
NOTRE PRÉCÉDENTE PUBLICATION :
RESTOS DU COEUR : 40 ANS ET TOUJOURS INDISPENSABLES – ON NE FÊTE PAS UNE DÉFAITE
ARTICLE – 40 ans des Restos du Cœur: toujours plus de pauvreté en France
C’était il y a 40 ans. Coluche lançait sur l’antenne d’Europe 1 l’idée des Restos du Cœur : une cantine gratuite à destination des plus pauvres. En 1985, 8 millions de repas étaient distribués. Aujourd’hui, c’est 160 millions. Et de nouveaux bénéficiaires continuent de se présenter chaque jour dans les antennes locales de l’association.
Publié le : 26/09/2025 – RFI. Par :Amélie Beaucour
Loin du chapiteau qui accueillait le lancement des Restos, l’association continue, 40 ans plus tard, d’assurer un tiers des distributions alimentaires en France. Déjà à l’époque, le symbole est fort à l’époque. Avant les années 1980, la solidarité en France était plutôt tournée vers l’aide internationale, rappelle l’historienne Axelle Brodiez-Dolino dans les colonnes d’Alternatives économiques. Pour la première fois, la lumière est mise sur ces « nouveaux pauvres » : des chômeurs et/ou des sans-abri qui ne parviennent plus à manger à leur faim au « pays de la gastronomie. »
En 2025, il ne suffit plus d’avoir un travail ou un toit sur la tête pour remplir son panier de courses. Le nombre de personnes à qui il ne reste plus un centime lorsque le loyer est payé augmente, et même très rapidement : en trois ans, d’après les chiffres de l’Observatoire des Restos, c’est 200 000 bénéficiaires qui s’ajoutent et 20 millions de repas à fournir en plus.
L’une des raisons : des bénéficiaires, déjà enregistrés, qui viennent plus fréquemment qu’avant. 9 personnes sur 10 sont présentes systématiquement à chaque distribution et non plus lorsque les fins de mois sont difficiles.
De nouveaux profils de bénéficiaires
Le profil des bénéficiaires est le même depuis ces dix dernières années. Plus de la moitié des personnes accueillies ont moins de 30 ans, et un tiers sont mineurs. La part des enfants de moins de trois ans, accueillis avec un parent, est sur-représentée.
D’après les données de l’association, les personnes accueillies sont majoritairement des familles monoparentales, des travailleurs précaires, des étudiants, des retraités et des personnes migrantes. Parmi eux, les femmes sont majoritaires, et en particulier chez les plus de 70 ans. Ce qui s’explique notamment par un cumul des inégalités vécues pendant leur vie professionnelle, qui se reflète, in fine, par une pension de retraite plus faible que celle d’un homme du même âge.
En 2023, alors que les ménages sont touchés de plein fouet par une inflation galopante, les Restos appellent, eux aussi, à l’aide. Les dons sur lesquels ils comptent pour assurer leurs distributions chutent et certaines antennes risquent de mettre la clef sous la porte. L’afflux de nouveaux bénéficiaires, en parallèle, augmente à mesure que le prix de leurs paniers de courses s’alourdit. Patrice Douret, le président de l’association, le rappelait dans les colonnes du Parisien : « Au départ, l’objectif des Restos du Cœur était de ne plus exister, mais qui y croit encore ? »