
DES FAILLES CONFIRMÉES ET ACCENTUÉES, ET PEU DE PERSPECTIVES POSITIVES
L’enquête annuelle des « Fractures « confirme chaque année les failles de notre pays dans toutes ses dimensions ( sociétale, culturelle, sociale, politique, économique, démocratique).
Et certaines de ces failles sont aggravées en 2025, notamment :
- La fin du macronisme confirmée et le vide politique qu’il a créé
- La défiance encore accrue envers les politiques
- L’instabilité renforce cette défiance et le sentiment de dysfonctionnement de la démocratie
- E. Macron apparaît comme celui qui accuse le plus grand décrochage en un an : 58 % des personnes interrogées souhaitent sa démission, contre 52 % en 2024
- Une nette majorité de Français à souhaiter une dissolution de l’Assemblée nationale
- Un effondrement de la confiance dans les institutions
- Plus de 90 % des répondants estiment que « la France est en déclin », 3 points de plus que l’an dernier
- Le Rassemblement national domine largement dans les préférences des Français, de quoi en faire le favori de l’élection présidentielle de 2027
- L’image du Rassemblement National (RN) s’améliore légèrement sur certaines dimensions importantes. Désormais, 47% des Français estiment que le RN est “capable de gouverner le pays” (+3 points depuis 2024), et les Français pensent que le RN est le parti le plus proche de leurs préoccupations (42%).
- Les opinions relatives à la liberté économique et à l’interventionnisme de l’Etat, ou le degré d’ouverture à l’égard de l’immigration, dessinent quatre sous-populations qui ne se superposent pas tout fait sur les partis
- Le débat politique a ravivé le spectre d’une guerre des générations en France, mais sans guerre généralisée pour l’instant
- Une montée du sentiment de déclassement. Les Français se montrent pessimistes sur leur avenir au sein de la société
- De fortes inquiétudes sur les enjeux économiques et sociaux
- Le développement d’une forte nostalgie : 75% des Français considèrent « qu’en France, c’était mieux avant » et 71% déclarent s’inspirer de plus en plus des valeurs du passé dans leur vie
- Seuls 36% des Français estiment que leur avenir est plein d’opportunités et de nouvelles possibilités
- Le pouvoir d’achat demeure leur première préoccupation, citée par 36% d’entre eux,
- La délinquance (22%), et l’immigration (22%), viennent ensuite
- Puis l’environnement (18%) ou le système de santé (18%.
QUELQUES EXTRAITS D’ARTICLES ET LA SYNTHÈSE DE L’ENQUÊTE
1. ARTICLE – La deuxième mort du macronisme
2. ARTICLE – La crise gouvernementale accroît la défiance des Français envers le personnel politique
3. ARTICLE – Dans une France très pessimiste, le RN domine tous les autres partis
4. ARTICLE – Le sentiment de déclin de la France au plus haut
5. ARTICLE – L’extrême droitisation des préférences partisanes
6. ARTICLE – La guerre des générations a-t-elle vraiment lieu ?
7. ARTICLE – Un espace politique français bien plus divers que le clivage gauche-droite
8. SYNTHÈSE – FRACTURES FRANÇAISES 2025
1. ARTICLE – « Fractures françaises » : la deuxième mort du macronisme
Luc Roubandirecteur de recherche CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) LE MONDE
De 2017 à 2025, l’électorat d’Emmanuel Macron a mué et exige désormais une autorité qui lui fait défaut, comme en témoigne la suspension de la réforme des retraites, analyse Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et au Cevipof, à partir de l’enquête « Fractures françaises ».
La suspension de la réforme des retraites par le gouvernement Lecornu signifie bel et bien la fin du macronisme dans sa volonté d’adapter la France à la mondialisation en contournant les oppositions sociales. On peut jouer sur les mots, penser que cette réforme aura bien lieu plus tard et d’une autre manière. Mais qu’un texte ayant tant impliqué le gouvernement d’Elisabeth Borne et suscité une telle colère soit écarté du revers de la main signifie une abdication politique en bonne et due forme.
