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MÀJ – L’ÉVÉNEMENT LE PLUS GRAVE DEPUIS 1945 : LE RETOUR D’UN ANTISEMITISME MASSIF ET INCONTRÔLÉ – DOSSIER UNIVERSITÉ

MISE À JOUR :

NOTRE DOSSIER : L’ANTISÉMITISME ENVAHIT L’UNIVERSITÉ – 9 ARTICLES

2. ARTICLE – Le ministre de l’éducation juge « profondément scandaleux » le message sur les « génocidaires » publié par un enseignant de Lyon-II

Sous la mention « 20 génocidaires à boycotter en toutes circonstances », figuraient 20 noms, parmi lesquels ceux du présentateur Arthur ou des acteurs Charlotte Gainsbourg et Philippe Torreton, assortis de leur photo. 

Le Monde avec AFP – 27 11 25

Le ministre de l’éducation nationale, Edouard Geffray, a qualifié, mercredi 26 novembre, de « profondément scandaleux »le message publié par un enseignant-chercheur de l’université Lyon-II et qualifiant de « génocidaires à boycotter »20 personnalités parmi lesquelles une majorité de confession juive. « C’est une honte, ce qui s’est passé » et « c’est profondément scandaleux », a affirmé devant les sénateurs M. Geffray lors d’une séance de questions au gouvernement. « Je condamne » et « j’apporte mon soutien aux personnes qui ont été visées ».

La Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) avait mis au jour, vendredi, un message d’un professeur d’histoire médiévale de Lyon-II, Julien Théry, posté sur son compte Facebook le 20 septembre et actuellement non disponible. Sous la mention « 20 génocidaires à boycotter en toutes circonstances », figuraient 20 noms parmi lesquels ceux du présentateur Arthur ou des acteurs Charlotte Gainsbourg et Philippe Torreton, assortis de leurs photos.

Le procureur saisi

« En République, on ne fait pas des listes de gens qu’on voue aux gémonies, (…) qu’on livre à la vindicte », a ajouté M. Geffray, qui s’exprimait en l’absence du ministre de l’enseignement supérieur Philippe Baptiste. Dans un message sur X, M. Baptiste avait précédemment apporté tout son « soutien aux personnes citées et à tous ceux que cette liste a choqués ».

Estimant qu’« il faut qu’il y ait une réponse [d’]ordre judiciaire », M. Geffray s’est également félicité que la présidente de l’université de Lyon ait « aussitôt fait un signalement sur le fondement de l’article 40 au procureur de la République ».

A Lyon, le procureur a confirmé avoir été saisi de ce dossier et l’examiner. Concernant la loi de lutte contre l’antisémitisme à l’université adoptée en juillet, il a assuré que les décrets d’application seraient pris « dans les prochaines semaines ».

L’enseignant, vivement critiqué après la révélation de ce message, a affirmé lundi à l’Agence France-Presse (AFP) n’avoir « évidemment jamais dressé de liste de juifs » et assuré que sa publication « commentait » une tribune du Figaro, où vingt personnalités interpellaient Emmanuel Macron qui s’apprêtait alors à reconnaître au nom de la France l’Etat palestinien.

Il a accusé la Licra d’avoir repris « une petite partie » de son texte pour lancer « une campagne de harcèlement » en représailles d’un article qu’il a récemment publié.

3.ARTICLE – Antisémitisme : les présidents d’université s’opposent à la diffusion d’un sondage commandé par le ministère de l’enseignement supérieur

Dans un courrier que « Le Monde » s’est procuré, lundi 24 novembre, l’association France Universités estime que le questionnaire de l’IFOP « pose un certain nombre de problèmes dans sa conception et les questions posées ». 

Par Soazig Le Nevé Publié le 25 novembre 2025

Quelle sera la portée d’une enquête sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur si les présidents d’université se refusent à la relayer ? Selon les informations du Monde, l’association France Universités a informé le ministère de l’enseignement supérieur, dans un courrier lundi 24 novembre, qu’au vu d’« un certain nombre de problèmes dans sa conception et les questions posées », elle ne cautionnerait pas le sondage de 44 pages établi par l’IFOP censé permettre de « quantifier le phénomène ».

