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MISE À JOUR – LA DESTRUCTION DE L’OLIVIER POUR ILAN HALIMI : L’EXTRAVAGANT JUGEMENT QUI REFUSE LE CARACTÈRE ANTISÉMITE – LE BIEN CURIEUX ARTICLE DU « MONDE » – APPEL DU PARQUET

MISE À JOUR :

Contestant le fait que le tribunal n’ait pas reconnu le caractère antisémite, le parquet de Bobigny fait appel

Contestant le fait que le tribunal n’ait pas reconnu le caractère antisémite, le parquet de Bobigny a annoncé vendredi 24 octobre avoir fait appel du jugement prononcé contre des frères jumeaux de 19 ans dans l’affaire de l’abattage d’un arbre en mémoire d’Ilan Halimi, jeune Français juif tué en 2006.

« L’appel porte notamment sur la décision de relaxe, contraire aux réquisitions du parquet, s’agissant de l’infraction de violation de monument édifié à la mémoire des morts, commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion », a écrit le procureur de la République de Bobigny, Eric Mathais, dans un communiqué. « Le dossier sera en conséquence évoqué de nouveau en appel », a-t-il souligné.

LA CARACTÈRE ANTISEMITE REFUSÉ CONTRE TOUTE LOGIQUE PAR LE TRIBUNAL

Le tribunal correctionnel de Bobigny vient de juger les jumeaux Brahim et Ismaël K., des Tunisiens de 19 ans soupçonnés d’avoir scié un olivier planté en hommage à Ilan Halimi, torturé à mort parce qu’il était juif.

Ils ont nié les faits commis cet été, se retranchant derrière une version baroque.

Ils ont été condamnés à des peines légères et n’ont pas fait l’objet d’une procédure d’interdiction du territoire.

Et, contre toute attente, le caractère antisémite du délit n’a pas été retenu.

Un jugement peu sévère

Ils encouraient 5 ans pour l’une des trois préventions, la plus grave : violation d’un monument à la mémoire des morts commise en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion. Ils répondent également de destruction de bien d’autrui.

Résultat : ils sont relaxés du délit antisémite, ils sont reconnus coupables d’avoir scié l’arbre.

huit mois de prison ferme pour Brahim, cible d’un mandat d’arrêt pour violences aggravées dans un dossier pendant, peine avec sursis pour Ismaël

DE NOMBREUSES RÉACTIONS , TOUTEFOIS LE JOUNAL LE MONDE RACONTE LE PROCÈS … ET NE RAPPELLE QU’À LA FIN DE L’ARTICLE QUE ILAN HALIMI ÉTAIT UN JEUNE JUIF

Extrait :

« Citoyen français de confession juive, Ilan Halimi, 23 ans, avait été séquestré et torturé en janvier 2006 à Bagneux (Hauts-de-Seine) par un groupe d’une vingtaine de personnes qui se faisait appeler le « gang des barbares », sous la direction de Youssouf Fofana. Découvert agonisant au bord d’une voie ferrée à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l’hôpital un peu moins d’un mois plus tard. »

LE MONDE N’ÉVOQUE PAS LE SOUPÇON D’UN ACTE ANTISEMITE POURTANT PLAIDÉ

Me Philippe Blanchetier, qui intervenait pour la mairie d’Épinay-sur-Seine, a plaidé le premier. Rappelant qu’il « n’y a pas de petits actes antisémites », il évoque les attentats commis depuis 2012 (le collège-lycée Otzar Hatorah à Toulouse) jusqu’aux « 1 673 agressions contre les Juifs, commises en 2024. Non, l’antisémitisme n’est pas résiduel »

La substitut du procureur, Maïlis Nouhi, est persuadée de leur culpabilité. Elle reprend une à une les charges, conclut que « la France est un pays de symboles. Et, sans respect de ces symboles, la paix sociale est en danger ». Elle requiert 15 mois ferme contre Brahim, un an contre Ismaël, leur maintien en détention et une interdiction définitive du territoire français ; la circonstance aggravante à raison de la religion juive d’Ilan est caractérisée, aucun doute à ses yeux.