C’est bien le projet macroniste qui se voit vidé de sa substance libérale alors que le Parti socialiste (PS) redevient désormais le porte-parole du social-libéralisme pro-européen. Si l’on étudie de près les résultats de l’enquête « Fractures françaises », en comparant la vague de 2025 à celle de 2017, on voit que le macronisme se meurt idéologiquement en France.
Je Son décès, annoncé le 6 octobre 2024, vient parachever un processus de recomposition électorale qui s’est amorcé depuis plusieurs années. La proportion de vrais macronistes, c’est-à-dire d’électeurs à la fois fortement libéraux sur le plan économique comme sur le plan culturel, n’a pas gagné de terrain, passant de 16 % des enquêtés en 2017 à 14 % en 2025. En revanche, dans le même temps, les libéraux économiques autoritaires passent de 31 % à 37 %, les électeurs de gauche libéraux culturels mais peu libéraux sur le plan économique restent à 26 % et ceux qui refusent les deux …
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2. ARTICLE – « Fractures françaises » : la crise gouvernementale accroît la défiance des Français envers le personnel politique
L’instabilité coûte cher, entre défiance renforcée et sentiment de dysfonctionnement de la démocratie, montre la treizième vague de l’enquête annuelle « Fractures françaises », réalisée par Ipsos pour « Le Monde », la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof et l’Institut Montaigne.
Décembre 2024. Le gouvernement de Michel Barnier était sur le point de tomber, et l’enquête « Fractures françaises »faisait le portrait d’un pays inquiet, décliniste et mécontent de ses dirigeants. Onze mois ont passé, le successeur de Michel Barnier, François Bayrou, est tombé lui aussi ; Sébastien Lecornu manœuvre désormais précairement au Parlement pour éviter la chute. La crise politique s’éternise et elle approfondit la défiance, dans un contexte économique difficile pour la majorité des ménages, montre la nouvelle édition de cette large enquête menée par l’institut Ipsos pour Le Monde, le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), la Fondation Jean Jaurès et l’Institut Montaigne.
Si la défiance concerne l’ensemble du personnel politique, Emmanuel Macron apparaît comme celui qui accuse le plus grand décrochage en un an : 58 % des personnes interrogées souhaitent sa démission, contre 52 % en 2024. Fait notable à l’heure où le président de la République est contraint de se tourner vers son domaine réservé, la politique étrangère, près de deux tiers de sondés (65 %) ne lui font pas confiance pour protéger le pays des risques de guerre, qui sont jugés forts par…
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3. ARTICLE – Dans une France très pessimiste, le RN domine tous les autres partis
En 2025, les Français affichent un niveau de pessimisme record sur la situation politique et sociale du pays. C’est le principal enseignement de la nouvelle édition de l’enquête annuelle « Fractures françaises 2025 », réalisée par Ipsos. Et au cœur de ce paysage fragmenté, un constat s’impose, le Rassemblement national (RN) apparaît comme le seul parti à tirer profit de ce climat d’instabilité.
Par Emma Bador-Fritche Publié le 21/10/2025 PUBLIC SÉNAT
Jamais depuis le lancement de l’enquête « Fractures françaises » en 2014, les Français ne s’étaient montrés aussi pessimistes. 90 % d’entre eux estiment que la France est « en déclin », un record historique. Dans une France minée par les crises sociales, environnementales, géopolitiques et surtout politiques, la confiance des Français envers leurs institutions et leurs dirigeants continue de reculer. Cette morosité s’inscrit dans une période particulièrement mouvementée avec la censure du gouvernement Barnier, les démissions successives des gouvernements Bayrou puis Lecornu, et la reconduction difficile de ce dernier en octobre, juste avant la réalisation du sondage. Dans ce contexte de défiance généralisée, seule une institution et un parti se distinguent par leur niveau de confiance : la commune et le Rassemblement national.