Certaines questions ont suscité l’émoi dans la communauté universitaire, « y compris auprès des responsables administratifs et juridiques des établissements [quant au] respect du RGPD [le règlement général sur la protection des données, et à la] neutralité de l’Etat », relève France Universités. Depuis le 18 novembre, les enseignants-chercheurs et personnels administratifs de l’enseignement supérieur sont invités par le ministère à répondre à ce sondage qui les conduit à se prononcer notamment sur le conflit israélo-palestinien, mais aussi à indiquer leur appartenance ou leur proximité avec un parti politique ainsi …

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4. ARTICLE – Sondage sur l’antisémitisme dans les universités : commande, méthodologie, réactions… Retour sur la polémique

Récap  Une « étude scientifique » consacrée à « l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur et la recherche » a été confiée au Cevipof (Sciences Po), à l’initiative du ministre de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste. Elle a suscité un fort émoi dans la communauté académique.

Publié le 25 novembre 2025 NOUVEL OBS

Un sondage qui enflamme la communauté académique. Une étude sur l’antisémitisme dans les universités a été confiée au centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) par le ministère de l’Enseignement supérieur. Destinée aux enseignants, elle a notamment suscité l’émoi du premier syndicat des enseignants-chercheurs du supérieur (Snesup-FSU). Plusieurs présidents d’université ont annoncé qu’ils ne diffuseront pas à leurs enseignants et personnels administratifs cette étude.

De son côté, le ministère a indiqué à l’AFP « vérifier les conditions d’élaboration de l’enquête et de collecte des données ». Dans un communiqué lundi, il dit aussi avoir « sollicité l’expertise de la communauté scientifique, afin de qualifier, quantifier et analyser ce phénomène avec la rigueur nécessaire. »

Le sujet de l’antisémitisme dans les universités est dans l’actualité depuis plusieurs mois. Début juillet, le Parlement a adopté une loi pour lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur prévoyant des mesures de sensibilisation et des sanctions disciplinaires et rendant obligatoire la désignation d’un « référent »d’établissement dédié à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme.

• Une « étude scientifique » basée sur deux enquêtes

Révélé par « Le Monde » et consulté par l’AFP le 23 novembre, un courrier adressé aux chefs d’établissements explique qu’une « étude scientifique » a été confiée au Cevipof. Selon le ministère, l’enquête s’inscrit dans un « programme d’étude inédit visant à comprendre, mesurer et prévenir les manifestations de l’antisémitisme au sein des universités et des établissements de recherche », initié par le ministre Philippe Baptiste, le 29 avril.

A lire aussiEnquête  Occupations pro-Gaza et polémiques en chaîne : comment Sciences-Po Paris est devenu un chaudron 

Cette étude consacrée à « l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur et la recherche », repose sur deux enquêtes, l’une menée auprès des étudiants, l’autre auprès des personnels. Elle porte « sur les perceptions, les expériences et les dynamiques liées à l’antisémitisme » dans l’enseignement supérieur et la recherche. Le courrier, daté du 18 novembre, diffusé sur les réseaux sociaux par plusieurs universitaires, incite les présidents d’universités et d’organismes de recherche à relayer un lien vers un questionnaire à tous les enseignants ou personnels administratifs sous leur autorité.

Ce questionnaire, réalisé par l’Ifop, interroge les personnels sur l’antisémitisme dont ils pourraient avoir été témoins, mais aussi sur leurs propres opinions. « Quand vous pensez à l’antisémitisme qui existe en France, diriez-vous que les juifs ont une part de responsabilité ? », demande-t-il notamment. Si certaines questions évoquent l’islamophobie, l’homophobie ou la misogynie, beaucoup portent sur l’antisémitisme, demandant aussi de classer de « tout à fait vraie » à « tout à fait fausse » certaines « opinions que l’on entend parfois à propos des juifs », comme « globalement les juifs sont plus riches que la moyenne des Français ». Les répondants doivent aussi préciser leur âge, genre, région ou type d’établissement, leurs fonctions (enseignant, administratif…) et se classer sur le spectre politique.

• Des syndicats réclament le retrait du sondage

Le 23 novembre, le premier syndicat des enseignants-chercheurs du supérieur (Snesup-FSU) s’émeut de ce sondage. Pour le secrétaire général, Emmanuel de Lescure, l’étude vise à dresser « une espèce de cartographie des opinions politiques dans l’enseignement supérieur et la recherche », ce qui questionne sur sa « légalité ». Il s’inquiète de questions « biaisées » et s’interroge sur la garantie stricte de l’anonymat, promise par le courrier. Y voyant une « mascarade scientifique », il réclame son retrait.

