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LA LAÏCITÉ, VALEUR DEVENUE CENTRALE À NOTRE ÉDIFICE DÉMOCRATIQUE ET RÉPUBLICAIN ? – DOSSIER

Loi sur la laïcité : 2 Français sur 3 se disent encore attachés à ce principe républicain

Un sondage de l’IFOP pour la fondation Jean Jaurès, publié mardi 9 décembre, révèle que 2 Français sur 3 se disent attachés au principe de laïcité, 120 ans jour pour jour après la promulgation de la loi de séparation de l’Église et de l’État.

C’est une loi fondatrice de la République telle qu’on la connaît. Le 9 décembre 1905 est promulguée la loi de séparation de l’Église et de l’État. Cent vingt ans après, une étude Ifop pour la Fondation Jean Jaurès révèle que ce principe reste très ancré dans les valeurs des Français.

Huit Français sur dix estiment ainsi que la laïcité est très importante à l’identité française. De la même façon, une majorité des Français interrogés estime qu’il ne faut “rien changer” à la loi de 1905 telle qu’elle est. Cependant, la volonté de la “réviser” (32 %) ou de la “supprimer” (8 %) est nettement plus forte qu’il y a vingt ans : 40 % en 2025, contre 29 % en 2005.

55 % des Français souhaitent un renforcement des règles liées à la laïcité 

Par ailleurs, plus d’un Français sur deux (55 %) souhaite que la laïcité en France évolue dans le sens d’un renforcement des règles. Par exemple, 67 % des sondés soutiennent l’interdiction du “port des signes religieux visibles dans l’espace public pour tout le monde”.

Les auteurs de cette étude, François Kraus et Nicola Gaddoni, ont également constaté un certain basculement de cette thématique sur l’échiquier politique. Plutôt défendu par des formations politiques situées à gauche par le passé, le regard porté sur la laïcité s’est “droitisé”. Par ailleurs, la pensée critique à propos du traitement médiatique et politique de la laïcité est bien présente. Ainsi, “52 % des Français estiment que “la défense de la laïcité est instrumentalisée par des personnalités politiques et des journalistes qui veulent en fait dénigrer les musulmans”.

DOSSIER : VOIR LES PUBLICATIONS ANTÉRIEURES DE METAHODOS ;

L’ISLAM : LA RÉPUBLIQUE ET LA LAÏCITÉ, LE COMMUNAUTARISME ET LE CLIENTÉLISME : DES MUTATIONS SOCIÉTALES CONSIDÉRABLES NON PRISES EN COMPTE

https://metahodos.fr/2025/11/27/97658/

« EN FINIR AVEC LA DÉMOCRATIE » : LA LAÏCITÉ NE REMPLACE PAS LE SACRÉ

https://metahodos.fr/2024/08/06/en-finir-avec-la-democratie-la-laicite-contre-le-ciment-de-sacre/

COLLÈGE D’ALÈS : RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – HOMMAGE À SAMUEL PATY ET DOMINIQUE BERNARD

https://metahodos.fr/2024/05/14/77690/

ÉCOLE : DE GRAVES ATTEINTES À LA LAÏCITÉ

https://metahodos.fr/2024/03/17/atteintes-a-la-laicite-a-lecole-linquietante-hausse-des-contestations-des-contenus-de-certains-enseignements/

LA « BOMBE » DE L’OPINION DES FRANÇAIS MUSULMANS SUR LA LAÏCITÉ ET LA RÉPUBLIQUE – MISE À JOUR 21 12 23 : LIBÉRATION RÉAGIT, APRÈS AVOIR IGNORÉ L’INFORMATION

https://metahodos.fr/2023/12/20/la-bombe-de-lopinion-des-francais-musulmans-sur-la-laicite-et-la-republique-mise-a-jour-21-12-23/

« CONTROVERSES » : DÉBAT PUBLIC ET LAÏCITÉ

https://metahodos.fr/2023/12/13/controverses-pourquoi-la-notion-de-laicite-perturbe-le-debat-public/

UNE GRAVE SOUS-ESTIMATION DES ATTEINTES À LA LAÏCITÉ

https://metahodos.fr/2023/10/19/jean-pierre-obin-les-chiffres-datteintes-a-la-laicite-sont-largement-sous-evalues/

