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LE « SYNDICALISME DE RENTE »

RÉCEMMENT PUBLIÉ :

ET SI ON PARLAIT DES MILLIONS D’ARGENT PUBLIC DES SYNDICATS ?

https://metahodos.fr/2025/10/16/et-si-on-parlait-des-millions-dargent-public-des-syndicats/

ARTICLE – Perfusion d’argent public : en finir avec le syndicalisme de rente

TRIBUNE. Le think tank libéral GenerationLibre propose un « contre-budget » de l’État*. Parmi les mesures suggérées figure la fin des dotations publiques aux syndicats, afin d’inciter ces derniers à être réellement représentatifs et à sortir du syndicalisme de rente, ainsi que s’en explique Sacha Benhamou, directeur de communication du laboratoire d’idées.

Sacha Benhamou, directeur de communication de GenerationLibre 23/10/2025

Quels intérêts servent les syndicats aujourd’hui, si ce n’est les leurs ? Le mouvement syndical est peut-être représentatif au sens juridique du terme, mais il manque de légitimité par la faiblesse de son ancrage, notamment dans le secteur privé (à peine 7,8 % de syndiqués). En France, les syndicats sont puissants grâce à des ressources qu’ils ne sont pas chargés de gagner par eux-mêmes. Dès lors, peut-on s’étonner qu’ils préfèrent l’action politique à la défense des intérêts concrets des salariés au sein des entreprises ?

Par exemple, lorsque le Premier ministre François Bayrou a émis l’idée, l’été dernier, de permettre aux salariés de monnayer leur cinquième semaine de congés payés, toutes les organisations syndicales ont immédiatement rejeté cette proposition. Pourtant, pour des salariés confrontés à une dépense imprévue, cette possibilité aurait pu être une respiration. Qui devrait parler au salarié réel – celui qui arbitre chaque fin de mois –, si ce ne sont pas les syndicats censés le représenter ?

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Dans les entreprises où ils sont forts, comme à la SNCF, ils n’hésitent pas à bloquer le pays sur des sujets qui ne concernent pas leur employeur. On observe, de surcroît, une préférence systématique pour la fonction publique. Quand Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire, a annoncé le non-remplacement de fonctionnaires partant à la retraite pour redresser les comptes de sa région, les syndicats ont manifesté pour dénoncer une destruction d’emplois publics. Non par solidarité avec des collègues menacés – il n’y avait pas de licenciement –, mais par solidarité avec des emplois publics futurs, jugés surnuméraires par l’exécutif régional, qui auraient pesé sur le contribuable.

La liberté syndicale a été instituée pour permettre aux salariés de peser collectivement face à leur patron, réputé en position de force. Waldeck-Rousseau légalisait les syndicats pour pacifier le social par la négociation, au service d’intérêts professionnels. Un siècle plus tard, c’est l’inverse : on subventionne une révolution permanente, perfusée par un contribuable déjà pressuré par le soviétisme de notre organisation sociale.

Faut-il se résigner à ce syndicalisme de rente ?

En 2011, le rapport Perruchot dressait un tableau précis du financement syndical : un coût total de l’activité syndicale évalué à l’époque autour de 3,8 à 3,9 milliards d’euros, dont l’essentiel provient de l’exercice du droit syndical (moyens fournis par les employeurs dans le privé et par la puissance publique). À lui seul, le temps syndical dans le privé pèse environ 1,6 milliard d’euros, soit près de 32 000 ETP ; dans les trois fonctions publiques, les décharges d’activité représentent plus de 1,34 milliard d’euros, soit plus de 28 000 ETP, dont 1 600 pour les syndicats policiers. S’y ajoutent le financement des comités d’entreprise (au moins 500 M€) et les congés de formation syndicale pris en charge par les employeurs privés (20,6 M€). À l’inverse, les cotisations directes, nettes de l’avantage fiscal, ne représentaient que 3 à 4 % du coût total.

Les tuyaux sont multiples – subventions d’État et de collectivités, financements paritaires, niches sociales, formations, locaux, décharges, heures de délégation – et leur enchevêtrement produit un effet bien connu en économie politique : quand vos revenus ne dépendent pas de vos clients, vous cessez de vous intéresser à vos clients. Conséquence logique : les organisations syndicales sont peu incitées à développer l’adhésion puisqu’elles n’en vivent pas. Faut-il se résigner à ce syndicalisme de rente ? Non. Dans les pays nordiques et en Belgique, l’« esprit de Gand » a longtemps consisté à lier l’adhésion à une valeur tangible (assurances-chômage adjacentes, accompagnement rapide, sécurité de revenu) : l’adhérent « achète » une protection. Aux États-Unis, de nombreuses fédérations ont développé un portefeuille de services concrets – assistance juridique, bourses, assurances, avantages de consommation, programmes d’aide en cas de coup dur – qui répondent à des besoins de vie, pas à une ligne de parti. En Allemagne, aux Pays-Bas, au Japon, l’accent est mis sur l’appui juridique, la formation certifiante, l’accompagnement de carrière. Partout, la même logique : si vous voulez des adhérents, commencez par leur rendre service.

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C’est pour cela qu’avec le think tank GenerationLibre nous proposons, dans notre contre-budget libéral publié cette semaine, de supprimer le Fonds pour le financement du dialogue social, qu’il s’agisse de la contribution obligatoire pesant sur les salaires ou de la subvention d’État qui aggrave le déficit public.

Soyons lucides : cette coupe est une étape nécessaire mais insuffisante. Beaucoup d’obligations de financement pèsent indirectement sur l’employeur et entretiennent la dépendance. Il faut donc aller plus loin. D’abord, revoir de fond en comble les modalités de participation au dialogue social. Ensuite, rompre avec le monopole de fait de quelques confédérations en ouvrant la concurrence et le pluralisme dans la représentation des salariés : quiconque démontre, par ses adhésions et par ses services, sa capacité à défendre concrètement les travailleurs doit pouvoir peser.

La France n’a pas besoin de syndicats plus bruyants, mais de syndicats plus utiles. Et pour cela, il doit redevenir un syndicalisme d’adhérents : moins de tribunes, plus de contrats ; moins de posture, plus de protection ; moins de slogans, plus de services. En un mot : sortir du syndicalisme subventionné pour sauver le syndicalisme tout court.

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* Le « contre-budget libéral » de GenerationLibre, qui détaille « 39 mesures pour recentrer l’État sur ses missions, libérer l’économie et simplifier la vie des Français », est à retrouver ici : https://www.generationlibre.eu/contrebudget2026/

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