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OPEF : ÉCLAIRER LES ÉPARGNANTS SUR LES PLACEMENTS FINANCIERS

À la loupe, le fonctionnement, les frais et les performances des principaux produits financiers

« Le premier rapport de l’Observatoire des produits d’épargne financièrepasse au crible le fonctionnement, les frais et les performances des principaux produits financiers. Il en ressort que plus la durée de placement est longue, plus l’impact des frais liés à l’investissement est lissé dans le temps. » VOIR ARTICLE CI CONTRE

ARTICLE – Produits financiers : un rapport pour éclairer les épargnants 

Publié le 31/07/2025 ACTU JURIDIQUE Annabelle Pando 

Le premier rapport de l’Observatoire des produits d’épargne financièrepasse au crible le fonctionnement, les frais et les performances des principaux produits financiers. Il en ressort que plus la durée de placement est longue, plus l’impact des frais liés à l’investissement est lissé dans le temps.

L’Observatoire des produits d’épargne financière (OPEF) a publié ce 1er juillet 2025 son premier rapport annuel. Confié au Comité consultatif du secteur financier (CCSF), l’Observatoire a été mis en place dans le cadre de la loi n° 2023-973 du 23 octobre 2023, Industrie verte, pour suivre l’évolution des frais et performances des produits d’épargne financière (JORF n° 0247 du 24 octobre 2023). Dans cette démarche, l’OPEF offre « un panorama clair, pédagogique et accessible des produits d’épargne financière disponibles en France », en mettant à disposition du public « des informations objectives, transparentes et vérifiées, permettant à chacun d’appréhender la nature des produits, les frais associés et les facteurs influençant leur performance ».

De la sorte, la mission poursuit plusieurs objectifs : renforcer la confiance pour favoriser l’investissement à long terme et encourager une participation accrue des ménages sur les marchés financiers et, in fine, soutenir le financement de notre économie. Le rapport présente les principaux véhicules d’investissement sur les marchés financiers pour les épargnants français qui totalisaient un encours de 2 048 milliards d’euros en 2023.

Assurance-vie et contrat de capitalisation

Un contrat d’assurance-vie supporte plusieurs catégories de frais. Les frais sur versements effectués vers les fonds en euros se sont élevés à 0,75% en 2023, et vers des unités de compte à 0,55 %. La même année, les frais de gestion annuels moyens des contrats ressortent à 0,64 % sur la partie relative aux fonds en euros et à 0,85 % sur la partie dédiée aux unités de compte (UC). Une dernière catégorie de frais représente en moyenne 0,02 % des provisions mathématiques moyennes investies sur les fonds en euros et 0,04 % de celles investies sur des UC. Sur cette base, l’Observatoire propose un exemple de performance nette de tous frais pour un investissement sur un contrat d’assurance-vie.

Il se fonde sur l’hypothèse d’un investissement initial de 10 000 euros avec une allocation à 60 % en fonds en euros et à 40 % en UC « fonds actions monde ». Il en ressort que plus la durée de placement est longue, plus l’impact des frais sur versements (frais ponctuels) liés à l’investissement est lissé dans le temps. Pour un investissement de 10 000 euros :

– sur un an les frais grèvent la performance de -1,90 %, principalement liés aux frais d’entrée ;

– sur cinq ans, l’incidence annualisée des frais baisse de 40% (-1,16 % par an) ;

– sur dix ans elle est quasiment divisée par deux (- 0,92 % par an).

Plans d’épargne retraite individuels (PERin)

Sur un PER individuel assurance, en 2023, les frais moyens sur versements effectués vers les fonds en euros ressortaient à 1,20 % et ceux effectués vers des unités de compte à 1,81 %. L’OPEF relève que ces niveaux sont supérieurs aux frais sur versements en assurance-vie (respectivement, 0,75 % et 0,55 %). Quant aux frais de gestion des contrats, les frais annuels moyens de gestion des PERin en 2023 ressortaient à 0,73 % sur la partie relative aux fonds en euros, et à 0,91 % sur la partie relative aux UC, soit un niveau également plus élevé que celui observé sur l’assurance-vie (respectivement, 0,64 % et 0,85 %). Enfin, les autres frais moyens s’élevaient à 0,02 % sur la partie « supports fonds en euros » et à 0,01 % sur la partie « supports en UC ».

