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NOUVEL – ET BIEN VAIN ? – AVERTISSEMENT SOLENNEL DE LA COUR DES COMPTES

« La France plus que jamais sous la menace des créanciers, alerte la Cour des comptes »

TITRE LE FIGARO ( Par  Julie Ruiz ) QUI POURSUIT :

– L’institution conjure le gouvernement de « crédibiliser d’urgence » l’effort budgétaire qu’il compte mettre en œuvre l’an prochain.

En pleine canicule, la Cour des comptes alerte sur un « effet boule de neige » qui pourrait ensevelir les comptes publics. Dans son rapport sur la situation des finances publiques, publié ce mercredi, l’institution tire la sonnette d’alarme comme rarement. La première phrase du volumineux document annonce la tonalité : « La France vient de traverser deux années noires en matière de finances publiques », tranchent les experts, qui s’inquiètent d’autant plus que ces années ne peuvent pas être mises sur le compte d’un choc économique majeur.

Elles sont le fruit, au contraire, de « l’incapacité à maîtriser la dynamique de la dépense et encore plus encore à engager des efforts d’économies pérennes », condamne la cour. Résultat : cette dérive a doublé l’effort nécessaire pour parvenir à ramener le déficit sous les 3 % du PIB. Désormais, le gouvernement devra fournir 105 milliards d’euros d’économies d’ici à 2029 pour passer sous cette barre symbolique, alors que 50 milliards…

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1. ARTICLE – Budget : la Cour des comptes exhorte le gouvernement à ne plus reporter les « efforts »

Pour réduire sa dette, la France doit non seulement limiter son déficit public, mais dégager au plus vite un excédent, selon un nouveau rapport qui note que « toute année perdue supplémentaire impliquerait des efforts futurs plus importants et douloureux ». 

Par Denis Cosnard LE MONDE 02 07 25

Face à la dette, ce n’est vraiment pas le moment de flancher. Tel est, en résumé, l’encouragement adressé avec vigueur par la Cour des comptes à François Bayrou, dans un rapport publié mercredi 2 juillet. « Le report des efforts n’est plus possible », y martèle l’institution indépendante présidée par Pierre Moscovici, chiffres inquiétants à l’appui.

Ce message de fermeté intervient à un moment critique, celui des grands arbitrages sur le prochain budget. Le premier ministre a promis de présenter autour du 15 juillet un grand plan de redressement des finances publiques. Mais il n’a rien dévoilé de ses intentions, et le doute s’instille. Il n’est plus question du référendum sur le sujet qu’il avait évoqué le 3 mai dans Le Journal du dimanche et qui devait donner de la puissance à son projet. « Par l’ampleur qui doit être la sienne », ce plan « ne peut réussir si le peuple français ne le soutient pas », affirmait-il alors. Les réticences d’Emmanuel Macron semblent avoir eu raison de cette hypothèse. La grande opération de communication appelée « Notre nation, nos finances », qui était prévue au printemps pour faire prendre conscience aux Français de l’urgence à agir, n’a pas non plus

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2. ARTICLE – Dette : la Cour des comptes met en garde contre l’effet boule de neige

Le retour des comptes à l’équilibre est impératif et urgent, rappellent les magistrats de la Cour des comptes. Le gouvernement n’a pas étayé sa promesse de réduire fortement le déficit. Tout grain de sable pourrait faire dérailler la machine.

Par Sébastien Dumoulin LES ÉCHOS 2 juil. 2025

A force de le répéter, peut-être finiront-ils par être entendus. Les magistrats de la Cour des comptes ont à nouveau mis en garde ce mercredi contre la dérive des comptes publics français. Les sages de la rue Cambon ont dévoilé leur « rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques ». Et pour le dire vite, la situation est mauvaise, les perspectives inquiétantes.

Commençons par la situation actuelle. Après « deux années noires » au cours desquelles la France a laissé dériver ses comptes sans raison valable, estime la Cour, le gouvernement s’est engagé à redresser la barre.

« Enfin », semblent indiquer les magistrats, très critiques devant l’incapacité de l’exécutif à maîtriser la dépense publique. Si les ministères se sont serré la ceinture l’an dernier, l’envolée des dépenses sociales (notamment des frais de santé et des retraites, du fait de l’indexation sur l’inflation) et celle des collectivités locales expliquent – bien davantage qu’un problème de recettes – le creusement du déficit.

