
« Pourquoi que je vis » de Boris Vian, la force de la déclamation
Jeudi 19 juin 2025OUVRIR DANS L’APPLICATION
Gaël Faye a découvert « Pourquoi je vis » grâce à la voix de Jean-Louis Trintignant, un remarquable passeur de poésie qui a su insuffler au texte une espièglerie mêlée de profondeur. Pour lui, la lecture de ce poème de Boris Vian reste indissociable de cette interprétation.
Avec
- Gaël Faye, chanteur, poète et romancier français
Gaël Faye a choisi ce poème de Boris Vian pour « L’Instant poésie » après l’avoir découvert lors d’un spectacle de Jean-Louis Trintignant. La force de la déclamation, sa voix mêlant espièglerie et profondeur, a profondément marqué son écoute.
Pour lui, « Pourquoi que je vis » est étroitement lié à Jean-Louis Trintignant, qui a su faire voyager la poésie des autres avec une grande justesse. Tous les poètes ne maîtrisent pas l’art de la déclamation, et Trintignant reste, à ses yeux, l’un des plus grands passeurs de poésie.
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À écouter

Lectures d’actuLECTURE
5 min
« Parce que c’est joli »
Le poème « Pourquoi je vis » de Boris Vian a été écrit entre 1951 et 1953, dans les dernières années de la vie de l’auteur, marqué à cette époque par une santé fragile, un certain désenchantement, mais aussi une volonté de liberté artistique. Il est publié à titre posthume en 1962 dans le recueil Je voudrais pas crever (Jean-Jacques Pauvert, 1962), qui rassemble 23 poèmes plus personnels, introspectifs et existentiels que ses textes antérieurs. Ce recueil révèle un Vian intime, loin de la provocation qui lui est souvent associée.
Dans « Pourquoi je vis », Boris Vian explore, dans une forme simple et rythmée, les raisons d’exister malgré la douleur, l’absurdité et la peur de mourir. L’écriture, volontairement dépouillée, reflète une recherche de sincérité. Le ton est parfois ironique, mais toujours tendu vers un désir de sens.
Le poème est lu par Grétel Delattre.
Boris Vian, « Pourquoi je vis »
Pourquoi que je vis
Pourquoi que je vis
Pour la jambe jaune
D’une femme blonde
Appuyée au mur
Sous le plein soleil
Pour la voile ronde
D’un pointu du port
Pour l’ombre des stores
Le café glacé
Qu’on boit dans un tube
Pour toucher le sable
Voir le fond de l’eau
Qui devient si bleu
Qui descend si bas
Avec les poissons
Les calmes poissons
Ils paissent le fond
Volent au-dessus
Des algues cheveux
Comme zoizeaux lents
Comme zoizeaux bleus
Pourquoi que je vis
Parce que c’est joli.
Extrait du recueil Je voudrais pas crever, publié à titre posthume en 1962 aux Éditions Pauvert. Le poème a été écrit entre 1951 et 1953.
À écouter

À voix nueLECTURE
28 min
Une collection conçue par Camille Renard
Avec la collaboration de Emmanuelle Chevrière, Mary Simon, Roxanne Natta
Réalisation : Volodia Serre
Assistante à la réalisation : Sophie Pierre
Prise de son, montage et mixage : Bruno Mourlan, Titouan Oheix
Documentation musicale et archives : Volodia Serre, Antoine Vuilloz
Carte blanche graphique : L’illustrateur Yvan Alagbé accompagne d’une création originale chaque poème, diffusée sur le site et les réseaux sociaux de France Culture.
Les poèmes sont lus par Marie-Sohna Condé, Grétel Delattre, Lucien Jean-Baptiste, Gaël Kamilindi, William Nadylam, Mathias Zakhar.
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