
1. ARTICLE – L’évolution du mouvement libertarien aux États-Unis et ses dérives
Gérard Grunberg. 3 mai 2025. TELOS
L’étude de Jérôme Perrier sur le mouvement libertarien aux États-Unis, publiée par Fondapol[1], présente un intérêt majeur. Outre qu’elle retrace de manière exhaustive son évolution au cours de la seconde moitié du XXe siècle elle aide à comprendre les phénomènes Trump (qu’il n’aborde pas directement) et Milei, en dévoilant, au-delà des personnalités, leur soubassement idéologique et politique. La richesse de cette étude nous a conduit à nous concentrer ici sur son apport principal, le rôle central joué par l’économiste Murray Rothbart (1926-1996) dans l’évolution de la branche la plus radicale du courant libertarien, l’anarcho-capitalisme, et sa fusion avec le populisme et la frange la plus conservatrice de la droite religieuse pour former ce que ce dernier nomme le « paléo-libertarianisme ».
Rappelons que le courant libertarien rassemble des individus qui radicalisent les thèses du libéralisme classique, jusqu’à l’anarchisme pour les plus fondamentalistes, ici dans le cadre d’une culture politique américaine qui est foncièrement individualiste et attachée à la propriété privée. L’une des idées principales sur laquelle va se concevoir et s’opérer cette fusion est que « l’État n’est rien d’autre que l’institutionnalisation de la prédation et du parasitisme. Il fournit un canal légal, ordonné et systématique, pour la prédation de la propriété privée ; il rend certain, sécurisé et relativement ‘‘paisible’’ la vie de la caste parasitaire de la société ». Rothbart s’inspire au départ des écrits de son ancien professeur à New York, l’économiste autrichien Ludwig von Mises, et notamment de son ouvrage majeur, L’Action humaine, paru en 1949. C’est d’ailleurs dans la lignée de cet ouvrage que Rothbart rédigera en 1962 sa propre somme théorique, Man, Economy and State.
Rothbart va être, selon Perrier, « le principal artisan du virage conservateur, pour ne pas dire réactionnaire, d’une majorité de libertariens américains durant la décennie 1970. Il raisonne – comme du reste l’immense majorité des libertariens les plus extrêmes – sur une vision jusnaturaliste qui radicalise le paradigme lockéen, en faisant de la souveraineté absolue de l’individu un droit inaliénable (d’où le refus de reconnaître une quelconque légitimité à l’État) ». Ce virage s’opère à partir d’une vision stratégique nouvelle, celle d’un rapprochement entre libertariens et conservateurs populistes de droite.
« C’est sans doute, écrit Perrier, son texte “Right-Wing Populism : a Strategy for the Paleo Movement ”, publié en janvier 1992 dans le Rothbard-Rockwell-Report, qui exprime avec le plus de clarté les principes au nom desquels ce rapprochement doit s’opérer. Même si ce rapprochement va conduire les intéressés à se renier sur un certain nombre de points précis force est de constater qu’il ne s’agit pas tout à fait de l’alliance de l’eau et du feu, tant il est vrai qu’un certain nombre de passerelles idéologiques ont rendu possible ce qui n’en est pas moins un saut au regard de certaines positions passées des intéressés. » En résumé, « la tâche des paléo-libertariens est de sortir du gouffre sectaire libertaire et de forger des alliances avec les ‘‘réactionnaires’’ culturels et sociaux. Le nœud de l’argumentation rothbardienne tourne autour de l’opposition entre les dominés (le peuple écrasé d’impôts et de mépris) et les dominants (à savoir les hommes de l’État, mélange de politiciens, de technocrates, de patrons de grandes entreprises et d’intellectuels stipendiés). »
Selon Perrier, Rothbard « va pouvoir concilier son combat contre l’hydre étatique et son concubinage idéologique avec les « conservateurs » de stricte obédience. Car tous désignent un ennemi commun : les élites de la côte Est (les diplômés de la Ivy League) qui peuplent les lieux de pouvoir et imposent grâce à cette position dominante une idéologie progressiste destinée d’abord à entretenir et à faire prospérer la pieuvre étatique. Concrètement, les anarcho-capitalistes de droite (rebaptisés « paléo-libertariens » au début des années 1990) vont entamer aux côtés des héritiers de la Old Right (qualifiés au même moment de « paléo-conservateurs »), une véritable croisade contre le Warfare-Welfare State, sorte d’hydre à plusieurs têtes. Aux yeux de cette coalition libertaro-réactionnaire, cet « État-providence impérialiste » est en effet composé de divers éléments. D’abord le Big Government, avec ses programmes sociaux et leur revers, une fiscalité confiscatoire. Ensuite, l’interventionnisme militaire, destiné à alimenter le complexe militaro-industriel au nom d’une idéologie démocratique appelée à convertir le monde entier. Enfin, un prurit législatif destiné à promouvoir le multiculturalisme tout en luttant contre ce que les populistes de droite jugent être de prétendues discriminations, afin de mieux nourrir l’insatiable appétit réglementaire et coercitif du Léviathan. »
