
ARTICLE – A Paris, le nombre de sans-abri dans les campements au plus haut depuis six ans
Les maraudes de France terre d’asile ont recensé, fin novembre, 663 tentes dans les principales zones de campement de la capitale, ce qui représenterait de 985 à 1 723 personnes. En cause, la baisse des places d’hébergement et les restrictions dans l’accès au séjour.
Les quelques tentes installées sur des palettes de chantier, en surplomb du canal Saint-Martin, dans le 19e arrondissement de Paris, semblent vides, en cet après-midi du vendredi 12 décembre. Léa et Ismail (les personnes citées par leur prénom ont souhaité rester anonymes), qui travaillent pour la maraude sociale confiée par l’Etat et la Ville à l’association France terre d’asile, tentent néanmoins un « bonjour ».
Une seule tente s’ouvre. Assis en tailleur sur d’épaisses couvertures, Atiqullah, rasé de près, explique, surtout en anglais, qu’il est afghan, qu’il a 45 ans et qu’il a obtenu l’asile. Jardinier et ouvrier du BTP dans son pays d’origine, il a travaillé deux ans en Belgique, mais n’a rien trouvé en France. A-t-il accès à un médecin ? Il montre sa boîte de paroxétine, un antidépresseur. Depuis combien de temps est-il à la rue ? « Depuis longtemps. Trop longtemps », répond-il d’un air las.
En rentrant le numéro de carte de séjour du réfugié sur son téléphone, Léa peut voir que ses collègues l’ont déjà rencontré, et qu’en juillet, il a accepté de partir à Bourges, pour passer trois semaines dans l’un des sas d’accueil régionaux censés orienter les sans-abri d’Ile-de-France, où les structures d’accueil sont saturées. Mais, là-bas aussi, les places manquent. Une fois remis à la rue, Atiqullah a …
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