L’ARTICLE DU MONDE NE DONNE NI LA NATIONALITÉ. NI LA SITUATION ADMINISTRATIVE DES PRÉVENUS

Ils sont tunisiens et sont arrivés en France, il y a deux ans, sans but précis, si ce n’est de rejoindre leur sœur à Pierrefitte, où pourtant ils ne résident pas. Vivant d’expédients, de petits boulots sur les marchés, non déclarés, ils sont sans domicile fixe. Ils « traînent » souvent au jardin d’Alcobendas à Épinay.

Les frères K., connus sous plusieurs alias.

En garde à vue, ils commencent à mentir, brandissent les alias – Ali, Karim ben Salem, Hamid –, affirment ne pas se connaître, concèdent finalement être cousins, mineurs, refusent de fournir le code de leurs portables. Mais la carte mémoire d’un appareil dévoile une vidéo tournée le 10 août près de l’arbre d’Ilan. Ismaël a filmé Brahim manipulant la tronçonneuse.

LE MONDE NE RAPPELLE PAS QUE L’ASSASSINAT D’ILAN À ÉTÉ CONSIDÉRÉ COMME UN ACTE ANTISÉMITE

Le Monde passe sous silence le martyr d’Ilan Halimi et ne rappelle pas le procès qui a suivi : Youssouf Fofana a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté.

« Arbre d’Ilan Halimi tronçonné à Épinay-sur-Seine : l’incompréhension après la relaxe sur le caractère antisémite »

A titré LE PARISIEN

« Des frères jumeaux de 19 ans ont été jugés mercredi à Bobigny pour avoir profané en août dernier l’olivier planté en hommage à Ilan Halimi, jeune juif assassiné en 2006. Le tribunal les a condamnés pour la destruction de l’arbre, mais a estimé que le caractère antisémite de cette violation n’était pas constitué. »

L’abattage de l’arbre en mémoire d’Ilan Halimi, survenu dans la nuit du 13 au 14 août, avait suscité une indignation unanime au sein de la classe politique.

L’olivier avait été planté en 2011 au jardin d’Alcobendas d’Épinay-sur-Seine, ville d’un peu plus de 50 000 habitants, située à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.

Le parquet fait appel de la relaxe pour antisémitisme

Les frères jumeaux jugés mercredi à Bobigny avaient été condamnés pour la destruction de l’arbre mémoriel dédié à Ilan Halimi, ce jeune juif torturé à mort par le gang des barbares en 2006, mais pas pour antisémitisme. Au grand dam des parties civiles.

1. ARTICLE – Tribunal de Bobigny : L’extravagante version des frères coupables d’avoir scié l’olivier d’Ilan Halimi 

Publié le 23/10/2025 ACTU JURIDIQUE Isabelle Horlans 

Le tribunal correctionnel de Bobigny jugeait hier les jumeaux Brahim et Ismaël K., des Tunisiens de 19 ans soupçonnés d’avoir scié un olivier en hommage à Ilan Halimi, torturé à mort parce qu’il était juif. Ils ont nié les faits commis cet été, se retranchant derrière une version baroque. Ils ont été condamnés mais, contre toute attente, le caractère antisémite du délit n’a pas été retenu.

Au terme d’une audience surchargée, ils apparaissent enfin dans leur box, entre trois policiers. Il est 17 h 57, et la fatigue se lit déjà sur leur visage. Les jumeaux Brahim et Ismaël K., qui auront 20 ans le 16 novembre, sont pâles, frêles, apparemment peu conscients de la peine qu’ils encourent. Cinq ans pour l’une des trois préventions, la plus grave : violation d’un monument à la mémoire des morts commise en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion. Ils répondent également de destruction de bien d’autrui, en l’espèce l’arbre d’Ilan Halimi planté par le maire d’Épinay-sur-Seine au jardin d’Alcobendas. Un parc botanique de 3 000 mètres carrés où la ville de Seine-Saint-Denis a, depuis, remis en terre trois oliviers offerts en signe de solidarité. Enfin, dernière infraction reprochée aux jumeaux, le refus de communiquer les codes de leurs trois téléphones.