Rothbart définit lui-même ainsi son programme en janvier 1992 : « L’idée fondamentale du populisme de droite est que nous vivons dans un pays et dans un monde étatisés. Que l’élite dirigeante qui les domine est constituée d’une coalition comprenant les membres d’un État obèse, les dirigeants de grandes sociétés, et divers autres lobbies influents. Plus précisément, la vieille Amérique de la liberté personnelle, de la propriété privée et de l’État minimal a fait place à une coalition de politiciens et de bureaucrates associés à des élites financières et commerciales (par exemple les Rockefeller, les membres de la Trilatérale) voire dominés par elles ; et cette nouvelle classe de technocrates et d’intellectuels, comprenant les universitaires du Nord-Est et les élites médiatiques, représente dans la société la classe qui crée l’opinion. »
Perrier s’attache à identifier les différents éléments de correspondance idéologiques qui ont rendu possible cette convergence entre libertarianisme et populisme, détaillant les huit principaux chapitres de ce programme : diminution radicale des impôts ; couper radicalement dans l’État providence ; supprimer les privilèges raciaux et autres privilèges de groupe (en réalité démantèlement de tout l’édifice de la discrimination positive) ; reconquérir les rues : « pas de quartier pour les criminels » ; se rapproprier les rues : éliminer les clochards ; supprimer la banque centrale : « à bas les banksters » ; « America first » : « Come home, America. Cessons de distribuer des aides à tous ces mendiants étrangers. Arrêtons toute aide ‘‘au développement’’, qui n’est qu’une aide aux banksters, à leurs titres et à leurs industries d’exportation. Arrêtons tout ça et résolvons nos problèmes intérieurs » ; enfin, défendre les valeurs de la famille.
Conscient des critiques et des reproches de revirement que peuvent à bon droit lui adresser ceux qui ont suivi ses combats passés, Rothbart croit devoir conclure son manifeste de la manière qui suit : « Pour finir : chaque point de ces programmes populistes de droite est entièrement cohérent avec une position purement libérale. Cependant, toute politique du monde réel est une politique de coalition et il y a d’autres domaines où les libéraux pourraient bien transiger avec leurs partenaires conservateurs, traditionalistes ou autres au sien d’une coalition populiste. »
Perrier estime que « si le rapprochement entre anarcho-capitalistes et conservateurs traditionnalistes a été rendu possible par un certain nombre de points de convergences (au prix, encore une fois, de quelques contorsions idéologiques), il relève tout autant d’un calcul politique assumé et un brin cynique. Murray Rothbard, pourtant féru de théories abstraites, est également un stratège politique qui n’hésite pas à s’adapter aux circonstances du moment, et qui est prêt pour cela à faire preuve de la souplesse nécessaire pour parvenir à son but : gagner la guerre culturelle, préalable indispensable à la réalisation de ses idées les plus utopiques. »
Pour mener cette guerre avec succès, le stratège libertarien trouve dans le précédent de la conquête du pouvoir par les nazis la démonstration qu’« aucun mouvement « révolutionnaire » – c’est-à-dire aucun mouvement en faveur d’un changement social radical – ne peut réussir s’il n’a pas une idée claire de qui sont « les bons et les méchants ». Le populisme paléo-libertarien en action va donc consister à dresser le peuple contre ses élites en se faisant l’avant-garde du premier : « Si les nazis avaient une théorie claire et nette des bons contre les méchant écrit Rothbart, et que les marxistes ne l’ont pas, les libertariens possèdent également une théorie claire et nette des deux groupes. Par conséquent, les libertariens sont capables de donner une image bien plus convaincante des ennemis et des amis potentiels que les marxistes ne peuvent jamais en produire. » Dans un texte de septembre 1993, intitulé : « On Resisting Evil » il précise : « L’Amérique telle qu’elle existe aujourd’hui, ce sont deux nations : l’une est leur nation, la nation de l’ennemi corrompu, de Washington D.C., de leur système scolaire public de lavage de cerveau, de leurs bureaucraties, de leurs médias, et l’autre est notre nation, beaucoup plus grande, la nation majoritaire, la nation bien plus noble qui représente l’Amérique plus ancienne et plus vraie. Nous sommes la nation qui va gagner, qui va reprendre l’Amérique, peu importe le temps que cela prendra. C’est en effet un grave péché d’abandonner cette nation et cette Amérique sans victoire ».