Le RN s’impose comme parti « capable de gouverner »
L’édition 2025 de « Fractures françaises » confirme une mutation profonde du rapport des citoyens aux partis politiques. L’image du Rassemblement national continue de s’améliorer, 47 % des Français considèrent désormais que le RN est « capable de gouverner le pays », soit une hausse de 5 points par rapport à 2024 et de 15 points depuis 2020. De même, 42 % des sondés estiment que le RN est « proche de leurs préoccupations », le score le plus élevé parmi toutes les formations politiques. Par contraste, seuls 49 % des Français jugent encore le RN « dangereux pour la démocratie » (–12 points depuis 2020), et 50 % le perçoivent comme un parti « qui attise la violence » (–9 points depuis 2021).
Un paysage partisan bouleversé
Le rapport de force politique continue de se modifier. En 2025, 22 % des Français se déclarent sympathisants du Rassemblement national, contre seulement 8 % pour le Parti socialiste ou La France insoumise, 6 % pour Renaissance et Les Républicains, et 5 % pour les Écologistes. Les autres partis, PCF, MoDem, Horizons ou Reconquête ! oscillent entre 1 et 3 %. Par rapport à 2020, la progression du RN est spectaculaire, + 8 points en cinq ans, tandis que les grands partis traditionnels, de la droite à la macronie, s’effondrent. Renaissance et Les Écologistes perdent chacun plus de six points de soutien, signe d’une désaffection durable. Cette tendance s’explique en partie par « une attente de stabilité et d’autorité plutôt qu’un rejet des institutions démocratiques », selon les auteurs de l’étude.
Une droitisation des préférences partisanes
Avec 47 % de crédibilité sur sa capacité à gouverner, le Rassemblement national n’est désormais plus devancé que d’un point par Les Républicains et distance le parti présidentiel Renaissance de 17 points. L’étude souligne aussi une dégradation de la « force de répulsion » du RN. S’il reste perçu comme un parti d’extrême droite par 66 % des Français, ce chiffre est en recul.
En parallèle, 70 % des sondés qualifient La France insoumise de parti d’extrême gauche, signe d’une polarisation accrue. La gauche radicale pâtit ainsi d’une image de plus en plus « radicale », quand le Rassemblement National se repositionne comme une force de gouvernement. La normalisation du parti d’extrême droite semble désormais achevée. Pour une partie croissante de l’électorat, il incarne moins la rupture que la continuité d’un ordre à restaurer.
Vers une présidentielle sous tension ?
À moins de deux ans de l’élection présidentielle, cette dynamique place le Rassemblement national en position de favori. Si le « front républicain » a encore fonctionné lors des législatives de 2024, il pourrait se révéler beaucoup plus fragile en 2027. La désaffection vis-à-vis des partis traditionnels, la crise de confiance envers l’exécutif et la lassitude démocratique créent un terrain favorable à la progression du RN. Toutefois, les auteurs de l’étude soulignent qu’un écart persiste entre la crédibilité accordée au parti et le soutien électoral à une candidature spécifique. Mais dans cette France dépeinte comme « fatiguée », « inquiète » et en « quête d’autorité », le Rassemblement national apparaît, pour beaucoup, comme l’alternative la plus crédible.
4. ARTICLE – Le sentiment de déclin de la France au plus haut
L’enquête annuelle « Fractures Françaises » dévoilée lundi par Le Monde pointe une défiance record envers les députés et un pessimisme alarmant des Français, saisis par la crise politique actuelle
Publié le 20 octobre 2025 LE MONDE. Sarah Spitz
Une France qui semble fatiguée d’elle-même. Voilà l’image qui se dégage du cru 2025 de la vaste enquête « Fractures françaises ». Comme tous les ans, quelque 3 000 personnes ont été interrogées par l’institut Ipsos pour Le Monde, le Cevipof, la Fondation Jean Jaurès et l’Institut Montaigne sur le contexte politique, social… Les résultats reflètent la gravité du moment politique inédit que vit le pays. Pas moins de 90 % des répondants estiment que « la France est en déclin », 3 points de plus que l’an dernier. Jamais, depuis 2014, ce sentiment n’avait atteint une telle intensité – même s’ils sont un peu plus nombreux à penser qu’il n’est pas irréversible…
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5. ARTICLE – « Fractures françaises » : l’extrême droitisation des préférences partisanes
Gilles FinchelsteinSecrétaire général de la Fondation Jean Jaurès LE MONDE
Le Rassemblement national domine largement dans les préférences des Français, de quoi en faire le favori de l’élection présidentielle de 2027, analyse Gilles Finchelstein, secrétaire général de la Fondation Jean Jaurès, à partir de l’enquête annuelle « Fractures françaises », réalisée par Ipsos pour « Le Monde », la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof et l’Institut Montaigne.