Sur l’hypothèse d’un investissement initial de 10 000 euros avec une allocation à 48 % en fonds en euros et à 52 % en UC « fonds diversifiés Offensif Europe », ici encore, plus la durée de placement est longue, plus l’impact des frais sur versements (frais ponctuels) liés à l’investissement est lissé dans le temps. Pour un investissement de 10 000 euros : sur un an les frais grèvent la performance de -3,14 %, liés aux frais d’entrée notamment sur UC ; sur cinq ans l’incidence annualisée des frais est moins élevée (-1,96 % par an).

Comptes-titres ordinaires

Pour calculer les frais liés à un investissement sur un compte-titres ordinaire, l’Observatoire s’est appuyé sur un panel représentatif de 18 établissements, banques classiques ou intermédiaires d’investissement en ligne. Les modalités de facturation varient selon la nature du support d’investissement (titres vifs, OPC « partenaires », OPC « non-partenaires »), le montant de l’investissement et le nombre de lignes. Il n’est donc possible d’estimer les frais liés à un investissement sur un compte-titres ordinaire, un PEA ou un PEA-PME qu’en formulant des hypothèses. Pour un montant de 10 000 euros investi sur 5 OPC « partenaires », plus la durée de placement est longue plus l’impact des frais d’entrée (frais ponctuels) liés à l’investissement est lissé dans le temps. Pour un investissement de 10 000 euros :

– sur un an les frais grèvent la performance de -4,64 %, principalement liés aux frais d’entrée ;

– sur cinq ans, l’incidence annualisée des frais est quasiment divisée par deux (-1,98 % par an) ;

– sur dix ans, elle est quasiment divisée par trois (-1,72 % par an).

PEA et PEA-PME

De nombreux services du PEA sont gratuits, comme le service d’ouverture de compte. Pour la tenue de compte et des droits de garde, la gratuité est la pratique majoritaire au sein du panel. Lorsqu’elle est payante, la gestion récurrente liée au service est facturée entre 8,50 euros et 34,40 euros. Les 18 établissements du panel se positionnent donc en deçà du plafonnement prévu par la loi Pactede 2019, fixé à 0,40 % par an de la valorisation du PEA. Comme pour les compte-titres ordinaires, les frais liés aux supports d’investissement varient selon leur nature, représentant, dans le cas d’un investissement en OPC « partenaires », l’essentiel des frais supportés par l’investisseur, que ce soit au titre de la souscription des OPC (avec des frais d’entrée moyens compris entre 0,50 % et 2,74 %) ou de leur gestion (avec des frais récurrents de 1,33 % en moyenne dans le cas d’un investissement en OPC « actions Europe », soit 133 euros par an pour un portefeuille de 10 000 euros.

L’achat et la conservation de titres vifs supportent des frais de courtage à 0,44 % pour 5 ordres d’achat de 2 000 euros chacun (et d’un montant cumulé de 10 000 euros), soit un montant de 43,82 euros. Les tarifs affichés par les banques de réseau du panel sont tous alignés sur le plafond de 0,50% (50 euros) édictés par la loi Pactecontre 0,32 % sur le segment des établissements en ligne (32,49 euros). Pour cette catégorie d’acteurs, les frais gravitent entre 25 euros et 50 euros. L’existence de commissions de courtage minimales est peu pratiquée sur le segment du PEA où seuls deux établissements appliquent également un minimum de perception (2 euros et 6,90 euros). Quant aux droits de grade et de tenue de compte, ils s’élèvent en moyenne à 0,37 % par an pour un PEA de 10 000 euros composé de 5 lignes, soit un montant de 37,44 euros. Tous les établissements en ligne pratiquent la gratuité alors que toutes les banques de réseau facturent l’un et ou l’autre de ces actes et ce, en moyenne, à hauteur de 0,56 % soit, pour un portefeuille de 10 000 euros composé de 5 lignes, un montant de 56,17 euros par an.

Pour un investissement initial de 10 000 euros en OPC « fonds actions Europe », plus la durée de placement est longue, plus l’impact des frais ponctuels liés à la souscription des OPC est lissé dans le temps :

  • sur un an, les frais grèvent la performance de -4,32 %, principalement liés aux frais d’entrée ;
  • sur cinq ans, l’incidence annualisée des frais sur la période est quasiment divisée par deux (- 2,03 % par an) ;
  • sur dix ans, l’incidence annualisée des frais est de -1,75 %.

