ÉMISSION : Guerre en Ukraine, Israël/Hamas : aux origines des guerres 

Lundi 18 mars 2024

Il y a une semaine encore, la communauté internationale portait l’espoir d’un accord de cessez-le-feu pour Gaza, mais aujourd’hui Benyamin Netanyahou annonce une nouvelle offensive à Rafah. Pour parler d’une guerre plus facile à faire que la paix, nous recevons Bernard-Henri Lévy et Ghassan Salamé. 

Avec

• Bernard-Henri Lévy Écrivain, philosophe
• Ghassan Salamé Envoyé spécial de l’ONU en Lybie

Bernard-Henri Lévy, auteur de Solitude d’Israël(Grasset, mars 2024) est rejoint par Ghassan Salamé, diplomate, ancien ministre de la Culture et de l’éducation au Liban, Envoyé spécial de l’ONU en Libye, auteur de La Tentation de Mars (Fayard, février 2024). Il sera question de la guerre entre Israël et le Hamas, mais aussi des autres menaces qui planent sur la paix, trente ans après la fin de la guerre froide.

Comment qualifier le 7 octobre ?

Bernard-Henri Lévy, écrivain, philosophe et auteur de l’ouvrage Solitude d’Israël publié aux éditions Grasset, qualifie le 7 octobre d’évènement. Cependant, cet avis n’est pas partagé. Par exemple, pour Judith Butler, il est un continuum à replacer dans une logique historique. “ Le 7 octobre était un épisode ou un événement ? Est-ce que c’était un détail d’une longue histoire, celle du conflit israélo-palestinien, ou bien quelque chose sans précédent et que rien ne laissait présager ? »,questionne Bernard-Henri Lévy. Dans son ouvrage, il évoque la façon dont le 7 octobre n’a pas été perçu, notamment par Benjamin Netanyahou : “l’événement au sens de Robert Schuman, est quelque chose qu’on ne voit pas venir, qui ne s’est jamais produite, qui ne découle d’aucun calcul, d’aucune intelligence, d’aucun raisonnement humain habituel”. Concernant le Hamas, l’avis de l’auteur diverge également de celui de Judith Butler : “je crois que le Hamas fait partie aujourd’hui d’une lutte coloniale et impériale. Cette histoire d’Israël comme fait colonial est une absurdité. Cela mettait en fureur mon ami Claude Lanzmann. Sa thèse, que j’approuve et développe dans le livre, est qu’Israël est né comme un État anticolonial”.

Des guerres qui se multiplient dans le monde

Depuis que cette guerre entre Israël et le Hamas a éclaté, les autres conflits sont passés sous le radar des médias : “on vit dans un temps d’amnésie terrible, où on n’arrive pas à penser à deux choses à la fois. Aujourd’hui, il faut essayer de penser ensemble l’Ukraine et Israël”. Ghassan Salamé, diplomate, ancien ministre de la Culture et de l’éducation au Liban et auteur de La tentation de Mars, guerre et paix au 21e siècle aux éditions Fayard, propose une autre réflexion géopolitique sur la manière dont la paix, mais plus exactement la guerre, occupe la une de l’actualité. Une des raisons est le recul de la démocratie : “elle a connu un grand rebond au début du siècle, mais à partir de 2006-2007, on assiste à une grande régression. L’élection russe d’hier, celle au Bangladesh en début d’année, ou encore l’élection au Salvador sont des exemples. En réalité, dans beaucoup de pays, les dirigeants ont pris la technique électorale pour en faire un instrument de légitimation du pouvoir déjà établi”.

Le rôle des agences internationales

Pour Bernard-Henri Lévy, les institutions chargées de maintenir la paix dans le monde sont discréditées depuis la guerre de Bosnie. Ghassan Salamé n’est pas de cet avis :  « je crois qu’il ne faut pas enterrer trop vite les agences de l’ONU. Sans l’aide du programme alimentaire mondial, des millions d’hommes mourraient de faim, si on mettait de côté l’UNICEF, des millions d’enfants souffriraient. Le problème est le manque de confiance entre dirigeants de grandes puissances, qui fait que la structure centrale du système, à savoir le Conseil de Sécurité, est entièrement paralysé par les vétos mutuels. Il est paralysé sur l’Ukraine à cause du droit de veto russe. Il est paralysé sur Israël à cause du droit de veto américain. Cependant, il y a des agences dont on a absolument besoin, aujourd’hui plus que jamais ».

LIENS :