Cinq heures plus tard, la formation collégiale rend son jugement en demi-teinte : huit mois de prison ferme pour Brahim, cible d’un mandat d’arrêt pour violences aggravées dans un dossier pendant, peine avec sursis pour Ismaël. Reconnus coupables de l’abattage de l’arbre, ils n’auraient pas eu conscience de commettre un acte antisémite : la qualification la plus grave est écartée. Au cours des débats, ils avaient affirmé n’avoir jamais entendu parler d’Ilan Halimi (notre encadré ci-dessous), assurant ne rien savoir du conflit entre Israël et le Hamas.

Une vague d’émotion considérable, jusqu’au sommet de l’État

 L’issue du procès montre les limites des comparutions immédiates, même à délai différé : arrêtés le 25 août, douze jours après la commission du délit, les frères avaient comparu le 27. Débordé, le tribunal avait dû reporter au 22 octobre l’examen du dossier et avait ordonné leur incarcération. Ce laps de temps n’a pas été utilisé pour approfondir leur implication, pour savoir par exemple si les jeunes gens auraient pu être manipulés par des militants de la cause palestinienne, ou par les antisionistes qui se sont multipliés en France depuis le pogrom du 7-Octobre. Cette affaire sensible aurait mérité que soient effectuées des recherches dans leur environnement. Au lieu de cela, la justice s’est contentée du « faisceau d’indices » et d’une enquête de personnalité vite bouclée.

Il n’est pas exclu que le parquet fasse appel du jugement – la présence très discrète du procureur de Bobigny dans la salle ayant prouvé l’intérêt qu’il porte à cet acte malveillant.

Avant de rapporter les explications abracadabrantes des frères, rappel des faits qui ont suscité une vague d’émotion, jusqu’au sommet de l’État.

Le 13 août à 21 heures, la gardienne ferme le parc. L’olivier est intact. Le 14, les agents d’entretien découvrent qu’il a été scié. De l’arbre d’Ilan érigé près d’une stèle à sa mémoire, reste un bout de tronc. Autour, des copeaux de bois, des tranches de pastèque. « Ni des pêches ni des abricots, relève Me Felicia Malinbaum, l’avocate de l’Organisation juive européenne. Non, de la pastèque ! » Elle symbolise la résistance palestinienne et le soutien à la population de Gaza.

Les policiers de la sûreté territoriale du département saisissent les indices tandis que la plupart des leaders politiques crient à l’antisémitisme. Haïm Korsia, le grand rabbin de France, parle d’une « espérance qu’on a cherché à saboter » ; le Président Emmanuel Macron promet que « tous les moyens seront déployés pour punir cet acte de haine ».

Un mystérieux « jardinier » qui ignore si sa tronçonneuse fonctionne

De leur box, les jumeaux paraissent dépassés par l’événement. Impossible de savoir s’ils sont sincères ou s’il s’agit d’une posture. L’air goguenard et le ton frondeur d’Ismaël laissent juste supposer qu’ils pourraient être plus instruits que prétendu – ils se disent analphabètes. Brahim a choisi pour sa défense Me Romain Ruiz. « Avocat engagé », comme mentionné sur le site du cabinet, il représente notamment les ressortissants français qui ont embarqué sur les bateaux de « la flottille mondiale du Sumud » contre le blocus de Gaza. « J’interviens pro bono », nous confie-t-il. Ismaël dispose, lui, d’un conseil commis d’office, Me Jean-Edouard Poux-Blanchard.

Les prévenus arborent le même collier de barbe sans moustache, des traits rigoureusement identiques. Seule leur coiffure permet de différencier ces jumeaux monozygotes : Brahim est bouclé ; Ismaël a le crâne rasé. Et, entre eux, se tient l’interprète auquel Ismaël, bougon, reprochera un idiome pas assez « tunisien ».

