercredi soir invité de l’émission «Esprits Libres». Face à Alexandre Devecchio, le locataire de Beauvau craint une accélération de l’entrisme des Frères musulmans dans la société.

Au lendemain du meurtre d’un fidèle dans une mosquée de la Grande-Combe (Gard), François Bayrou a dénoncé sur X une «ignominie islamophobe». Invité de l’émission «Esprits libres» diffusée mercredi soir à 20h sur le site du Figaro et ce jeudi 1er mai sur Le Figaro TV à 22h, Bruno Retailleau récuse le terme d’«islamophobie». Pour autant, Bruno Retailleau assure être sur la même longueur d’onde que François Bayrou: «Je pense que le Premier ministre a écrit le tweet lui-même sous le coup de l’émotion et voulu dire ce que je dis». Car «en politique, les mots justes sont très importants», insiste le ministre de l’Intérieur.

Dans les prochains jours, Bruno Retailleau promet de présenter un rapport sur «l’entrisme» des Frères musulmans dans la société française. D’après le ministre, le rapport devrait éclaircir le caractère «anti-républicain» et «subversif» des Frères musulmans. Le 7 décembre 2023, le lycée Averroès de Lille a vu son contrat être rompu par le préfet, car jugé proches des Frères musulmans. Le 23 avril dernier, le tribunal administratif de Lille a annulé la décision préfectorale. «Quand on connaît les reproches faits à cet établissement, les bras m’en tombent», déplore Bruno Retailleau. Selon lui, à l’horizon 2026, les Fréristes pourraient profiter des élections pour imposer leurs idées et leurs candidats. «On parvient à contenir l’entrisme, mais l’année prochaine, il risque d’y avoir des entrées dans les listes municipales avec ce discours: “Si vous nous prenez, nous apporterons un paquet de voix”».

Face à l’accélération de l’entrisme islamique dans la société, Bruno Retailleau le reconnaît : «Le cadre juridique est devenu fou. On est embarqué dans un mouvement qui exalte les droits individuels au mépris du droit collectif». Selon lui, une meilleure articulation de l’État de droit et de la souveraineté nationale doit être au cœur de la présidentielle de 2027. «Est-ce que ça sert à quelque chose de vouloir le pouvoir, si le pouvoir n’a pas le pouvoir?», s’interroge le candidat à la présidence des Républicains.

5. ARTICLE – SONDAGE – Les Français favorables à l’interdiction des Frères musulmans, 81 % à gauche

Une enquête CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD révèle que près de neuf Français sur dix se prononcent en faveur de l’interdiction des Frères musulmans dans l’Hexagone.

Hélène Roué 27/04/2025 JDD

OUn élève écrit au tableau pendant un cours au lycée Averroes à Lille, dans le nord de la France, le 28 septembre 2023. (Photo d’illustration) AFP / © Sameer Al-Doumy

Après le rétablissement du contrat du lycée musulman Averroès, l’anthropologue Florence Bergeaud-Blacker pointe les failles de l’État français dans une interview au JDD, déplorant que la laïcité ne nous protège « pas suffisamment » contre l’offensive frériste. L’organisation des Frères musulmans est un mouvement islamiste dont l’objectif est de promouvoir une société régie par les principes de l’islam, en intégrant la religion dans la vie politique et sociale.

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Selon un sondage CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD, 88 % des Français souhaitent l’interdiction de cette organisation. À l’inverse, 12 % des personnes interrogées s’expriment en faveur de son maintien.

En regardant dans le détail de légères disparités apparaissent en fonction du sexe des sondés. Neuf hommes sur 10 sont pour interdire les Frères musulmans. Le chiffre baisse sensiblement pour les femmes qui sont 86 % à s’exprimer en faveur de cette interdiction.

Une interdiction plébiscitée à droite comme à gauche

Selon les catégories d’âge, les plus unis sur la question sont les 50-64 ans qui sont 93 % à souhaiter l’interdiction des Frères musulmans. Le chiffre baisse à 91 % pour les plus de 65 ans. Les moins enclins – même si la majorité reste écrasante (78 %) – à souhaiter l’interdiction des Frères musulmans sont dans la tranche des 25-34 ans. Selon la catégorie socioprofessionnelle, les CSP- sont 91 % à vouloir voir l’interdiction des Frères musulmans. Le chiffre baisse à 89 % pour les CSP+ et 85 % pour les inactifs.

