
1. CRA D’ORLÉANS : 891 personnes sont « passées » en un an ( pour 83 places )
par le centre de rétention administrative d’Olivet entre le 5 février 2024 – date de son ouverture début et mars 2025.
Pour la première fois en mars 2025, une équipe du CGLPL, contrôleur général des lieux de privation de liberté, s’est rendue dans le Centre de rétention administrative d’Olivet. Dans son rapport, publié en cette fin d’année, elle met en lumière un effectif d’encadrement toujours insuffisant.
Le Centre de rétention administrative (CRA) d’Olivet, dans le Loiret, est en activité depuis bientôt deux ans. C’est le 5 février 2024 qu’a été mis en service ce lieu où sont retenus les étrangers en situation irrégulière, dans l’attente de leur éventuelle expulsion vers leur pays d’origine.
Des débuts « particulièrement difficiles » rappelle le contrôleur général des lieux de privation de liberté dans son rapport publié récemment, faisant référence à trois évasions, un début d’épidémie de gale ou encore un temps de promenade réduit au minimum par manque d’encadrement.
Le CRA d’Olivet, près d’Orléans (Loiret), fait partie de la nouvelle génération de structures « ultrasécuritaires » construite pour augmenter les capacités nationales de rétention.
« Effectif toujours insuffisant » : 134 policiers ( dont 11 vacants ) pour 83 retenus
Lors de son passage au CRA, l’équipe du contrôleur général des lieux de privation de liberté a compté 83 retenus sur les 90 places que compte cet établissement. Une capacité maximale qui n’est pas atteinte à cause d’un « effectif toujours insuffisant ». Pour encadrer les personnes retenues : 123 policiers, « des agents majoritairement dépourvus d’expérience. Aucune formation concernant les droits fondamentaux ou la gestion de la violence ne leur est dispensée »,indique le rapport. Onze postes restent vacants.
Ce manque de personnel a des conséquences directes sur la vie des retenus, notamment moins de promenades ou encore l’annulation des visites. La préfète du Loiret le concède, « toutes les missions ne peuvent pas être assurées. Sont priorisées la sécurité, la bonne présentation des retenus à l’autorité judiciaire, et la prise en charge des problèmes de santé », déclare Sophie Brocas dans le document.
Des manquement dans la prise en charge médicale des retenus
Le contrôleur pointe du doigt également un manque de soignants. Conséquence :« les troubles psychiques et les tentatives de suicide ne font pas l’objet d’une prise en charge adéquate », écrit-t-il. En cause, l’absence de convention avec le Centre hospitalier spécialisé Georges Daumezon, mais la préfète l’assure : des travaux sont en cours en ce sens.
LES DEUX TIERS ONT ÉTÉ REMIS EN LIBERTÉ … NOTAMMENT POUR LIBÉRER DES PLACES
Depuis l’ouverture, 891 personnes sont passées par le CRA d’Olivet,principalement des Algériens, des Tunisiens et des Marocains.
Moins de la moitié était retenue à l’issue d’une garde à vue,
Un tiers à la suite d’une incarcération.
Les deux tiers ont été remis en liberté.
2. France Terre d’Asile anime le service d’aide et critique fortement le fonctionnement du centre
un service d’« aide aux étrangers retenus » (SAER) animé notamment par France terre d’asile
Le rapport 2024 des grandes associations intervenant en CRA (Forum réfugiés, France terre d’asile, Groupe SOS – Assfam, La Cimade, Solidarité Mayotte) décrit un recours « de plus en plus massif et disproportionné » à l’enfermement administratif, dont Olivet est un exemple emblématique parmi les structures les plus sécurisées.
Ces organisations évoquent des situations individuelles dramatiques, des atteintes fréquentes aux droits (accès à l’information, à l’asile, aux soins, aux recours) et un climat très anxiogène pour les personnes enfermées.
Le bilan est donc jugé très préoccupant par les associations de défense des étrangers -,financées par l’Etat – et conduit à une mobilisation locale et nationale contre ce type de dispositif.
Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) a effectué une première visite du CRA d’Olivet et a publié un rapport de visite, ce qui, en pratique, n’intervient que lorsqu’il existe des enjeux sérieux en termes de conditions de prise en charge et de respect des droits.
3. Pas de statistique publique consolidée sur la durée moyenne spécifique à ce CRA
Pour le CRA d’Olivet, il existe des chiffres très récents sur le nombre de personnes passées par le centre, mais pas encore de statistique publique consolidée sur la durée moyenne spécifique à ce CRA ; on ne dispose donc que d’un ordre de grandeur à partir des moyennes nationales.
4. DURÉE NATIONALE DE RETENTION : UNE TRENTAINE DE JOURS
En revanche, la durée moyenne de rétention en métropole, tous CRA confondus, est passée de 17,5 jours en 2019 à 34,5 jours en 2024, ce qui donne un ordre de grandeur de ce que vivent les personnes retenues, y compris à Olivet.
En 2024, 16 222 personnes ont été placées en CRA en métropole pour un total de 30 115 placements en CRA (métropole + outre-mer), ce qui confirme l’intensification de l’usage de la rétention.
5. UN TAUX D’ÉLOIGNEMENT D’UN TIERS SEULEMENT
Le taux d’éloignement, pour les CRA pris globalement se situe 39% en métropole, selon les données les plus récentes disponibles : 2024
DEUX TIERS SONT LIBÉRÉES
Concrètement, cela signifie que deux personnes sur 3 sortent par libération, annulation de la mesure, assignation à résidence, etc.
