
Paris : 350 sans-abri dont 100 enfants devant l’Hôtel de Ville évacuées
Quelque 350 personnes dont 100 enfants sans-abri qui dormaient depuis une semaine devant le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris faute de place dans des hébergements d’urgence étaient en cours d’évacuation mardi 12 août matin.
Marseille, Bourges, Besançon, Strasbourg, Rennes …
Des cars ont été affrétés afin de transporter les familles en région, à…Marseille, Bourges, Besançon, Strasbourg, Rennes …
75 personnes seulement ont pu être hébergées dans des structures d’île de France
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1. ARTICLE – Après six jours devant l’Hôtel de ville de Paris, 200 femmes et 150 enfants sans-abri évacués par la préfecture
Par Alexandre Berthaud ⸱ Mardi 12 août FRANCE INTER
L’évacuation des 350 migrants qui campaient devant l’Hôtel de ville de Paris a début, mardi 12 août, de 7h30 à 11h15. Des cars ont été affrétés pour emmener ces femmes et ces enfants hors d’Île-de-France.
Alors que Paris est placé en vigilance orange canicule, la préfecture de la région Île-de-France a fait évacuer, mardi 12 août, le campement de 350 personnes migrantes sans-abris installées depuis six jours sous les fenêtres de l’Hôtel de ville, a constaté un journaliste de France Inter sur place. Elles s’étaient installées là faute d’hébergement d’urgence.
« Le campement composé actuellement de plus de 350 personnes, dont 200 femmes et 150 enfants, installé sans droit ni titre sur le parvis de l’Hôtel de Ville à Paris Centre pour réclamer une solution de logement comporte des risques sanitaires avérés », note la préfecture dans son arrêté publié mardi. Elle ordonne aux « occupants de ce campement » de quitter les lieux, avant « l’évacuation par les services de police ».
Des évacuations vers les SAS
L’opération a commencé petit à petit vers 7h30 et s’est terminée vers 11h15. Les sans-abris ont entassé à peu près tout ce qu’ils pouvaient dans des sacs – des couvertures, des habits, de la nourriture, notamment du lait en poudre pour les bébés. Certains se sont faits un brin de toilette à l’eau en bouteille avant de partir. Au milieu de nombreux policiers, les familles de sans-abri sont abordées par des salariés de France Terre d’Asile, en gilets bleus, et par ceux de la préfecture de région, en gilets rouges.
Des cars se sont garés autour de la mairie au fur et à mesure. Les agents de la préfecture expliquent la situation aux familles et tentent de savoir s’ils veulent bien aller dans tel ou tel car, direction un SAS (sas d’accueil temporaire). Un dispositif pour amener les personnes migrantes à la rue hors de la région parisienne, comme lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Le SAS le plus proche proposé est à Bourges.
Risques sanitaires avec la chaleur
Et c’est ce qui pose problème. Certaines personnes présentes devant l’Hôtel de ville sont en région parisienne depuis plusieurs années déjà. Elles n’ont pas de papiers, mais elles connaissent des médecins, des potentiels employeurs, leurs enfants sont scolarisés ici alors elles ne veulent pas tout aller recommencer ailleurs. « Quand on nous envoie dans d’autres villes, c’est pour déplacer le problème. D’ailleurs le problème n’est même pas déplacé, c’est pour rajouter des problèmes, parce que nos adresses pour nos demandes administratives sont sur Paris », fustige Sega, un sans-abri évacué, à France Inter. «
Il y en a d’autres qui ont besoin de soins médicaux et leurs médecins traitants sont sur Paris », poursuit-il. « Beaucoup » de ces personnes « ont des contrats à Paris, des CDI, des inscriptions à l’école, des suivis médicaux et administratifs. En moins d’une heure, il leur faut choisir : partir en région et donc tout quitter, ou rester sur Paris mais sans savoir où dormir ce soir », déplore Utopia 56.
Des cars pour Bourges, Strasbourg, Marseille…
Quitter Paris, c’est encore se confronter à l’inconnu. Ce qui fait peur à ces exilés pour la plupart venus d’Afrique Subsaharienne, comme Maria qui a le choix entre « Strasbourg, Orléans et Bourges ». « On n’est pas sûrs puisque ce ne sont pas des anges. Est-ce que c’est comme en Italie où ils prennent les gens pour les refouler ? Je ne sais pas », hésite Maria.