Sondage CSA. © CNEWS, EUROPE 1 ET JDD

En s’intéressant aux sensibilités politiques, même si des disparités sont visibles, une grande majorité souhaite l’interdiction des Frères musulmans, peu importe le parti. Du côté de la gauche, les sympathisants des Écologistes sont 90 % à souhaiter l’interdiction des Frères musulmans soit même plus que la moyenne nationale. Le chiffre s’établit à 84 % pour les partisans du Parti socialiste et tombe à 75 % pour ceux de La France insoumise.

Du côté du parti présidentiel, neuf sympathisants sur dix de Renaissanceestiment qu’il faut interdire l’organisation frériste sur le territoire, soit deux points de plus que la moyenne nationale. Les Républicains sont sensiblement moins unis sur la question et sont 89 % à vouloir interdire les Frères musulmans. Les plus fermes sont les partisans du Rassemblement national, qui sont 94 % à partager cette volonté.

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Au début du mois d’avril, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a souhaité s’attaquer au danger que représentent les Frères musulmans. Le ministre d’État s’appuie notamment sur un rapport écrit par le diplomate Pascal Gouyette et le préfet François Courtade, comme l’a révélé l’Opinion. Cette « menace qui s’étend de manière pernicieuse et progressive », selon les mots du rapport, représenterait un risque majeur pour la « cohésion nationale ». Les préfets auraient reçu pour consignes d’être particulièrement vigilant.

6. ARTICLE – En Jordanie, l’interdiction des Frères musulmans, accusés de menées subversives

Le Royaume hachémite s’aligne sur la position de pays arabes influents comme l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, farouchement hostiles à l’islam politique. 

Par Laure Stephan (Beyrouth, 25 avril 2025 LE MONDE

Les répliques, au Proche-Orient, du séisme constitué par l’attaque du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, suivie par la guerre dévastatrice lancée par l’Etat hébreu contre la bande de Gaza, sont loin d’être terminées. L’interdiction par la Jordanie, mercredi 23 avril, de toute activité des Frères musulmans en est une nouvelle. La branche locale de la confrérie est accusée de chercher à déstabiliser le royaume. La saisie de ses biens a été ordonnée.

Cette mise au ban était pressentie depuis que les autorités d’Amman ont annoncé, le 15 avril, l’arrestation de 16 individus, dont des membres des Frères musulmans, au terme d’une opération de surveillance menée depuis 2021. Ils sont accusés d’avoir projeté des attaques sur le sol jordanien, de s’être entraînés à cette fin au Liban, d’avoir détenu des armes et d’en avoir fabriqué d’autres, comme des roquettes. La confrérie a nié tout lien avec ces accusations de complot, sans exclure des initiatives individuelles.

Celle-ci est soumise à des pressions croissantes du pouvoir depuis les manifestations qu’a connues la Jordanie, au début des années 2010, dans le sillage des « printemps arabes ». En 2020, la Cour de cassation a prononcé sa dissolution. Elle avait toutefois poursuivi ses activités, tandis que les contacts avec les services de sécurité jordaniens s’étaient maintenus. Mais désormais, dans un contexte de recomposition régionale, marqué par l’affaiblissement de l’axe pro-iranien, dont le Hamas – la branche palestinienne des Frères musulmans – est l’un des maillons, le royaume semble déterminé à suivre une approche plus martiale. La diffusion, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, des idées des Frères musulmans est passible de …

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7. ARTICLE – Jordanie. L’interdiction des Frères musulmans et le roi du silence

Publié le 29 avril 2025 CHARLIE HEBDO

En Jordanie, les Frères musulmans viennent d’être officiellement interdits par la couronne hachémite, 80 ans exactement après leur création, en 1945. Longtemps allié de la monarchie pendant la guerre froide, le mouvement islamiste a perdu au fil des années les faveurs de la couronne à force de Printemps arabes dans la région et de mobilisations pro-Hamas depuis le 7 octobre 2023. Récit d’un divorce dans la tyrannie du secret.

