
INTRODUCTION
Panique ?
L’exécutif peine à gérer la seconde vague. Monsieur déconfinement ne voulait pas devenir Monsieur re confinement, et pourtant, n’y sommes nous pas ?
Pour mettre l’exécutif à l’abri, les mesures étaient demandées territorialement aux Préfets et Maires, mais on semble revenir sur ce choix: les dernières mesures ont été prises par le Ministre de la Santé, mis en première ligne.
Les tests ne peuvent toujours pas être faits en nombre suffisant et dans les délais attendus.
L‘Institut Montaigne a posé trois questions à Philippe Guibert DIRECTEUR MEDICAL RÉGIONAL, EUROPE HEALTH CONSULTING PRACTICE CHEZ INTERNATIONAL SOS, FRANCE
- Faut-il craindre une seconde vague du Covid-19 en Europe plus forte que la première ?
- Les mesures sanitaires prises jusqu’ici ont-elles atteint leur objectif ?
- À quels scénarios faut-il s’attendre, alors que l’épidémie de grippe annuelle fait craindre un phénomène de « twindemics » dans les mois à venir ?
Le Dr. Philippe Guibert est spécialiste de Santé publique et directeur médical régional d’International SOS, premier groupe de services médicaux pour les expatriés. Ce dernier dresse un bilan de la situation actuelle et explore les enjeux de la crise sanitaire.
P.A. et A.F.
INTERVIEW
Quels scénarios envisageables pour la crise sanitaire ?
23 SEPTEMBRE 2020
Philippe Guibert
Comment décririez-vous la situation actuelle de la pandémie ? Quel est l’état des connaissances sur ce virus, et les mesures prises pour en endiguer la transmission ont-elles été efficaces ?
On remarque tout d’abord plusieurs aspects positifs. C’est un virus nouveau, mais qui demeure stable depuis les six mois qu’il circule. Ce n’est pas un virus dont la virulence serait comparable au virus Ebola, qui ravagerait la planète. Nous connaissons les caractéristiques des personnes à risque, et savons comment les protéger. Nous savons également appliquer des mesures de santé publique qui, bien que drastiques, fonctionnent, notamment le confinement dont les résultats ont été prouvés.
De plus, un autre élément rassurant concerne la transmission du virus en Afrique : la catastrophe sanitaire annoncée pour ce continent n’a pas été observée pour l’instant. Même si nous n’avons pas accès à toutes les informations et que la situation diffère en fonction des pays, le bilan semble moins dramatique que ce que l’on aurait pu imaginer.
Initialement prises pour contrôler le Covid-19, les mesures sanitaires ont aussi été très efficaces pour contrôler l’épidémie annuelle de grippe, notamment en Australie et Nouvelle-Zélande où elle a duré un mois de moins que les années précédentes.
La lutte contre le coronavirus dans les pays de l’hémisphère sud a été doublement bénéfique : initialement prises pour contrôler le Covid-19, les mesures sanitaires ont aussi été très efficaces pour contrôler l’épidémie annuelle de grippe, notamment en Australie et Nouvelle-Zélande où elle a duré un mois de moins que les années précédentes, ce qui est considérable.
Enfin, la course au vaccin est sur la bonne voie. En général, la conception d’un nouveau vaccin prend entre 4 et 15 ans, tandis que pour le Covid-19, nous pourrions peut-être y parvenir en un an et demi.
Cette série de bonnes nouvelles est tout de même à relativiser du fait de la situation actuelle : l’épidémie est toujours en croissance, même si elle n’est plus en phase d’accélération. Il y a encore un million de nouveaux cas tous les quatre jours dans le monde.
Les secondes vagues, telles qu’elles ont été anticipées par la communauté scientifique, risquent d’être suivies par d’autres, comme c’est le cas en Europe.
En ce qui concerne la situation en France, le Comité scientifique avait évoqué quatre scénarios possibles : l’un où la situation serait totalement contrôlée, deux autres où seuls des clusters seraient affectés, et le quatrième où la situation ne serait pas contrôlée. Le scénario qui s’applique à la situation actuelle semble être le quatrième : on ne peut pas estimer que l’épidémie est actuellement sous contrôle, ce qui risque aussi d’être le cas dans d’autres pays européens.
