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MORT DE CHRISTIAN BOBIN : UNE VIE EN POÉSIE

L’écrivain Christian Bobin est mort à l’âge de 71 ans,

vient d’annoncer son éditeur Gallimard, ce vendredi 25 novembre 2022.

Révélé au grand public avec son texte sur Saint-François d’Assise, « Le Très-Bas », cet auteur contemplatif était connu pour ses romans ou textes poétiques courts témoignant de son émerveillement pour les choses simples de la vie.

« …pour être vivant, il faut parler et pour parler vraiment, il faut amener le silence dans sa parole… »

« Ce qui compte, – dit il dans l’émission de France Culture présentée ci contre – à mon avis, c’est d’essayer d’être vivant, et pour être vivant, il faut parler et pour parler vraiment, il faut amener le silence dans sa parole, et amener le secret de sa vie dans cette parole sans le dévoiler, le faire juste vibrer. Il faut faire vibrer la peau de tambour d’un secret qu’on a dans le coeur, sans le dire, parce que ça serait l’anéantir et s’anéantir soi-même : le faire juste vibrer, c’est ce que j’appelle « risquer ».

Auteur d’une soixantaine de romans et d’essais, ainsi que de dix recueils de poèmes,

ÉCRIT L’Obs QUI POURSUIT :

« Ecrivain contemplatif et discret, il connaît le succès en 1991 avec le roman « Une petite robe de fête », vendu à 270 000 exemplaires, avant de faire sensation en 1992 avec « le Très-Bas », texte poétique en prose consacré à saint François d’Assise, qui s’écoule à plus de 400 000 exemplaires et reçoit le prix des Deux-Magots en 1993.

« Cet automne, il avait publié un roman aux éditions Gallimard, « Le Muguet rouge », et une anthologie d’« oeuvres choisies » dans la collection Quarto, « Les Différentes Régions du ciel ».

« « J’ai préféré aller vers ce qui semble ignorer le passage du temps : les fleurs, l’amour dans sa première timidité, l’attente, la beauté d’un visage, le silence, la longue durée… Toutes ces choses que la vie moderne petit à petit commençait à nous enlever, à nous voler », lançait-il dans un entretien à l’AFP. »

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« Christian Bobin aux anges »

TITRE LIBÉRATION QUI POURSUIT :

« Contemplatif, sensible, le poète et écrivain est mort à l’âge de 71 ans au Creusot, où il était né.

« Une simplicité, une légèreté, «la parole vraie», disait-il lui-même. Sa prose touchait une large foule de fervents lecteurs, épris d’une écriture qui parlait de lumière, de pureté, de beauté, d’amour et d’enfance («le vivant en soi»).«Il n’y a pas d’autre raison de vivre que de regarder, de tous ses yeux et de toute son enfance, cette vie qui passe et nous ignore», écrivait Christian Bobin dans la Nuit du cœur (2018). Le poète n’a «jamais rien fait d’autre que de regarder» et«écrire est une branche de l’arbre du regard».

« Dans la Nuit du cœur, l’auteur passe une nuit dans la chambre numéro 14 de l’hôtel Sainte-Foy, qui donne sur un flanc de l’abbatiale de Conques. C’est un observatoire sur le menu monde et lui reste l’impression d’avoir vécu une transfiguration à son retour chez lui, au Creusot (Saône-et-Loire). Dans cette ville ouvrière où il était né le 24 avril 1951 («Je suis né dans un berceau d’acier») et qu’il n’avait quasiment pas quittée («Voyager ? Non, non. J’ai horreur de ça»), Christian Bobin est mort à 71 ans. Gallimard, son éditeur depuis 1989 et la Part manquante, l’a annoncé vendredi.

« On dit de lui que c’était le poète de la nature et des petites choses, un contemplatif mais aussi un sulpicien, car d’autres ont critiqué la candeur, les bons sentiments, les petits oiseaux et le ciel bleu bonheur. «On veut m’enfermer dans la cage de la mièvrerie, disait-il …

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ÉMISSION

Christian Bobin : « J’écris pour trouver ce que je pense »

Jeudi 7 novembre 2019. FRANCE CULTURE

Nous recevons Christian Bobin pour la parution de son livre « Pierre » aux éditions Gallimard, ainsi que pour le Cahier de L’Herne qui lui est consacré. Il nous parle de voix, de paroles qui rendent vivant et de sourires, ces plus beaux exploits humains.

Dans cet ouvrage, Christian Bobin exprime son admiration pour Pierre Soulages. Il guide le lecteur pour une visite de la maison et de l’atelier du peintre, lui fait entendre ses mots, lui montre ses tableaux avant de raconter son voyage en train vers Sète, à Noël 2018, pour commémorer l’anniversaire du peintre. Un livre qui se situe entre réflexion philosophique et portrait intime.

Extraits de l’entretien

« La voix est un trésor qui se patine. On sait que les voix s’usent un petit peu, se creusent comme un évier sous la goutte d’eau. Mais on sait aussi que c’est un trésor qui se densifie. Si on a un petit peu d’oreille, les voix disent le meilleur de la personne et le chef d’oeuvre qu’est profondément une personne, est donné à entendre dans sa voix. »

« Il est possible que nous soyons, chacun de nous, psychiquement, spirituellement, comme des terrains toujours en danger d’inondation : inondations de mots, de traumas, inondation de savoirs inutiles, d’images aveuglantes et que c’est dans la rareté ou dans le peu, que l’immense à la chance de revenir, de resurgir. »

« Le refus est peut-être la somme des conventions et des obéissances à laquelle nous répondons depuis le berceau ou presque. Aujourd’hui on vante beaucoup les exploits du corps physique, les aventures de marins ou d’alpinistes. Mais, la plus grande aventure est peut-être de s’oublier soi-même, de négliger cette somme d’interdits qui est en nous et d’aller vers l’autre. Je crois que c’est ça la plus grande aventure. Le plus bel exploit humain, c’est de susciter la naissance d’un vrai sourire sur les lèvres de quelqu’un qui vous fait face : ce sourire c’est le portail qui s’ouvre. »

LIEN VERS L’ÉMISSION :

Archives

Pierre Soulages, émission « Première édition », France Culture, 2000

François Cheng, émission « A voix nue », France Culture, 2014

Claude Simon, émission « Entretiens avec », France Culture, 1971

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