Perrier se demande ensuite en quoi les paléo-libertariens violent avec ce programme nombre de principes libéraux fondamentaux. Pour répondre à cette question il examine des exemples économiques (la question des monopoles), politiques (la question de l’immigration) et culturels (notamment le droit à l’avortement, les droits LGBT et plus largement la question des discriminations).
La défense du pluralisme est un principe fondamental du libéralisme, et c’est la raison pour laquelle l’idée même de monopole heurte tous les auteurs libéraux, quel que soit le domaine où il s’applique. Or, dans le chapitre 10 (« Monopoly and Competition ») de son ouvrage Man, Economy and State, Rothbard entend démontrer que la notion de monopole ne saurait, « en aucune circonstance » être conçue comme une entrave au bon fonctionnement de l’économie de marché sauf si elle est l’œuvre de l’État ». Notons que c’est par la lecture de ce texte que Javier Mileï a connu en 2013 sa subite conversion aux thèses libertariennes les plus radicales.
Dans leur volonté de rapprochement avec la droite populiste les concepteurs de la stratégie « fusionniste » ont cherché à justifier le refus de l’immigration sans pour autant paraître renier leurs principes libertariens. Rothbart écrit ainsi dans The Ethics of Liberty (1982) : « il ne peut y avoir aucun droit humain à immigrer, car quelle propriété quelqu’un d’autre a-t-il le droit de fouler aux pieds ? » Ce faisant, conclut Perrier, « les libertariens ne renient pas ouvertement une liberté (celle de circuler librement) considérée comme naturelle par l’immense majorité des penseurs libéraux, dont un bon nombre ont eux-mêmes été des immigrés (que l’on pense, pour le seul XXe siècle, à Ayn Rand, Hayek, Mises, Popper, Mickaël Polanyi, et tant d’autres encore). » Remarquons que Donald Trump, qui a inscrit la question de l’immigration en tête de ses priorités politiques, justifie ses positions anti-immigration en utilisant, sans doute sans le savoir, l’un des points du programme de Rothbart : « pas de quartier pour les criminels », en considérant précisément que les immigrés sont des criminels.
Le libéralisme culturel
Selon la tradition libérale classique, à laquelle se rattache in fine le courant libertarien, la loi n’a pas à se substituer à la morale en se prononçant sur les comportements individuels dès lors que ces derniers ne portent pas atteinte aux droits d’autrui. Rothbard lui-même, dans les années 1960, pouvait écrire que « le libertarien approuve sans réserve ce qu’on appelle généralement les libertés civiles : liberté d’expression, de publication, d’association, liberté de se livrer à des ‘‘crimes sans victimes’’ tels que la pornographie, les déviations sexuelles et la prostitution ». « Force est pourtant de constater, écrit Perrier, qu’un tel point de vue est loin de refléter le positionnement de la grande majorité des libertariens aujourd’hui. Beaucoup, à l’image de Javier Milei, préfèrent abandonner le libéralisme culturel à la gauche pour mieux surfer sur les tendances conservatrices de la société selon la stratégie d’alliance avec la droite populiste. » Dans un article-fleuve, intitulé “The Religious Right. Toward a Coalition”, et rédigé juste après l’élection du Démocrate Bill Clinton à la Maison-Blanche, Rothbard a reconnu sans ambages son alignement sur la droite chrétienne en matière culturelle, le légitimant ainsi :« les conservateurs chrétiens tentent de riposter contre une élite de gauche libérale qui a utilisé le gouvernement pour attaquer et pratiquement détruire les valeurs, les principes et la culture chrétiens ».