LAÏCITÉ : DISPOSITION PERSONNELLE OU ORGANISATION INSTITUTIONNELLE ?

https://metahodos.fr/2023/10/18/la-laicite-vertu-ou-principe/

LAÏCITÉ : LE CONSEIL D’ÉTAT RENONCE-T-IL RÉGULIÈREMENT À LA DÉFENDRE ? – POINT DE VUE

https://metahodos.fr/2023/08/11/laicite-le-conseil-detat-renonce-t-il-regulierement-a-la-defendre-point-de-vue/

LAÏCITÉ, TERME PIÈGÉ DE LA VIE POLITIQUE

https://metahodos.fr/2023/02/17/laicite-un-des-termes-pieges-de-la-vie-politique/

DE GRAVES ATTEINTES À LA LAÏCITÉ À L’ÉCOLE, ET DE PUISSANTES EXHORTATIONS À PRIER ET À DÉPLOYER DES SIGNES RELIGIEUX – MISE À JOUR

https://metahodos.fr/2022/10/18/de-graves-atteintes-a-la-laicite-a-lecole-et-de-puissantes-exhortations-a-prier-et-a-deployer-des-signes-religieux-mise-a-jour/

LAÏCITÉ ET TENUES RELIGIEUSES À L’ÉCOLE : UNE RÉALITÉ CROISSANTE, UNE INACTION IMPOSSIBLE – MISE À JOUR

https://metahodos.fr/2022/10/12/le-ministere-alerte-sur-les-tenues-religieuses-dans-les-etablissements-scolaires/

Un usage parfois approximatif des mots laïcité, neutralité, république :

https://metahodos.fr/2022/04/21/laicite-neutralite-republique-une-utilisation-parfois-approximative/

Ce qui rassemble les français. Justice sociale, démocratie, environnement, laïcité. Fondation Jean Jaurès

https://metahodos.fr/2021/09/23/ce-qui-rassemble-les-francais-inegalites-democratie-environnement-laicite-fondation-jean-jaures/

Les jeunes refusent une laïcité « de combat » – Fracture générationnelle ?

https://metahodos.fr/2021/03/11/les-jeunes-refusent-une-laicite-de-combat/

METAHODOS VOUS PROPOSE TROIS LECTURES D’ARTICLES

1. ARTICLE – Rémi Brague : « La loi de 1905 a été possible car la République et les catholiques avaient en commun l’amour de leur pays »

2. ARTICLE – « La laïcité est le ciment qui maintient notre maison commune debout »

3. ARTICLE – 120e anniversaire de la loi de 1905 : « Ferdinand Buisson voit à travers l’idéal républicain s’exprimer une foi laïque »

1. ARTICLE – Rémi Brague : « La loi de 1905 a été possible car la République et les catholiques avaient en commun l’amour de leur pays »

Par  Ronan Planchon LE FIGARO 9 12 25

À l’occasion du 120e anniversaire de la loi de 1905, le philosophe insiste sur le caractère unique de la laïcité française. Forgée dans la douleur, elle a été permise grâce au lien quasi charnel qui unissait le catholicisme à la nation, explique-t-il, d’où la difficulté de transposer ce scénario avec l’islam.

*Rémi Brague est membre de l’Institut de France, normalien, agrégé de philosophie et professeur émérite de philosophie à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne.

Comment qualifier la loi de 1905 dans l’histoire de la laïcité à la française ? Est-ce un tournant ? Un aboutissement ?

La laïcité a effectivement une histoire, et est toute une histoire. La loi de 1905 n’est certainement pas un aboutissement au sens de quelque chose de définitif, tant ont été nombreuses ses applications et ses atténuations, et tant sont nombreuses aujourd’hui les voix qui proposent de la réviser ou de l’adapter à des circonstances nouvelles. Mais c’en est un dans la mesure où elle est le résultat d’un processus long de plus d’un siècle, et qui s’était accéléré depuis les débuts de la IIIe République, donc sur près de trente ans. Elle a représenté également un tournant, mais un tournant parmi d’autres, car son interprétation a connu bien des péripéties. La laïcité de choc, au moment des inventaires…

…/…

2. ARTICLE – « La laïcité est le ciment qui maintient notre maison commune debout »

Par  Sébastien Vincini et  Frédérique de la Morena. Publié le 02/12/2025 MARIANNE

Alors que nous allons bientôt fêter les 120 ans de la loi de séparation des Églises et de l’État, Sébastien Vincini, président du conseil départemental de la Haute-Garonne et Frédérique de la Morena, maître de conférences en droit public à l’université Toulouse Capitole et membre du Conseil national des sages de la laïcité et des valeurs de la République, rappellent l’importance de la laïcité.