Les SAS sont à Bourges (Cher), Strasbourg (Bas-Rhin) ou encore Marseille (Bouches-du-Rhône), a appris France Inter sur place auprès d’agents de la préfecture de région et auprès des sans-abri. Utopia 56 annonce aussi des évacuations vers des Sas à Rennes (Ille-et-Vilaine), Toulouse (Haute-Garonne) et Besançon (Doubs), alors qu’un grand nombre de personnes évacuées souhaitait rester en Île-de-France. 66 personnes ont accepté d’être transféré dans des SAS, selon un premier décompte d’Utopia 56. La ville de Paris doit prendre en charge les femmes seules qui ont un enfant de moins de trois ans ou qui sont enceintes de plus de huit mois. 34 personnes ont été transférées dans des gymnases de la capitale, selon Utopia 56.
2. ARTICLE – À Paris, le campement de sans-abri installé devant l’Hôtel de Ville évacué
Après une semaine d’occupation, les quelque 350 personnes qui dormaient devant le bâtiment ont été évacuées dans le calme par les services de police ce mardi au petit matin.
Par Flavien Gagnepain. Le 12 août 2025 LE PARISIEN
L’information bruissait depuis la veille sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris (IVe) et la publication d’un arrêté de la préfecture de police. Le document annonçait l’évacuation des centaines de personnes sans-abri installées depuis mardi dernier sous les fenêtres de la maire de la capitale. Ce mardi matin, aux aurores, les services de police sont passés des écrits aux actes.
Sur place, les dizaines de sans-abri avaient pour la plupart anticipé cette évacuation, préférant partir d’eux-mêmes. « Les personnes savaient que les solutions d’hébergement qu’on leur proposerait ne seraient pas satisfaisantes, alors elles ont préféré quitter le parvis plus tôt », témoigne Alice Corrocher, coordinatrice pour l’association Utopia 56. Plus tôt, des membres de l’association France terre d’asile leur avaient proposé des solutions.
Dès 7 heures ce mardi matin, plusieurs vans de CRS, camions ou motos sont arrivés aux abords du parvis. Une trentaine de véhicules au total, selon Utopia 56. Après quoi des agents de la préfecture ont proposé des solutions d’hébergement, uniquement en région. « Marseille, Toulouse, Bourges, Besançon… Rien qui ne soit pratique pour les personnes qui vivent ici », regrette la coordinatrice.
Les femmes les plus vulnérables prises en charge par la Ville
Dans le même temps, le service assistance des sans-abri de la mairie de Paris a pris en charge les publics les plus vulnérables, à savoir femmes seules enceintes de plus de huit mois et celles avec des enfants de moins de trois ans. D’après Utopia 56, 34 de ces femmes ont été placées dans un gymnase de la capitale. …
Une semaine de mobilisation, pour quel résultat ?
Mardi dernier, l’association avait entamé une action de visibilité sur le parvis de l’Hôtel de Ville, comme elle en avait déjà organisé devant certaines mairies d’arrondissements parisiennes ces derniers mois. Par cette mobilisation, l’association voulait demander des solutions d’hébergement, manquantes en cette période estivale.
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En cause, le ralentissement des services publics, le manque de bénévoles pendant les vacances ou encore la fermeture estivale des gymnases et écoles, rendant impossible une mise à l’abri dans des conditions décentes. Face à une situation intenable – dans laquelle « les services de l’État et ceux de la Ville de Paris se renvoient la balle », selon de Nathan Lequeux, coordinateur chez Utopia 56 -, la préfecture de police a demandé que les occupants du campement « quitt (ent) les lieux » et a indiqué dans un arrêté que l’évacuation des occupants se ferait « par les services de police » en cas de non-respect de la première consigne.
Dans son arrêté, la préfecture de police met également en avant les fortes chaleurs qui pèsent sur Paris ces derniers jours, renforçant avec la « gestion des déchets problématique (…) un risque sur la santé publique ». Enfin, l’agression subie par une famille dans la nuit de samedi à dimanche, au cours de laquelle deux hommes lui ont uriné dessus, laisse à « craindre que des individus ne cherchent à s’en prendre aux occupants du campement », poursuit la préfecture de police.
« Au final, la situation reste la même qu’il y a une semaine. On ne sait pas si on sera en capacité d’offrir des solutions à tout le monde. Donc ces personnes vont continuer à appeler des numéros d’urgence qui ne leur répondra pas. On ne leur propose pas de solution à part un Tant pis pour vous, il faut retourner à la rue », souffle Alice Corrocher. Et Utopia 56 de résumer la situation dans leur story Instagram : « En moins d’une heure, il leur faut choisir : partir en région et donc tout quitter, ou rester sur Paris mais sans savoir où dormir ce soir ».
En milieu de journée, la préfecture de région a fait savoir dans un communiqué que 150 personnes ont été « prises en charge et orientées vers une solution d’hébergement, dont la moitié vers des structures d’accueil hors Île-de-France ».