En Jordanie, on ne parle pas politique. Et c’est dommage car le mercredi 23 avril dernier, les Frères musulmans y ont été interdits par la monarchie du roi Abdallah II. Un décret – sans vote – et voilà le noyau de la plus grande force d’opposition politique du pays, le Front d’action islamique (FAI), proscrite du royaume hachémite. Alors on aurait bien voulu prendre la température auprès de quelques Jordaniens. Leur faire dire deux mots des conséquences de la mise au ban du frérisme et des conséquences dans un pays rempli de Palestiniens et descendants de Palestiniens fidèles au Hamas – branche palestinienne des Frères musulmans – depuis le 7 octobre, mais accro à la stabilité et à la complaisance israélienne et américaine. Seulement, nos quelques sources nous ont rembarrées d’un télégraphique « ça ne va pas », suivi de près d’un « je ne peux pas faire de commentaire », comme muselées.

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Les lignes rouges jordaniennes sont pernicieuses. Personne ne sait où elles se situent alors tout le monde s’accorde à ne rien dire, de peur de subir des conséquences que l’on ignore tout autant. Ça vaut depuis bien longtemps pour la religion, le sexe ou la famille royale, « maintenant c’est valable pour les Frères musulmans. Personne ne peut en parler publiquement ou à la presse », nous confie Assem al-Omari, avocat jordanien « ni frère, ni islamiste, mais proche de tous ces milieux-là ». Le chuchotis et le culte du secret si propre au frérisme des origines seraient-ils donc de retour dans le pays ?

« Remercions Dieu pour le Hamas »

Car voilà bientôt deux ans que l’on entendait qu’eux dans les rues d’Amman. Depuis l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 et les représailles qui ont suivi, tous les vendredis le prêche de la Grande mosquée al-Husseini sert d’introduction aux larges manifestations pro-Hamas hebdomadaires organisées par le parti des Frères musulmans. Les affiches « Déluge d’al-Aqsa » à peine dissimulées sous les tapis de prière et les slogans conspuant l’ennemi à peine retenu : « Dieu est grand ; Remercions Dieu pour le Hamas ; Remercions-le de se battre contre Israël », entre autres. Et tout ce brouhaha persiste alors que le mouvement islamiste avait déjà été dissous en 2020 par la plus haute juridiction du pays, mais restait toléré jusqu’ici. Puis, en septembre dernier, les résultats des élections législatives – longtemps boycottées par les Frères dénonçant la corruption de la monarchie – sont tombés : 31 sièges sur 138 obtenus par le FAI, un record pour les islamistes depuis les élections de 1989.

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Plus de 20 % des voix pour les Frères musulmans, soit un cinquième des voix accordées pour l’islam politique et la charia. Une majorité d’entre eux étant également pour la défense du Hamas. Surtout, spécificité jordanienne, près d’un million de voix pour la suppression des si précieux accords de Wadi Araba – aux yeux de la couronne hachémite. Un traité de paix conclu en 1994 entre le royaume aride et Israël, prévoyant une aide de cinquante millions de mètres cubes d’eau par an à la Jordanie en échange d’une coopération militaire de lutte contre le terrorisme. D’après l’historien français installé à Amman, Jalal al Husseini, c’est la popularité de cette mesure qui aurait pesé en faveur de l’interdiction du mouvement frériste. « Pour les autorités jordaniennes, c’est une manière de montrer aux pays occidentaux, dont le pays est dépendant, qu’elles s’activent contre le terrorisme, analyse le chercheur.Pour autant, la décision ne déstabilise pas totalement le pays puisque, pour l’instant, le Front d’action islamique reste autorisé. D’ailleurs il semble jouer la carte gouvernementale puisqu’il a déjà suspendu plusieurs membres suspectés de faire partie d’un complot sur le sol jordanien. »

Le voile démocratique

Un complot ? D’après Amman, des membres des Frères musulmans jordaniens auraient été interpellés en possession de roquettes et de plans de sabotages et de terrorisme sur le sol jordanien. Pour l’avocat Assem al-Omari, régulièrement en charge de la défense du mouvement frériste, « les accusations comme celles-ci sont nombreuses, mais lorsque l’on fouille un peu les dossiers on se rend compte qu’il n’y a souvent aucuns éléments probants et que tout cela est un prétexte ». Et c’est comme ça que ça se passe depuis des années entre les Frères musulmans et le gouvernement jordanien : les accusations se multiplient, sans jamais de preuves concrètes et les islamistes, jamais véritablement condamnés, en profitent pour se donner des airs de partisans de la démocratie.