6. POUR LES OQTF ( EN OU HORS CRA ) LE TAUX D’EXÉCUTION N’EST QUE DE 10/12 %
En 2024, il a été prononcé environ 130 000 OQTF, pour environ 15 000 OQTF exécutées, soit un taux d’exécution autour de 10–12% à l’échelle nationale.
Sur la période 2019–2024, environ 766 000 OQTF ont été prononcées, avec un taux d’exécution moyen qui ne dépasse pas 7–10% selon les rapports parlementaires et les analyses publiées en 2025.
Pour les étrangers effectivement placés en CRA, le taux d’exécution des OQTF est nettement plus élevé, de l’ordre d’un tiers ( voir plus haut ) ce qui en fait l’outil le plus « efficace » dans la chaîne de l’éloignement, même si critiqué au regard des libertés.
Cet écart s’explique par le fait qu’une grande partie des OQTF est prononcée sans qu’il y ait rétention (faute de places ou d’effectifs d’encadrement, personnes non localisées, départs spontanés, recours, impossibilité matérielle d’éloigner faute de laissez‑passer consulaires, etc.), ce qui tire le taux global d’exécution vers le bas.
7. Des affaires criminelles impliquant des personnes sous OQTF non exécutée ou entrées illégalement
Plusieurs affaires criminelles récentes en France impliquent des individus sous OQTF non exécutée ou entrés illégalement, alimentant les débats sur l’immigration irrégulière et la sécurité publique.
Certaines d’entre elles :
Meurtre de Lola (octobre 2022) : La jeune fille de 12 ans assassinée à Paris par une Algérienne de 24 ans sous OQTF, entrée illégalement après un refus de titre de séjour.
Assassinat de Dominique Bernard (octobre 2023) : Le professeur poignardé à Arras par un Russe d’origine tchétchène sous OQTF, radicalisé et connu des services.
Attaques au couteau dans le métro parisien (décembre 2025) : Trois femmes blessées par un Malien sous OQTF, libéré d’un centre de rétention faute de laissez-passer consulaire.
Tentative d’attentat à la tour Eiffel (2023) : Suspect libyen sous OQTF non exécutée en raison de l’instabilité diplomatique.
Multiples agressions et homicides : Des ressortissants maghrébins ou africains sous OQTF impliqués dans des faits de violence, souvent cités dans les médias comme exemples d’échec des expulsions. Ces incidents soulignent le faible taux d’exécution des OQTF, autour de 6-10%
8. UNE CHRONOLOGIE 2017 2025
2017 : Attaque à la gare Saint-Charles (Marseille)
Le 1er octobre, Ahmed Hanachi, Tunisien de 29 ans en situation irrégulière, tue deux femmes à l’arme blanche. Une OQTF aurait pu être appliquée mais n’a pas été signée faute de permanence à la préfecture du Rhône.
2019 : Attaque à la préfecture de police (Paris)
Le 3 octobre, Mickaël Harpon, converti radicalisé, tue quatre personnes au couteau. Son imam, sous OQTF en 2015, n’avait pas été expulsé en raison de sa famille.
2022 : Meurtre de Lola (Paris)
Le 14 octobre, une Algérienne de 24 ans, sous OQTF signifiée en août pour défaut de titre de séjour, viole et tue Lola, 12 ans. L’absence d’entente judiciaire empêcha l’exécution immédiate.
2023 : Assassinat de Dominique Bernard (Arras)
Le 13 octobre, un Russe d’origine tchétchène sous OQTF radicalisé poignarde mortellement un professeur. Connu des services, il n’avait pas été expulsé.
2024 : Meurtre de Philippine (Paris)
Le 21 septembre, Taha O., Marocain condamné pour viol en 2021, libéré en juin et placé sous OQTF, est relâché le 3 septembre par un juge faute d’avancées administratives. Il tue Philippine, 19 ans, peu après.
2025 : des cas notables
En 2025, des cas notables incluent les attaques au couteau dans le métro parisien (décembre) par un Malien sous OQTF libéré faute de laissez-passer, blessant trois femmes, et d’autres incidents sécuritaires cités par le ministre Retailleau comme exemples d’“abdication de l’État”.
Viol de Claire Geronimi (2025) :
Un Centrafricain clandestin sous trois OQTF condamné à 18 ans de prison ferme pour viol ; l’affaire est jugée environ un an après le meurtre de Philippine.
Automne 2025 – Meurtre à Mulhouse :
Un Algérien sous OQTF non exécutée soupçonné d’homicide, déclenchant des tensions diplomatiques franco-algériennes.
9. De nombreuses autres affaires existent : des centaines
De nombreuses autres affaires existent, souvent moins relayées, impliquant des étrangers en situation irrégulière (OQTF ou entrées clandestines) dans des homicides, agressions ou viols ;
les statistiques officielles estiment à des centaines le nombre annuel de crimes graves liés à l’immigration irrégulière, sans liste complète publique centralisée. Les migrants illégaux sont bien compris, via des profils comme les ressortissants maghrébins ou africains sans titre de séjour valide.
10. Une forte surreprésentation des étrangers en situation irrégulière dans la délinquance
Ces incidents s’ajoutent à une tendance de surreprésentation des étrangers en situation irrégulière dans la délinquance (18% des mis en cause en 2021, 24,5% des détenus), avec des appels à durcir les mesures comme l’emprisonnement systématique des OQTF (soutenu par 86% des Français).
Les débats se poursuivent sur la très forte criminalité des étrangers, sans statistiques complètes centralisées pour 2025.