La laïcité, principe fondateur et matrice de notre République, de notre nation, est d’abord un concept juridique. Elle est inscrite dans la Constitution, à la suite d’une longue maturation : elle s’est construite autour de la nation et de la République.

Dans notre société qui traverse des mutations profondes, où l’individualisme croissant et les revendications identitaires fragmentent le lien social, la laïcité est le ciment qui maintient notre maison commune debout, un rempart contre les vents furieux du populisme et des revendications identitaires qui menacent de fissurer l’édifice. Aujourd’hui, ce qui est en jeu, c’est la cohésion nationale ; ce qui nous rassemble, l’intérêt général.

L’IMPORTANCE DE LA LAÏCITÉ

Pourtant, force est de constater que cette valeur cardinale est souvent méconnue, mal interprétée, voire instrumentalisée. Il est urgent de réaffirmer son rôle central et de la transmettre avec ferveur à la jeunesse et à l’ensemble de la population. Dans un monde où les fractures culturelles, religieuses et sociales s’exacerbent, la laïcité offre un espace de neutralité garantissant à chacun de vivre librement ses convictions, dans le respect des autres. La laïcité offre à la fois un espace de neutralité qui garantit à chacun de pouvoir partager ce qui est commun à tous et un espace où les intérêts individuels et collectifs peuvent librement s’exprimer dans le respect de la loi. Elle ne combat pas les cultes mais protège la liberté de conscience, qui ne se réduit pas à la liberté de croire et de ne pas croire, de changer de religion, et au libre exercice du culte.

Par son essence même, elle refuse d’assigner les individus à des appartenances communautaires, contrant ainsi le poison des revendications identitaires qui cherchent à opposer les citoyens les uns aux autres. Support de liberté, elle est aujourd’hui trop souvent dévoyée à des fins idéologiques, et devient tour à tour un prétexte à l’exclusion ou objet de polémiques stériles. Le populisme, les intégrismes religieux dans leur quête de boucs émissaires et de simplifications, s’attaquent souvent à la laïcité. Pourquoi ? Parce qu’elle représente un obstacle majeur à la manipulation des individus. La laïcité fait de chaque citoyen un égal, non défini par sa foi ou son origine, mais par son appartenance à la nation et à la République.

Les discours populistes et intégristes cherchent à instrumentaliser les frustrations et les peurs en opposant les uns aux autres, souvent en se servant de la religion comme levier. Ils jouent sur les amalgames, inventent des « guerres culturelles » pour détourner l’attention des véritables enjeux de citoyenneté. La laïcité, en maintenant la sphère publique à l’écart de ces affrontements religieux ou identitaires, désarme ces stratégies de division.

BATAILLE POUR L’AVENIR DE NOTRE PAYS

Face à ces défis, la Haute-Garonne a fait le choix d’agir. Dans notre département, la laïcité est un levier concret et théorique pour bâtir le commun. Le conseil départemental s’attache à promouvoir la citoyenneté et l’émancipation des Haut-Garonnais et des Haut-Garonnaises. Nous nous inscrivons dans une démarche humaniste, où chacun peut comprendre et expérimenter sa place dans la société. Le Parcours laïque et citoyen illustre cet engagement. Gratuit et accessible, ce dispositif s’adresse à plus de 67 000 collégiens et écoliers, en leur proposant des ateliers, des débats, des spectacles et des visites éducatives. Ces actions permettent aux jeunes de saisir, par l’expérience, ce que signifie vivre dans une République laïque.

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Nous cherchons à créer une société dans laquelle les valeurs de la République sont une réalité dans le quotidien de chacun. C’est un défi collectif ! Cette approche repose sur un équilibre entre l’école et les partenaires associatifs, notamment ceux de l’éducation populaire. Ensemble, nous travaillons à transmettre la laïcité comme une promesse positive et non comme un ensemble de contraintes. À travers le Parcours laïque et citoyen, nous montrons que la République ne demande pas de renoncer à son identité, mais offre la possibilité de s’inscrire également dans une communauté de valeurs communes.

