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TAPISSERIE DE BAYEUX : « CRIME » ET « CAPRICE » ?

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DE CAPRICES EN CAPRICES : APRÈS LES VITRAUX DE NOTRE DAME, LA TAPISSERIE DE BAYEUX

https://metahodos.fr/2025/07/12/de-caprices-en-caprices-apres-les-vitraux-de-notre-dame-la-tapisserie-de-bayeux/

1. ARTICLE – « Un véritable crime patrimonial » : déjà 45 000 signatures contre le prêt au British Museum de la tapisserie de Bayeux

Attention fragile

Par  Marianne avec AFP. 21/08/2025

Emmanuel Macron a choisi de prêter la tapisserie de Bayeux, véritable joyau de notre patrimoine culturel, au Royaume-Uni, malgré l’avis unanime des spécialistes du patrimoine qui soulignent sa grande fragilité et les dommages inévitables qu’un tel déplacement entraînerait. Une pétition, lancée par Didier Rykner, directeur de la rédaction du site La Tribune de l’Art, a déjà recueilli 45 000 signatures pour demander au chef de l’État de renoncer à ce projet.

« Nous demandons solennellement au président de la République de renoncer à ce projet. Ce prêt serait un véritable crime patrimonial », peut-on lire à la fin d’une pétition mise en ligne le 13 juillet contre le prêt de la tapisserie de Bayeux ‑ pour raison de conservation ‑ au British Museum de Londres. Cette initiative a déjà recueilli près de 45 000 signatures ce mercredi 20 août.

Cette pétition a été mise en ligne sur le site change.org par Didier Rykner, directeur de la rédaction du site La Tribune de l’Art. Ce dernier a indiqué à l’AFP que cette tapisserie est « beaucoup trop fragile pour être transportée sans grand risque ». Avant d’ajouter : « Les spécialistes de la tapisserie, les restaurateurs qui travaillent dessus et les conservateurs disent qu’il y a un risque de déchirures, de chutes de matière, dues aux manipulations et vibrations lors de son transport. »

« ÇA N’A AUCUN SENS, C’EST UNIQUEMENT POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE »

La tapisserie est un récit brodé de 70 mètres de long, datant du XIe siècle, qui raconte la conquête de l’Angleterre en l’an 1066 par Guillaume, duc de Normandie, qui deviendra par la suite Guillaume le Conquérant. Emmanuel Macron avait annoncé le 8 juillet le prêt de l’œuvre au British Museum de Londres de septembre 2026 à juin 2027 en échange de pièces médiévales issues du trésor archéologique de Sutton Hoo. Quelques semaines après ces déclarations, la décision a été prise de l’envoyer à Londres. « Ça n’a aucun sens, c’est uniquement politique et diplomatique », s’était emporté Didier Rykner.

À LIRE AUSSI : Tapisserie de Bayeux en Angleterre : « On ne devrait pas instrumentaliser des œuvres si précieuses à des fins politiques »

Dans une vidéo mise en ligne sur Youtube par la préfecture du Calvados en février 2025, Cécile Binet, conseillère musées de la DRAC de Normandie, affirmait déjà que la tapisserie est « trop fragile pour être déplacée sur une grande distance » et que « toute manipulation supplémentaire » était « un risque pour sa conservation ».

ÉTUDE DE FAISABILITÉ SUR SON TRANSPORT

Une étude de faisabilité du transport de la tapisserie de Bayeux vers Londres a été réalisée par des restauratrices en mars 2022. « Cette étude, on refuse de me la communiquer, elle reste confidentielle » s’est agacé Didier Rykner, « le ministère de la Culture dit qu’il y a eu des études qui ont montré que l’œuvre était transportable, montrez-les-nous, je voudrais bien les voir ! » Résolument contre, le directeur de la rédaction du site La Tribune de l’Art s’insurge : « C’est inadmissible de prendre le risque que cette œuvre absolument unique soit détériorée. »

2. ARTICLE – UN « CRIME PATRIMONIAL »: UNE PÉTITION LANCÉE CONTRE LE PRÊT DE LA TAPISSERIE DE BAYEUX À LONDRES

BFM 19 08 2025

Une pétition a été lancée au lendemain de l’annonce du président Emmanuel Macron du prêt de la tapisserie de Bayeux au British Museum, à Londres. Les signataires s’inquiètent de l’état de conservation de l’oeuvre, déjà très fragile, pendant son transfert.

