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LES IMPÔTS DES ENTREPRISES ET DES FRANÇAIS AU SECOURS D’UN APPAREIL D’ÉTAT IRRESPONSABLE ?

ARTICLE 1 – Scandale du dérapage budgétaire : comment Macron et Le Maire se sont refilés la patate chaude   

17/10/2024 LA DÉPÊCHE Christelle Bertrand

Le Président et son ancien ministre des Finances se livrent une bataille médiatique pour savoir qui est responsable du dérapage du déficit. La tentation est forte de faire aussi porter le chapeau aux LR.

L’un est à Paris, encore Président, protégé par la fonction. L’autre est redevenu prof, expatrié à Lausanne. Peut-être est-ce pour lutter contre cette inégalité statutaire que Bruno Le Maire s’est affiché mardi avec 11 parlementaires qui lui sont proches dans un restaurant à deux pas de l’Assemblée Nationale. Sans doute a-t-il voulu montrer qu’il ne se cachait pas, qu’il n’avait rien d’un exilé politique. Entendez : le coupable est à chercher ailleurs, peut-être derrière les murs de l’Élysée…

Comme un boomerang

Depuis quelques jours, l’ancien ministre de l’Économie est la cible de toutes les critiques. Il est accusé d’avoir laissé filer les dépenses, de n’avoir rien fait pour limiter le déficit. Aux questions des journalistes, BLM a commencé par répondre par un message énigmatique : « La vérité apparaîtra plus tard ». A ses amis réunis mardi, il a confié, selon Le Parisien  » qu’il réservait sa vérité aux députés ». La Conférence des présidents de l’Assemblée a en effet ouvert la voie, mardi 15 octobre, à une transformation de la Commission des Finances (chargée du suivi du budget de l’État), en commission d’enquête sur le dérapage des finances publiques. Cette commission, l’ex locataire de Bercy en est convaincu, reviendra  » en boomerang pour tous ceux qui font la leçon « , a-t-il aussi laissé entendre.

Ses proches ont très vite pris le relais pour expliquer que Bruno Le Maire n’avait cessé de mettre en garde l’Élysée. « Il a tiré le signal d’alarme lors de chaque Conseil des ministres », nous assurait lundi l’une de ses anciennes collègues. Dans Le Parisien un autre va plus loin : « On verra que si le Président a dissous, c’est qu’il ne voulait pas porter les économies que Bruno Le Maire défendait ».

« Personne ne voulait que l’on débranche »

Accusé, l’Élysée n’est pas resté silencieux. Par la voix des députés qui lui sont encore fidèles, le chef de l’État a allumé des contre-feux. « C’est un peu facile de dire : j’ai tiré le signal d’alarme et ce sont les autres qui ont décidé. S’il n’était pas d’accord, Le Maire n’avait qu’à démissionner or il est resté et il était très content de rester », nous assurait hier un ex-ministre du pôle de Bercy. A l’écouter les coupables sont les différents lobbies qui ont fait pression depuis la fin du Covid. « On a trop protégé après la crise en Ukraine », reconnaît-il ajoutant : « Les boulangers, les entreprises… Tout le monde nous a demandé de continuer ». Et l’une de ses anciennes collègues du gouvernement de nous confirmer : « personne ne voulait que l’on débranche les aides ». Mais à demi-mot, le premier reconnaît que le Président de la République, craignant une nouvelle crise sociale à l’approche de la présidentielle, à laisser faire.

Les LR co responsables

Mais le Château tient à préserver l’image de bon gestionnaire du Président qui constitue une partie de son ADN. Ses conseillers font donc le tour des journalistes qui suivent l’Élysée pour rappeler : « on a réussi pendant deux ans à maintenir le déficit sous la barre des 3 %. C’est le Covid et la guerre en Ukraine qui ont tout déréglé. Mais on a eu raison de déployer des aides, sans ça on aurait eu un chômage de masse ». Tous oublient, volontairement ou pas, que le gouvernement a aussi déboursé 17 milliards d’euros pour calmer la crise des Gilets Jaunes.

Enfin les uns et les autres ne se privent pas de faire partager le fardeau aux oppositions et particulièrement aux LR qui sont nombreux aujourd’hui à pointer du doigt les erreurs de l’ancienne majorité : « le chèque carburant ? C’était une idée de la droite pour protéger les gens qui travaillent », nous assure l’Élysée. Et un ex-ministre complète : « tout le monde a proposé des amendements à quelques centaines de millions d’euros… On a passé notre temps à négocier avec des LR très dépensiers ». La guerre budgétaire Macron Le Maire pourrait donc bien faire des victimes collatérales.

