
1. ARTICLE – 3.345,8 MILLIARDS D’EUROS: LA DETTE PUBLIQUE DE LA FRANCE A ENCORE ENFLÉ DE PLUS DE 40 MILLIARDS D’EUROS
BFM – Le gouvernement compte réduire les dépenses publiques de 40 milliards d’euros cette année.
La dette publique augmente et atteint 3.345,8 milliards d’euros au premier trimestre 2025, annonce l’Insee ce jeudi 26 mai. Elle s’établit à 114% du produit intérieur brut (PIB), soit une augmentation de 40,5 milliards d’euros par rapport au trimestre précédent.
La dette avait augmenté de 3,8 milliards d’euros au quatrième trimestre 2024 et atteint 3.305,3 milliards d’euros en s’établissant à 113,2% du PIB, selon l’Institut national de la statistique.
Dans le détail, la dette de l’Etat grimpe (+ 36,7 milliards d’euros), comme celle des administrations de sécurité sociale (+ 3,3 milliards d’euros) et celle des administrations publiques locales (600 millions d’euros).
« Les régions s’endettent (2 milliards d’euros), de même que les organismes divers d’administration locale (800 millions d’euros au total). À l’inverse, la dette des communes diminue (-1,6 Md€), comme celle des départements (-0,6 Md€) », précise l’Insee.
Le gouvernement a prévu un effort budgétaire d’une cinquantaine de milliards d’euros cette année, qu’il compte poursuivre à hauteur de 40 milliards en 2026 dans un contexte contraint par la volonté de la France de se réarmer et la hausse du coût de la dette, en voie de devenir le premier poste de dépense.
Une feuille de route a été promise par le Premier ministre François Bayrou à la mi-juillet, avant la présentation du projet de budget dont l’examen parlementaire à l’automne s’annonce périlleux pour la survie du gouvernement.
« Vu la situation budgétaire calamiteuse, le budget de 2026 implique des mesures d’austérité impopulaires, rendant son adoption aussi difficile, sinon plus, que celui de 2025 », commente Bruno Cavalier, chef économiste d’Oddo BHF, dans une note.
Coupes dans les dépenses
Le gouvernement souhaite en priorité maîtriser les dépenses publiques, en évitant une augmentation d’impôts, en répartissant l’effort entre Etat, Sécurité sociale et collectivités locales.
« Toutes les pistes sont étudiées, sans tabou », a affirmé sa porte-parole Sophie Primas, mercredi sur franceinfo, y compris celle d’une « année blanche » – un gel des dépenses qui seraient reconduites sans tenir compte de l’inflation.
Comme ils l’avaient fait en début d’année pour permettre l’adoption du budget 2025, les ministres de l’Economie, Eric Lombard, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, recevront tous les groupes politiques à Bercy avant le 11 juillet.
A cette situation française difficile s’ajoute la forte incertitude internationale liée notamment à la hausse des droits de douane américains ou aux tensions au Proche-Orient, qui pèse sur la croissance.
L’Insee et la Banque de France l’attendent à 0,6% en 2025, et le gouvernement à 0,7%, un fort ralentissement par rapport à 2024 (1,1%).
Amélie de Montchalin a promis mercredi de communiquer « en toute transparence » sur la situation des finances publiques lors du « comité d’alerte » réunissant pour la deuxième fois depuis avril parlementaires, élus locaux et partenaires sociaux. Elle a assuré qu’il n’y aurait pas de « plongeon » des recettes comme celui qui avait contribué à creuser le déficit en 2023 et 2024.
Mais l’Association des maires de France (AMF) y voit « un nouvel exercice de communication » plutôt qu’une « véritable réunion de travail ».
2. ARTICLE / L’explosion de la dette publique française expliquée en quatre infographies
Par Horia Mustafa Douine. LE FIGARO
INFOGRAPHIES – À la fin du premier trimestre 2025, la dette publique française s’établit à 3345,8 milliards d’euros, soit 114% du PIB.