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Dans ce pays arabe qui n’a jamais connu de Printemps, on comprend mieux pourquoi le jeu du chat et de la souris a ainsi duré si longtemps. D’après Assem al-Omari, tout s’est joué pendant la guerre froide lorsque le pouvoir s’est allié avec les Frères musulmans « pour faire taire les communistes, les socialistes et tous les mouvements de gauche ». La monarchie scelle alors le FAI comme seule opposition viable dans le pays après la chute du bloc soviétique au moment où les Frères musulmans déploient leur influence sociale à travers le pays en construisant notamment des hôpitaux et des écoles islamiques. « Pour les Frères, le divorce avec le gouvernement est définitivement consommé en 1994 avec la signature de l’accord avec Israël, d’après l’avocat. Mais le parti ne tombe jamais dans le terrorisme ». Trop attaché, sans doute, au voile démocratique qu’il s’est façonné.

Dans les années 2010, au fil des Printemps arabes, enfin, Abdallah II a basculé à son tour. « Depuis, le roi est convaincu que les Frères sont les ennemis intérieurs et qu’il est impossible de trouver un terrain d’entente avec eux », dit Assem al-Omari. Seulement, lorsque l’on veut les faveurs des démocraties occidentales, on n’interdit pas gratuitement une force d’opposition majeure mais on la discrédite progressivement en façonnant l’idée d’un « complot ». Alors, c’est vrai, on aurait aimé se réjouir de la fin des Frères musulmans dans un nouveau pays du Moyen-Orient et enregistrer un pas de plus dans la lutte contre l’islamisme. Sauf qu’il y a toujours ce petit goût amer. Celui d’une monarchie constitutionnelle plus monarchique que constitutionnelle qui a encore du mal avec la transparence avec son peuple.

8. ARTICLE – Peines Lourdes Contre Une Cellule Frère Musulman En Jordanie : Jusqu’à 20 Ans De Prison

TUNISIE NUMÉRIQUE

La Cour de sûreté de l’État jordanienne a rendu mercredi 30 avril des verdicts lourds à l’encontre de quatre personnes accusées de planifier des attaques portant atteinte à la sécurité nationale. Les condamnés ont écopé de 20 ans de prison avec travaux forcés, assortis d’amendes, après avoir été reconnus coupables de possession illégale d’explosifs, d’armes et de munitions, ainsi que de tentative de fabrication de roquettes.

Selon le communiqué officiel, les accusés ont été jugés pour des faits « susceptibles de porter atteinte à l’ordre public et à la sécurité de la société », en vertu de la loi jordanienne de lutte contre le terrorisme.

Des liens présumés avec les Frères Musulmans

L’affaire, qui implique au total 16 suspects, est liée à un vaste complot terroriste démantelé par les services de renseignement jordaniens. Le 15 avril dernier, la Direction générale du renseignement a annoncé avoir mis en échec des projets de fabrication d’explosifs et d’armes, et arrêté les personnes impliquées.

Bien que la Cour n’ait pas explicitement mentionné une affiliation directe des condamnés aux Frères musulmans, la télévision jordanienne a diffusé les aveux de trois suspects affirmant appartenir au mouvement islamiste. Ce dernier a toutefois réagi en précisant que les actes en question relèvent d’initiatives individuelles.

Interdiction officielle des activités de la confrérie

Dans la foulée de cette affaire, le gouvernement jordanien a interdit toutes les activités de la confrérie des Frères musulmans sur le territoire national. Le 23 avril, le ministre de l’Intérieur Mazen Al-Faraya a annoncé la fermeture de ses locaux et la confiscation de ses biens.

Il convient de rappeler que la justice jordanienne avait déjà prononcé la dissolution officielle de la confrérie en 2020. Toutefois, les autorités fermaient jusque-là les yeux sur certaines de ses activités. En parallèle, le Parti du Front de l’action islamique, bras politique des Frères musulmans et principal parti d’opposition du pays, conserve son statut légal. Il détient actuellement 31 des 138 sièges au Parlement jordanien.

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