
LA RÉFORME DU SYSTÈME DE SANTÉ ET LA QUESTION DES DÉSERTS MÉDICAUX STAGNENT DANS LES DISCOURS DE L’EXÉCUTIF
Le Sénat a validé mercredi 9 novembre l’allongement de la formation des médecins généralistes dans le cadre de l’examen du projet de budget de la Sécu, en instaurant une quatrième année de stage en priorité dans des zones sous-dotées en praticiens.
AUTRE MESURE ADOPTÉE : Exonérer les médecins retraités éligibles au cumul emploi-retraite de cotisations de retraite
Les sénateurs ont également adopté le 8 novembre un article visant à exonérer les médecins retraités éligibles au cumul emploi-retraite de cotisations de retraite, en cas de reprise d’une activité de médecine libérale. Ces revenus devront toutefois être inférieurs à un montant fixé par décret. La mesure est limitée à l’année 2023.
Le gouvernement s’y oppose toutefois.
« Il y a des déserts médicaux mais il n’y a pas de déserts de santé », a plaidé mardi le ministre.
ARTICLE
OUEST FRANCE et AFP 10 11 2022
Après de vifs débats, les sénateurs ont adopté, mercredi 9 novembre 2022, le projet de loi visant à instaurer une quatrième année de stage en priorité dans des zones sous-dotées en praticiens.
Le Sénat a validé, mercredi 9 novembre 2022, l’allongement de la formation des médecins généralistes dans le cadre de l’examen du projet de budget de la Sécu, en instaurant une quatrième année de stage en priorité dans des zones sous-dotées en praticiens.
Ces stages doivent se faire « intégralement en ambulatoire » encadrés par des praticiens puisque les sénateurs ont refusé une proposition du gouvernement ouvrant la voie à des stages également en milieu hospitalier, un geste réclamé par les étudiants.
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Le Sénat, à majorité de droite, a ainsi préféré reprendre strictement la proposition de loi déposée par le groupe Les Républicains en octobre.
14 000 praticiens encadrants
Le ministre de la Santé François Braun a expliqué que « la médecine générale (était) la seule à n’avoir que trois années de formation et pas d’année de consolidation ». Il a aussi garanti que 14 000 praticiens encadrants seraient disponibles.
« C’est contre-productif au regard de l’objectif implicite de pallier durablement le manque de médecins », a critiqué la sénatrice écologiste Raymonde Poncet Monge, arguant que le « turn-over » serait trop important et nuirait à la qualité des soins.
Concernant la possibilité d’effectuer des stages en hôpital, le communiste Pierre Ouzoulias avait dénoncé « une nouvelle catégorie de supplétifs de l’hôpital public qui est en banqueroute ».
La gauche a également regretté un « manque de concertation » avec les syndicats étudiants, qui sont vent debout contre ce fléchage des stages vers des zones qu’ils n’ont pas choisies.
Appel à manifester
L’Intersyndicale nationale des internes (Isni), courroucée par cette mesure, a appelé à manifester le 17 novembre pour le retrait de cette proposition de quatrième année.
Le ministre s’est défendu, précisant qu’« il n’y a(vait) pas d’obligation d’exercer dans les territoires sous denses » mais « une incitation plus forte pour que les étudiants découvrent des territoires ».
Plus tôt, certains sénateurs ont ferraillé pour imposer des conditions plus coercitives d’installation pour combattre les déserts médicaux, sans succès.
Les débats ont été vifs entre ceux qui dénonçaient une « coercition » contre-productive et ceux qui dénonçaient l’urgence, des « sept millions de Français » qui vivent dans des déserts médicaux.
Mais, comme à l’Assemblée nationale, cette mesure a été refusée par le gouvernement et par la majorité des sénateurs.