
ARTICLE EXTRAIT
Jean Garrigues sur le conflit des retraites : « Au-delà de la présidence jupitérienne, c’est tout notre édifice institutionnel qui est discrédité »
Jean Garrigues. Président du Comité d’histoire parlementaire et politique – LE MONDE 20 mars 2023
« Le temps du monarque présidentiel est bel et bien révolu, et l’exigence de participation citoyenne est irréversible », estime l’historien, qui pointe dans le conflit actuel le « énième symptôme de cette crise de la légitimité politique qui touche notre pays ». Pour y remédier, il plaide, dans une tribune au « Monde », pour de nouvelles pratiques politiques.
Quelle que soit l’opinion que l’on porte sur l’utilité et la pertinence de la réforme des retraites, force est de constater qu’au terme d’une séquence parlementaire désastreuse, le président de la République est désavoué par une majorité des Français. Et ce qui est plus grave encore, c’est que ce rejet massif englobe non seulement l’exécutif mais l’ensemble des acteurs institutionnels, et même au-delà, la légitimité de notre dispositif démocratique. Parce qu’il n’a pas voulu tenir compte des corps intermédiaires et de l’opinion, le monarque présidentiel a négligé une autre légitimité qui la dépasse dans la tradition française héritée de 1789 et des révolutions du XIXe siècle : celle de la souveraineté populaire. Ce faisant, il creuse le fossé déjà béant entre les deux légitimités, ce qui ouvre la voie à tous les possibles de la violence et de la démagogie.
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Il y a d’abord un échec personnel pour le chef de l’Etat, et ce pour trois raisons majeures : parce qu’il a engagé une réforme que lui-même avait rejetée en 2019 ; parce qu’il a renoncé à une réforme beaucoup plus ambitieuse, celle de la retraite par points, voire à une vaste consultation démocratique englobant les retraites autour des nouveaux paradigmes du travail ; enfin, parce qu’il a refusé une véritable négociation avec les partenaires sociaux, contrairement à tous ses prédécesseurs.
Son refus de recevoir les leaders syndicaux, sous prétexte de respecter le temps parlementaire, a été interprété, à tort ou à raison, comme un signe de mépris envers le mouvement social. Ce président qui nous promettait en 2017 une « révolution » en a donc été réduit à cette réformette libérale et gestionnaire, sous la pression des contraintes budgétaires de la Commission européenne ainsi que des nécessités électoralistes qui l’ont poussé à se rapprocher du parti Les Républicains (LR).
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Constat juste et partagé! Mais que fait-on maintenant? Recoller les morceaux ne suffira pas. Par ailleurs, il y a plein de dossiers à traiter d’urgence ou à rouvrir. Les affaires courantes n’attendent pas et mobilisent les énergies qui devraient être utilisées pour une refonte profonde de l’État. Ceci dit, il ne faut pas attendre de miracles: l’U.E. – cofondée par la France – reste bien présente, l’Allemagne – à laquelle la France n’arrive plus à se comparer – est et sera toujours voisine de l’Hexagone, et le travail – si possible mieux rétribué – reste encore la seule façon de se donner les moyens de vivre dignement. Bref, il faut à la fois réagir dans l’urgence, réfléchir posément et agir… avec les faibles moyens du bord. Vaste programme!
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Jean Garrigues has put forward a very good point in his article, « Beyond Juppé’s presidency: institutional discredit » – we need to look beyond the current presidency to the whole of our institution. This is something that is sadly lacking in our current political landscape, and as a result is breeding even more distrust and cynicism.
I think it’s important that we all start to think about ways we can rebuild and restore trust in our political system, and Jean Garrigues has put forward a great start in this article. We need to start by involving the people in this process, and get them involved in making decisions that affect their lives. This is something that we can all start to work on, and it will take time, but I think it’s something that is worth fighting for.
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