Ils sont déjà plus de 40.000 à avoir signé une pétition en ligne pour s’opposer à son départ. D’ici la fin de l’année, la tapisserie de Bayeux devra partir en direction de Londres à l’occasion du 37ème sommet franco-britannique et séjourner plusieurs mois au célèbre British Museum.

Un prêt historique de la France au Royaume-Uni, considéré toutefois par les signataires de la pétition, lancée par la Tribune de l’Art, comme un « crime patrimonial » en raison de la fragilité de l’œuvre.

« Il y a des risques ponctuels de déchirures et une déchirure sur un tel objet est irréparable. Je ne pense pas qu’on puisse prendre un tel risque un objet qui est absolument unique. Il n’y a rien d’équivalent », s’alarme Didier Rykner, directeur de la rédaction du site La Tribune de l’Art, auprès de BFMTV.

« Même pour la restaurer, c’était dangereux de la transporter là où elle est », soutient-il.

Vieille d’environ 1.000 ans, l’œuvre de 70 mètres long raconte l’épopée de Guillaume duc de Normandie lors de sa victoire à la bataille d’Hastings en 1066 et sa conquête de l’Angleterre. Elle a été fabriquée à l’aiguille sur une toile de lin bis assez régulière, brodée avec quatre points différents de fils de laine déclinés en dix teintes naturelle.

L’annonce de son prêt est le fruit d’un partenariat avec le Royaume-Uni annoncé par le président Emmanuel Macron en juillet dernier. « Ce sera une occasion unique de faire venir des millions de visiteurs ici, donc merci d’accueillir pour quelques mois la tapisserie de Bayeux », avait clamé le chef de l’État depuis Londres.

En contrepartie, le Royaume-Uni s’est engagé à prêter une centaine de pièces médiévales, notamment issues du trésor archéologique de Sutton Hoo, qui seront exposées à la même période dans les musées de Caen et de Rouen.

« Les conservateurs savent ce qu’ils font »

À Bayeux le départ de la tapisserie divise. « C’est bien que les Anglais puissent en bénéficier aussi », estime un habitant au micro de BFMTV. « Je la trouve déjà bien esquintée, j’ai peur qu’elle n’apprécie pas trop le voyage », s’inquiète un autre.

Il est vrai que la tapisserie de Bayeux n’est pas toute jeune. Inscrite au registre « Mémoire du Monde » de l’Unesco, l’œuvre datant du 11e siècle n’a pas été épargnée par le temps: plus de 24.000 taches relevées et des dizaines de déchirures constatées.

Le projet de prêt ne date pas d’hier. À l’issue du sommet franco-britannique de Sandhurst en janvier 2018, un accord administratif avait été signé quelques mois plus tard entre les ministères de la Culture français et britannique facilitant les échanges culturels entre les deux pays.

Le prêt s’inscrit dans un projet qui aura duré sept ans. Un temps nécessaire qui, selon Loïc Jamin, adjoint au maire de la ville de Bayeux, a rendu possible une « expertise développée » sur l’état matériel de l’œuvre et la « concrétisation du prêt ».

La tapisserie exposée deux fois en dehors de Bayeux

La tapisserie de Bayeux n’a été exposée que deux fois en dehors de Bayeux, précise la municipalité dans un communiqué: « la première en 1803 à la demande de Napoléon Bonaparte pour la montrer au Tout-Paris et la deuxième fois en 1945 au Louvre ».

À l’approche de cette nouvelle exposition, la ville de Bayeux dit se réjouir que « l’œuvre dont elle prend soin depuis près de mille ans » retourne quelques mois « sur les lieux où elle aurait été créée à la fin du 11e siècle ».

« Le prêt de cette œuvre unique au monde qui porte en elle un héritage partagé des deux côtés de la Manche, fait sens et sa légitimité est incontestable. Une exposition à Londres, lieu du couronnement de notre duc de Normandie, sera un moment historique qui s’inscrira dans la longue existence de la Tapisserie de Bayeux », écrit Patrick Gomont, maire de Bayeux.

En attendant son acheminement vers Londres, la tapisserie de Bayeux dormira bien au chaud au musée normand. Son extraction, qui doit avoir lieu fin 2025, interviendra au même moment que la fermeture du musée pour travaux de rénovation.

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