À l’échelle internationale, on observe des réponses en ordre dispersé, il n’y a pas de consensus entre les pays ni sur la gestion des rassemblements, ni sur la gestion des tests, ni sur le port du masque, etc. La dimension culturelle est extrêmement forte et pèse sur la gestion de l’épidémie. Dans certains pays, les mesures appliquées sont respectées par les citoyens, tandis que dans d’autres pays, leur application est moins rigoureuse.
Outre les mesures barrières traditionnelles, la technologie pourrait rendre ces mesures de contact-tracing d’autant plus efficaces : 30 pays dans le monde ont développé des applications à l’instar de l’application StopCovid en France. Mais encore une fois, la dimension culturelle joue un rôle, car les degrés d’adhésion varient : moins de 3 % de la population a téléchargé l’application en France, tandis que 20 % l’ont téléchargé en Allemagne.
Enfin, on manque encore d’informations cruciales pour la communauté médicale, notamment en ce qui concerne l’immunité. Les tests sont un outil essentiel, ils représentent la clé pour lutter contre la pandémie. Avoir accès à des tests rapides, efficaces et faciles, et ce combiné à des mesures d’isolement, permettra de maîtriser les chaînes de transmission.
On manque également, pour l’instant, de connaissances au sujet des conséquences physiques à long terme de la maladie, il y a notamment un risque que des séquelles cardiovasculaires persistent. D’autre part, nous manquons de capacité à comprendre l’évolution de la crise sur un mode exponentiel : nous voyons le danger arriver sans en comprendre les conséquences, ce qui explique pourquoi autant de pays ont tardé à mettre en place des mesures à temps
Quels sont les scénarios auxquels se préparer pour les mois à venir ?
L’avenir de la pandémie prendra peut-être la forme d’une alternance de vagues successives, de vaguelettes, de pics, une sorte de « marécage » de transmission. Des pays ayant initialement bien maîtrisé l’épidémie pourraient la voir réapparaître plus affirmée, que ce soit pour des motifs explicables (levée de confinement ou reprise d’activités communautaires trop tôt) ou non (dynamique intrinsèque du virus). Il y a en effet une dimension dans cette épidémie foncièrement liée à l’aspect social, plus que médical. C’est un virus social, qui se transmet dans des environnements maintenant bien définis.
Un scénario probable serait que des zones peu éloignées, au sein d’un même territoire, soient affectées à des degrés différents au même moment : c’était récemment le cas de Melbourne et Sydney en Australie, où l’une ville était confinée et l’autre pas, à quelques centaines de kilomètres de distance. Les différences de transmission territoriales risquent donc d’être l’avenir de cette pandémie.
Les différences de transmission territoriales risquent donc d’être l’avenir de cette pandémie.
Néanmoins, si l’on observe une seconde vague en Europe, ce n’est pas le cas en Asie, à l’exception de l’Indonésie, des Philippines et du Japon. Dans le reste du continent, la transmission est stable, il y a très peu de nouveaux cas.
Quels sont selon vous les enjeux clés pour faire face à la crise sanitaire ?
Le premier enjeu essentiel est lié à l’information, et surtout la lutte contre la désinformation et la mésinformation. Nous faisons face à une avalanche de chiffres et de faits, ce qui peut entraîner un désengagement des populations vis-à-vis des mesures qu’on leur demande d’appliquer. La France est notamment le pays au monde où il y a, en temps normal, le plus de réticence quant au vaccin : nous pouvons donc nous demander ce qu’il se produira lorsque le vaccin contre le Covid-19 sera disponible. Quel en sera le niveau d’acceptation ? Nous l’ignorons encore. Tout ce qui tourne autour des sentiments de « propagande hygiéniste », de « dictature sanitaire », de « complot anti-vaccin » pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’acceptation au long cours des mesures à appliquer et du vaccin contre le Covid.