En expérimentant des moments où l’individu dépasse ses particularités pour s’inscrire dans un commun, les jeunes découvrent leur place à la fois dans une société pluraliste mais également dans une communauté nationale. La res publica, chose publique, l’intérêt général, c’est-à-dire le souci partagé de ce qui nous est commun et qui nous oblige tous, fonde le projet laïque. Il ne s’agit pas seulement de leur transmettre une connaissance, mais de leur donner la possibilité de faire le choix de vie en toute indépendance, en citoyens éclairés. Pour que la laïcité reste ce pilier indéfectible de l’unité nationale, il faut en faire une priorité éducative. Elle doit être transmise dans toute sa richesse, non pas comme un interdit ou une contrainte, mais comme une chance. Cela implique de la présenter clairement : une laïcité d’apaisement et de respect mutuel, qui libère les individus des assignations identitaires. Mais pour cela, encore faut-il la comprendre et l’incarner.

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Les personnels de l’éducation, les élus, les parents, les associations ont tous un rôle à jouer pour transmettre ce principe aux jeunes générations. Ce travail pédagogique doit déconstruire les contrevérités, notamment l’idée que la laïcité serait dirigée contre une religion en particulier. La laïcité protège d’abord l’individu, non les croyances, les opinions ou convictions de toute nature, car toute doctrine, toute croyance, toute idée peut être critiquée ou discutée. Dans un contexte marqué par des tensions croissantes, notre devoir collectif est de replacer la laïcité au cœur du projet républicain. Comme règle mais également comme vision, aspiration à faire communauté avec nos différences. La laïcité est notre bouclier contre les forces qui voudraient nous diviser. C’est une bataille d’idées, mais surtout une bataille pour l’avenir de notre pays. Ne laissons personne fissurer ce ciment républicain mais faisons vivre la laïcité républicaine en transmettant très largement ce principe de liberté, d’égalité et de fraternité.

3. ARTICLE – 120e anniversaire de la loi de 1905 : « Ferdinand Buisson voit à travers l’idéal républicain s’exprimer une foi laïque »

Tribune

Par  Tribune collective MARIANNE. Publié le 27/11/2025

Promulguée le 9 décembre 1905, la loi de séparation des Églises et de l’État fêtera bientôt son anniversaire. En cette occasion, le Cercle Ferdinand Buisson, organise le 6 décembre prochain à Thieuloy-Saint-Antoine (60) un hommage à celui qui a été un grand artisan de la laïcité. Une initiative soutenue par de nombreuses associations et personnalités, comme Élisabeth Badinter, Guylain Chevrier, Médéric Chapitaux, Michaël Delafosse, Catherine Kintzler, Delphine Girard, Vincent Peillon ou encore Henri Peña-Ruiz

Alors que faire société semble si difficile, avec une République laïque souvent attaquée, rien n’est plus urgent que d’en réinvestir l’histoire, l’enjeu. Le passage du « sujet » du roi au citoyen fut une mutation qui occupa le débat sur l’éducation de la fin du XIXᵉ siècle. Elle relève de la formation du citoyen, entre droits et devoirs, mais aussi de la déclinaison d’une identité républicaine commune. C’est ce qui a fondé l’audace de notre contrat social depuis un siècle et demi. Cette grande cause a eu ses héros, il en est un passé dans l’ombre auquel on doit beaucoup. Une tombe parmi les autres, avec un nom mis parfois au fronton d’une école, Ferdinand Buisson.

Il est l’un des principaux inspirateurs des lois scolaires de la IIIᵉ République, de la loi de séparation des Églises et de l’État. De cela, il n’a laissé discrètement de lui, qu’anonymement ce qui en a été versé à la propriété commune. Il est venu ainsi à l’esprit qu’on ne saurait laisser une telle œuvre dans l’oubli. C’est pourquoi le Cercle Ferdinand Buisson, devant sa tombe dépérissant, a décidé de lui redonner toute sa valeur, en en faisant un monument dédié à la mémoire. Rien d’un regard nostalgique posé sur le passé, une simple clause de sauvegarde de nos consciences. On pourrait finir sinon par croire que l’histoire s’est faite toute seule, et tout perdre de vue, dont les acteurs de la conquête de nos libertés, le nom.

LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE

Ferdinand Buisson est pour toujours associé à l’origine de l’école publique, gratuite, obligatoire et laïque, pour le peuple, portant une nouvelle ambition pour l’homme à travers l’instruction qui émancipe. On peut dire que la tâche ne fut pas facile, face à la puissante orthodoxie cléricale d’alors. L’instruction religieuse y est remplacée par l’instruction morale et civique obligatoire, rompant avec l’idée que sans religion on n’a pas de morale, sans qu’il soit question pour autant d’une école athée, mais ne se référant qu’à des connaissances au caractère démontrable. Le temps scolaire est aménagé, pour permettre aux familles qui le souhaitent de donner à leur enfant le complément d’éducation de leur choix.

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Né dans une famille protestante en 1841 à Paris, Ferdinand Buisson est un philosophe, pédagogue et homme politique aux convictions républicaines profondes. Il commence par refuser de prêter serment à l’Empire, et s’exile en Suisse, où il enseigne jusqu’à la proclamation de la Troisième République, qui le fait rentrer en France pour s’enrôler dans la garde nationale. Il participe au premier congrès international de la Ligue de la paix et de la liberté qui a lieu à Genève en 1867. Il s’implique activement dans les initiatives politiques et sociales de sa municipalité, créant l’orphelinat municipal du XVIIᵉ arrondissement, premier orphelinat laïque, avec une instruction aux enfants sans séparation des sexes, dont il prend la direction.

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Après une vague de protestations dans les milieux catholiques et protestants orthodoxes, qui retarde la nomination de cet agrégé de philosophie à la tête de l’instruction publique, il en devient inspecteur général le 31 août 1878 avant de prendre la direction de l’Enseignement primaire le 10 février 1879, à la demande de Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique. Il est l’auteur d’un monumental Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire (1882). Docteur ès Lettres en 1891, il est nommé à la chaire de Science de l’éducation de la Sorbonne en 1896. C’est durant cette période qu’il réalise sa véritable œuvre. Il travaille aux côtés de Jules Ferry pour asseoir l’école publique sur ces principes qui aujourd’hui encore demeurent. Il voit loin ! En 1905, il participe à l’élaboration de la loi de séparation des Églises et de l’État portée par Aristide Briand, il préside la commission parlementaire chargée de la mettre en œuvre. Il entend placer l’école et l’État en dehors et au-dessus de toutes les confessions et opinions. Il voit à travers l’idéal républicain s’exprimer une foi laïque qui souffle sur l’histoire.

120ᵉ ANNIVERSAIRE DE LA LOI

Il se range du côté du capitaine Dreyfus et participe à la création de la Ligue des droits de l’homme, puis en prend la présidence. Élu député radical-socialiste de Paris, il défend notamment le droit de vote des femmes. Il est à la tête de la Ligue de l’enseignement de 1902 à 1906. Partisan de la Société des Nations, il reçoit le Prix Nobel de la paix en 1927 avec Ludwig Quidde, historien et homme politique allemand, pour son action en faveur du mouvement pacifiste. Fait grand officier de la Légion d’honneur, il se retire finalement dans l’Oise après 1924, à Thieuloy-Saint-Antoine, où il s’éteint en l’année 1932 à l’âge de 91 ans, et mis en terre. On voit toute l’importance de replacer ce grand homme dans la lumière du temps présent.

À LIRE AUSSI : « Loi du 9 décembre 1905 : cent quinze ans après, comprendre cette trop incomprise laïcité »

Aussi, cette entreprise de rénovation a été ressentie comme une nécessité alors que nous fêtons le 120ᵉ anniversaire de la loi, si capitale, de séparation des Églises et de l’État. Une campagne de collecte a permis d’en rassembler les fonds. On y trouvera, sur la dalle, les symboles qui représentent ses buts humanistes : Le rappel de la loi : Fondateur de la loi de séparation des Églises et de l’État ; sa célèbre expression : « Le premier devoir de la République est de faire des républicains » ; le crayon en bois rouge de l’école publique qui symbolise l’école pour tous, qui écrit le mot « Laïcité » ; la colombe de la Paix posée sur la gomme du crayon et qui regarde Ferdinand Buisson ; le bas-relief de l’image stylisée de Ferdinand Buisson qui regarde la colombe… La cérémonie publique d’inauguration pour lui rendre cet hommage aura lieu le 6 décembre prochain en présence de nombreuses personnalités, de républicains. On ne peut éviter de penser que cet événement soit celui qui précède une candidature à panthéonisation.