Car c’est de Tunisie que les frères K. sont arrivés en France, il y a deux ans, sans but précis, si ce n’est de rejoindre leur sœur à Pierrefitte, où pourtant ils ne résident pas. Vivant d’expédients, de petits boulots sur les marchés, non déclarés, ils sont sans domicile fixe. Ils « traînent » souvent au jardin d’Alcobendas à Épinay. C’est là que, le 10 août dernier, trois jours avant l’infraction, ils ont rencontré « Mohamed Leswed », se déclarant jardinier. Désireux de vendre huit outils, il aurait sollicité les frères pour tester le fonctionnement de sa tronçonneuse. C’est la version à laquelle Brahim et Ismaël K. s’accrochent ; ils nient les deux principaux délits.

Un jardinier serait donc incapable de savoir si son propre outil de travail est efficace ou inutilisable.

Le bornage des téléphones, une vidéo et l’ADN des jumeaux

 Au parc d’Alcobendas, le 14 août, les enquêteurs saisissent les copeaux et la pastèque. Des traces exploitables d’ADN sont transmises au Fnaeg. Ses spécialistes identifient les frères K., connus sous plusieurs alias. Leur sœur est localisée, son répertoire téléphonique contient 63 noms. Parmi les lignes étudiées, celles de Brahim et d’Ismaël « bornent » 37 fois autour du parc les 13 et 14. Ils sont arrêtés le 25. En garde à vue, ils commencent à mentir, brandissent les alias – Ali, Karim ben Salem, Hamid –, affirment ne pas se connaître, concèdent finalement être cousins, mineurs, refusent de fournir le code de leurs portables. Mais la carte mémoire d’un appareil dévoile une vidéo tournée le 10 août près de l’arbre d’Ilan. Ismaël a filmé Brahim manipulant la tronçonneuse. La présidente Olivera Djukic pose la question essentielle : « Pourquoi vous filmer avec cette tronçonneuse ?

– On l’a trouvée, mais c’est la propriété d’une personne.

– C’est qui ? Il fait quoi ?

– Il est jardinier.

– Pourquoi Brahim s’en sert-il ?

– Il l’a utilisée ! C’est quoi, le problème ?! »

Les joues d’Ismaël prennent des couleurs : il s’énerve.

Brahim, à sa suite : « J’ai rien fait avec. Je l’ai essayée parce que le jardinier voulait voir si elle marchait. » Me Alain Jakubowicz, avocat de la Licra, de SOS racisme et de l’Union des étudiants juifs de France au côté de Céline Bekerman : « Vous filmez pour vérifier que la tronçonneuse d’un jardinier fonctionne ?

– Oui », répond Brahim sur le ton de l’évidence que lui seul décèle.

« Et pourquoi refuser l’accès à vos téléphones si vous êtes innocents ?

– Parce qu’il y a des secrets.

– Des secrets ?…

La substitut du procureur, Maïlis Nouhi, est persuadée de leur culpabilité. Elle reprend une à une les charges, conclut que « la France est un pays de symboles. Et, sans respect de ces symboles, la paix sociale est en danger ». Elle requiert 15 mois ferme contre Brahim, un an contre Ismaël, leur maintien en détention et une interdiction définitive du territoire français ; la circonstance aggravante à raison de la religion juive d’Ilan est caractérisée, aucun doute à ses yeux.

– Non, on n’en a pas », coupe Ismaël, faisant taire son jumeau.

« Un attentat contre la mort, un assassinat post mortem ! » 

 Parlant volontiers en même temps, se concertant au préalable, les frères K. sont trois fois rappelés à l’ordre. Leurs déclarations confinent au ridicule, la fable du jardinier « Mohamed Leswed» en étant l’acmé. Interrogés sur l’olivier commémoratif, ils opposent un regard éberlué. « Ilan Halimi, cela vous dit quelque chose ?

– Non, on le connaît pas. » Ils étaient âgés d’un an quand le jeune Juif a été martyrisé.

« Et l’inscription à son nom sur la stèle ?

– On ne sait pas lire l’arabe, alors le français…

– Et la pastèque, c’est quoi ?

– J’en ai mangé, c’est tout. Ça n’a aucune signification », riposte Ismaël.

Et ainsi de suite. Les avocats des parties civiles sont consternés.

