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COMMENT SE CONSTITUENT ET SE TRANSMETTENT LES PATRIMOINES

ÉMISSION – « La roue de la fortune » : une étude sur la constitution et la transmission des patrimoines en France

Jeudi 4 septembre 2025 RZDIO FRANCE

Avec Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise à l’IFOP, auteur de “Métamorphoses françaises. État de la France en infographies et en images” (Seuil) et Marie Gariazzo, directrice de l’ObSoCo, l’Observatoire société et consommation.

Avec

  • Jérôme Fourquet, politologue
  • Marie Gariazzo, directrice des études qualitatives du Département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop

« La majeure partie de la fortune en France est le résultat d’un héritage », rappelle Jérôme Fourquet. « On voit, au fil du temps ou des générations, une accumulation assez spectaculaire du patrimoine dans certains milieux et dans certains lieux géographiques. » Dans cette étude, ils ont analysé les 500 plus grandes fortunes françaises figurant dans le classement Challenges : « 40 % d’entre elles sont des héritiers, c’est à dire qu’elles ont hérité de l’entreprise qu’elles dirigent. »

« Ça veut dire quand même qu’on a 60 % qui n’ont pas hérité de l’entreprise très importante qu’ils dirigent aujourd’hui. Et quand on descend dans la pyramide sociale, quand on regarde par exemple les chefs d’entreprise qui emploient 10 à 19 salariés, il n’y a que 16 % de ces dirigeants d’entreprise qui ont hérité de cette entreprise de leurs parents. Donc oui, on a des effets d’inertie, de concentration, de patrimoines très importants, mais on a aussi des possibilités encore d’une rotation des élites. »

Pour Marie Gariazzo, l’essor du numérique notamment a bousculé cette pyramide des fortunes en France. « Il y a eu de nouveaux entrants grâce au numérique, et notamment à toutes les start-ups qui se sont développées dans ce secteur. C’est en partie ça qui a permis un renouvellement des grosses fortunes. Et c’est aussi ça qui permet, à des niveaux un peu plus bas dans la hiérarchie sociale, de pouvoir entrevoir un moyen de développer un patrimoine plus important que le salariat, dans des secteurs classiques qui ne permettent plus l’ascension sociale aussi bien qu’avant. »

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« La pierre a remplacé la machine pour faire fortune en France »

« Ça permet aussi de raconter l’évolution de notre économie », ajoute Jérôme Fourquet. « Si on regarde le poids des industriels dans les 500 fortunes français, c’était un tiers d’entre eux en 1998, ce n’est plus que 14 % aujourd’hui. Donc ça raconte aussi la désindustrialisation. En revanche, les grandes fortunes qui sont investies dans l’immobilier ou l’hôtellerie de luxe, leur poids dans les 500 fortunes est passé de 3 à 20 %. Quelque part aujourd’hui, la pierre a remplacé la machine pour faire fortune en France. »

À l’inverse, pour Marie Gariazzo, comme « on a largement dépassé l’objectif des 80 % de réussite au bac », « on a créé des masses de personnes diplômées, ce qui a à la fois renforcé la compétition scolaire et fait en sorte qu’on est de plus en plus nombreux à postuler à des postes rémunérateurs. On a aussi des carrières qui sont plus lentes, des promotions internes qui se font beaucoup moins rapidement qu’avant… Tout ça fait qu’on est beaucoup plus nombreux et donc que ‘l’ascenseur’ monte beaucoup plus lentement. Tous les professionnels qu’on a pu rencontrer témoignant que c’est de plus en plus dur de se constituer un patrimoine et d’accéder à la propriété uniquement grâce à ses revenus. »

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