La mésinformation concerne également la communauté scientifique : il y a pléthore de données médicales depuis le début de la crise, les médecins peuvent donc être perdus. Des publications de très bonne qualité, telles que The Lancet, peuvent véhiculer des messages diamétralement opposés à ceux d’une autre publication. En 9 mois, plus de 70 000 articles ont été publiés sur le Covid depuis le début de la crise : c’est deux fois plus que le nombre de publications qui concerne le virus du SIDA, alors que ce dernier a été découvert il y a près de 40 ans.
La pandémie et les périodes de confinement [..] auront des conséquences à long terme sur la société.
La proportionnalité des interventions représente le deuxième enjeu majeur. Il faut pouvoir définir des interventions adaptées à la réalité de la pandémie là où elle affecte une ville, un territoire, une province, un État. C’est toute la problématique pour les gouvernements. La réponse ne doit pas être globale et généralisée, mais plutôt ciblée, a l’instar de ce que l’on appelle en médecine « precision medicine », un traitement qui correspond spécifiquement au cadre de l’environnement de l’individu. De cette capacité à apporter des réponses adaptées dépendra le degré d’acceptation des mesures par les citoyens.
Enfin, le dernier enjeu concerne les conséquences de cette crise sur la santé mentale et émotionnelle. La pandémie et les périodes de confinement que celle-ci a entraînée affectent lourdement la santé émotionnelle des individus, qui doivent gérer des situations très complexes : cela aura des conséquences à long terme sur la société. La responsabilité des organisations sera de reconnaître les effets induits par la crise sur la résilience des personnes, afin de les accompagner sans discrimination ni désavantage.
Trois mois d’hésitations et de laisser-aller qui ont permis à l’épidémie de repartir
Après le confinement, le virus a circulé chez les jeunes pendant l’été avant de contaminer les plus âgés.
ANNE-LAURE FRÉMONT @alaurefremont · sept. 25, 2020
“On a des signes de reprise épidémique, notamment chez les plus jeunes, notamment à Marseille” OLIVIER VÉRAN, JEUDI
Pendant tout l’été, le virus a circulé de manière active chez les jeunes, sans conséquences sanitaires graves. En cette rentrée, les classes d’âge plus vulnérables sont touchées à leur tour, aggravant la situation et entraînant un afflux de malades dans les hôpitaux. Un scénario prévisible, que le manque de stratégie claire du gouvernement et une communication erratique n’ont pas réussi à éviter.
MI-JUIN, un mois après cette période inouïe de confinement, beaucoup parlent déjà du Covid-19 au passé. À Marseille, le professeur Didier Raoult estime depuis plusieurs jours déjà que « l’épidémie est en train de se terminer ». Plus prudent, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, déclare qu’elle est en tout cas «en grande partie contrôlée » dans le pays. Les courbes s’affaissent, l’ensemble du territoire est passé en «vert». Dans les hôpitaux, la décrue se poursuit. La vie sociale reprend timidement, la perspective des vacances approche. Et la vigilance baisse.
On se plaît à penser que le virus fuit les beaux jours, comme une vulgaire grippe, et on renvoie les soucis à l’automne. Mais dès le début du mois de juillet, Santé publique France pointe l’accumulation de « signaux inquiétants » en métropole. Des « frémissements » sont perceptibles dans les stations balnéaires, en Bretagne notamment. La Mayenne est un premier avertissement : les clusters s’y multiplient, et mi-juillet, le département dépasse le seuil d’alerte des 50 cas détectés en sept jours pour 100000 habitants. Dans des hôpitaux parisiens, pour la première fois depuis la fin du confinement, on revoit des malades du Covid-19 arriver en réanimation. Mais ils sont peu nombreux, et les quelques avertissements formulés par des médecins peuvent paraître trop alarmistes. « Attention, rappelle pourtant le Pr Delfraissy, si nos concitoyens continuent à s’écarter des mesures [de distanciation], le risque d’une reprise avant la fin de l’été reste toujours possible. » Car comme en Floride et en Californie au mois de juin, le virus profite des vacances pour se propager chez les jeunes en toute discrétion, beaucoup d’entre eux développant peu ou pas de symptômes. Les festivals ont été annulés, les discothèques sont fermées, ce qui n’empêche pas les rassemblements dans les bars et les soirées privées. La situation se dégrade mais les hôpitaux ne voient pas venir la vague, et le nombre de décès ne décolle pas. La France profite donc de son été sans trop s’en soucier.