Rothbard reconnaît que « la question de l’avortement est plus difficile ». Le problème n’est pas tant qu’il se reconnaisse lui-même comme pro-choice, mais tient à ce que la plupart des arguments pro-life sont faciles à réfuter selon une logique strictement libertarienne. Il faut alors que les uns et les autres acceptent de passer un compromis. C’est ainsi qu’il explicite ce qui a tout l’air d’un subterfuge : « Nous devrions décentraliser radicalement les décisions politiques et judiciaires dans ce pays ; nous devrions mettre fin au despotisme de la Cour suprême et du système judiciaire fédéral ; et ramener les décisions politiques aux niveaux étatique et local ». « En d’autres termes, explique Perrier, en renvoyant la question de la légalité de l’avortement à l’échelon local, on désamorce une querelle qui pourrait être un obstacle majeur à l’alliance entre les anarcho-capitalistes et la droite chrétienne. » Comment mieux dire que la stratégie de fusion avec la droite religieuse prend ici clairement le pas sur la cohérence idéologique, et que dans le combat contre l’hydre étatiste, l’alliance avec la droite la plus conservatrice et la plus illibérale en matière culturelle est une tactique d’autant plus assumée qu’elle paraît indispensable, aux yeux de ses instigateurs, à une conquête des masses populaires.
Il s’agit désormais, ni plus ni moins, d’opérer une « révolution populiste par la base » (celle « des hommes blancs d’ascendance européenne »), contre « les élites dirigeantes égalitaristes, collectivistes et internationalistes », ce qui suppose de « se concentrer sur leurs doléances et leurs préoccupations » en s’appropriant leurs revendications : « des impôts élevés, trop de régulation gouvernementale (y compris la victimologie, les politiques de discrimination positive, l’environnementalisme antihumain) ; le système de protection sociale et l’État-providence ; la violence criminelle », sans oublier, bien entendu, « l’immigration par des hordes d’étrangers non assimilés à la culture américaine », ou encore « l’attaque du sécularisme contre la religion chrétienne. Comment mieux dire que ce sont bien les nécessités de cette coalition populiste et de la propagande propre à la souder qui l’emportent désormais clairement sur la cohérence des idées de liberté », conclut Perrier.

2. ARTICLE – Qu’est-ce que le libertarianisme ?
PolitiqueSuivre ce thèmeLe libertarianisme, un néologisme inventé par Joseph Déjacque. © Getty Images
Alors que les élections présidentielles américaines auront lieu le mardi 5 novembre 2024, d’autres partis que celui de Kamala Harris ou de Donald Trump sont également dans la course au pouvoir. Au pays de l’Oncle Sam, on retrouve l’homme politique Chase Oliver comme candidat du parti libertarien. Mais c’est quoi au juste le libertarianisme ?
KAHINA BOUDJIDJ Publié le 28/10/2024 GEO
On compte Elon Musk, le patron de X, ancien Twitter, parmi les figures contemporaines qui incarnent les libertariens mais aussi Javier Milei, le président de l’Argentine, élu en 2023 à la tête du pays, et qui se qualifie lui-même de « premier président libertarien de l’Histoire ».
D’autres élections présidentielles approchent à grand pas puisque la course à la présidence américaine connaîtra son issue le 5 novembre 2024. Outre Kamala Harris et Donald Trump, d’autres candidats tentent de faire entendre leur voix comme Chase Oliver du parti libertarien. Ce dernier plaide, entre autres, pour une réforme du système judiciaire, pour la protection des droits civils, la légalisation du cannabis, la réduction des impôts ainsi que la déréglementation économique.
Qui a inventé le libertarianisme ?
C’est un néologisme inventé par le militant et écrivain anarchiste français Joseph Déjacque. Le journaliste a créé ce mot au XIXème siècle en opposition au terme « libéral ». C’est en 1847 qu’il commence à s’intéresser aux idées socialistes, avant de composer des poèmes dans lesquels il appelle tout bonnement à la destruction de toute autorité par la violence.
L’idée de ce concept n’est pourtant pas nouvelle puisqu’elle trouve ses racines chez les penseurs des Lumières, comme John Locke (1632-1704), dont les idées sont l’une des sources de la Révolution française. Pour lui, l’Etat est le « fruit » d’un contrat social noué pour protéger la liberté d’expression et le droit de propriété, ni plus, ni moins. Si le contrat est rompu, il est donc légitime de se révolter.
La solution pour ne pas en arriver là ? Restreindre les pouvoirs de l’Etat. C’est surtout dans les années 1950 que le terme « libertarianisme » a été popularisé par des intellectuels comme Murray Rothbard (1926-1995), un économiste et philosophe politique américain connu pour être l’une des figures les plus influentes du libertarianisme moderne.
C’est quoi la gauche libertaire ?
