
PAS DE TABOUS FACE AU CHOC DE LA DETTE ?
RENCONTRES ÉCONOMIQUES
S’il est un vrai choc des réalités, c’est bien celui de la dette souveraine de la France. Choc des réalités que doivent affronter tous les présidents de la République depuis plusieurs décennies. Bis repetita… cette fois, c’est l’Insee qui l’affirme : malgré les efforts annoncés par le gouvernement, la dette de la France continue de progresser depuis le début de l’année.
À la fin du premier trimestre, notre dette publique atteignait précisément 3 346 milliards d’euros, soit 114% du PIB, une augmentation de près de 41 milliards d’euros par rapport à décembre 2024. Ces chiffres, dévoilés jeudi 26 juin par l’Insee, tombent au moment où Matignon prépare le budget 2026, et que la gauche menace d’une motion de censure à l’Assemblée nationale après l’échec des négociations sur les retraites.
Hasard du calendrier, le gouvernement a annoncé le même jour un coup de frein supplémentaire de cinq milliards d’euros sur les dépenses publiques « dès cet été », pour tenir l’objectif d’un déficit public de 5,4% cette année, en explorant « toutes les pistes sans tabous », souligne Bercy.
Dette publique : la fin de l’État providence ?
Face à l’augmentation continue du taux d’endettement public et aux difficultés de réduire le déficit budgétaire dans un contexte où les besoins de dépenses sont massifs (transition climatique et réarmement), les débats sont nombreux. Entre les approches comptables ou les approches conflictuelles intergénérationnelles, une autre démarche consiste à s’interroger sur la pérennité de la générosité du système de protection sociale à la française. L’État peut-il faire face à toutes les dépenses requises pour améliorer le système de santé, l’éducation, le logement, tout en menant une politique de redistribution permettant une réduction importante des inégalités ?
Seuls deux leviers sont potentiellement efficaces : l’augmentation du taux d’emploi, voire du nombre d’heures travaillées (mais comment en convaincre les électeurs dans un environnement de montée des populismes ?) et l’augmentation de la productivité (mais comment convaincre les gouvernements que les dépenses en capital humain, en innovation et recherche ne doivent pas être sacrifiées sur l’autel d’une réduction à court terme du déficit budgétaire ?).
Quelles sont les priorités d’une politique budgétaire ? Quel système fiscal ? Tenter de répondre à de telles questions c’est ne pas oublier le principe fondamental des finances publiques : la non-affectation des recettes aux dépenses… Créer un impôt (ou une taxe) spécifique à chaque nouvelle dépense ne contribue qu’à augmenter le poids de l’État dans l’activité économique sans s’interroger sur son efficacité.