Risque d’emballement

Celui-ci a atteint 5,8 % du PIB en 2024 – soit environ 170 milliards d’euros de dette supplémentaire à financer. Bilan, la France est aujourd’hui la lanterne rouge de la zone euro. « Parmi les cinq autres principales économies de la zone euro, seule la Belgique affiche un déficit encore très éloigné de l’objectif de 3 % du PIB, ce dernier étant cependant inférieur de 1,3 point à celui de la France », souligne la Cour.

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« Il faut des efforts maintenant, pour éviter l’austérité demain. Ce n’est pas une punchline, c’est la vérité », assène Pierre Moscovici, son Premier président.

Le risque, bien identifié par le rapport, est celui d’un emballement – c’est-à-dire d’une situation où l’augmentation de la dette se traduise par une hausse massive de la charge d’intérêts qui elle-même viendrait alourdir la dette, etc. Un « effet boule de neige » qui ne relève pas de la science-fiction.

Les magistrats financiers ont simulé plusieurs scénarios alternatifs, dans lesquels la croissance est moindre que ce que prévoit le gouvernement, la dépense publique ne reflue pas comme indiqué… Et à chaque fois, cela se traduit par l’impossibilité de stabiliser la dette « avec à la clé un risque d’emballement ».

« Le report des efforts n’est plus possible », prévient le rapport, qui souligne que « la charge de la dette publique a déjà doublé entre 2020 et 2024 et devrait devenir le premier poste de dépense de l’Etat d’ici à la fin de la décennie, devant l’Education nationale et la défense ».

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a mis en garde elle-même mercredi matin sur cet effet boule de neige, soulignant sur RTL que la charge de la dette va passer de 60 milliards d’euros aujourd’hui à 100 milliards en 2029. « Ce sont ces 40 milliards en plus qui m’obsèdent », a-t-elle lancé, en faisant le parallèle avec le plan de réduction du déficit à 40 milliards attendu pour la mi-juillet.

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Toute nouvelle année de procrastination, ajoute la Cour, exposerait la France « à devoir procéder dans l’urgence à des ajustements brutaux et préjudiciables au potentiel de croissance et à la cohésion sociale ». Autrement dit à des coupes sombres et des explosions de colère.

Ce discours n’est pas très différent de celui que tient le Premier ministre. Depuis sa nomination, François Bayrou a mis le sujet des finances publiques en tête de son agenda. Il a promis de faire revenir le déficit à 5,4 % cette année, puis 4,6 % en 2026 et sous la barre des 3 % en 2029.

Une trajectoire très hypothétique

Mais l’hôte de Matignon est resté globalement muet sur la façon d’y parvenir, regrette la Cour des comptes. François Bayrou a indiqué qu’il donnerait les grandes lignes de son projet pluriannuel de redressement dans quinze jours. Les magistrats le pressent de dévoiler ses cartes pour « crédibiliser » une trajectoire encore très hypothétique.

En effet, sa promesse de ramener le déficit à 5,4 % cette année repose surtout sur des hausses d’impôts, en partie temporaires, pointe la Cour. Or, ces prévisions de recettes nouvelles sont incertaines au vu du ralentissement de l’économie, relèvent les magistrats. Ces derniers craignent que le gouvernement ait déjà fait une croix sur la « marge de prudence » prévue dans le budget voté en février dernier.

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Certes, Bercy ne reste pas les bras croisés. Pour s’assurer d’atteindre sa cible, il a déjà donné deux tours de vis sur les dépenses de l’Etat(3 milliards d’euros de crédits annulés fin avril, et 2,7 milliards supplémentaires gelés fin juin) et annoncé des mesures d’économies pour 1,7 milliard d’euros dans les dépenses de santé.

Mais atteindre la cible supposera aussi un ralentissement des dépenses des collectivités locales « loin d’être acquis », selon la Cour, faute de mécanisme incitatif ou coercitif pour s’en assurer – et des économies sur la sphère sociale « encore hypothétiques ».

Bref, rien n’est gagné pour 2025. Et la suite est également loin d’être écrite. « Au-delà d’hypothèses de croissance encore optimistes, aucune précision n’est donnée sur la nature des efforts sous-jacents, ni même sur leur répartition entre économies et hausses d’impôts », regrette le rapport. Un « silence sur les choix budgétaires et fiscaux » qu’il faut lever au plus vite. Un avertissement qui fait monter la pression, à quelques jours des annonces de l’exécutif.

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