«On est sur une ligne de crête un peu instable. Les chiffres ne sont pas bons », s’inquiète pourtant une nouvelle fois le président du Conseil scientifique le 21 juillet. La veille, le masque est devenu obligatoire dans tous les lieux publics clos.
«J’ai passé mon mois d’août à aller dans tous les territoires, à faire des alertes quasi quotidiennes aux Français en leur disant: on a des signes de reprise épidémique notamment chez les plus jeunes, notamment à Marseille, s’est défendu Olivier Véran jeudi. J’ai eu un discours d’alerte.» Quoi qu’il en soit, fin août, pour la première fois depuis des semaines Santé publique France réutilise le terme « exponentielle » pour qualifier la propagation du Sars-CoV-2. En fait, cela fait déjà plusieurs semaines qu’un malade contamine en moyenne plus d’une personne: en Gironde, le taux d’incidence a même été multiplié par 9 en deux semaines chez les jeunes de 20-30 ans pour atteindre 464 cas pour 100 000 habitants.
La rentrée n’aide pas. Les clusters en milieu scolaire (22% de l’ensemble des foyers de contamination en cours mi-septembre) et en entreprises (25%) se multiplient, le télétravail n’est plus recommandé avec autant d’insistance, les mariages annulés au printemps remplissent les salles des fêtes. Et ce que prédisaient les autorités sanitaires se vérifie: le virus se transmet des jeunes vers les autres tranches d’âge, notamment les plus de 65 ans, plus vulnérables.
Le traumatisme du confinement généralisé est encore vif, le gouvernement fait alors le choix d’une réponse « territorialisée ». Dès le 28 août, les Parisiens doivent sortir masqués. Trois jours plus tôt, le préfet de la région Paca a serré la vis: port du masque obligatoire à Marseille et fermeture des bars et restaurants à 23 heures dans toutes les Bouches-du-Rhône. Une semaine plus tard, le Pr Delfraissy joue de nouveau les Cassandre: le gouvernement « va être obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles ». Elles sont annoncées au fil des semaines, et les dernières, surtout à Marseille, sont perçues comme une punition alors qu’une petite poignée d’indicateurs montrent ces derniers jours un léger mieux, trop récent toutefois pour être significatif. Ces restrictions sont pourtant prises «sous la stricte pression sanitaire», revendique le ministre de la Santé. Car les hôpitaux se remplissent, plus lentement certes que lors de la première vague, puisqu’on a l’expérience, des masques, et quelques restrictions sur les grands rassemblements. Mais les Hôpitaux de Paris envisagent déjà de premières déprogrammations d’opérations dans les jours qui viennent. En Île-de-France, 85% des capacités en réanimation seront utilisées « autour du 11 novembre », selon Olivier Véran.
Comment en est-on arrivé là ? Une dispersion de la parole publique qui a pu créer la confusion, s’interrogeait jeudi le sénateur Roger Karoutchi ? Une stratégie nationale mal comprise? Ou tout simplement mal ficelée ? Le mot d’ordre « tester-tracer-isoler » a été martelé pendant des mois. Pourtant, l’exécutif reconnaît encore aujourd’hui des problèmes « organisationnels ». On teste désormais en masse, mais les résultats tardifs entravent le travail des enquêteurs de l’Assurance-maladie chargés du traçage. Ils courent après les transmissions et n’ont aucun moyen de s’assurer que les malades et leurs contacts respectent le confinement individuel recommandé. Un exemple symptomatique: le 11 septembre, après un avis du Conseil scientifique qui fustigeait «une stratégie d’isolement sans cahier des charges ni budget à l’échelle nationale », le premier ministre Jean Castex annonçait la mise en place de « contrôles » du respect de l’isolement. La mesure n’a plus jamais été évoquée depuis. Y a-t-on renoncé? Et si ce n’est pas le cas, pourquoi une telle inertie ? ■
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SOCIAL 26 SEPTEMBRE 2020
Gestion chaotique de la crise sanitaire : pas la peine de crier au complot !
