
EMISSION
La Chine s’isole face aux réseaux sociaux
Après LinkedIn et Yahoo, c’est EpicGames qui a plié bagages récemment devant l’intransigeance réglementaire chinoise. Au-delà de Fortnite et des questions d’addictions aux jeux vidéo, qu’est-ce qui motive le tour de vis chinois face aux entreprises du numérique ?
À retrouver dans l’émission LES ENJEUX DES RÉSEAUX SOCIAUX par Baptiste Muckensturm
LIEN VERS FRANCE CULTURE :
https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=4e078dc0-7da4-4f89-ae18-35c3130f14df
FortNite Chine, c’est fini
Depuis hier les Chinois ne peuvent plus jouer à FortNite, le jeu vidéo phénomène qui réunit en ligne plus de 350 millions d’utilisateurs à travers le monde. Ce n’est pas une surprise. Fin octobre, Epic Games, l’éditeur du jeu, avait annoncé la date et l’heure exacte où les serveurs chinois seraient retirés du réseau. À première vue, la décision d’EpicGames semble irrationnelle : le marché chinois comprend le plus grand vivier de joueurs en ligne au monde, avec plus de 110 millions de moins de 18 ans jouant à la console. Et ce marché est valorisé à 46 milliards de dollars en 2021, contre 43 pour le marché d’Amérique du Nord.
En fait, ce sont les règles en vigueur en Chine qui ont découragé Fortnite. Et L’alliance avec la holding chinoise Tencent, qui a orchestré l’arrivée de Fortnite sur le marché chinois, n’a pas suffi à amadouer les régulateurs. Ces derniers mois, les jeux vidéo ont encore été recadrés, décrits comme “opium spirituel” par des organes de presse du pouvoir. Le temps de jeu est limité à trois heures par semaine pour les mineurs (équivalant une heure par jour le weekend) et les vérifications d’âge ont été améliorées. L’utilisation de TikTok est ainsi limitée à 40 minutes quotidiennes pour les moins de 14 ans, et l’application est inaccessible la nuit.
Les entreprises du numériques poussées vers la sortie
Au sommet du pouvoir, le président Xi Jinping affiche une certaine hostilité face aux entreprises du numérique : sous son régime, celles-ci sont confrontées à un choix – adopter les directives du régime ou plier bagage. LinkedIn et Yahoo ont choisi la dernière option : Microsoft, la maison-mère de LinkedIn, avait été critiqué pour avoir fermé les comptes de journalistes américains en Chine, au point de se retirer du juteux marché chinois pour préserver sa réputation. Les entreprises de la tech sont aujourd’hui à l’affût des décisions publiques chinoises : selon le FT, de nombreux dirigeants de ce secteur ont vendu leurs parts d’actionnariat peu avant l’annonce de changements réglementaires. Les sommes récoltées pour les introductions en bourse du secteur sont également en baisse pour la première fois.