« En associant dans les mêmes tableaux des positions politiques et des propos ou actes antisémites, le questionnaire contribue à politiser artificiellement un sujet qui requiert au contraire rigueur, précision et objectivité », ont encore dénoncé lundi dans un texte commun le Snesup-FSU, la CGT FERC Sup, Sud Education, SNPTES-Unsa, la Ligue des droits de l’homme (LDH), l’Association pour la liberté académique, notamment. « Loin de renforcer la lutte contre l’antisémitisme, cette démarche contribue à créer de la confusion, à alimenter des polémiques et des émotions », poursuivent les signataires, exigeant le retrait de l’enquête.

« Produire des statistiques sur les orientations politiques des agents de la fonction publique ne peut que mener à les jeter à la vindicte de médias ultra-orientés », a aussi fustigé le chercheur en sciences politiques Emilien Houard-Vial sur Bluesky.

• Le Cevipof défend sa méthodologie

Le Cevipof a défendu lundi la méthodologie de son sondage. « La méthodologie utilisée pour cette enquête est une méthodologie classique et éprouvée par les chercheurs du Cevipof. Toutes les garanties ont été mises en place pour préserver l’anonymat des répondants », a assuré le centre de recherche dans un message transmis à l’AFP.

Les personnels ont été « invités à répondre à un questionnaire auto-administré en ligne, à l’aide d’un lien entièrement géré par l’Ifop, institut de sondage partenaire en charge du terrain de l’enquête et du recueil des questionnaires », poursuit le Cevipof, soulignant qu’aucun « agent » n’est « obligé d’y répondre ».

Selon le Cevipof, « ni le ministère, ni le centre de recherches ne disposeront des données individuelles ainsi recueillies par l’Ifop »« Cette étude est encadrée par deux chercheurs, experts en statistiques et analyses de données et des attitudes et comportements politiques (…) Leur indépendance et leur liberté académique doivent être pleinement protégées », plaide-t-il encore.

« J’apporte mon plein soutien au Cevipof dont la rigueur est connue de tous. La liberté de la recherche ne se négocie pas », a réagi sur X le directeur de Sciences Po, Luis Vassy.

• Des présidents d’universités refusent de diffuser un sondage

De nombreux présidents d’universités ne diffuseront pas à leurs enseignants et personnels administratifs le sondage sur l’antisémitisme, selon un courrier dont a eu connaissance l’AFP ce mardi. L’enquête « pose un certain nombre de problèmes dans sa conception et les questions posées, ce qui explique l’émoi considérable qu’elle a suscité dans la communauté universitaire », peut-on lire dans ce courrier de France Universités, adressé au directeur général de la recherche et de l’innovation.

« C’est la raison pour laquelle France Universités (…) a décidé de ne pas la relayer », poursuit la lettre signée par le bureau de cette association qui regroupe plus de 70 présidents d’universités et d’écoles publiques du supérieur.

5. ARTICLE – Une dizaine d’actes antisémites signalés dans les universités depuis la rentrée

À la suite d’une demande d’une publication allemande, j’avais rédigé en 2019 un petit texte sur l’état de l’antisémitisme en France[1]. En le relisant aujourd’hui je suis frappée par l’évolution. À cette époque déjà, on ne pouvait manquer d’observer la montée des actes antisémites depuis le tournant du nouveau millénaire. Les chiffres globaux en témoignaient et cela d’autant plus que, par définition, ils sous-estiment la réalité, nombre de gestes, de menaces et d’attitudes hostiles ne donnant pas lieu à déclaration. Entre les périodes 1994-2004 et 2004-2013, le nombre d’actes antisémites déclarés avait triplé. 50% des actes qualifiés de racistes concernaient les juifs qui constituent moins de 1% de la population. Les assassinats de personnes juives avaient déjà fait l’objet d’une triste et inquiétante actualité. De 2003 à 2018 douze personnes avaient été tuées parce qu’elles étaient juives et leur mort, parfois dans des conditions particulièrement atroces – ni la mort des petites filles de l’école Ozar Hatorah de Toulouse en 2012, ni la barbarie des tortures exercées pendant trois semaines par le « gang des barbares » sur Ilan Halimi en 2006 n’avaient suscité une émotion comparable à celle qu’ont provoquée les attentats des années de l’année 2015.

