
MISE À JOUR
« Conclave sur les retraites : un bricolage à la marge »
TITRE L’OPINION ( le 18 juin 2025 Nicolas Beytout ) SUI POURSUIT :
Les partenaires sociaux ont décidément bon dos. Après avoir été regardés comme des empêcheurs de gouverner par un Emmanuel Macron pressé de faire passer ses réformes du premier quinquennat, les voici considérés comme le remède miracle pour donner au gouvernement Bayrou son passeport de longévité.
Malheureusement pour les syndicats et le patronat, cette option, chatoyante à priori, ne vaut pas mieux que la misérable précédente.
Portés au pinacle par le Premier ministre après avoir été longtemps tenus pour quantité négligeable par le chef de l’Etat, les partenaires sociaux se sont en réalité retrouvés investis d’une mission qui les dépasse totalement : trouver, sur la réforme des retraites, un accord social qui consolide l’assise politique de François Bayrou, en particulier vis-à-vis du Parti socialiste. Le cadre strict qui avait été fixé (l’équilibre du régime des retraites en 2030) ajouté aux lignes rouges contradictoires qu’édictaient le patronat et les syndicats, rendait illusoire le rêve d’un grand accord.
Et puisque le patronat, en responsabilité, refusait évidemment de toucher à l’âge légal de 64 ans, le conclave avec les syndicats ne pouvait que dériver vers un bricolage à la marge, sur la retraite hachée des femmes ou les carrières longues, tous sujets importants, certes, mais qui relèvent davantage d’un deal technique que d’un raout médiatique.
Naturellement, les bien-pensants applaudiront à cette revitalisation de la démocratie sociale, bien qu’elle ait renoncé à résoudre l’équation budgétaire. Et bien entendu, les optimistes souligneront la sanctuarisation des 64 ans, sans voir que le patinage du conclave risque au contraire d’avoir l’effet inverse dans l’opinion publique.
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ARTICLE – Avant la fin du conclave sur les retraites, l’ultime concession de Bayrou laisse les syndicats sceptiques
Le Premier ministre a soumis l’idée d’une « prime » pour maintenir les seniors en emploi. Espérant que cette trouvaille aide les partenaires sociaux à tomber d’accord.
Par Marceau Taburet HUFFPOST
François Bayrou a trouvé sa carotte. Pour accélérer la fin des travaux du conclave, dont la dernière réunion doit normalement se tenir ce mardi 17 juin, le Premier ministre a proposé aux syndicats et au patronat la mise en place d’une « prime » pour les salariés seniors qui « décident de rester au travail ». L’idée étant de leur verser une partie de leur retraite en plus de leur salaire.
Mais cette ruse, brandie au dernier moment par Matignon pour sauver la peau d’un conciliabule qui a du plomb dans l’aile, ne satisfait pas du tout les syndicats. Se disant « sceptique », la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon observe sur RTL que cette proposition « arrive un peu tard »et qu’elle « n’est pas chiffrée ». Ajoutant : « Je ne suis pas sûre que ça soit le problème du régime des retraites. »
« C’est complètement à côté du sujet », attaque de son côté la numéro 1 de la CGT Sophie Binet, qui avait claqué la porte du conclave mi-mars, mécontente du refus du gouvernement de discuter de la mesure d’âge. Sur franceinfo, elle a détaillé son opposition à la mise en place d’une « prime » telle que proposée par François Bayrou : « C’est faire comme s’il y avait des salariés seniors qui choisissaient de partir avant l’âge légal de départ en retraite. C’est faux. Le problème c’est que les seniors se font licencier par dizaines de milliers à partir de 55, voire de 50 ans ». « La solution est à chercher du côté de sanctions en direction des entreprises », estime Sophie Binet.
« Deal sur la pénibilité »
Quant à la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), son président Amir Reza-Tofighi note que l’idée du Premier ministre « ne permettra pas d’avoir un accord avec les syndicats ». « Pour moi, il faut vraiment qu’on trouve un “deal” sur la pénibilité », juge-t-il sur RMC. Avant d’ajouter : « Tout ce qui permet de travailler plus longtemps est bien, mais aujourd’hui, ce n’est pas là le sujet ».
Pour l’heure, le stratagème du Premier ministre pour faire avaler l’accord sur le conclave aux organisations syndicales ne semble pas fonctionner. C’est pourtant sa crédibilité qui est en jeu : en janvier, il avait lancé ce conclave dans l’espoir d’échapper à une censure du Parti socialiste. Cette menace n’a, aujourd’hui, pour autant pas disparu.