
ISLAMO GAUCHISME : LA POLEMIQUE
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ARTICLE
Islamo-gauchisme à l’université : Vidal a « lancé un pavé dans la mare », selon Gilles Kepel
02 mars 2021 Europe 1
Frédérique Vidal, ministre en charge de l’Enseignement supérieur, a déclaré mi-février que l’université était gangrenée par « l’islamo-gauchisme ». Sur Europe 1 mardi, le politologue Gilles Kepel a estimé que la ministre a « lancé un pavé dans la mare », peut-être pas dans les termes « les plus adroits », mais que « le débat mérite d’être mené ».
Mi-février, Frédérique Vidal, ministre en charge de l’Enseignement supérieur, a fait polémique en affirmant que la société était gangrenée par « l’islamo-gauchisme » et que l’université « n’était pas imperméable ». Le politologue Gilles Kepel, s’il ne semble pas d’accord avec des « termes » qu’il juge ne pas être « les plus adroits », a expliqué sur Europe 1 mardi que la ministre a « lancé un pavé dans la mare » et que « le débat mérite d’être mené ».
Il vient de publier un ouvrage, Le Prophète et la pandémie. Du Moyen-Orient au djihadisme d’atmosphère, dans lequel il explique notamment que « si on n’avait pas détruit les études arabes en France », le terme d »islamisme’, qui dans notre vocabulaire désigne l’islam politique, n’aurait sans doute pas été traduit « par des journalistes et des relais d’opinion du monde musulman comme ‘islamique’ ou ‘musulman' », faisant ainsi selon lui « de la France un pays islamophobe ».
Prendre « un peu de hauteur »
Le politologue a déploré « beaucoup de lâchetés de tous les côtés ». « Je crois que notre modèle universitaire en France souffre aujourd’hui d’un manque de dynamisme et de direction, même s’il y a des individualités extrêmement fortes. Et je crois que c’est un enjeu », a-t-il ajouté. « Frédérique Vidal a lancé un pavé dans la mare. Peut-être que les termes qu’elle a utilisés n’ont pas été les plus adroits. Mais en tout cas, je crois que le débat mérite d’être mené, peut-être en prenant un peu de hauteur par rapport aux bisbilles universitaires qu’on a vues cette dernière semaine et qui, je pense, ne maîtrisaient pas forcément vraiment tous les enjeux. »
Il cite notamment son domaine de recherches, l’Islam et le monde arabe contemporain. « J’ai vu mon domaine, les études arabes, s’effondrer complètement, être sous-financées. On a fermé des masters un peu partout alors que c’est un enjeu majeur pour nous de connaître ce qui se passe dans le monde arabe », a dénoncé Gilles Kepel.
« L’idéologie a remplacé la connaissance
Si lui ne prononce pas directement le terme « islamo-gauchisme », il dit avoir « remarqué, en tout cas », que « dans de nombreux établissements, c’est l’idéologie qui a remplacé la connaissance et qu’un certain nombre de crédits de postes sont affectés, pour cette région-là, pour des raisons idéologiques et non plus pour le développement de la connaissance et du savoir. »
Il estime par ailleurs l’avoir personnellement « ressenti » : « J’ai été beaucoup attaqué, mis en accusation pour avoir fait mon travail par des individus qui se réclamaient de cette mouvance, c’est-à-dire qui s’imaginent que c’est à partir de la définition de la religion, de la race, du genre, etc, qu’on peut fragmenter les sociétés plutôt qu’à partir d’appartenance aux classes sociales ». Gilles Kepel renvoie à ce sujet au livre (Race et sciences sociales) de ses collègues sociologue et historien Stéphane Beaud et Gérard Noiriel « qui analyse ce phénomène ».