Photo by engin akyurt on Unsplash – https://unsplash.com/photos/AS-ksEGPa2c — engin akyurt,
Amateurisme, mesures injustes ou ineptes, idiots utiles, inversion des valeurs : en ce qui concerne la gestion de crise, tout est réuni pour un mécontentement de tous.
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Par Olivier Maurice.
Depuis le début de l’épidémie, beaucoup cherchent à comprendre la logique derrière tout un tas de décisions, de dysfonctionnements ou d’incohérences et en viennent un jour ou l’autre, faute d’explications logiques, à se pencher sur des hypothèses alternatives.
On les appelle des complotistes.
Dans la France de 2020, se poser des questions est devenu un péché.
Michel Rocard a dit un jour qu’il faut « toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare. »
Et s’il avait totalement raison ?
GESTION DE LA CRISE SANITAIRE : UNE ÉNIÈME BOULETTE
Essayons de soumettre cette méthode au dernier rebondissement des aventures du docteur Véran au pays du bonheur et à sa dernière boulette : annoncer la veille pour le lendemain que la seconde ville de France allait être punie et mise au coin parce qu’il était persuadé que la situation allait un jour ou l’autre devenir sérieuse.
La théorie rocardienne nous amène immédiatement à balayer tout de suite l’hypothèse selon laquelle la ville de Marseille aurait été repeinte en rouge écarlate flamboyant mercredi soir dans le seul but de faire un pied de nez au directeur de l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée infection…
Tout comme on éliminera également les petites querelles de chapelle entre le docteur Olivier Véran et le docteur Michèle Rubirola (le maire récemment élu de la ville de Marseille a exercé pendant de nombreuses années en tant que médecin généraliste).
On ne pensera pas non plus à l’arrière-pensée d’écraser dans l’œuf le printemps marseillais, cette remise en ordre de la gauche éclatée façon puzzle…
Il aurait fallu un esprit machiavélique digne des pires épisodes du Road Runner et du Coyote, les faux précipices en moins et les vrais tunnels en plus, pour réussir à faire ainsi passer de telles vessies pour des lanternes. De toute façon, à voir comment le sujet a immédiatement enflammé le pays, l’hypothèse du complot secret et machiavélique semble fortement compromise.
Quelle mouche a donc pu piquer le ministre de la Santé lors de son point presse hebdomadaire quand il a soudain décidé de priver les Marseillais de leur pastis, de les empêcher de manger une bonne bouillabaisse et accessoirement de napalmiser la quasi-totalité de l’économie et de la vie sociale de la ville ?
Si ce n’est une machination tordue, il ne nous reste plus qu’à nous rabattre sur l’alternative.
LE MINISTRE
Et au vu de la réaction immédiate du maire de Marseille et de son premier adjoint, il en a même fallu une sacrée dose pour en arriver à mettre autant en colère les élus de la deuxième ville de France.
Parce que si on suit leurs explications, non seulement le ministre de la Santé s’est totalement planté sur la forme, ayant mis tout le monde devant le fait accompli, mais aussi sur le fond.
Benoit Payan, le premier adjoint de la ville a ainsi aligné une bonne liste de chiffres montrant exactement le contraire de ce qu’affirmait Olivier Véran la veille devant les journalistes.
M. le Ministre, vous perdez le sens des réalités. Je vous ai appelé car vous n’aviez pas pris la peine de le faire, pour vous dire tout le mal que je pensais de votre méthode et de vos décisions. Vous ne devez pas perdre le sens des réalités au profit de contingences politiques. https://t.co/eiO1IwpoDf
— Benoît Payan (@BenoitPayan) September 23, 2020
Ceci dit, coté boulettes, le ministre traîne quand même avec lui quelques perles : l’histoire des masques inutiles, tellement rocambolesque que même le patron de la République en Marche, Stanislas Guerini, en a eu assez de toute cette mascarade et a fini par lâcher le morceau.