Tags, sondages « pour ou contre les juifs » dans des groupes de promotion sur des messageries instantanées, interventions en amphithéâtre : sur les campus, des faits variés d’antisémitisme se sont multipliés ces derniers mois. 

Par Soazig Le Nevé 27novembre 2025

Saisie par le ministre de l’enseignement supérieur, l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche devait rendre son rapport à la mi-novembre. Selon les informations du Monde, elle a demandé plus de temps afin d’établir les responsabilités et sanctions que pourrait être amené à prendre Philippe Baptiste.

Depuis la rentrée 2025, une dizaine de faits d’antisémitisme ont été révélés au sein des universités, et ont donné lieu à des signalements aux procureurs de la République. De Lyon à Paris en passant par Strasbourg, les procédés se ressemblent : tags et graffitis, sondages et sorties antisémites dans des groupes de promotion sur Instagram ou sur WhatsApp, ou encore interventions en …

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6. ARTICLE – La direction de la Sorbonne saisit la justice après des propos « injurieux et antisémites » diffusés lors d’un cours de médecine

« L’identification de l’auteur ou des auteurs est en cours et l’université engagera des poursuites disciplinaires dès que les identifications auront été établies », prévient l’université. 

Le Monde avec AFPPublié le 25 novembre 2025

« Sorbonne Université a pris connaissance jeudi de propos très graves, injurieux et antisémites lors d’un cours magistral du DES [diplôme d’études spécialisées] médecine générale à la faculté de santé. L’établissement condamne avec la plus grande fermeté tout agissement de ce type », a annoncé la direction de l’université lundi 24 novembre dans la soirée. Dans son communiqué, elle réaffirme « son engagement à lutter contre l’antisémitisme, le racisme et toute forme de discrimination ».

L’université a transmis « l’ensemble des éléments en sa possession » au procureur de la République « dans les plus brefs délais », au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. Elle explique avoir « reçu un signalement pour des propos antisémites affichés sur l’écran de l’amphithéâtre durant un cours magistral ».

Une cellule psychologique accessible

« Six enseignantes et une centaine d’étudiantes et d’étudiants ont été exposés, durant ce cours, à des propos explicitement racistes et faisant l’apologie du nazisme, affichés sur l’écran de l’amphithéâtre suite aux réponses formulées sur l’outil Wooclap [outil pédagogique numérique] utilisé lors de l’enseignement », poursuit-elle.

Le cours a été suspendu et l’amphithéâtre évacué. Le département de médecine générale a mis en place « une cellule psychologique accessible à l’ensemble des étudiantes et des étudiants qui en ressentiraient le besoin », et « le référent laïcité, lutte contre le racisme et l’antisémitisme de l’établissement a également été saisi ».

« L’identification de l’auteur ou des auteurs est en cours et l’université engagera des poursuites disciplinaires dès que les identifications auront été établies », prévient l’université.

7. ARTICLE – Antisémitisme : un climat « inquiétant » se diffuse à l’université, alerte un rapport sénatorial

Après plus d’une soixantaine d’auditions, les deux rapporteurs ont établi onze recommandations pour lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, dont une meilleure qualification des actes, une harmonisation des pratiques, et des poursuites plus régulières des auteurs. 

Par Minh Dréan 26 juin 2024

Un antisémitisme « latent » et largement « sous-estimé » dans les établissements : voilà les deux principaux constats de la mission d’information sénatoriale consacrée à l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, lancée quelques jours après l’occupation, mi-mars, d’un amphithéâtre de Sciences Po Paris lors d’une mobilisation propalestinienne ; les travaux ont été menés par les sénateurs Pierre-Antoine Levi (Union centriste, Tarn-et-Garonne) et Bernard Fialaire (Rassemblement démocratique et social européen, Rhône).

Après la présentation du rapport, mercredi 26 juin, les sénateurs ont fustigé d’emblée tout « calcul politique », en faisant référence à la date de publication des résultats, alors que le premier tour des élections législatives anticipées aura lieu le dimanche 30 juin et que les accusations d’antisémitisme de certains membres de La France insoumise, notamment, ont émaillé les débats.