Après les élections législatives de 2022 et, davantage encore, de 2024, les partis politiques disposent de pouvoirs plus étendus que jamais depuis les débuts de la Ve République. Dans le même temps, 10 % seulement des Français déclarent leur faire confiance – c’est le plus faible score des vingt institutions testées, 58 points derrière les maires et encore 8 points en dessous de la confiance qu’ils recueillaient en 2022.
Mais la treizième vague de l’enquête « Fractures françaises » va au-delà de la catégorie « partis politiques » considérée de manière abstraite ; elle permet de mesurer le poids et l’image de chacun des partis politiques ; ce faisant, elle éclaire le paysage partisan à 500 jours de l’élection présidentielle de 2027 – et ce d’autant mieux si on compare les résultats aux mêmes questions posées il y a précisément cinq ans, à 500 jours de l’élection présidentielle de 2022.
Le rapport de force entre les principales formations politiques peut se résumer par deux idées simples. Première idée : nous assistons à une « extrême droitisation » des préférences partisanes. Lorsque l’on interroge les Français sur le parti politique dont ils se sentent « le plus proche ou le moins éloigné », il y a le Rassemblement national (RN) et, très…
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6. ARTICLE – « Fractures françaises » : la guerre des générations a-t-elle vraiment lieu ?
Blanche LeridonDirectrice éditoriale de l’Institut Montaigne. LE MONDE
Si la jeunesse est plus en colère que ses aînés, elle ne les désigne pas comme coupables, analyse Blanche Leridon, directrice éditoriale de l’Institut Montaigne, à partir de l’enquête annuelle « Fractures françaises », réalisée par Ipsos pour « Le Monde », la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof et l’Institut Montaigne.
Les débats sur les retraites, couplés aux difficultés économiques et budgétaires actuelles, ravivent le spectre d’une guerre des générations en France. Les belligérants de ce conflit présumé sont bien connus : d’un côté les « boomers », nés entre 1945 et 1960, qui auraient bénéficié d’une période de croissance économique sans précédent et s’accrocheraient à leurs privilèges.
En face, des actifs et une « génération Z » qui nourriraient une forme de rancœur face à des aînés jugés trop gâtés, peu soucieux de la soutenabilité d’un modèle basé sur une solidarité intergénérationnelle en danger. Les données issues de la treizième édition de l’enquête « Fractures françaises », si elles mettent en lumière des terrains de conflictualité, ne permettent pas, pour l’heure, de conclure à la guerre généralisée.
Face à l’affirmation selon laquelle « certains estiment que les générations les plus anciennes ont bénéficié de meilleures conditions d’existence et qu’elles doivent donc contribuer davantage à la solidarité envers les jeunes », un quart des retraités se disent d’accord avec ce constat, 42 % ne sont « ni d’accord ni pas d’accord » et un tiers est en désaccord avec cette affirmation. Ni rejet massif, ni adhésion généralisée donc. Du côté des actifs, 44 % …
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7. ARTICLE – Un espace politique français bien plus divers que le clivage gauche-droite
Kevin ArceneauxDirecteur du CevipofAnne MuxelDirectrice de recherches au Cevipof (CNRS-Sciences Po)
En matière d’immigration et d’économie, quatre sensibilités fracturent les appareils politiques, démontrent Kevin Arceneaux, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), et Anne Muxel, directrice de recherches au Cevipof, à partir de l’enquête annuelle « Fractures françaises ».