Fonds d’investissement

L’ensemble des fonds d’investissement a affiché une performance nette de frais de gestion positive sur l’année 2024, et même supérieure à la moyenne annualisée sur 5 ans ou sur 10 ans. La volatilité a été contenue : elle est inférieure en 2024 à celle observée sur 5 ans et 10 ans. Pour la catégorie des fonds actions, la volatilité sur un an est de 13,55 % contre 18,82 % sur 5 ans et 16,97 % sur 10 ans. Plus de 70 % des fonds actions ont dépassé leur performance moyenne sur 5 ans et 10 ans. Les fonds actions États-Unis affichent une performance nette de + 29,11% en 2024, les fonds actions Europe une performance nette de + 7,53% en 2024, et les fonds actions une performance négative (-1,16 %).

Les niveaux de frais moyens varient entre 0,15 % (actions États-Unis) et 0,56 % (actions Europe petites et moyennes capitalisations). Quant aux fonds obligataires, en 2024, la performance 2024 est supérieure à sa moyenne annualisée sur 5 ans et 10 ans, avec des niveaux de frais moyens variant entre 0,63 % (obligations euro court terme) et 1,63 % (obligations pays émergents monde). Enfin, les fonds monétaires euro affichent une performance de + 3,84 % en 2024, largement supérieure à leur moyenne à 5 ans (+ 1,23 %) et à 10 ans (+ 0,52 %), mais proche de leur indice de référence (+ 3,7 %). Le niveau de risque a été réduit en 2024 (+ 0,08 %) par rapport à son niveau à 5 ans (+ 0,3 %) et à 10 ans (+ 0,22 %). Le niveau de frais moyen est de 0,2 %.

Produits structurés

L’OPEF indique n’avoir pas été en mesure de collecter les frais de ces produits, difficiles à évaluer dans la mesure où ils sont, en partie, intégrés dans la formule du produit. En règle générale, les produits structurés ne comportent que des frais d’entrée, parfois élevés, qui couvrent l’ensemble de la durée de vie du produit. Si la moyenne des performances annualisées des produits structurés échus ou remboursés par anticipation entre 2020 et 2024 ressort à 7,86 %, « ces données doivent être considérées avec prudence » car elles ne prennent en compte que les produits structurés échus ou remboursés par anticipation lors de l’année considérée.

Pierre-papier

Les sociétés civiles de placements immobiliers (SCPI), les organismes de placement collectif en immobilier (OPCI) et les sociétés civiles supportent plusieurs types de frais. Ainsi les droits d’entrée – ou commissions de souscription – des SCPI s’élèvent en moyenne à 9 %, et les frais de sortie (droits de rachat) à 4 %. Les commissions de gestion à 0,49 % et les frais liés à l’exploitation immobilière à 2,13 %, soit des frais récurrents moyens de 2,62 % hors commissions d’acquisition et de cession, lesquelles, lorsqu’elles sont prévues, s’élèvent en moyenne à 3 %. Compte tenu du maintien de la distribution des dividendes des SCPI à un niveau robuste (4,53 % sur dix ans), les SCPI dégagent une performance globale annualisée nette de tous frais récurrents 95 de 4,05 % sur la même période. Le rapport note que le rendement courant dégagé par les OPCI sur la période 2015-2024 est moins élevé (1,66 %).

Les fonds d’actifs financiers non cotés

L’analyse des performances des fonds non cotés révèle une grande hétérogénéité et des écarts significatifs en fonction des catégories juridiques et des caractéristiques des fonds. Les FCPR classiques se démarquent, avec un taux de rendement médian et moyen pondéré respectifs de 7,5 % et 10,6 % Les taux de rendement moyen des FCPR fiscaux sont négatifs avec -1,4 % pour les FIP et -1 % pour les FCPI. Les frais récurrents médians sont de 3,2 % pour les FIP et de 3 % pour les FCPI. Le coût économique total est de 3,6 % pour les FIP et de 3,5 % pour les FCPI. Les FCPR Evergreenaffichent, quant à eux, des taux de rendement médian de 5 % et moyen pondéré de 6,2 %. Les frais récurrents médians sont de 2,1 %. Le coût économique total médian est de 2,4 %.

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