Plus d’une soixantaine d’auditions, dont certaines furent particulièrement tendues, ont été conduites – des sénateurs de droite pointant du doigt le « déni » des responsables d’universités qui, eux, ont dénoncé, dans une tribune publiée dans Le Monde le 25 avril, l’instrumentalisation politique des universités. Elles ont permis aux sénateurs d’établir onze recommandations sur trois axes : améliorer la détection des actes antisémites, prévenir les dérives, et enfin poursuivre et sanctionner les auteurs. Le rapport a été voté à l’unanimité mercredi 26 juin dans la matinée.

Pour les rapporteurs, les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, puis la riposte israélienne à Gaza, ont mis en évidence un « antisémitisme latent » et qui se diffuse à l’université : entre le 7 octobre 2023 et début mai, 67 actes antisémites ont été recensés par France Universités, soit le double de ceux qui avaient été enregistrés sur l’ensemble de l’année universitaire 2022-2023. Interrogée dans le cadre de cette mission sénatoriale, le 29 mai, la ministre de l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a actualisé les données, faisant état de 73 actes antisémites …

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8. ARTICLE – Antisémitisme à la fac: la revanche de Faurisson

Publié le 25 novembre 2025 L’OPINION

Un dérapage antisémite agite l’Université Lumière Lyon 2. Une liste de Juifs publiée sur les réseaux sociaux.

Une liste de « 20 génocidaires à boycotter en toutes circonstances » (c’est son titre), publiée sur le réseau social Facebook par un professeur d’Histoire médiévale de Lyon 2, Julien Théry. Une liste qui comprend en fait 20 personnalités françaises, parmi lesquelles Charlotte Gainsbourg, le dessinateur Joan Sfar, le comédien Michel Boujenah, l’animateur Arthur ou le président du CRIF, Yoann Arfi.

Des personnalités qui n’ont pas spécialement soutenu Benyamin Netanyahou. 

Non. Des personnalités dont on se demande bien ce qu’elles ont de génocidaires, en supposant qu’un génocide existe, puisqu’elles vivent et travaillent ici en France… Elles ont surtout pour point commun d’être juives. La liste implique donc que leur identité religieuse réelle ou supposée suffit à définir ce qu’elles pensent. Ca s’appelle du racisme. Ca s’appelle de l’antisémitisme.

L’Université Lyon 2 a condamné la liste. 

Oui : elle dit avoir pris connaissance de la liste « avec consternation ». Elle l’a condamné « avec fermeté ». Elle ne représente selon elle aucunement l’université et les valeurs qu’elle transmet. Mais, avant de dire qu’elle va déterminer dans les meilleurs délais « les sanctions qui s’imposent », elle dit reconnaitre au professeur concerné « un droit absolu d’expression à titre individuel et privé ». Problème, le professeur, lui, estime qu’il est victime de « maccarthysme et d’une attaque contre la liberté de recherche et d’enseignement ». Parce que oui, il considère que de dresser des listes de Juifs contemporains relève de sa liberté de recherche en tant que spécialiste du Moyen-âge.

On a déjà entendu ça… 

Souvenirs souvenirs, c’est exactement l’argument que mettait en avant un autre professeur d’université lyonnais, qui en 1978, proclamait que les chambres à gaz n’avaient pas existé. Il s’appelait Robert Faurisson. 

A LIRE AUSSI:L’université française en proie aux démons de l’islamo-gauchisme

Robert Faurisson avait été mis au ban de la communauté universitaire. 

Oui, il avait même été la première personne à être condamnée au nom de la loi Gayssot de 1990, qui entendait réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe ainsi que les propos négationnistes. Une loi initiée par un député communiste. A un moment où toute la gauche tenait encore l’antisémitisme pour une abomination.

C’est le passé. Hasard de l’actualité, cette semaine, on a vu des députés LFISte , et toute une partie de la gauche, dont la Ligue des Droits de l’Homme, la CGT de l’enseignement supérieur, Sud Education, l’Association pour la liberté académique s’insurger d’une enquête menée par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche pour tenter de mieux cerner le phénomène antisémite à l’université.

