
1. « APOCALYPSE » ET « CHAOS TOTAL »
La démission surprise de Sébastien Lecornu, Premier ministre français, a révélé une crise politique majeure sous le régime d’Emmanuel Macron. Les médias étrangers, allant jusqu’à qualifier la situation d' »apocalypse » et de « chaos total », se montrent alarmés par l’instabilité du gouvernement, un événement sans précédent même en regard des cas récents en Italie et au Royaume-Uni. L’analyse met en évidence un affaiblissement du pouvoir et l’incertitude du paysage politique français, avec une opinion internationale préoccupée par l’avenir de la France.
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2.« Les gouvernements passent, le chaos demeure »
TITRE L’EXPRESS QUI POURSUIT :
« La démission du gouvernement Lecornu, quelques heures seulement après son annonce, sidère les médias internationaux. Tous s’inquiètent de l’impasse dans laquelle se trouve Emmanuel Macron.
Un gouvernement qui s’effondre en moins de vingt-quatre heures : même pour l’Italie ou la Belgique, souvent perçues comme des modèles d’instabilité politique, cela constituerait un record. « Le gouvernement d’une nuit », … «
3.« Macron est à bout de souffle », « le pays semble épuisé »…
TITRE TF1 QUI POURSUIT :
« Un coup de théâtre »
, voilà comment la presse étrangère décrit la situation politique française, qui a connu ce lundi 6 octobre un nouveau rebondissement. Dix mois après la motion de censure qui a renversé Michel Barnier, un mois après le vote de confiance manqué par François Bayrou, voilà qu’un troisième Premier ministre présente sa démission(nouvelle fenêtre) à Emmanuel Macron. Pour Sébastien Lecornu, « les conditions n’étaient plus remplies »
pour rester à Matignon, 14 heures à peine après l’annonce de son gouvernement(nouvelle fenêtre).
À l’étranger, la presse ne masque pas sa sidération. Y compris au Royaume-Uni, qui a pourtant connu une situation similaire en 2022, lorsque la Première ministre Liz Truss a été contrainte au départ 44 jours après son arrivée. « Le Premier ministre français démissionne en raison des nombreuses critiques à l’encontre de son gouvernement »
, rapporte The Guardian
(nouvelle fenêtre), qui accable le président de la République. « La France traverse une période d’instabilité et de crise politique depuis que (…) Macron a convoqué des élections anticipées peu concluantes l’année dernière »
, écrit le média britannique.
Pour CNN, « Macron est à bout de souffle »
Il est loin d’être le seul à regarder directement du côté de l’Élysée. Aux États-Unis, où la démission du gouvernement est en bonne place sur le site de CNN(nouvelle fenêtre), on estime que cette « décision choc »
est « le signe le plus clair que Macron est à bout de souffle »
. Sébastien Lecornu « part avec la distinction infamante d’être le Premier ministre français au mandat le plus court depuis le début de la Vᵉ République »
, notent les Américains. « Après cinq Premiers ministres en moins de deux ans – aucun n’ayant réussi à construire une majorité stable – le pays semble épuisé et de plus en plus lassé de »
son président.
Outre-Rhin, c’est aussi la situation de l’Europe qui inquiète. Après ce « coup de théâtre »
, « la pression monte à nouveau »
en France, remarque le quotidien allemand Bild
(nouvelle fenêtre). Qui rappelle une réalité à laquelle aucun parti politique ne pourra échapper : « avec environ 3.300 milliards d’euros, la France affiche la dette la plus élevée de l’Union européenne »
.Lire aussiDémission de Lecornu : sans passation de pouvoir, qui sont vraiment les ministres démissionnaires ?
En Belgique, pays qui a déjà passé plus de 200 jours sans gouvernement, on estime que « le monde politique français nage dans l’inconnu »
, écrit le journal Le Soir
. Qui évoque un « bouleversement de la vie politique française »
. Dont l’issue demeure incertaine.
4.« Spectacle navrant », « chaos total » : comment la presse étrangère juge la crise politique en France
TITRE FRANCE CULTURE QUI POURSUIT
« Apocalypse”, “chaos”, “théâtre de l’absurde”, au lendemain de la démission de Sébastien Lecornu, la presse étrangère n’a pas eu de mots assez durs pour qualifier la crise politique française.
Avec
- Anaïs Ginori, correspondante à Paris de La Repubblica
- Martina Meister, correspondante à Paris du quotidien allemand Die Welt.
- Richard Werly, éditorialiste France Europe pour le site d’informations Blick.fr
Trois correspondants étrangers – Anaïs Ginori pour La Repubblica (Italie), Martina Meister pour Die Welt (Allemagne) et Richard Werly pour Blick (Suisse) – présentent les visions de nos voisins européens sur la crise politique française, emprises de stupeur, d’inquiétude et parfois d’un brin d’ironie.
Des politiques fébriles
Dans ce désordre français, ce qui frappe les observateurs étrangers, c’est moins la crise institutionnelle que la fébrilité du pouvoir. La journaliste italienne Anaïs Ginori s’étonne : “C’est la dramatisation de la situation par les politiques qui me frappe. Les mouvements de panique viennent de l’intérieur du pouvoir.” en faisant référence à la démission de Sébastien Lecornu au lendemain de la nomination de son gouvernement. Elle ajoute : “Les politiques ne se donnent plus le temps, ils se précipitent. Il y a une fuite en avant.” Un constat partagé par le Suisse Richard Werly : “Nous n’étions pas habitués à cette fébrilité au sommet, à ce sentiment que les acteurs eux-mêmes ne savent plus où ils vont.” La scène politique, conclut-il, semble gouvernée par les “mauvaises passions” et non par la raison.
Malgré le tumulte, le journaliste suisse estime que les marchés “ne craignent pas que l’État français arrête de rembourser sa dette. Ils savent que l’administration française sait récolter l’impôt, donc qu’ils seront payés. Eux, ce qui les intéresse, c’est de facturer plus cher.” Une ironie helvétique : la France inquiète, mais demeure une valeur sûre du point de vue des créanciers tant qu’elle sait lever l’impôt.
« Un système à bout de souffle »
En Allemagne, l’inquiétude est plus frontale. La journaliste allemande Martina Meister observe : “Les Allemands ont peur, car quand on confronte les Français à la réalité, ils tergiversent.” Et d’ajouter : “[La faiblesse de Macron] est une réussite personnelle pour Poutine.” Pour elle, la crise actuelle révèle surtout les limites du système français : “La culture du compromis s’apprend, mais ne s’impose pas. En Allemagne, elle est le résultat du système électoral.”. Et de conclure : “Sans proportionnelle, on ne va pas y arriver.”
Selon elle, “le système électoral semble à bout de souffle”. Dans ce climat, “aucune figure consensuelle ne ressort”, raison pour laquelle, dit-elle, “une élection présidentielle ne sera pas la solution”.
Effet miroir européen
Les comparaisons se multiplient dans les presses françaises et étrangères. L’Italie, autrefois symbole d’instabilité, devient un miroir inattendu de la France. La journaliste italienne Anaïs Ginori souligne : “Ce qui frappe en France, c’est l’hégémonie de la France insoumise à gauche. Une gauche radicale aussi forte est quelque chose de très française. La gauche italienne a fait sa mue, son aggiornamento.” et s’est modérée. À droite, la journaliste relève des différences majeures : “Giorgia Meloni vient d’un parti qui a eu davantage l’expérience du pouvoir que le Rassemblement national. Meloni est pro-atlantiste et très clairement anti-Poutine.”