Comment la République finit par oublierceux qu’elle devrait protéger

Ils tiennent littéralement le pays debout. Dans l’ombre, sans bruit. Il y a les  » premiers de cordée  » : ils ramassent nos poubelles, conduisent nos bus, mais certains dorment la nuit sur un carton.

Il y a ces infirmières des déserts médicaux qui vont jusqu’à soigner gracieusement. L’Éducation nationale ? En banlieue, on fait classe dans des écoles où les radiateurs pendent aux murs.

La lutte contre l’insécurité ? Des hommes en bleu travaillent bien au-delà de leurs horaires pour sécuriser des quartiers délaissés. Les élus ? Sur le terrain 70 heures par semaine et pourtant oubliés de la classe dirigeante, là-haut, dans la capitale. Le ras-le-bol, à force de grandir, se transforme.

Allant au-delà des cris de colère, ce livre-enquête, fruit de quatre ans de reportage dans tout le pays, cherche à comprendre pourquoi de plus en plus de Français se sentent oubliés.

Il donne aussi à voir des solidarités intérieures tenues à bout de bras, les  » épuisés  » refusant de lâcher. La question est d’intérêt général : car pourquoi continuer à penser collectif quand on se sent abandonné ?

ARTICLE – François-Xavier Ménage signe un livre enquête sur les invisibles de la République : « Ils ont l’impression qu’on a oublié la France »

Héros ordinaires

Par  Alice Le Jan MARIANNE 16/10/2025

Ils font tenir les derniers maillons de la République, tant dans les territoires délaissés qu’au plus proche des grandes villes. À l’image de leurs combats, ils ne reçoivent aucune considération. Auteur de l’ouvrage « Les Oubliés, Enquête aux racines de la colère française » (Robert Laffont), François-Xavier Ménage revient pour « Marianne » sur l’origine de la colère des invisibles qui font société. Entretien.

Ils soignent gratuitement, ils assurent une présence policière sans surveillance durant leur temps libre, ils enseignent dans les zones délaissées… Dans une France qui semble tomber en morceaux, ils sont nombreux à se mobiliser à leur échelle, dans l’ombre. Une colère sourde est à la source de leur engagement. Une colère nourrie par un pays qui abandonne ceux qui la font tenir.

Qui sont ces invisibles de la République ? Pourquoi de plus en plus de Français se sentent « oubliés » ? À l’occasion de la sortie de son ouvrage, intitulé Les Oubliés, Enquête aux racines de la colère française (Robert Laffont), fruit de quatre années de reportage sur le terrain, François-Xavier Ménage, grand reporter pour la télévision et la radio, répond à Marianne.

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« Il y a le sentiment que l’ascenseur social est complètement cassé » : dans « Les oubliés », François-Xavier Ménage décrypte les racines de la colère française

Par Laurent Guenneugues

Le 15 octobre 2025 TÉLÉGRAMME

Reporter sur TF1, François-Xavier Ménage sort ce jeudi 16 octobre un nouveau livre intitulé « Les oubliés ». Celui qui a grandi à Ploërmel (56) y dresse le portrait d’une France délaissée, déconsidérée, en perte de sens. Interview.François-Xavier Ménage, grand reporter originaire de Ploërmel, signe là son cinquième ouvrage. (Emmanuel Croset/Robert Laffont)

Dans votre précédent ouvrage, vous montriez comment « Ça craque » de toutes parts en France. Ce livre « Les oubliés » est-il la suite ?

D’une certaine manière, oui. Je voulais questionner la notion de colère et la contextualiser, dans des domaines qui touchent aussi bien à la santé, au logement, à l’insécurité et au vivre ensemble. Sur un sujet comme l’immigration, par exemple, si on entend les migrants, les policiers aux frontières, les associations qui leur viennent en aide et les riverains, on a une vision plus large. C’est un sujet qui suscite beaucoup de débats, mais en oubliant souvent le terrain. La réalité du terrain, ce n’est pas celle des plateaux télé.

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