#Covid_19 #Covid19 #LREM #MasquesObligatoires #Veran #Macron #Sante
Cette vidéo pourra être utile à la #Justice :
S. #Guerini ( #EnMarche) :
» Tout ne s’est pas bien passé….Oui sur la question des #masques….on aurait dû dire simplement qu’il n’y en avait pas assez … » pic.twitter.com/2sAmCG6x8h
— 𝗧𝗿𝗼𝗽𝗶𝗰𝗮𝗹 𝗕𝗼𝘆 (@tropical_boy) September 14, 2020
Ou encore plus récemment, dans sa réponse à Nicolas Bedos, quand le ministre a osé tenter d’expliquer sans se démonter que si on met sa ceinture de sécurité en voiture, c’est pour prendre soin des autres…
« Un malade sur trois admis en réa a moins de 65 ans »: Olivier Véran répond à Nicolas Bedos pic.twitter.com/h2W3UueS4H
— BFMTV (@BFMTV) September 24, 2020
Qu’il se rapproche chaque jour un peu plus près de la ligne rouge n’est un secret pour personne. La précédente, la ligne jaune qui sépare l’incompétence de la bêtise, a été franchie depuis bien longtemps.
LE GOUVERNEMENT
Quand Pascal Praud fait l’éloge de Nicolas Bedos ou que Patrick Pelloux tient le même discours que Didier Raoult, on ne peut même plus se réfugier derrière l’épouvantail du populisme d’extrême droite ou de l’individualisme d’extrême gauche, à moins d’imaginer un obscur comité de résistance clandestin qui aurait organisé la convergence des luttes dans le dos du gouvernement.
Il semblerait que le « en même temps » rêvé par le président voie finalement le jour et que parallèlement à l’explosion de LaREM se produise une espèce de fusion entre les divers courants politiques du pays. Une belle et douce unanimité consensuelle. Unanimité qui est en train d’apparaître, mais contre lui.
L’amateurisme (pour ne pas utiliser le vocabulaire de Michel Rocard) du ministre de la Santé ne fait rien pour arranger les choses. Mais il est inutile de trop tirer sur l’ambulance. Il n’est pas le seul, loin de là à participer à cette joyeuse pétaudière et à arroser le pays de foutaise et de crétinerie.
Qui pouvait penser que l’annonce de la quasi-fermeture de la seconde ville de France, avec toutes les questions que cela peut entraîner, et annoncée entre deux phrases dans un point presse de 45 minutes allait passer crème ? On attendait au minimum le Premier ministre, voire le chef de l’État. On attendait aussi un minimum de relais localement, si ce n’était pas le maire de la ville, que ce soit au minimum le président de région.
Et après, on s’étonne que les esprits s’enflamment, que le maire de gauche hurle au scandale et lance des noms d’oiseaux et que le président de région de droite lui apporte son soutien et porte l’affaire devant les tribunaux ?
LA POPULATION AU SERVICE DE L’HÔPITAL
Surtout que l’explication donnée par le ministre de la Santé est sans doute vraie. Mais cela ne rattrape pas le désastre bien au contraire : si elle est vraie, alors elle est totalement inacceptable.
Toute cette histoire n’aurait pas comme objectif de protéger la population, mais de protéger l’hôpital qui aurait atteint « un niveau de tension alarmant ».
Comme si d’un coup de baguette magique, c’étaient les citoyens, les contribuables, la population qui étaient maintenant au service des services publics.
Comme si le rôle du gouvernement n’était pas de faire fonctionner les hôpitaux pour soigner les gens, mais de tout mettre en œuvre pour que les citoyens n’aient pas la mauvaise idée de tomber malades et d’encombrer les lits et de faire travailler les soignants.
Comme si le système de santé se résumait aux services d’urgences et de réanimation des hôpitaux publics.
Comme si le pays n’avait comme unique objectif que celui de faire fonctionner les hôpitaux dans la routine et la tranquillité.
Comme si la santé était totalement incapable de prendre en charge les cas de force majeure.