On parle depuis des années de tripartition de l’espace politique français et, depuis quelques mois, le déclin du macronisme s’accentuant, d’un retour du clivage entre la gauche et la droite. Et si les choses étaient plus compliquées que cela ? Surtout lorsqu’on regarde le paysage politique du point de vue des électeurs et non des appareils politiques.
A partir de deux indicateurs synthétiques, l’un mesurant la position sur l’axe gauche-droite en fonction des opinions relatives à la liberté économique et à l’interventionnisme de l’Etat, l’autre évaluant le degré d’ouverture à l’égard de l’immigration, nous avons distingué quatre sous-populations qui constituent autant de familles politiques.

8. SYNTHÈSE – FRACTURES FRANÇAISES 2025

En 2025, les Français affichent un niveau de pessimisme inédit face à la situation politique et sociale du pays. Pouvoir d’achat, déclassement social, déclin national, mais aussi défiance généralisée envers les institutions, les partis et le personnel politique : les indicateurs sont au rouge. Une majorité appelle à une dissolution de l’Assemblée, voire à une démission du Président. Dans ce contexte, la confiance ne subsiste que pour des figures locales comme les maires ou des entités stables comme les PME, l’armée et l’école.
Un contexte social marqué par une montée du pessimisme
Les Français expriment toujours de fortes inquiétudes sur les enjeux économiques et sociaux. Le pouvoir d’achat demeure leur première préoccupation, citée par 36% d’entre eux, dépassant largement les autres sujets comme la délinquance (22%), l’immigration (22%), l’environnement (18%) ou le système de santé (18%. Cet enjeu lié au coût de la vie est le seul à être véritablement transverse : il ne tombe sous la barre des 20% dans aucune catégorie de la population – hormis chez les sympathisants Renaissance (19%).
A ces difficultés économiques s’ajoute le sentiment de déclassement. Les Français se montrent pessimistes sur leur avenir au sein de la société, plus d’un tiers estimant que leur position sociale va se dégrader à l’avenir. De même, 66% des Français estiment ne pas recevoir le respect qu’ils méritent.
Dans ce contexte, le sentiment d’un déclin du pays continue à s’intensifier : 90% des Français pensent que le pays est en déclin, soit un chiffre en hausse de 3 points par rapport à l’an dernier et un niveau record depuis le lancement du dispositif en 2014. Un tiers des répondants (32%) déclarent même que ce déclin est irréversible.
Une nostalgie croissante face à un avenir incertain
Cette perception négative nourrit une forte nostalgie : 75% des Français considèrent « qu’en France, c’était mieux avant » et 71% déclarent s’inspirer de plus en plus des valeurs du passé dans leur vie. En revanche, quand ils pensent à la France dans les années à venir, seuls 36% des Français estiment que leur avenir est plein d’opportunités et de nouvelles possibilités – soit une chute de 4 points en un an et, au total, de 10 points depuis septembre 2022.
Seuls 41% des moins de 35 ans considèrent que leur avenir est plein d’opportunités et de nouvelles possibilités – un résultat qui révèle des fractures générationnelles non-négligeables. Ainsi, près de quatre Français sur dix estiment que les générations précédentes ont bénéficié de meilleures conditions d’existence que les jeunes actuels (dont 49% des moins de 35 ans contre 27% des 60 ans et plus).
L’instabilité politique conduit une nette majorité de Français à souhaiter une dissolution de l’Assemblée nationale, voire une démission du président de la République
Près de six Français sur dix se montrent préoccupés – à des degrés divers – par la crise politique actuelle. Le souhait d’une dissolution est en forte hausse cette année (43%, +12 points depuis 2024) – un souhait surtout porté par les sympathisants RN (64%) et LFI/PCF (54%). La part de Français souhaitant la démission d’Emmanuel Macron est quant à elle désormais nettement majoritaire, avec une hausse importante cette année (58%, +6 points depuis 2024). Ce souhait est majoritaire parmi les sympathisants LFI/PCF (78%), EELV (54%) et du RN (86%).
