
Les multiples facettes de la précarité alimentaire
CREDOC – Marianne Bléhaut • Mathilde Gressier • Nolwenn Paquet
La précarité alimentaire est devenue plus visible depuis la crise sanitaire du Covid-19 et la période d’inflation qui a suivi : par exemple, les banques alimentaires ont recensé une hausse de 9 % de la demande en 2021 et elles ont vu la proportion d’étudiants parmi leurs bénéficiaires augmenter significativement
Ce phénomène n’a pas été temporaire : sur une période plus longue, le nombre de personnes accompagnées par la Croix Rouge française a ainsi augmenté de 14 % entre 2021 et 2024.
Les précédentes études du CRÉDOC ont montré qu’en France, selon les années, entre 10 % et 16 % de la population déclarent qu’il leur arrive « parfois » ou « souvent » de ne pas avoir assez à manger. D’autres indicateurs peuvent nous aider à cerner les contours de la précarité alimentaire, notamment à travers des approches par les attitudes, telles que le sentiment de restriction ou la peur à l’idée de manquer d’aliments, voire par des comportements et des stratégies d’adaptation dans sa consommation alimentaire. Cette nouvelle investigation du
CRÉDOC montre ainsi que 7 % de la population sont contraints, chaque semaine, de réduireleur nombre de repas par manque de moyens financiers. Faute d’un budget suffisant, 9 %réduisent leurs portions alimentaires. Une même proportion se dit souvent inquiète à l’idée de manquer d’aliments et encore 9 % déclarent qu’ils n’ont pas les moyens financiers de manger de la viande, de la volaille ou du poisson ne serait-ce qu’un jour sur deux. Enfin, 12 % déclarent ne pas avoir assez à manger et 16 % disent plus généralement se restreindre en termes d’alimentation.
Ce nouveau volet de notre programme de recherche sur la précarité permet de mieux encomprendre les différentes facettes, en apportant plus de précisions et de nuances à ce sujet complexe. Elle permet aussi de mettre en évidence un halo de situations intermédiaires entre les plus précaires et les personnes confrontées à des situations moins intenses ou moins cumulatives mais auquel il convient cependant de prêter attention.
1 Fédération Française des Banques Alimentaires, Etude Flash – Impact de l’inflation sur les personnes accueillies dans le réseau