SOMMAIRE
- Une dette en constante augmentation
- Un budget en déséquilibre depuis 50 ans
- La France rappelée à l’ordre par les agences
Au premier trimestre 2025, la dette publique au sens du traité de Maastricht – norme de référence dans l’Union européenne – s’élève à 3345,8 milliards d’euros, en hausse de 40,5 milliards par rapport au trimestre précédent. En pourcentage du PIB, elle représente désormais 114%, dépassant une nouvelle fois la barre symbolique des 100%. Son montant est donc bien supérieur à la richesse économique du pays. Ce seuil critique rappelle combien la promesse de maintenir la dette publique sous les 60% du PIB, posée lors des accords de Maastricht, est désormais lointaine. Avec une dette près de deux fois supérieure à cette limite, la France fait partie des pays les plus endettés de la zone euro, devancée seulement la Grèce (153,6%) et l’Italie (135,3%).
Une dette en constante augmentation
Depuis des décennies, la dette publique française suit une trajectoire ascendante quasi ininterrompue. Portée par des crises successives et des déficits structurels, elle s’est alourdie de manière spectaculaire, traversant les quinquennats sans réelle inflexion durable. La barre des 1000 milliards de dette est atteinte en 2003, elle représente alors 64% du PIB. Celle des 2000 milliards est atteinte dix ans plus tard – 95% du PIB. Et celle des 3000 milliards, début 2023, soit 112% du PIB.
La dette publique désigne l’ensemble des emprunts contractés par les administrations publiques qui ne sont pas encore remboursés. l’État en porte l’écrasante majorité. Dans le détail, l’État cumule 2 723,7 milliards d’euros de dettes, soit 81% de l’ensemble de la dette publique. En y ajoutant les organismes divers d’administration centrale (ODAC), tels que les universités ou les musées, qui affichent 69,7 milliards d’euros d’endettement, la part de l’administration centrale grimpe à 84% du total au premier trimestre 2025.
Les autres composantes du secteur public pèsent beaucoup moins lourd dans la balance. Les administrations publiques locales – collectivités territoriales, établissements publics locaux, chambres consulaires – représentent 262,5 milliards d’euros, soit 8% de la dette. Quant aux administrations de Sécurité sociale, comprenant les régimes de retraite, l’assurance chômage et les hôpitaux publics, elles totalisent 289,9 milliards d’euros, équivalant à 9% du montant global.
Un budget en déséquilibre depuis 50 ans
La dette française trouve en grande partie son origine dans un déséquilibre budgétaire persistant : depuis 50 ans, les dépenses de l’État excèdent systématiquement ses recettes. Entre 1973 et 2024, les dépenses publiques sont passées de 40,9% à 57% du PIB, un niveau bien supérieur à la moyenne observée chez nos voisins européens. L’an dernier, la France a dépensé 1670 milliards d’euros pour des recettes de seulement 1500 milliards. Résultat : un déficit de près de 170 milliards d’euros, l’un des plus élevés jamais enregistrés, en dehors de celui de 2020 provoqué par la crise sanitaire du Covid-19.
L’envolée de la dette a une conséquence directe : l’augmentation de la charge de la dette, c’est-à-dire le montant des intérêts que l’État doit verser à ses créanciers. Avec une dette publique dépassant les 3300 milliards d’euros, la France pourrait bientôt consacrer davantage de ressources au remboursement de ses créanciers qu’au service de ses citoyens.
La charge de la dette, qui s’élève déjà à près de 59 milliards d’euros, continue de croître sous l’effet de son propre poids. Elle atteindra 67 milliards d’euros en 2025, un niveau historiquement élevé. Ce poste budgétaire a désormais dépassé celui de la Défense et se rapproche dangereusement de celui de l’Éducation nationale. Exprimée en pourcentage du PIB, la charge de la dette représentait 3,25% en 2023 et devrait franchir les 5% d’ici 2027.
La France rappelée à l’ordre par les agences
Face à cette trajectoire inquiétante, les agences de notation ont commencé à réagir. La France avait vu sa note dégradée en 2023 par Fitch et en 2024 par Standard & Poor’s. Elles lui attribuent actuellement une note de « AA-« , sur une échelle d’une vingtaine de crans allant de « AAA », la meilleure note possible, à « D », synonyme de défaut de paiement. Même verdict chez Moody’s, l’agence de notation américaine a abaissé la note française en décembre dernier, passée de Aa2 à Aa3, l’équivalent d’un 17/20. Les agences pointent notamment l’instabilité de la politique économique et l’absence de trajectoire claire pour réduire l’endettement.