Me Philippe Blanchetier, qui intervient pour la mairie d’Épinay-sur-Seine, plaide le premier. Rappelant qu’il « n’y a pas de petits actes antisémites », il évoque les attentats commis depuis 2012 (le collège-lycée Otzar Hatorah à Toulouse) jusqu’aux « 1 673 agressions contre les Juifs, commises en 2024. Non, l’antisémitisme n’est pas résiduel », tonne-t-il, allusion à la saillie de Jean-Luc Mélenchon, le chef LFI. Pointant les jumeaux, il remarque que « ce sont les deux dernières personnes sur terre à tout ignorer » du conflit israélo-palestinien. « Ce ne peut pas être un hasard s’ils ont fait une vidéo à trois mètres de la stèle » le 10 août. « C’est bien un acte antisémite ! »

Après avoir lu les propos déchirants de Ruth Halimi quand « elle a déterré son fils » du cimetière juif de Pantin pour le rapatrier en terre d’Israël, Me Alain Jakubowicz estime que ce qu’il s’est produit à Épinay le 13 août 2025 « est un attentat contre la mort ! Un assassinat post mortem ! C’est gommer jusqu’au souvenir ». Tourner une vidéo, pratique commune aux Mohamed Merah ou Abdoullakh Anzorov (l’assassin de Samuel Paty), démontre une intention précise : « La première chose que font ces salauds, c’est se filmer pour revendiquer » leur action « sur les réseaux sociaux ». Tronçonner cet arbre-là, qui a poussé près de cette stèle-là, ne peut en aucun cas « relever du hasard. Pour qui nous prenez-vous ? »

« L’antisionisme s’est répandu, atteignant les plus faibles d’esprit » 

Me Felicia Malinbaum est également certaine que Brahim et Ismaël, « des professionnels du mensonge », ont délibérément choisi cet olivier. Elle en appelle au contexte de « l’été 2025, épouvantable » où l’antisémitisme s’est particulièrement manifesté : « L’antisionisme s’est répandu, atteignant les plus faibles d’esprit (…) Même les morts n’ont plus droit au repos éternel. Ruth Alimi l’avait compris en ramenant son fils en Israël. »

En défense d’Ismaël, Me Poux Blanchard estime que « dans son parcours, rien ne correspond aux faits reprochés » : « Ils sont à des années-lumière du militantisme, ce sont des marginaux, des SDF. » La tronçonneuse ? « Ce n’est pas parce que vous en avez une trois jours avant [les faits] que vous l’avez encore trois jours après. Ce dossier ne les concerne pas. »

Me Romain Ruiz, intervenant pour Brahim, insiste : « Ils zonent là parce qu’ils sont SDF (…) Ils viennent ici charger leur téléphone » car « il y a des prises [électriques] près de l’olivier. » Pur hasard, donc. « L’antisémitisme est le cancer de notre société. Mais il y a des garde-fous, et vous, tribunal, n’êtes pas là pour colmater les brèches. »

Les trois magistrats rendent à 23 heures un jugement mi-chèvre mi-chou : relaxés du délit antisémite, ils sont reconnus coupables d’avoir scié l’arbre. Huit mois ferme contre de Brahim compte tenu de la procédure pendante pour violences aggravées, huit mois avec sursis pour Ismaël qui sortira de prison dès sa levée d’écrou.

 Le martyr d’Ilan Halimi

 Le jeune homme de confession juive avait été enlevé en région parisienne le 20 janvier 2006. Âgé de 23 ans, il avait été ciblé par le gang des barbares de Youssouf Fofana en raison de sa religion, et au motif que les Juifs sont réputés « riches ».

Séquestré à Bagneux (Hauts-de-Seine), Ilan a été torturé par une vingtaine de personnes pendant 24 jours. Le 13 février, il a été découvert nu, le long des voies ferrées du RER C près de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne. Il était bâillonné, menotté, et portait des traces de torture et de brûlures. Ilan Halimi est mort peu après son transfert à l’hôpital. Youssouf Fofana a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté.

