
1. ARTICLE / En Iran, le gouvernement intensifie sa campagne de répression, et les exécutions se multiplient
Des photos diffusées sur les réseaux sociaux de Mehdi Hassani et Behrouz Ehsani, pendus par les autorités iraniennes, le 25 juillet 2025. AMNESTY INTERNATIONAL
Six cent douze hommes et femmes ont été tués au cours du premier semestre 2025, selon le Bureau des droits de l’homme des Nations unies, soit deux fois plus qu’à la même période en 2024.
La mort de Mehdi Hassani et Behrouz Ehsani, pendus, vendredi 25 juillet, par les autorités iraniennes, augmente de deux noms et prénoms la liste des condamnés et exécutés en Iran.
Mehdi Hassani, 48 ans, avait été arrêté le 11 septembre 2022 ;
Behrouz Ehsani, 69 ans, avait, lui, été arrêté le 6 décembre 2022.
Les deux hommes ont été condamnés à mort en janvier pour « rébellion armée », « inimitié envers Dieu » et « corruption sur Terre », en lien avec leur appartenance supposée à l’organisation d’opposition des Moudjahidin du peuple (MeK). La sentence a été prononcée au terme d’un procès qui a duré cinq minutes et au cours duquel ils n’ont pas été autorisés à se défendre. Ils étaient privés d’accès à leurs avocats depuis deux ans.
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Ces deux exécutions portent à au moins 612 hommes et femmes le nombre de personnes qui ont été tuées au cours du premier semestre, selon le Bureau du conseil des droits de l’homme des Nations unies. Soit deux fois plus qu’à la même période en 2024 (avec 297 exécutions). Au moins 48 personnes sont actuellement détenues dans le couloir de la mort …
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Iran : 975 exécutions, une «escalade effroyable» du recours à la peine de mort en 2024, selon un rapport
Europe 1avec AFP // le 20 février 2025 .
Deux ONG ont dénoncé dans un rapport l' »escalade effroyable » du recours à la peine de mort en Iran sur l’année 2024. Le rapport mentionne un « chiffre extrêmement choquant », avec 975 personnes exécutées l’année dernière. Le rythme des exécutions s’est également accéléré au second semestre, avec jusqu’à 5 à 6 pendaisons par jour.
Au moins 975 personnes ont été exécutées en Iran en 2024, une « escalade effroyable » du recours à la peine de mort comme moyen de « répression politique » par la République islamique, dénonce un rapport publié jeudi par deux ONG.
Ce chiffre « extrêmement choquant », le plus élevé depuis que ce recensement a commencé en 2008, est probablement sous-estimé, la grande majorité (90%) des exécutions n’étant pas rendues publiques, selon l’organisation iranienne Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, et l’ONG française Ensemble contre la peine de mort (ECPM) qui ont rassemblé de nombreux témoignages.
Jusqu’à 5 à 6 pendaisons par jour au second semestre 2024
Une quarantaine de cas présumés d’exécutions n’ont pu être inclus dans le rapport, faute d’avoir pu recouper suffisamment de sources, précisent ainsi ses auteurs. « Le peuple iranien (…) représente la plus grande menace pour le régime, et la peine de mort reste son outil le plus puissant de répression politique », s’alarme le directeur d’IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam, cité dans le document.
« Ces exécutions font partie de la guerre que mène la République islamique contre son propre peuple pour maintenir son emprise sur le pouvoir », ébranlé depuis les grandes manifestations populaires de 2022-2023 qui avaient entraîné une vague d’arrestations dans le pays, ajoute-t-il.
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Le rythme des exécutions s’est largement accéléré au second semestre 2024, avec jusqu’à 5 à 6 pendaisons par jour, les autorités de Téhéran « profitant » du fait que l’attention internationale était alors concentrée sur « les tensions croissantes entre l’Iran et Israël », a précisé M. Amiry-Moghaddam lors d’une conférence de presse à Paris jeudi.
Parmi les 975 personnes exécutées en 2024, une augmentation de 17% par rapport à 2023, 31 étaient des femmes, et 4 ont été pendues en public, selon le rapport. Plusieurs mineurs au moment des faits incriminés ont aussi subi la peine capitale. Ainsi, Mehdi Jahanpour, qui avait 16 ans lorsqu’il a été arrêté pour meurtre et a passé plusieurs années en prison, a été exécuté à l’âge de 22 ans, en septembre 2024.
« Si vous avez assez d’argent, vous pouvez échapper à la peine de mort »
Les personnes exécutées « appartiennent aux couches les plus marginalisées de la société » face à un « régime iranien extrêmement corrompu », a souligné le directeur d’IHR : « les pauvres sont pendus, mais si vous avez assez d’argent, vous pouvez échapper à la peine de mort ».
La peine de mort est un levier essentiel du système judiciaire iranien, basé sur l’application de la charia depuis la Révolution islamique de 1979. C’est le pays qui recourt le plus à la peine de mort chaque année après la Chine, selon Amnesty International.
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La plupart des exécutions en 2024 ont concerné des crimes liés à la drogue, des meurtres ou des viols, et les auteurs du rapport appellent en particulier les Nations unies à « stopper leur coopération avec le régime iranien » dans la lutte contre le trafic de drogue, argument ensuite utilisé par ce dernier pour justifier sa répression, disent-ils. Les autorités utilisent aussi des accusations plus vagues de « corruption sur terre » ou « rébellion », permettant de cibler les dissidents, observent les ONG.
Au total, Téhéran a jusque-là fait exécuter 10 hommes, dont deux en 2024, en lien avec la vaste contestation « Femme, Vie, Liberté » qui avait éclaté en septembre 2022, après la mort en détention de la jeune Mahsa Amini, arrêtée pour une infraction au port du voile obligatoire.
Des exécutions par pendaison, généralement à l’abri des regards
Mohammad Ghobadlu, 23 ans, et Gholamreza Rasaei, 34 ans, ont été respectivement exécutés en janvier et août 2024, le premier pour avoir tué un policier et le second un gardien de la révolution lors des manifestations de 2022, après des procès entachés d’irrégularités, selon les groupes de défense des droits humains.
La quasi-totalité des exécutions se font par pendaison, généralement à l’abri des regards, dans les prisons où sont incarcérés les prisonniers, même si certaines ont eu lieu en public.
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Les condamnés sont régulièrement privés d’accès à leurs avocats, affirme le rapport, qui pointe l’usage « systématique » de la torture physique et psychologique pour obtenir des aveux, sur lesquels se basent le plus souvent les juges pour les déclarer coupables. Au moins 13 militants du mouvement « Femme, vie, Liberté » demeurent aujourd’hui dans le couloir de la mort en Iran, selon le rapport des deux ONG.
Les minorités ethniques, notamment baloutches et kurdes, sont également surreprésentées parmi les condamnés à mort. C’est le cas de Pakhshan Azizi et Varisheh Moradi, militantes des droits des femmes kurdes, condamnées pour leur travail humanitaire, qui risquent d’être exécutées, affirment IHR et ECPM.