
Gouverner ne consiste pas à jeter des pièces en l’air et à prier pour qu’elles tombent du bon côté de l’histoire.
MISE À JOUR : VOIR ARTICLE 1 EXTRAIT :
« … je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent…»
ENTRE OBJECTIF AFFICHÉ ET RÉSULTAT ENVISAGÉ : UNE MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE À CONFORTER OU UN GOUVERNEMENT RN À DISCRÉDITER
La dissolution de l’Assemblée intéresse au-delà des frontières. En Allemagne aussi, on scrute avec attention l’évolution du paysage politique français et notamment du côté de la CDU – l’équivalent germanique du parti Les Républicains mais sans Ciotti, pour faire simple.
« Les Allemands révèlent le plan machiavélique d’Emmanuel Macron contre l’extrême droite »
À titré Libération. En effet, Bild révèle que, selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, l’objectif d’Emmanuel Macron avec la dissolution est de torpiller l’extrême droite.
«Macron s’attend très certainement à ce que la droite nationale l’emporte lors des nouvelles élections ou du moins qu’elle continue à gagner du terrain, a rapporté Von der Leyen. Mais une fois au gouvernement,
« Le Pen et son équipe échoueront à tel point que la probabilité que Le Pen ne devienne pas présidente en 2027 augmentera »
Le Pen et son équipe “devront aussi faire leurs preuves” – et, selon le calcul de Macron, échoueront à tel point que la probabilité que Le Pen ne devienne pas présidente en 2027 augmentera. Macron l’aurait alors empêchée – même si lui-même ne peut plus se
« … Quand ils ( les imbéciles ) se retrouvent à court d’idées, ils en inventent une si grossière qu’elle sidère tout son monde «
Emmanuel Macron aurait, selon Laurent Sagalovitsch « l’audace des imbéciles » . « Quand ils se retrouvent à court d’idées, poursuit il, ils en inventent une si grossière qu’elle sidère tout son monde.
« L’imbécile devient alors fanfaron. On le voit qui plastronne au grand jour, ravi d’en avoir surpris plus d’un. Il rit de son coup comme le voleur qui revend à sa victime les marchandises qu’il vient de lui dérober. Il est si content de son tour de force que c’est à peine si les conséquences de ses actes l’effleurent. Il sera toujours temps d’y penser si jamais les choses allaient de travers.
« Ce pourrait être de la témérité, c’est juste un enfantillage,
un pari adolescent qui permet d’enjamber la mauvaise séquence de son parti, tout en mettant les Français face à leurs responsabilités: «Vous avez voulu le Rassemblement national, eh bien, je vous l’offre sur un plateau, voyons voir si votre courage ira jusqu’à le porter aux plus hautes responsabilités.» Le président ne préside pas, il crâne comme ces caporaux qui, au lendemain d’une déroute militaire, remettent leurs galons en jeu, sûrs que personne, au regard du délabrement des troupes, n’osera prendre le risque de les remplacer. »
Laurent Sagalovitsch – par lui même – « est né en 1967 et depuis sa tendre enfance il n’aime personne. Quand il ne déblatère pas sur son blog, il écrit aussi des romans que personne ne lit. Dernier livre paru: Le dernier été de Gustav Mahler (Éditions Le Cherche Midi) »
1. ARTICLE – « Emmanuel Macron, qui a déclenché cette dissolution pour piéger les partis, s’est piégé lui-même »
Solenn de Royer. LE MONDE 14 06 24
En accélérant la recomposition politique, la dissolution de l’Assemblée nationale, joue aussi un rôle de révélateur pour le président de la République, qui voit ressurgir, plus brutal encore, le clivage droite-gauche qu’il a toujours voulu gommer, explique, dans sa chronique au « Monde », Solenn de Royer.
Lundi 10 juin, au lendemain de l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron se rend à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), ville martyre, dans le cadre des célébrations du 80e anniversaire de la Libération. Il croise un grand patron, familier de l’Elysée, qui lui glisse un mot d’encouragement : « Ça va, pas trop dures, ces journées ? » Le chef de l’Etat sourit : « Mais pas du tout ! Je prépare ça depuis des semaines, et je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent… »
Emmanuel Macron a toujours laissé entendre qu’il méprisait la politique et ses représentants, lui qui n’a jamais été élu avant d’accéder à l’Elysée. En 2016, la « grande marche » lancée pour sonder les Français, avant l’élection présidentielle, avait, selon lui, permis de mesurer la défiance de ces derniers envers la politique, perçue comme source de divisions et de blocages, cause du dysfonctionnement du système depuis trente ans. La « start-up nation » promise par le candidat d’En marche ! serait « dépolitisée », « désidéologisée », visant l’efficacité. « Je n’aime pas la politique, j’aime faire », avait-il confié en 2017 à l’écrivain Philippe Besson, devant lequel il décrivait les élus et chefs de parti comme « des commerçants qui tiennent un bout de rue ».
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2. ARTICLE – [BLOG You Will Never Hate Alone] Gouverner ne consiste pas à jeter des pièces en l’air et à prier pour qu’elles tombent du bon côté de l’histoire.