Associations et mouvements signataires :

Actions pour les Collectivités Territoriales et Initiatives Sociales, Sportives, Culturelles et Educatives (ACTISCE)

Association de défense des laïques (AD3L) : Agir pour la laïcité et les valeurs républicaines

Association Européenne de la Pensée Libre (AEPL-EU)

Association EGALE ; Association des libres penseurs de France (ADLPF)

Cercle Ferdinand BUISSON

Comité de réflexion et d’action laïque – CREAL 76

Comité Laïcité République (CLR)

Comité 1905 Auvergne Rhône Alpes (ARA) : Femmes Contre les Intégrismes

Fédération nationale des DDEN (Délégués Départementaux de l’Éducation Nationale)

Fédération Française de l’Ordre Mixte du Droit Humain (Le DH)

Grande Loge Féminine de France (GLFF)

Grande Loge Mixte de France (GLMF)

Grande Loge Mixte Universelle (GLMU)

Grand Orient de France (GODF)

Grand Orient Latino-Américain

Le Sou des Écoles Laïques

Laïcité18

Laïcité 40

Laïcité et féminisme

Laïcité – Liberté

Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA)

La Ligue du Droit International des Femmes (LDIF)

LibreS Mariannes

Le Chevalier de la Barre

Le Conseil national des associations familiales laïques (CNAFAL)

Lumières laïques – Cercle Maurice Allard

L’Union des Familles Laïques (UFAL)

Observatoire de la laïcité des Alpes Maritimes (L’OLAM)

Observatoire de la laïcité de Provence (L’OLPA)

Observatoire de la Laïcité de Saint-Denis (OLSD)

Vigilance collèges-lycées (VCL)

Vigilance Travail Social (VTS)

Vigilance Université

Personnalités signataires :

Gilbert ABERGEL, Président national du Comité laïcité République

Élisabeth BADINTER, philosophe, féministe, militante laïque

Patrick BELGHIT, Président du Conseil national des associations familiales laïques

Kamel BENCHEIKH, écrivain

Corinne BERRON, autrice et productrice

Pierre BERTINOTTI, Grand Maître du Grand Orient de France

Alexandra BORCHIO FONTIMP, sénatrice

Belinda CANNONE, écrivain et MCF de littérature comparée

Médéric CHAPITAUX, membre du Conseil des Sages de la Laïcité

Martine CERF, Vice-présidente d’EGALE

Guylain CHEVRIER, Docteur en Histoire, formateur et chargé d’enseignement à l’université

Michaël DELAFOSSE, maire de Montpellier

Gérard DELFAU, Directeur de la collection Débats laïques

Philippe FOUSSIER, Vice-président d’Unité Laïque

Delphine GIRARD, cofondatrice de Vigilance Collèges Lycées (VCL), professeur de lettres classiques, présidente de la commission Education de la LICRA, membre du Conseil des sages de la laïcité

Fayçal JELIL, archiviste des vies décentes

Eddy KHALDI, Président de la Fédération nationale des DDEN

Catherine KINTZLER, ancienne professeur des universités

Françoise LABORDE, ancienne sénatrice

Guy LENGAGNE, ancien ministre

Marylène MANTÉ-DUNAT, enseignante à l’université de Lille, droit du travail

Thierry MESNY, libre penseur 

Vincent PEILLON, ancien ministre de l’Education nationale

Henri PEÑA-RUIZ, philosophe

Nicolas PENIN, ancien Grand Maître du GODF

Nicole RAFFIN, féministe, militante laïque

Philippe ROBLIN, Président d’Agence Conseil

Alain SEKSIG, Secrétaire général du Conseil des Sages de la laïcité de l’Éducation nationale

Hélène SERRES, autrice et comédienne

Annie SUGIER, Présidente de la Ligue du droit international des femmes (LDIF)

Guillaume TRICHARD, ancien Grand Maître du GODF

Paul Alexandre VOISIN, éducateur spécialisé, chargé de coopération territoriale, co-fondateur de Vigilance Travail Social

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