ARTICLE 2 – LETTRE OUVERTE AU PREMIER MINISTRE

«Les entreprises ne peuvent pas indéfiniment combler les trous d’une sphère publique incapable de se réformer et de s’adapter»

Par Audrey Louail 17 10 24 LE FIGARO

Le budget 2025 propose une forte hausse de la fiscalité et des prélèvements sur les entreprises, le travail et le capital, alerte Audrey Louail, présidente de l’association Croissance Plus, dans une lettre ouverte au premier ministre.

Audrey Louail est la présidente de Croissance Plus, association fédérant près de 500 entrepreneurs.

Monsieur le premier ministre,

Nous avons conscience que la situation budgétaire et financière de la France est très délicate avec un niveau de dettes et de déficit public qu’il est indispensable de corriger, et ce sous le regard des marchés financiers, de nos partenaires européens et des agences de notation.

Dans ce contexte, votre gouvernement propose un budget 2025 afin d’éviter une crise de la dette qui, si elle se produisait, serait effectivement dramatique pour notre pays.

Conséquence directe de cette situation, ce budget 2025 propose une forte hausse de la fiscalité et des prélèvements sur nos entreprises, sur le travail et sur le capital.

Nous déplorons cette situation qui nous conduit, une fois de plus, à hypothéquer l’avenir pour assumer nos échéances d’endettement à court terme.

Malgré cette situation inédite avec des marges de manœuvre limitées, nous pensons qu’il est essentiel de prévoir des ajustements sur ces propositions afin d’en limiter les impacts récessifs pour les entreprises et pour notre économie.

Une fois de plus les entreprises de France vont assumer leurs responsabilités et sortir leur carnet de chèque pour éviter le désastre. Cependant, nous vous appelons aujourd’hui solennellement à proposer au pays, avant le vote final de ce budget, une méthode, un calendrier clair et des objectifs afin de réformer en profondeur la stratégie de dépense publique en France.

Les entreprises ne peuvent pas indéfiniment combler les trous d’une sphère publique incapable de se réformer et de s’adapter à la réalité économique que nous affrontons.

Poursuivre dans la voie actuelle, cela signifierait étouffer durablement notre secteur productif et globalement notre économie, qui sont à l’origine de la création de richesse de notre pays.Audrey Louail

Concernant l’État et la fonction publique dans son ensemble ainsi que les entreprises publiques ayant des statuts spécifiques (RATP, SNCF,…), les conditions de travail (temps, carences) doivent être alignées avec le secteur privé. L’efficacité et recherche de meilleure performance à ressources constantes ou moindres doivent également être davantage recherchées. À titre illustratif, comment expliquer que la dépense éducative soit toujours plus importante, alors que notre pays n’en finit pas d’être déclassé au plus grand détriment des jeunes générations ? Concernant les collectivités, nous ne voyons aucune stratégie claire de simplification, de meilleure répartition des compétences ou de recherche de complémentarité. Nous subissons seulement la superposition d’entités administratives contraignantes que nous finançons toujours davantage.

Concernant les dépenses sociales enfin, nous souhaitons que des réformes structurelles soient engagées. Vous le savez, en l’état, notre système n’est pas soutenable. Les dépenses sociales représentent 850 milliards d’euros par an, soit le tiers de la richesse nationale. La plus forte augmentation des dépenses publiques des 7 dernières années concerne notre système de retraite, qui n’est plus finançable à long terme eu égard à la nouvelle donne démographique du pays.

Poursuivre dans la voie actuelle, cela signifierait étouffer durablement notre secteur productif et globalement notre économie, qui sont à l’origine de la création de richesse de notre pays.

Monsieur le premier ministre, vous vous êtes courageusement engagé à dire la vérité à nos concitoyens, même si celle-ci est difficile à entendre. À court terme, vous n’avez d’autre choix que celui d’augmenter les impôts. À moyen terme (et ce dès 2025), nous n’avons d’autre choix que de réformer structurellement et rapidement nos modes d’organisation publique en vue de diminuer significativement le niveau de nos dépenses et nous rapprocher ainsi de la situation de nos pays voisins au sein de l’Union Européenne.

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