Pour le député LFI Hadrien Clouet, il s’agit ni plus ni moins que de «ficher la gauche». Une reconnaissance en forme d’acte manqué de la porosité de son camp à l’antisémitisme… Et le signe que les temps ont changé. Autrefois, Faurisson révulsait la gauche, aujourd’hui, une partie d’entre elle réclame la liberté de propager la haine pour ses héritiers.

9. ARTICLE – Le Conseil constitutionnel valide la loi contre l’antisémitisme à l’université 

Les sages l’ont approuvée. Après avoir été saisi par des députés de la France insoumise, le Conseil constitutionnel a définitivement adopté mardi 29 juillet, la loi contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, votée par le Parlement début juillet.

Par Clémentine Louise  PUBLIC SÉNAT

Publié le 30/07/2025 Mis à jour le 01/09/2025

Les députés LFI dénonçaient une loi « instrumentalisée pour restreindre la liberté d’expression et […] museler les mobilisations étudiantes ». Avec comme crainte principale, que les motifs de sanctions, jugés trop peu précis, permettent de réprimer des « faits extrêmement divers ».

Malgré leur recours, cette loi, visant à lutter contre l’antisémitisme, et adoptée par le Parlement début juillet, a été validée par le Conseil constitutionnel mardi 29 juillet. « On s’y attendait mais c’est une très bonne nouvelle. C’est une grande avancée pour tous les bords politiques », se réjouit Pierre-Antoine Lévi, co-auteur de la loi.

Un « antisémitisme à bas bruit »

Pour bien comprendre, il faut se plonger dans les méandres de cette loi. Le texte est issu d’une mission d’information faisant suite à des actes antisémites survenus dans les universités françaises après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Les rapporteurs de cette mission, aussi auteurs du texte de loi, les sénateurs Pierre-Antoine Lévi et Bernard Filaire, alertent sur un « antisémitisme à bas bruit », et craignent un « enracinement » et une « banalisation » du phénomène. 67 actes antisémites sont recensés entre octobre 2023 et mai 2024, soit deux fois plus que sur l’année universitaire précédente.

  Quand vous avez un étudiant juif qui vous explique qu’il n’ose pas dire à l’université qu’il est juif, ce n’est pas normal en France, en République  

Pierre-Antoine Lévi, co-auteur de la loi contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur

La loi a pour objectif de renforcer les dispositifs de prévention, de signalement et de suivi des actes antisémites. Sur le premier volet, les établissements auront désormais pour mission de former élèves comme professeurs à la « lutte contre l’antisémitisme, le racisme, les discriminations, les violences et la haine. » Si cette sensibilisation existait déjà, ses objectifs n’étaient pas formalisés dans le code de l’éducation.

Autre changement, le texte remplace la mission « égalité entre les hommes et les femmes » par une mission « égalité et diversité ». Autrement dit, la loi élargit le périmètre de cette mission, qui ne comprend plus seulement la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes, mais aussi la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations, les violences et la haine.

Par ailleurs, les établissements auront désormais l’obligation de créer un référent qualifié dédié à la prévention, la détection et le traitement des faits antisémites et racistes. Ces référents existaient déjà mais de façon très inégale, selon les universités.

Une loi contre les mobilisations étudiantes ?

La polémique commence là où les sanctions interviennent. La loi prévoit de mettre en place un dispositif de signalement de tout acte antisémite, raciste, discriminatoire, violent ou haineux « dans ou en dehors de l’établissement ». Sachant que les actes commis en dehors de l’établissement doivent avoir un lien avec la vie universitaire. Ces faits seront désormais considérés comme des fautes disciplinaires selon l’article R811-11 du code de l’éducation. Les élèves pourront se voir interdire l’accès à l’enceinte de l’établissement et aux locaux universitaires sur décision du président ou directeur de l’établissement.

« Cette loi, dont l’unique objectif vise à réprimer les mobilisations au travers de des sanctions disciplinaires disproportionnées pour des motifs arbitraires, particulièrement celles en soutien de la Palestine […]. », peut-on lire dans le communiqué de la France insoumise. Face à cette critique, Pierre-Antoine Lévi soupire, « La France insoumise a menti sur ce texte. Ils font croire qu’on veut empêcher les étudiants de manifester pour Gaza, et que la loi ne porte que sur l’antisémitisme. C’est faux. » Le co-auteur du texte rappelle que cette loi n’a pas pour vocation de toucher à la liberté de manifester.

