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MISE À JOUR – « La France a perdu toute crédibilité budgétaire » – LA NOTE DE LA FRANCE À NOUVEAU DÉGRADÉE – L’INSTABILITÉ POLITIQUE DÉTRUIT DURABLEMENT LA CONFIANCE

MISE À JOUR

« La France a perdu toute crédibilité budgétaire »

Eric Albert LE MONDE 21 octobre 2025

La dégradation de la note de la dette française par les agences Fitch et S&P met en évidence à quel point plus personne, sur les marchés financiers et dans l’UE, ne croit les promesses de redressement des comptes publics de l’Etat, constate Eric Albert, dans sa chronique.

En 2012, pendant la crise de la zone euro, la France a perdu son AAA sur sa dette publique, la meilleure note attribuée par les agences de notation. Une lente glissade débutait, d’abord dans les catégories AA, puis, depuis deux semaines, dans le A. Les 12 et 17 octobre, les agences Fitch et S&P (anciennement Standard & Poor’s) ont fait passer la France en A+, la cinquième meilleure note, à égalité avec l’Espagne ou le Portugal.

Il ne faut pas se méprendre sur la causalité. Les agences de notation sont de simples thermomètres, qui mesurent la santé déclinante des comptes publics français. Elles ne provoquent aucune panique sur les marchés financiers, qui ont constaté depuis longtemps le chaos politique ambiant et n’avaient pas besoin de ce rappel.

Mais ce qui inquiète, c’est le langage utilisé par les agences. Malgré des formules policées, celles-ci disent ne plus croire un mot des promesses du gouvernement, qui affirme que le déficit, qui devrait être de 5,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025, sera réduit à 4,7 % en 2026.

Hautement dommageable

Improbable, répliquent les agences. S&P prédit un déficit de 5,3 % du PIB en 2026, tandis que Fitch parie sur… une hausse de ce dernier à « 5,5 %-5,6 % ». Elles ne font que refléter le consensus des économistes. Ceux de la Société générale parlent de 5,5 %. En clair, la France a perdu toute crédibilité budgétaire auprès des marchés, des investisseurs internationaux et, surtout, de ses partenaires européens. La promesse faite à Bruxelles de revenir à 3 % de déficit d’ici à 2029 ne vaut pas plus que le papier utilisé pour l’imprimer.

C’est hautement dommageable. Non pas que la France risque la ruine à court terme. La possibilité d’une intervention du Fonds monétaire international, agitée par François Bayrou, est une grossière exagération, politiquement contre-productive. Pour l’instant, le pays continue à se financer sans problème : chaque émission de dette trouve de nombreux acheteurs. Les Français ont beaucoup d’épargne, l’économie demeure la septième plus importante au monde et elle est diversifiée.

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Dégradation de la note de la France : « La suspension de la réforme des retraites a envoyé un signal très négatif »

TITRE LE POINT vendredi 17 octobre QUI POURSUIT :

« Mauvaise nouvelle pour Bercy : S & P a abaissé la note de la France à A +. L’économiste Norbert Gaillard décrypte pour « Le Point » cette décision.

L’agence de notation S & P devait se prononcer fin novembre. Elle a surpris tout le monde en dégradant la note de la France vendredi 17 octobre, de AA – à A +. « Nous pensons que l’incertitude politique pèsera sur l’économie française en freinant l’investissement et la consommation privée, et donc la croissance », a-t-elle souligné dans un communiqué. Norbert Gaillard, économiste spécialiste du risque souverain, nous explique pourquoi l’agence a fait le choix de cette dégradation anticipée.

Norbert Gaillard : La dégradation en tant que telle n’a rien de surprenant. S & P a fait part depuis plusieurs mois d’une défiance quant à la capacité de la France à réduire son déficit et à stabiliser sa dette

L’agence Standard & Poor’s a annoncé vendredi qu’dégradait la note souveraine de la France

L’agence Standard & Poor’s a annoncé vendredi qu’elle dégradait la note souveraine de la France de AA- à A+ (avec perspective stable), estimant que «malgré la présentation cette semaine du projet de budget 2026, l’incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée».

S&P est la deuxième agence de notation à priver la France d’une notation double A, en raison des perspectives de dégradation de la situation budgétaire et de l’incertitude politique. Fitch avait fait de même le 12 septembre et Moody’s devrait logiquement suivre la semaine prochaine.

La note elle-même ne servira pas d’électrochoc, tant elle était attendue. Mais comment ne pas voir dans le bouleversement exceptionnel du calendrier de l’agence de notation, qui a rendu son verdict avec plus d’un mois d’avance, un signal adressé directement à ceux qui s’apprêtent à façonner le budget ?

Incertitude politique

Alors que la dette publique doit frôler cette année les 118 % du PIB, le gouvernement continue d’afficher son intention de lui faire atteindre un pic de 118,6 % du PIB en 2027 avant d’amorcer une lente décrue. S&P ne croît pas à ce scénario et estime désormais que la dette atteindra 121 % du PIB en 2028.

Le nouveau ministre de l’Économie, Roland Lescure, a réagi ce samedi matin à la rétrogradation de la note de la France par Standard & Poor’s, qui n’était attendue que pour la fin du mois de novembre. Un nouvel avertissement après la dégradation de la note française par l’agence Fitch. Pour le nouveau patron de Bercy, qui «prend acte» de l’annonce, il s’agit d’un «appel à la lucidité, la responsabilité», mais surtout un «appel au sérieux», a-t-il estimé au micro de Franceinfo.

« Malgré le dépôt d’un projet de budget pour 2026 au Parlement cette semaine, l’incertitude sur les finances publiques de la France demeure élevée »

, expliquent les analystes de S&P dans la note qui accompagne leur décision. « Bien qu’à notre avis l’objectif de déficit public de 5,4 % du PIB en 2025 sera atteint, nous croyons qu’en l’absence de mesures additionnelles significatives pour réduire le déficit, la consolidation budgétaire sur notre horizon de prévision sera plus lente qu’attendu précédemment »

L’agence souligne que l’incertitude politique pourrait peser sur l’économie française en freinant l’investissement, la consommation privée et la croissance, malgré la présentation du projet de budget 2026 au Parlement.

« La France est l’un des seuls grands pays européens qui n’a connu que des baisses », indique l’économiste Pascal de Lima

«C’est la troisième (dégradation) en un an (…) On ne peut pas ignorer ce nuage. Au fond, c’est un nuage qui s’ajoute à un bulletin météo déjà assez gris», a-t-il poursuivi. L’agence Standard & Poor’s a annoncé vendredi dégrader la note souveraine française de AA- à A+ (avec perspective stable), estimant que «malgré la présentation cette semaine du projet de budget 2026, l’incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée».

Changement de regard des investisseurs financiers

Les investisseurs financiers n’ont pas attendu la décision des agences de notation pour changer progressivement leur regard sur la dette française. « Le marché perçoit la note de la France comme étant équivalente à BBB, soit 4 ou 5 rangs en dessous de la note actuelle », relevait Théophile Legrand, stratégiste de taux chez Natixis CIB.

De nombreux pays européens moins bien notés que la France empruntent d’ailleurs aujourd’hui à de meilleurs taux. L’Espagne et le Portugal, tous deux noté « A – », se financent à moindre coût depuis un an.

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