Il existe également une gauche libertaire qui répond aussi au nom de socialisme libertaire ou d’anarchisme libertaire. C’est une branche du libertarianisme qui mélange les principes de liberté individuelle avec des valeurs de solidarité sociale et d’égalité économique.
La différence avec le libertarianisme de droite ? La gauche libertaire, elle, critique les structures économiques de pouvoir, comme le capitalisme et les grandes entreprises. A la place, elle propose des alternatives basées sur les coopératives, l’autogestion, la solidarité et la décentralisation du pouvoir. A termes, ses penseurs souhaitent une abolition de l’Etat et de la propriété privée.
Pierre-Joseph Proudhon, économiste, philosophe et sociologue français, mais aussi Noam Chomsky, linguiste américain reconnu pour son parcours d’intellectuel de tendance socialiste libertaire et anarchiste, sont des figures importantes de ce courant.
En quoi croient les libertariens ?
Le libertarianisme est une philosophie politique et un mouvement qui met l’accent sur la liberté individuelle, le libre marché et la limitation du pouvoir de l’État. Pour les adeptes de cette doctrine, les individus devraient être libres de mener leur vie comme ils le souhaitent, à partir du moment où ils ne portent pas atteinte aux droits des autres.
Le libertarianisme, c’est l’objectif d’une intervention minimale de l’État dans les affaires personnelles et économiques, afin de favoriser notamment l’auto-régulation. Les libertariens défendent également les libertés civiles, y compris la liberté d’expression, de religion et de mode de vie.
Un exemple de l’application de cette doctrine est le « Free State Project » (FSP), une initiative politique qui vise à encourager les libertariens à s’installer dans l’État du New Hampshire pour créer une société où les principes de liberté individuelle et de gouvernement limité sont au centre. Le but de ce projet, lancé en 2001 par Jason Sorens, étudiant en sciences politiques à l’université de Yale, est de concentrer suffisamment de libertariens dans un seul État américain pour avoir un impact significatif sur les politiques locales et étatiques
Qui sont les libertariens aux États-Unis ?
Aux États-Unis, le mouvement libertarien est représenté principalement par le Parti Libertarien, fondé en 1971 et porté aux élections présidentielles 2024 par Chase Oliver. Parmi les figures emblématiques du libertarianisme américain, on peut notamment citer Ron Paul, ancien membre du Congrès, mais aussi son fils, Rand Paul, sénateur du Kentucky.
On peut également mentionner des personnalités comme celles des économistes Milton Friedman et Thomas Sowell, qui sont certes associées à des pensées économiques conservatrices, mais qui ont également eu une influence sur le mouvement libertarien avec leurs idées sur le libre marché et la réduction de l’intervention de l’État.
Le Cato Institute, un think tank basé à Washington D.C., co-fondé par Murray Rothbard, est également un important relai de la voix libertarienne aux États-Unis. Son objectif est de faciliter la compréhension des politiques publiques fondées sur les principes de gouvernement limité, de marchés libres, de liberté individuelle et de paix.
Quelle est la différence entre un libertarien et un libéral ?
La distinction entre libertarien et libéral peut varier selon les contextes nationaux. Aux États-Unis, le terme « libéral » est souvent associé à des politiques progressistes et interventionnistes, favorisant un rôle plus actif de l’État dans la redistribution des richesses et la régulation économique. Un exemple de politique libérale aux États-Unis est l’Affordable Care Act, aussi connu sous le nom d’Obamacare.
Adoptée en 2010 sous la présidence de Barack Obama, comme son nom l’indique, cette loi a représenté une intervention importante de l’État dans le secteur de la santé, afin d’étendre la couverture d’assurance maladie à des millions d’Américains non assurés et sous-assurés. Les libertariens, eux, prônent le contraire puisqu’ils souhaitent une intervention minimale de l’État et mettent l’accent sur les libertés économiques et individuelles.
C’est quoi être libertaire ?
Enfin, être libertaire revient à adhérer à une philosophie politique qui met en avant la liberté individuelle au-dessus de tout. Les libertaires croient que les individus devraient être libres de prendre leurs propres décisions concernant leur vie personnelle et économique, sans interférence de l’État. Ils considèrent que « la propriété, c’est le vol » puisqu’elle représenterait, pour eux, la spoliation de ceux qui n’y ont pas accès. Contrairement aux Libertariens, ils sont contre la possibilité d’accumuler, d’accaparer, ou de monopoliser et rejettent donc tout système qui serait fondé sur des inégalités sociales.