Emmanuel Macron ou l’audace de l’imbécile
Laurent Sagalovitsch – 11 juin 2024 SLATE
Emmanuel Macron a l’audace des imbéciles. Quand ils se retrouvent à court d’idées, ils en inventent une si grossière qu’elle sidère tout son monde. L’imbécile devient alors fanfaron. On le voit qui plastronne au grand jour, ravi d’en avoir surpris plus d’un. Il rit de son coup comme le voleur qui revend à sa victime les marchandises qu’il vient de lui dérober. Il est si content de son tour de force que c’est à peine si les conséquences de ses actes l’effleurent. Il sera toujours temps d’y penser si jamais les choses allaient de travers.
L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas un coup de poker, c’est l’irruption d’un égarement qui dit l’impuissance du chef de l’État à reprendre la situation en main. Au lieu de s’accorder le temps de la réflexion, de considérer les forces en présence, de consulter et d’examiner les réponses à apporter aux résultats des élections européennes, il préfère prendre la tangente en jouant tapis avec la démocratie.
Ce pourrait être de la témérité, c’est juste un enfantillage, un pari adolescent qui permet d’enjamber la mauvaise séquence de son parti, tout en mettant les Français face à leurs responsabilités: «Vous avez voulu le Rassemblement national, eh bien, je vous l’offre sur un plateau, voyons voir si votre courage ira jusqu’à le porter aux plus hautes responsabilités.» Le président ne préside pas, il crâne comme ces caporaux qui, au lendemain d’une déroute militaire, remettent leurs galons en jeu, sûrs que personne, au regard du délabrement des troupes, n’osera prendre le risque de les remplacer.
En cela, Emmanuel Macron est fidèle à l’image qu’il n’aura cessé d’envoyer depuis son accession à l’Élysée. Un homme sans constance qui manque de profondeur et de rigueur dès lors qu’il se retrouve confronté à des situations périlleuses. Une forme de légèreté ou d’insouciance qui peut parfois s’apparenter à du panache, mais qui apparaît la plupart du temps comme la marque d’un individu plus soucieux de la forme que du fond. Emmanuel Macron est un homme à la recherche de lui-même.
Au lieu de mettre à profit les trois prochaines années avant la présidentielle, Emmanuel Macron a préféré jouer au flambeur de casino en mettant la démocratie comme gage.
Quelque chose lui fait défaut, une forme de sincérité, de gravité, de ce sentiment pénétrant de l’importance des choses. On a toujours l’impression qu’il joue sa vie plus qu’il ne la vit, forme de romantismedésinvolte qui peut l’amener à changer mille fois de raisonnements, comme si au fond rien n’était vraiment fixé chez lui, ni sa vision du pays ni la manière de conduire les affaires.
Il ressemble à ces acteurs qui, bien que doués, ne sont ni faits pour la tragédie ni pour la comédie. Ils hésitent toujours entre les deux; et quand leur carrière s’achève, à force de ne s’être illustrés nulle part, on ne retient d’eux rien, si ce n’est un potentiel qui ne s’est jamais vraiment réalisé. Ainsi va Emmanuel Macron, tantôt grandiloquent et donneur de leçons, souvent girouette qui obéit sous le coup d’une impulsion considérée a posteriori comme un trait de caractère bien trempé.
On ne mesure pas à quel point l’arrivée du Rassemblement national serait un séisme pour la nation. Pareille ascension signifierait non seulement une défaite de la pensée, un renoncement aux valeurs fondatrices de la République. Elle ouvrirait aussi une période où la démocratie serait confisquée aux profits d’un clan constitué de tout un appareil d’hommes et de femmes chez qui la volonté d’instaurer un régime autoritaire et violent ne fait guère de doutes.
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Personne ne sait exactement à quoi ressemble l’arrière-cour du Rassemblement national, de tout ce grouillement d’individus qui, profitant de l’image de respectabilité affichée par les caciques du parti, continuent en sourdine à s’abreuver aux sources d’un nationalisme affranchi de toute pudeur. Ils apparaîtront à la lumière à l’heure voulue, quand Jordan Bardella et consorts gouverneront le pays. Alors nous découvrirons, effarés, que rien n’a vraiment changé, que les mêmes turpitudes, les mêmes haines, les mêmes ressentiments les animent, ce désir d’une France pure et blanche protégée de la racaille venue de l’étranger.
Tout cela, Emmanuel Macron le sait. Cependant, au lieu de mettre à profit les trois années qui nous séparaient de la prochaine élection présidentielle pour tâcher de constituer un socle à même de s’opposer aux velléités du Rassemblement national, il a préféré jouer au flambeur de casino en mettant la démocratie comme gage. Il s’est ainsi trahi à lui-même et à sa fonction.
Gouverner ne consiste pas à jeter des pièces en l’air et à prier pour qu’elles tombent du bon côté de l’histoire. Ou à pointer un revolver sur la tempe du peuple en le sommant de choisir entre lui et le chaos. Cela se nomme au mieux du chantage, au pire une invitation au suicide. Dans tous les cas, une manière d’agir qui relève plus de la prestidigitation que de l’exercice du pouvoir.