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LE FÉDÉRALISME, LA SOLUTION POUR UNE DÉMOCRATIE EN DANGER ? POINT DE VUE

ARTICLE – Frédéric Masquelier : « Le fédéralisme n’est ni une utopie ni un luxe, c’est une urgence politique »

Par  Frédéric Masquelier  04/07/2025 MARIANNE

Frédéric Masquelier, maire LR de Saint-Raphaël (Var), organise ce 4 juillet dans sa ville un débat sur le fédéralisme. L’occasion pour lui d’exposer sa vision d’une France décentralisée, ce qu’il estime être une solution démocratique et libérale.

Il y a des sujets qu’aucun responsable n’ose aborder. Des idées frappées d’illégitimité, non parce qu’elles seraient folles, mais parce qu’elles bousculeraient trop d’intérêts établis. Le fédéralisme est de ceux-là. En France, on le regarde comme un mot suspect, comme une atteinte à l’unité de la République. Pourtant, ailleurs, il est synonyme de vitalité démocratique, d’efficacité institutionnelle et de respect des territoires.

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L’État français souffre. Déserté par ses propres citoyens, miné par une administration aussi omniprésente qu’impuissante, il semble incapable de répondre aux défis de notre temps. La défiance est devenue la norme. Le lien entre la République et ses enfants se délite. Et pendant que les élites tergiversent, les territoires s’enfoncent, les colères grondent, et les fractures s’ouvrent.

OUVRIR LE DÉBAT

Face à cette impasse, une idée mérite d’être posée sur la table, à voix haute : celle d’un fédéralisme à la française. Non pas un démantèlement de l’État, mais une refondation. Une redistribution des responsabilités, une respiration démocratique. Pourquoi l’Allemagne, les États-Unis, le Canada ou même la Suisse réussissent-ils mieux à conjuguer unité et diversité, cohésion nationale et autonomie locale ?

C’est pour ouvrir ce débat interdit qu’à la date symbolique du 4 juillet sont réunis à Saint-Raphaël une quinzaine de personnalités engagées dans la vie réelle du pays : Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, Jean-Vincent Chantreau pour les pêcheurs artisans, Alexandre Jardinpour la parole citoyenne, Gilles Siméoni pour l’expérience corse, et bien d’autres. Élus, intellectuels, entrepreneurs, associatifs : tous sont appelés à réfléchir avec le public à ce que pourrait être une République véritablement déconcentrée, pleinement décentralisée, puissamment enracinée.

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Car il faut oser l’affirmer : le jacobinisme n’est pas une fatalité. La centralisation n’a pas toujours été la règle. La France des provinces, des langues, des identités locales a existé bien avant celle des préfectures et des circulaires. Ce modèle centralisé n’est qu’un moment de notre histoire, pas une fin en soi. Il a produit son lot d’exploits, mais aujourd’hui, il atteint ses limites.

EN FINIR AVEC LA VERTICALITÉ

La bureaucratie étouffe. L’État s’épuise. Il faut refonder, non bricoler. Sortir du fétichisme de la simplification administrative pour penser une transformation en profondeur. L’État doit redevenir stratège, concentré sur ses missions régaliennes : sécurité, justice, défense. Le reste doit être rendu aux territoires, aux communes, aux régions. C’est une exigence démocratique autant qu’une nécessité de survie.

On nous dira que c’est impossible. Que Paris sait mieux. Mais cette prétention à l’omniscience est précisément ce qui ruine notre action publique. De Gaulle lui-même avait tenté de briser cette verticalité par son référendum de 1969, et Mitterrand, avec les lois Defferre, avait cru ouvrir une brèche. Las, l’administration a repris la main, comme toujours, par l’arme de la déconcentration.

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Il est temps de faire confiance aux citoyens. La société numérique ne doit pas être l’alliée d’un centralisme algorithmique, mais l’outil d’une démocratie de proximité, plus agile, plus réactive. Refonder l’État, ce n’est pas le détruire. C’est le sauver. Le fédéralisme n’est ni une utopie ni un luxe. C’est une urgence politique. Une solution libérale et démocratique. Un pari sur l’intelligence des territoires. Alexis de Tocqueville l’avait pressenti : « C’est dans la commune que réside la force des peuples libres. » Ce qu’il appelait de ses vœux, il est temps de le réaliser.

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