2. ARTICLE – Deux frères condamnés à huit mois de prison ferme et huit mois avec sursis pour avoir abattu un olivier rendant hommage à Ilan Halimi

L’arbre avait été planté en 2011 à Epinay-sur-Seine. Son abattage, survenu dans la nuit du 13 au 14 août 2025, avait suscité une indignation unanime au sein de la classe politique. 

Le Monde avec AFP 23 octobre 2025

Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné, mercredi 22 octobre, des frères jumeaux pour avoir abattu, mi-août à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), un olivier planté en mémoire d’Ilan Halimi. L’un a été condamné à huit mois de prison ferme, l’autre à huit mois de prison avec sursis.

Le tribunal les a déclarés coupables de destruction du bien d’autrui aggravée mais les a relaxés du fait de violation d’un monument dédié à la mémoire des morts commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion, estimant qu’il n’y avait pas assez d’éléments permettant d’établir que les deux hommes avaient conscience qu’il s’agissait d’un monument en la mémoire d’Ilan Halimi, jeune homme juif torturé à mort en 2006.

La procureure avait, elle, réclamé douze et quinze mois de prison, assurant que les deux hommes avaient « porté atteinte à la mémoire d’Ilan Halimi, parce que c’est un symbole ». L’abattage de l’arbre, survenu dans la nuit du 13 au 14 août, avait suscité une indignation unanime au sein de la classe politique. L’olivier avait été planté en 2011 au jardin d’Alcobendas d’Epinay-sur-Seine, ville d’un peu plus de 50 000 habitants située à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.

Brahim K., cheveux courts bouclés, vêtu d’une polaire grise, et Ismaël K., cheveux rasés, veste de sport noire sur le dos, n’ont quasiment pas parlé pendant l’audience. « Non, je ne sais pas qui il est », ont répondu en arabe les deux frères quand la présidente du tribunal les a interrogés sur Ilan Halimi.

Dans le téléphone d’Ismaël K., une vidéo de son frère jouant avec une tronçonneuse à proximité de la stèle et de l’arbre en mémoire d’Ilan Halimi avait été retrouvée, tournée trois jours avant l’abattage.

« Pourquoi avez-vous filmé votre frère ? D’où venait la tronçonneuse ? », a demandé la présidente avec insistance. « C’était à un jardinier. Il voulait qu’on vérifie qu’elle fonctionnait », a répondu depuis le box et avec beaucoup de difficulté l’un des prévenus.

Un procès sous le signe de la symbolique

Les deux frères avaient été interpellés quelques jours après les faits. Les enquêteurs avaient découvert que leurs téléphones bornaient dans le parc la nuit des faits. Leur ADN avait également été prélevé sur des morceaux de pastèque retrouvés le 14 août autour du tronc coupé, avait indiqué une source proche du dossier. Celle-ci avait relevé que la pastèque est depuis longtemps un fruit symbole de la résistance du peuple palestinien face à Israël.

« Ce qui s’est passé dans le parc de cette petite ville de région parisienne, c’est un attentat contre la mort, un assassinat post-mortem. C’est lourd de symbolique cette volonté de gommer jusqu’à la mort au-delà de la mort », a dénoncé Mᵉ Alain Jakubowicz, qui plaidait pour la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), SOS Racisme et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF).

Pendant leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont dénoncé un dossier fragile à l’encontre de leurs clients « qui n’avaient qu’un an quand Ilan Halimi est mort »« Ils savent comme tout le monde ce qui se passe à Gaza, mais leur affaire ce n’est pas le conflit en cours, leur affaire c’est de manger, trouver où dormir et recharger leur téléphone », a assuré Mᵉ Romain Ruiz.

Citoyen français de confession juive, Ilan Halimi, 23 ans, avait été séquestré et torturé en janvier 2006 à Bagneux (Hauts-de-Seine) par un groupe d’une vingtaine de personnes qui se faisait appeler le « gang des barbares », sous la direction de Youssouf Fofana. Découvert agonisant au bord d’une voie ferrée à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l’hôpital un peu moins d’un mois plus tard.

Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l’un portait sa photo, avaient été sciés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois. De nouveaux arbres ont depuis été replantés, y compris en septembre dernier à Epinay-

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