ARTICLE – L’Arcom saisie après les propos de Nathalie Saint-Cricq sur l’antisémitisme et la «quête du vote musulman»

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, dimanche, et la France insoumise lundi, ont annoncé avoir saisi l’autorité de régulation de l’audiovisuel après les déclarations de l’éditorialiste politique mercredi 3 décembre sur France Info.

ParArthur Louis. LIBERATION Publié 08/12/2025 Mise à jour 21h29 avec l’annonce de la saisine de l’Arcom par LFI.

«Des déclarations qui sont extrêmement graves.» Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a annoncé, dimanche 7 décembre, saisir le gendarme de l’audiovisuel, l’Arcom, après les propos tenus par l’éditorialiste politique Nathalie Saint-Cricq. Sur le réseau social X, l’avocat s’est offusqué du lien direct évoqué par la chroniqueuse entre «quête du vote musulman» et antisémitisme. Il a été imité lundi soir par la France insoumise, pareillement mise en cause.

Mercredi 3 décembre, sur le plateau de la chaîne de télévision de France Info, Nathalie Saint-Cricq était face à Alexis Corbière, député l’Après (le parti fondé par d’anciens membres de LFI, critiques de la stratégie du mouvement mélenchoniste). Elle a alors interpellé cet ex-proche de Jean-Luc Mélenchonsur les «accusations d’antisémitismeautour de [son] ancienne famille».«L’antisémitisme est chose sérieuse», lui a rétorqué l’élu de Seine-Saint-Denis, l’air agacé. «Il existe dans le pays», a-t-il poursuivi, avant d’être coupé par l’éditorialiste fervente détractrice de LFI: «La quête du vote musulman aussi.»

Et Alexis Corbière de la questionner en retour : «Pourquoi quand je parle d’antisémitisme vous faites un lien avec la quête du vote musulman ? Quel est le rapport ?» s’est-il désespéré. L’ancien vice-président du groupe LFI à l’Assemblée demandant encore si son intervieweuse pensait que «des gens [étaient] antisémites pour aller chercher le vote musulman». Réponse du tac au tac de Nathalie Saint-Cricq : «Ah oui.»

«Je trouve cela intolérable, les musulmans n’ont pas besoin qu’on leur tienne des propos antisémites pour qu’ils votent pour quelqu’un. Je ne vois pas d’où vient cette idée que pour avoir les musulmans avec soi, il faudrait être antisémite» s’est navré Alexis Corbière. «Ça peut aider», a conclu l’ancienne arbitre du débat du second tour de la présidentielle de 2017.

«Amalgame islamophobe»

«J’espère que ⁦l’Arcom⁩ prendra au sérieux notre demande. Comment peut-on tenir de tels propos ?» a encore appuyé Chems-Eddine Hafiz dans un message accompagné de l’extrait vidéo.

Depuis cette sortie de l’éditorialiste et avant la saisine de l’Arcom par Chems-Eddine Hafiz, ces propos avaient déjà suscité les critiques sur les réseaux sociaux et dans la sphère politique. «Pour Nathalie Saint-Cricq, pour conquérir “le vote musulman” (expression qui n’a aucun sens quand on se dit républicain), il faudrait être antisémite. Cet amalgame islamophobe n’a rien à faire à la télévision», a réagi Manuel Bompard, le coordinateur national de La France insoumise, qui a donc également saisi l’Arcom. D’autres élus du mouvement mélenchoniste se sont d’ailleurs offusqués des propos de l’éditorialiste, à l’instar des députés Antoine Léaument et Paul Vannier.

Mise à jour lundi 21h29 avec l’annonce de la saisine de l’Arcom par LFI.