Comme si le monde allait s’écrouler si par malheur on dépassait le nombre de malades autorisés par la planification administrative.
Comme si on ne payait pas fort cher au demeurant tout une palanquée de personnes pour s’assurer que la tension n’atteigne jamais le niveau « alarmant ».
LES GENS (CERTAINS)
Le tableau ne serait pas complet sans y ajouter ceux que Nicolas Bedos a appelé les donneurs de leçon, mais qu’il vaudrait mieux nommer par leurs qualificatifs objectifs à savoir les hypocrites licencieux et criminels.
On les reconnait facilement et ils sont présents partout où on peut les trouver. Ils passent leur temps à paniquer et à expliquer à tout le monde que la situation est grave, qu’elle va empirer et que la cause principale en est l’inconscience des Français tous plus égoïstes et désobéissants les uns que les autres.
Le KGB et la nébuleuse marxiste révolutionnaire avaient un nom pour désigner ces alliés bénévoles et enthousiastes : les idiots utiles.
Ces gauchistes qui souvent s’ignorent sont prêts à tout : à dénoncer leur voisin, à mettre les gens en prison ou au chômage, à faire tomber des milliers de personnes dans la misère et la pauvreté, à voir la civilisation s’effondrer et les individus s’entretuer pour pouvoir montrer leur supériorité morale afin de cacher leur lâcheté.
Mais ne nous laissons pas tromper par leur arrogance ou leur air autoritaire et moralisateur.
Quand ils vous disent que les Français sont égoïstes et qu’ils ne pensent pas aux autres, c’est en fait à leur petit confort qu’ils pensent. Quand ils vous disent qu’il faut porter le masque pour protéger les plus fragiles, c’est uniquement parce qu’ils meurent de trouille d’attraper la sale bête.
Quand ils appellent à la radio sous couvert d’anonymat mais en donnant leur vrai prénom pour témoigner de moult anecdotes sur l’incivisme de leurs concitoyens, c’est par pur voyeurisme. C’est pour se délecter de leur récit obscène et des multiples petits détails scabreux, d’ailleurs souvent fantasmés, du comportement immoral de leur prochain.
Quand ils aiguillonnent les hommes politiques et les exhortent à prendre des décisions courageuses et radicales, toutes plus totalitaires et liberticides les unes que les autres, ce sont des centaines de vies qu’ils mettent ainsi en péril. Quand ils colportent la peur, ce sont des centaines de personnes qu’ils poussent au désespoir, des milliers d’entreprises qu’ils poussent à la faillite en faisant fuir leurs clients, des millions de travailleurs qu’ils jettent au chômage et de familles qui finiront dans la misère.
Ces vampires nécrophages sont peut-être la pire plaie de cette épidémie. Ils feront, à ne pas en douter, autant sinon plus de victimes que le virus lui-même.
LES GENS (LES AUTRES, PLUS NOMBREUX MAIS QU’ON N’ENTEND PAS)
Inutile d’inventer des théories fumeuses pour tenter de comprendre la crise. La bêtise, l’incompétence et la méchanceté sont bien suffisantes pour l’expliquer.
Maintenant, la question est de savoir quand la coupe débordera. Les voix se font de plus en plus nombreuses pour refuser l’hygiénisme comme seul but dans la vie et le gouvernement ne saura bientôt plus derrière quoi se cacher pour masquer ses échecs : l’inconnu, puis les scientifiques, maintenant les prévisions…
Les jeunes nous ont montré la voie cet été en faisant un bras d’honneur gigantesque aux consignes ridicules. On peut nier l’envie de liberté pendant des années, mais c’est sans doute le meilleur moyen d’encourager toutes les transgressions. En fait que ce soit par en haut ou par en bas, le consentement à l’État est juste en train de s’effondrer.
À quoi cela peut-il servir de payer des impôts, de suivre les consignes, de vivre constamment dans la peur d’enfreindre les règles, si en fin de compte tous nos efforts ne servent qu’à financer une bande d’incapables hautains qui se retournent vers nous en pleurnichant au premier problème venu ?
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