De son côté, la France insoumise dénonce aussi le manque de précision concernant les faits passibles de sanctions disciplinaires, ouvrant la voie à la répression de « faits extrêmement divers ». Ce à quoi les sages ont répondu : « Les dispositions contestées ne revêtent pas un caractère équivoque et sont suffisamment précises pour garantir contre le risque d’arbitraire ». 

Une section disciplinaire commune pour « traiter les cas les plus complexes »

Une section disciplinaire sera créée dans chaque région académique afin soulager les établissements. « Ça va nous permettre de traiter les cas les plus complexes », détaille le co-auteur du texte. Le fonctionnement de ces sections sera fixé par des décrets. Ce qui inquiète plusieurs députés LFI, qui reprochent au texte de renvoyer excessivement à des décrets et donc de déléguer « au pouvoir réglementaire des compétences essentielles ». À cette inquiétude, les sages ont également apporté quelques éclaircissements. « […] ni la composition d’une telle section disciplinaire, ni ses règles de fonctionnement, ni les modalités de désignation de ses membres ne relèvent des matières que la Constitution range dans le domaine de la loi. »

Les auteurs de la loi espèrent qu’elle sera promulguée dans les prochains jours afin qu’elle puisse être appliquée dès la rentrée 2025.

1. ARTICLE – Le retour de l’antisémitisme

Dominique Schnapper. Directrice d’études à l’EHESS, membre honoraire du Conseil constitutionnel – 20 novembre 2025

On observait alors la convergence de trois courants d’antisémitisme. Le premier était celui de l’antisémitisme historique de l’extrême droite à la fois nationaliste, catholique et anti-républicaine dont Jean-Marie Le Pen a été la dernière incarnation. Marginal pendant des décennies, il était parvenu progressivement au cœur de la vie publique lors de sa présence au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Le deuxième était celui d’une partie de la population musulmane dont les jeunes générations, socialisées dans notre pays et instruites dans notre Éducation nationale, manifestaient déjà plus d’hostilité et de préjugés antisémites que les précédentes. Enfin, l’extrême gauche développait depuis 1968 une solidarité avec les Palestiniens qui l’apparentait de plus en plus à l’un des courants historiques de la gauche hostile aux juifs en tant que capitalistes et colonisateurs, illustré par Proudhon ou Blanqui. Depuis les attentats de Munich contre les athlètes israéliens en 1972, les Palestiniens étaient devenus les victimes universelles.

Près de sept ans après cette analyse, et deux ans après le 7 octobre 2023, comment comprendre la situation actuelle ?

Trois évolutions significatives : l’augmentation du nombre des actes antisémites ; la virulence accrue de l’extrême-gauche, la marginalisation de l’antisémitisme dans le discours de l’extrême-droite et le maintien de l’antisémitisme du courant musulman, renforcé dans les jeunes générations ; enfin, une diffusion massive dans le monde de la culture et en particulier dans les universités que François Rastier a récemment analysée, en donnant des exemples d’un nouvel obscurantisme qui remet en question l’idée même d’université, lieu de la recherche libre du savoir[2].

Rappelons rapidement quelques données pour illustrer certaines de ces évolutions. Dès le 7 octobre, avant toute réaction israélienne, le nombre des actes antisémites a explosé, 563 en octobre, 504 en novembre, autant en trois mois qu’au cours des trois années antérieures cumulées. Tout se passe comme si la médiatisation du massacre de juifs provoquait l’augmentation des passages à l’acte, un phénomène observé déjà en 2012 après l’attentat dans l’école de Toulouse et après l’attentat contre l’hypercacher en 2015.

Le contrôle de toute proposition antisémite par la direction du Rassemblement national est aussi frappant que les propos électoralistes de la France insoumise pour obtenir les voix des jeunes musulmans de banlieue. Raphaël Enthoven a été innocenté par la justice pour avoir soulevé la question des propos antisémites de Jean-Luc Mélenchon et de son entourage.