Après une année marquée par l’instabilité à l’Assemblée nationale, les Français se montrent toujours partagés sur la situation la plus adéquate, entre majorité relative ou absolue : on constate néanmoins qu’une courte majorité continue de favoriser les situations de majorité relative (53%).
La défiance envers les dirigeants politiques progresse nettement
Dans ce contexte, les Français estiment de plus en plus massivement que le personnel politique ne les représente plus :
- 87% pensent que les hommes et les femmes politiques agissent principalement pour leurs intérêts (+4 points depuis 2024, +16 points depuis 2022)
- 81% ont l’impression que le système démocratique fonctionne mal et que leurs idées ne sont pas représentées (+3 points depuis 2024, +13 points depuis 2022). Les sympathisants Renaissance restent les seuls à ne pas juger majoritairement que le système démocratique dysfonctionne – toutefois, ils sont désormais 42% à partager cette opinion.
- Enfin, 66% des Français estiment que la plupart des politiques sont corrompus (+3 points depuis 2024, + 6 points depuis 2022). Ce sentiment de corruption généralisée est désormais largement majoritaire auprès des sympathisants de gauche et de ceux du Rassemblement National.
Un effondrement de la confiance dans les institutions
Dans un contexte de crise politique, la confiance envers les députés et les partis politiques est à nouveau en recul : 20% des Français font confiance aux députés (-2 points depuis 2024, -16 points depuis 2022) et 20% font confiance à l’Assemblée nationale (-6 points depuis 2024). Les partis politiques continuent de susciter une méfiance générale : seuls 10% leur font confiance (-4 points depuis 2024, -8 points depuis 2022). A quelques mois des élections municipales, seuls les maires bénéficient encore d’une réelle confiance (68%) parmi les acteurs politiques.
Quant à la confiance envers la Présidence de la République, elle atteint son plus bas niveau(22%, -4 points depuis 2024, -22 points depuis 2017). Le terrain d’enquête a en partie coïncidé avec la démission de Sébastien Lecornu : la défiance envers la plupart des institutions politiques a progressé après cet épisode.
En revanche, la stabilité est de mise sur les autres institutions et organisations testées :
- Pour ce qui est des acteurs économiques, la confiance entre les PME reste très forte (82%, stable); celle envers les grandes entreprises (47%, -1 point) ou envers les banques (46%, stable) est plus limitée, mais elle est aussi stable par rapport à l’an dernier.
- Les institutions régaliennes comme l’armée (79%, -1 point) ou la police (74%, -1 point) bénéficient aussi d’une forte confiance de la population, laquelle est plus partagée envers la justice (44%, -1 point).
- L’école est une institution qui bénéficie d’une forte confiance de la part des Français : 70%, stable.
- A noter enfin la légère dégradation de la confiance dans les syndicats (36%, -3 points), à laquelle répond une légère amélioration pour les médias (34%, +2 points).
L’image des partis : déclin de Renaissance, progression du Rassemblement National
La défiance à l’égard du parti présidentiel augmente nettement dans cette vague. Seuls 21% des Français estiment que Renaissance est “proche de leurs préoccupations” (-4 points) et 30% jugent que ce parti est “capable de gouverner le pays” (-7 points, et -21 points depuis 2022). Renaissance est même perçu comme le troisième parti le plus “dangereux pour la démocratie” (40%) après le Rassemblement national (49%) et La France Insoumise (64%).
En parallèle, l’image du Rassemblement National (RN) s’améliore légèrement sur certaines dimensions importantes. Désormais, 47% des Français estiment que le RN est “capable de gouverner le pays” (+3 points depuis 2024), et les Français pensent que le RN est le parti le plus proche de leurs préoccupations (42%). Le nombre de personnes percevant le RN comme dangereux pour la démocratie continue de diminuer (49%, – 1 point depuis 2024, -12 points depuis 2020) et seuls 47% des Français estiment encore qu’il s’agit d’un parti xénophobe (-2 points depuis 2024, -11 points depuis 2020). Dans le même temps, 66 % qualifient néanmoins encore le RN de « parti d’extrême-droite ».