La diffusion dans le monde de la culture est la plus frappante, avant même toute réaction israélienne. Selon l’Observatoire européen de la haine en ligne, les attaques contre les artistes juifs ont augmenté de 35% depuis octobre 2023. Campagnes de boycott et de dés-invitations, oblitération du nom des co-auteurs dans les publications scientifiques se multiplient. Les perspectives de mouvement intersectionnel et post-féministes ont transformé le juif en représentant premier du « Mâle, blanc et dominateur », l’ennemi absolu. Les étudiants juifs dissimulent les signes visibles de leur judéité parce qu’ils ont peur.

Dans cette situation, la majorité des juifs français sont sidérés. Ils font face à une série d’assimilations infamantes qu’on peut résumer ainsi : juifs = sionistes = israéliens = partisans de la politique de Netanyahou = génocidaires. Les juifs sont donc des génocidaires. Dès lors toutes les mesures adoptées contre eux sont légitimes.

Pourtant chacun de ces termes fait problème. Les « juifs » sont divers à tous points de vue, dans leurs conditions sociales, leurs opinions politiques, leur rapport au judaïsme. Désigner les « juifs » consiste à les « essentialiser ». Le « sionisme » n’est pas moins problématique. Si l’on garde le sens originel du retour des juifs vers la Terre Sainte, les juifs français ne sont ni sionistes en ce sens ni israéliens (ce qui signifie citoyens de l’État d’Israël) puisqu’ils sont des citoyens français. Il est vrai que beaucoup d’entre eux entretiennent des liens spirituels, sentimentaux ou historiques avec l’État d’Israël, mais ces liens ne font que manifester la liberté des citoyens d’une nation libre. Les Israéliens (citoyens de l’État d’Israël) d’autre part, sont, pour une moitié d’entre eux, hostiles au Premier ministre et à sa politique : pendant des mois ils ont manifesté chaque soir contre son pouvoir et ses velléités de limiter celui de la Cour suprême. Aujourd’hui, la situation de guerre a atténué les protestations, mais l’opposition reste forte et une part conséquente des Israéliens critique radicalement la politique menée par Benjamin Netanyahou. C’est le cas de la grande majorité du monde académique israélien. Quant au « génocide », terme qui rappelle des souvenirs particuliers à la majorité de la population juive, son application ne manque pas de soulever des interrogations pour désigner une politique, certes critiquable, peut-être regrettable, mais qui n’a pas pour ambition de détruire un peuple – même si l’on peut déplorer cette politique de la force. Il est vrai que la puissance militaire ne résout pas les problèmes politiques et que la supériorité militaire actuelle ne les rend pas Israël plus acceptable par le monde qui l’entoure.

C’est dire si les juifs français sont divisés et même divisés en eux-mêmes. Critiquer la politique du Premier ministre israélien et en même temps manifester son attachement à l’existence d’Israël devient impossible – alors que c’est une position que beaucoup partagent. Les partisans convaincus de Netanyahou vont jusqu’à accuser d’antisémitisme ceux qui critiquent sa politique, alors même que ces soi-disant « antisémites » sont profondément attachés au judaïsme, à sa tradition et à ses valeurs. Dans cette confusion générale, les mots n’ont plus de sens et les passions ne sont plus contrôlées. Les nuances sont refusées, la complexité de la situation totalement niée.

Or les conclusions de 2019 restent valides. Le développement de l’antisémitisme, même sous son nom d’antisionisme, témoigne du déclin des convictions démocratiques et du respect des principes et des institutions qui organisent la République. Si l’antisémitisme est une constante de l’histoire européenne, quand il se manifeste politiquement, quand il devient a political issue selon la formule de nos amis anglophones, il témoigne d’un affaiblissement du pouvoir politique démocratique et du délitement de la société. Les changements qu’on peut observer depuis 2019 ne peuvent manquer de susciter une inquiétude renouvelée pour le destin des juifs, mais aussi pour celui de la démocratie.

[1] On peut retrouver le texte dans le recueil d’articles, Temps inquiets. Réflexions sociologiques sur la condition juive, Paris, Odile Jacob, 2021, p. 259-268. Sur ces sujets on ne peut que renvoyer aux nombreuses publications de P.-A. Taguieff en particulier le récent L’Invention de l’islamo-palestinisme. Jihad mondial contre les Juifs et diabolisation d’Israël, Paris, Odile Jacob, 2025.

[2] François Rastier, « L’antisémitisme contre les universités », Telos, 12 novembre 2025.

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